Plaidoyer pour le suicide de bilan

À partir de 75 ans, chaque personne lucide et capable de discernement devrait avoir le droit de mourir avec une aide médicale. Ceci pour éviter les suicides violents comme la noyade ou la défenestration.

Il faut comprendre que nous sommes arrivés à prolonger la vie grâce aux progrès de la médecine. Pour la plupart d’entre nous, c’est un bonus. Nous préférons tous la vie à la mort. C’est notre instinct de survie, que nous partageons avec tous les autres êtres vivants.

Cependant, certains d’entre nous (comme par exemple Frédéric Beigbeder) considèrent qu’ils ont vécu les deux tiers de leur vie à cinquante ans. Donc, selon cette logique (que je partage) on a atteint la fin du parcours à 75 ans.

Si l’on veut prolonger, pourquoi pas ? Mais cela reste un prolongement. Si l’on a encore du plaisir, c est formidable.

Peu d’entre nous arrivent à cet âge-là en parfaite santé. Même la vie de couple devient une routine et un fardeau. Les enfants sont adultes et ont leur propre vie. Les petits-enfants nous font sourire, mais ce ne sont pas nos enfants. Nous ne les élevons pas – à quelques exceptions près.

Notre sexualité est en berne. Notre appétit diminue (et s’ il augmente, nous tombons malades ou grossissons).

L’alcool nous donne mal à la tête. Donc un ou deux verres et on s’arrête. Ce que nous avons à dire n’intéresse plus personne. Nous inspirons l’ennui avant de finir par inspirer le dégoût ou la compassion.

Je sais bien que ce n’est pas un discours politiquement correct. On me répondra qu’il faut être gentil avec ses aînés.

C’est un discours auquel je serais forcée d’adhérer si je ne faisais pas partie de ces aînés avec lesquels il faut être gentil.

Je n’ai pas envie qu’on soit gentil avec moi. Je veux vivre. Et vivre, c’ est aimer, c’ est rire, c’est marcher et courir, escalader des montagnes, humer le vent, donner des baisers et en recevoir. C’est travailler aussi.

Pour certains d’entre nous, partir à la retraite c’est le tocsin. D’autres sont heureux de pouvoir enfin se reposer. Aucune vérité n’est universelle. A chacun de trouver la sienne.

Par contre, il est inadmissible de ne pas respecter la vérité de l’autre. Toi, tu veux vivre vieux ? Ton choix. Je le respecte. Mais moi, je ne veux pas vivre au-delà de 75 ou 76 ans. C’est mon choix. Il faut le respecter et ne pas m’obliger à me justifier par des pathologies qui ne regardent que moi et mon médecin.

J’ai de la chance. Je connais un médecin qui partage mes idées et m’aidera, le moment venu.

Mais quid de toutes celles et ceux qui, tout comme moi, n’ont pas envie d’attendre la maladie incurable et les souffrances insupportables qui, seules, justifient l’aide médicalisée à mourir ?

Même en Suisse, le suicide de bilan des personnes âgées ne fait pas l’unanimité. Pourquoi ? A-t-on peur de dérives ? Genre : on va vouloir se débarrasser de tous les vieux ?

Cet argument ne tient pas la route. On ne parle que de la décision d’un patient âgé, mais éclairé, lucide et rationnel.

Peu d’entre nous prennent une telle décision, car nous avons tous ce fort instinct de survie. Ce n’est pas une décision qui doit être prise dans un moment de déprime. Elle doit être réfléchie et la demande réitérée pour qu’un médecin accepte de poser la perfusion ou de prescrire la potion létale.

Mais de grâce, ne nous obligez pas à être déjà mourants pour avoir le droit de mourir.

Jacqueline Jencquel

Jacqueline Jencquel est née en 1943 à Tien-Tsin en Chine. Elle milite pour le droit de mourir dans la dignité, notamment au sein de l’ADMD France. Dans ce cadre, elle a accompagné des dizaines de Français en Suisse pour leur permettre d’obtenir un suicide assisté. Dans ce blog elle évoquera l’expérience d’une vie entre plusieurs continents ainsi que le quotidien de son combat.

50 réponses à “Plaidoyer pour le suicide de bilan

  1. Formidable article.
    Bientôt 53 ans, bien dans ma vie car pouvant encore en jouir pleinement, je veux avoir le choix de partir quand je le choisirai, lorsque celle-ci, MA vie, sera devenue un fardeau et non plus un cadeau, quand je perdrai mon autonomie physique, quand ma présence ou mon absence ne fera plus de différence. Peut-être, alors, l’instinct de survie sera-t-il encore le plus fort. Si ce n’est pas le cas, MA vie, MA mort, MON choix et pouvoir l’exercer constituera mon ultime, ma seule réelle liberté. Au plaisir de continuer à vous lire tant que vous choisirez de rester parmi nous.
    Nathalie

  2. Je souscris entièrement à votre article (et choix bien entendu). Membre d’ADMD depuis 35 ans, je souhaite bien sur de pouvoir choisir un départ en douceur et décidé. J’espère que je ne serai pas obligé d’avoir recours à la violence mais il faut que la loi progresse vite: j’ai 78 ans…

    1. Adhérer à une association suisse est la seule solution . En France , il y a des sujets tellement plus importants ( le foot , le tour de France et l‘ affaire Benalla !

      1. Bonjour,
        Bravo et merci, j’adhère à vos convictions. Membre en France de l’ADMD depuis 1986, votre chronique de ce jour m’interpelle sérieusement.
        Adhérer à ADMD Suisse, comment et qu’elle association? EXIT Genève est réservé aux résidents suisses. À quelle association adhérer ? Dignitas, la plus connue en France ? Celle dont vous parlez, Lifecircle ?
        En France si on décide de mettre un terme à sa vie (Je me suis fixé le même âge que le vôtre pour partir et il me reste le même délai que vous) . L’angoisse me gagne à l’idée de me rater ou/et de mourir seule avec un sac sur la tête et cette découverte horrible pour ma famille. Non, je ne profite pas légèrement de la vie qui me reste à vivre, avec cette idée omniprésente dans ma tête. En revanche si, comme vous, je savais que le moment venu je serai délivrée dignement, oui, je pourrais encore m’émerveiller d’être en vie.
        Bien à vous

        1. Il y a trois associations qui aident les étrangers en Suisse : Lifecircle ( dirigée par un médecin ) Ex International à Berne et Dignitas à Zurich . Le siège de l’ ADMD vous enverra tous les contacts . Il suffit d’ appeler . Bien cordialement .

          1. Merci de votre réponse. Demande d’adhésion faite par Internet auprès de Lifecircle et en attente de confirmation.
            Que vos dernières années soient sereines.

      2. Membre de l’ADMD depuis 5 ans, je reste cependant quelque peu insatisfaite car cette association n’a pour l’instant que peu de latitude au regard de la loi française.
        J’ai 58 ans et, je l’espère, de belles années devant moi. Mais j’ai fait le choix, depuis plusieurs années déjà, de quitter ce monde entre 70 et 75 ans selon mon état de santé du moment. Je ne souhaite pas devenir une charge pour ma famille et la société et j’aimerais que chacun garde de moi de bons souvenirs.
        J’ai cru comprendre qu’une association suisse pourrait avoir plus de latitude le moment venu.
        Comment ne pas tomber entre les mains d’une association peu scrupuleuse ?

        1. Si vous êtes lucide , vous saurez à qui vous aurez affaire . Le siège de l’ ADMD vous donnera les contacts des trois associations suisses qui aident les étrangers . D’ ici là , j’ espère que la loi aura changé en France .L’ attitude des gouvernements qui se succèdent en France est incompréhensible du point de vue éthique , moral et philosophique .

      3. A quelle association suisse adhérer pour un français qui souhaite avoir le même choix que vous?
        Mervi

  3. bravo pour cet article; je ne sais si j’aurai le courage de choisir la voie que vous évoquez ( 79 ans bientôt) mais il m’apparait qu’en fait l’enjeu est celui de la liberté chère à toute démocratie, digne de ce nom; or à l’est du Léman cette fameuse liberté n’apparait plus qu’au fronton des mairies; rendez-vous compte, au pays des Droits de l’Homme !
    persistez, bon courage;
    cordialement.

    1. Triste constat,en effet! Nous sommes un des pays qui exportent le plus d‘ armes ( qui servent à tuer ) et sous prétexte que la vie est sacrée , nous obligeons des grands malades et des vieillards à vivre contre leur gré .

      1. Effectivement c’est une aberration! Je ne vais pas manquer de partager ce paradoxe! Déjà sur mon blog, zazodelatelindiere.blogspot.com intitulé “Vivre et Mourir Librement”.

  4. Bravo pour cet article, tellement éclairé et judicieux.

    j’ai 75 ans, suis inscrite à Exit depuis 1995. Eux n’ont pas le droit d’agir hélas Il faut être très malade et à bout pour qu’une intervention puisse ÉVENTUELLEMENT nous laisser partir.

    Depuis l’enfance on nous inculque le “qui veut peut”

    1. La loi suisse autorise le suicide assisté à deux conditions : volonté réitérée d‘ un patient éclairé, lucide et capable de discernement et pas de motifs égoïstes . Exit n‘ a aucun motif égoïste et peut donc parfaitement accompagner un patient de 75 ans, atteint de polypathologies invalidantes de la vieillesse ( arthrite, arthrose, ostéoporose,dégénérescence maculaire ) Il ne faut pas invoquer la tristesse (naturelle en vieillissant)qui peut être confondue avec une dépression , auquel cas on vous envoie chez un psy

      1. Ici ou ailleurs, dans le cas d’une demande à mourir “dépression” est toujours un mot à proscrire effectivement 🙂

        1. Pour un psy , la dépression signifie trop de lucidité ( je viens de l’
          apprendre aujourd’ hui )

  5. Merci de cet article. Je suis entièrement d’accord avec vous. Je ne sais pas ce que la vie me réserve mais j’ai toujours souhaité pouvoir mourir quand je le déciderai et avant de ne plus en avoir les capacités intellectuelles.

  6. Je trouve très positive votre déclaration : “Je ne veux pas qu’on soit gentil avec moi. Je veux vivre, et vivre c’est…” Parce que vous énumérez ce qui donne un sens et du plaisir à la vie. Beaucoup de personnes âgées qui songent à ce qu’elles ont perdu n’osent pas même en parler quand elles reçoivent les visites d’aides à domicile, ou moins encore à l’EMS où la “gentillesse” dont vous parlez est censée apporter de l’optimisme. C’est à mon avis aussi une manière d’éviter d’entendre ce qui est triste et sans remède. A cause de cette “gentillesse” la personne est encore plus seule, et répond souvent par un sourire approprié quand on lui dit des choses du genre : “Quand il fait beau tout va bien !” J’ai eu assisté à cela, et chaque fois je faisais remarquer, sans grand tact : “Beau pour qui ?..” Ces interventions étaient malvenues, plus encore si je parlais trop fort entre la personne âgée et son aide-soignante… Il y avait comme une volonté de vouloir considérer comme “bien naturel” et donc sans problème chez une personne âgée même ce que personne ne voudrait supporter plus jeune.

    1. Bien sûr . C‘ est affreux . On a été magistrat ou businessman pendant sa vie active et puis on est soudain infantilisé . C‘ est terrible et tellement inutile ( sauf pour enrichir les EMS en Suisse , EHPAD en France )
      La charité de façade est hypocrite et humiliante pour les patients . Sauf qu‘ ils préfèrent souvent cette situation à la mort , qui leur fait peur .

      1. Je n’ai été ni magistrate ni businesswoman, pour autant je détesterais être infantilisée comme vous dites. Après avoir quitté l’entreprise de mon ex mari à 38 ans, j’ai pendant plus de 20 ans travaillé en Ehpad. Je connais donc le vrai tableau de bord du quotidien des personnes âgées à qui l’on donne la purée à la grande cuillère, à qui l’on écrase les médocs dans la compote, qui doivent tout faire sous elles etc… Ces personnes, malheureuses en Ehpad je suis d’accord avec vous, devraient être entendue sur leur désir ou non, de continuer à vivre. Car souvent ces personnes ont glissé dans cet état par le manque de courage pour se suicider violemment, par inconscience ou par soumission.

        1. @ Zazo de la Télindière :
          Oui, il faudrait donner la possibilité aux personnes d’être entendues sans préjuger dans un sens ou dans l’autre sur le malheur qu’elles nous inspirent, comme on le fait mieux dans les secteurs de soins de tous âges. Ainsi je pense que la purée donnée à la cuillère, les médicaments dans la compote, l’incontinence, est assurément pas heureux et pénible à voir, mais ce ne sont pas des critères déterminants, et de loins pas suffisants pour se faire un avis qui finalement n’est que le sien. Combien de personnes en bonne santé déclarent : “Si un jour je devais être en chaise roulante, je me tue !” Eh bien le jour venu, ils peuvent penser autrement et désirent continuer à vivre… Ainsi quand vous dites que ” l’état dans lequel les personnes ont glissé” aurait pu être évité par un “suicide violent”, je pense que vous allez trop loin en leur traçant cette voie manquée. Ne mesurez pas le malheur en rapport de ce que vous éprouvez en y assistant…

          1. Merci de l’intérêt que vous avez porté à mon post monsieur, mais qu’on se comprenne bien. Je ne porte pas de jugement sur la personne qui accepte d’en arriver là. Je veux juste dire, et je ne dis pas tout, que ce style de vie ne me conviendrait pas longtemps à moi, et cet avis n’est bien sûr que le mien. Beaucoup de personnes disent beaucoup de choses je le sais aussi. C’est donc au cas par cas qu’il faut entendre et ré entendre les attentes, les volontés de la personne souffrante; Sa personne de confiance si la personne est dans l’incapacité de s’exprimer. Et si on regrette de ne pas m’avoir réanimée, croyez-moi, une fois morte je ne porterai plainte contre personne car je serai sans regrets. Mort, on n’a plus aucun regret c’est un gros avantage.
            Non je ne parlais pas de suicide violent, genre pendaison ou 22. Mais d’une aide à mourir en Suisse ou en Belgique, c’est une plus belle mort que beaucoup vous pouvez me croire. J’en connais un qui est parti comme ça, dans mes bras, sans aucun signe de plainte qu’un léger ronflement de deux secondes: mon chien. Créé par Dieu comme tout ce qui vit n’est ce pas. Seulement ce manque d’agonie, ce refus d’être diminué et trop dépendant ne profite pas à tout le monde.
            Très bonne journée à vous monsieur Doumont.
            Zazo

    2. Purée! Merci pour ce partage. Il faudrait enseigner cette délicatesse aux aides soignantes qui se sentent obligées d’arroser de gentillesses la personne âgée plus ou moins grabataire dont elles s’occupent en ehpad ou à son domicile. Effectivement cette gentillesse protocolaire je la trouvais rasante et hypocrite en ehpad mais je n’étais pas allée plus loin dans mon raisonnement. Elle n’a d’autre but de taire ce qu’on ne veut pas entendre, qui est triste et sans remède”… Vous avez raison.

  7. Au fond , tout ce que nous demandons , c’ est une écoute à la fois professionnelle et empathique . Pas question d’ aider des personnes à mourir , dont nous pensons qu’ elles peuvent retrouver goût à la vie . Cette écoute est le fondement de notre philosophie : elle nous permet d’ empêcher des personnes désespérées de passer à l’ acte ( et presque toujours de se rater en se mutilant d’ une manière irréversible )

    Cependant , refuser l’ aide médicalisée à mourir à un patient atteint de la maladie de Charcot ou d’ un cancer en phase terminale relève de l’ ignorance , du dogmatisme et de la cruauté pure et simple .

    Maintenant , oui , le suicide de bilan d’ une personne âgée peut prêter à confusion . Quand peut- on considérer que la personne est trop âgée pour avoir encore le goût de vivre ? Et comment savoir s’ il s’ agit vraiment d’ un suicide de bilan et pas simplement d ‘ un moment de tristesse ? Les réponses ne sont pas simples , mais elles existent . La demande doit être bien argumentée et réitérée . Le médecin doit avoir la possibilité de refuser son aide ( clause de conscience ) mais ne doit plus être criminalisé ni rayé de l’ ordre des médecins si sa conscience lui dicte d’ aider un patient à partir. Il ne convient pas d’ utiliser le verbe “ tuer “ dans ce cas . On ne “ tue “ pas son chien malade lorsqu’ on l’ accompagne chez le vétérinaire . On ne le fait pas de gaîté de coeur . Ce sont des moments profondément tristes , mais préférables à la souffrance des vieillards qui n’ en peuvent plus d’ être infantilisés , à celle de nos animaux que nous chérissons et qui n’ en peuvent plus de vivre . Ne pas voir ces regards suppliants , c’ est être aveugle à notre condition d’ êtres mortels dans la souffrance .

  8. J’ai lu avec un grand intérêt toutes les réponses ajoutées à l’excellent article de Jacqueline Jencquel. Je suis en recherche de ce genre de témoignages qui m’apportent des matériaux pour me forger ma propre décision de recourir – ou non – à la fin de vie volontaire lorsque ma situation me placera devant ce choix.

    La spiritualité occupe une place fondamentale dans ma vie (je parle bien de spiritualrté, non de religion, même si mon esprit rationnel admet qu’à la base de cet attachement à la spiritualité se trouve un acte de foi, à savoir la “conviction” qu’il existe une dimension qui transcende la matière, un Dieu, un Au-Delà, une vie après la mort, affirmations qui ne peuvent être prouvées …).

    Une idée qui m’a imprégné durant plus de la moitié de ma vie est le sentiment qu’il n’est pas du ressort de l’individu de choisir le moment de sa mort. Je continue à penser – cela n’engage que moi – qu’un suicide pratiqué sous l’emprise de la colère ou d’une épreuve de la vie ne constitue pas une sortie favorable de cette existence dans la matière. La situation est probablement très différente si le choix de mettre fin à ses jours est une décision raisonnée et prise dans la sérénité.

    Atteint de sclérose en plaques, au bénéfice d’une rente d’invalidité de 100 %, je suis âgé de 58 ans. A cause de la maladie, je vis une vie difficile dans laquelle les épreuves ne manquent pas. J’ai tcutefois le privilège, à condition de dormir beaucoup plus que la moyenne, de disposer de facultés intellectuelles encore relativement préservées. Ayant dû renoncer il y a quelques années et après 5 ans de pratique à mon rêve d’apprendre à jouer du piano, à cause de l’impact de la sclérose sur la fiabilité de mes mains, je me suis reporté sur ma passion de l’informatique, plus spécifiquement de la programmation, autrefois mon métier. Cette activité me comble à ce point de bonheur que j’en viens même à remercier le Ciel (ou mon corps) de cette maladie qui me permet d’y consacrer le temps qu’il me reste une fois effectuées les corvées de mon existence dans le monde de l’extrème lenteur. Mon avenir, toutefois, à moyen terme, est dans une institution. Ne craignant absolument pas la mort, me réjouissant même de me retrouver “de l’autre côté”, je commence à adopter l’idée de recourir à Exit lorsque mon intellect commencera à réellement me faire défaut. Je ne suis pas encore totalement sûr de ma décision, encore taraudé par la question de savoir si celle-ci nous appartient ou non, mais j’affine petit à petit ma position …

    1. Cher Monsieur ,

      Bravo ! Vous êtes courageux . La preuve vivante qu’ aucune vérité n’ est universelle . Vous avez tiré parti de votre handicap et vous avez réussi à être heureux pendant une grande partie de votre vie . Votre spiritualité vous a certainement beaucoup aidé .

      Vous pouvez adhérer à Exit pour vous rassurer . Même si on ne l’ utilise pas , savoir qu’ on a une porte de sortie , c’ est rassurant .

    2. Bonjour Monsieur,

      Oui, vous faites preuve de courage et vous êtes positif. Religion ou pas, l’être humain se pose toujours des questions…c’est ainsi que l’humanité a pu avancer. Les personnes en demande de mourir que j’ai côtoyées sont devenues de plus en plus sereines sachant qu’elles étaient entendues et seraient respectées. A ce jour, je n’en ai vu aucune changer d’avis au moment du “départ choisi”, bien au contraire !

  9. La chose la plus importante à obtenir à mes yeux, c’est le choix. Le choix de ne rien demander justement si on veut que la mort survienne naturellement, le choix d’attendre le bon moment (pour soi) pour demander à être aidé, le choix de décider de l’arrêt d’un traitement par exemple, et évidemment le choix de demander à bénéficier d’un suicide assisté ou d’une euthanasie.
    Quand un médecin reçoit une demande d’aide à mourir, lui aussi doit avoir le choix, celui d’accepter ou celui de refuser. La clause de conscience existe pour les médecins et c’est très bien, et ce n’est pas parce qu’un médecin refuse que le malade doit renoncer à se faire aider ! il faut aller consulter un de ses confrères qui aura une approche et une philosophie totalement différentes.
    En France, la loi Claeys-Léonetti ne permet pas à un malade de demander à être aidé quand il juge lui-même que son état de santé s’est dégradé à un tel point que ce n’est plus une vie qu’il a, mais une survie qui lui permet juste de respirer. Anne Bert n’était pas en toute fin de vie, et pourtant, elle voulait mourir avant d’en arriver à une phase qu’elle ne souhaitait pas aborder.
    Vivre, ce n’est pas le fait de respirer, vivre, c’est bouger, faire ce que l’on a envie, marcher, courir, sauter ! Comment peut-on nous dire que Vincent Lambert est en vie ? Vincent Lambert respire. Point !
    La proposition de loi de J-Louis Touraine n’est pas mieux que la loi Claeys-Léonetti. Dans toutes ses interviews de journalistes, Il nous parle de “phase agonique” et de personnes “mourantes” pour pouvoir demander éventuellement à être aidée! Comment peut-on se contenter de cette proposition de loi quand on connait un tant soit peu le sujet ?
    Il y a une loi qui existe depuis 16 ans maintenant, cette loi, c’est la loi belge qui englobe le droit à l’euthanasie dans lequel est inclus la possibilité de demander un suicide assisté, toujours en présence d’un médecin.
    Pourquoi faut-il que les dirigeants Français veuillent absolument créer une autre loi que celle qui est un modèle dans le monde entier ? Il suffit d’en faire un copier-coller de la loi belge pour satisfaire tous ceux qui réclament cette loi depuis près de 40 ans maintenant. La Belgique l’a votée en 2002, elle a fait ses preuves, il n’y a que les opposants pour crier encore à la dérive ! Les Belges se la sont appropriée et ne voudraient surtout pas revenir en arrière. la France n’a plus qu’à la copier, ça paraît simple pourtant…. hé bien non ! en France on ne copie pas ce qu’il y a de bien à prendre chez ses voisins ! on veut créer “sa” propre loi, même si on se rend compte que toutes les propositions qui sont faites sont loin d’être aussi bonnes que la loi qui est en vigueur dans un pays voisin !
    C’est vraiment désespérant !!!

    1. Le Vatican a beaucoup de poids en France et la politique ne se fait pas sans son accord . Chaque président rend visite au pape . Personne ne sait vraiment si nous sommes une république laïque ou une monarchie de droit divin . En Belgique , ce sont les Flamands ( protestants ) qui ont majoritairement défendu la loi . En Suisse , le peuple passe au référendum pour les questions de société . Lorsque Simone Veil a défendu sa loi en faveur de l’ IVG devant une assemblée plutôt divisée , c’ était 6 ans après mai 68 et un courant nouveau traversait la France . Giscard et Chirac en étaient conscients et ils ont appuyé cette loi , qu’ ils n’ approuvaient pas vraiment . Ils étaient catholiques , tous les deux . Mais ils ont senti qu’ ils étaient dans le sens de l’ Histoire . Aujourd ‘ hui , personne n’ a le courage d’ une Simone Veil . Emmanuel Macron n’ est pas Giscard et il a tellement d’ autres problèmes avec l’ opposition qu’ il préfère ignorer cette dure réalité , qui même si on n’ aime pas l’ entendre , n’ en reste pas moins une réalité : nous sommes tous mortels !!

      1. Emmanuel Macron n’est pas Giscard… Je pense que le peuple n’est plus ce qu’il était non plus. Quand il fallait combattre on descendait dans la rue. Maintenant les français sont plus passifs j’ai l’impression. Si nous nous remuions pour la peine, Macron ne serait-il pas comme Giscard? Ne marcherait-il pas? NOUS sommes aussi les responsables.

  10. Ce n’ est pas le peuple qui a fait voter la loi Veil. Ce sont des femmes qui ont signé un manifeste .

    Le peuple manifeste sans arrêt en France . Pour des sujets plus pressants ,plus immédiats : leur niveau de vie et leur pouvoir d’ achat .
    Si nous réfléchissons et débattons sur des sujets de société , c’ est que nous en avons le temps et les moyens .

    Si nous passions au référendum sur le sujet de l’ aide médicalisée à mourir, le peuple voterait en faveur d’ une loi qui permettrait aux médecins d’ accompagner leurs patients jusqu’ au bout : guérir si possible , soulager la souffrance et délivrer si on ne peut ni l’ un ni l’ autre .

  11. Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable (R. Gary)
    En vous lisant, c’est le titre de roman qui m’est revenu en tête. Merci de partager vos considérations. Je crois qu’il faut se méfier des généralités et des généralisations. Vous le dites, chacun a sa liberté de choisir. Et c’est tant mieux ! Mais, de par mon expérience, je peux dire que j’ai rencontré, et rencontre, des aînés (et nombreux) qui avaient dépassé cette “limite” et qui étaient heureux de vivre, bien plus que de survivre, malgré des handicap et des pertes d’autonomie. Frédéric Beigbeder juge 75 ans comme sa limite acceptable. Jean d’Ormesson, à près de 90 ans, avait encore des choses à écrire et à nous dire. C’est très subjectif…
    La question sous-jacente est certainement : qu’est-ce qui donne du sens à ma vie (plutôt qu’à la vie en général) ? Il faut bien avouer que la société évalue une personne à ce qu’elle produit, rapporte et coûte. C’est triste et malheureux. Donc, quand je ne peux plus faire ou avoir, que me reste-t-il… ? Il me reste à être, à (re) découvrir qui je suis en vérité et au-delà des étiquettes que j’ai pu porter. Idéalisme ? Peut-être, et c’est sans doute là qu’intervient (ou peut intervenir) la dimension spirituelle (au sens large). Je veux croire à la valeur humaine de chacun, à une dignité à vivre autant qu’à mourir. Ce n’est pas toujours évident et je peux entendre les désirs de mort parce que “ça suffit”, parce que “c’est trop long”. Ecouter, accueillir et respecter, c’est ma manière d’être avec et aux côtés des aînés que je côtoie.
    Quand devient-ton vieux ? A 75 ans ? A 30 ou à 100 ans ? Franchement, je n’en sais rien. Mais, comme le dit cette maxime : “Il ne faut pas chercher à rajouter des années à la vie, mais de la vie à ses années”.
    Merci de votre attention.

    1. Vous n’imaginez pas à quel point je suis d’ accord avec vous . Romain Gary s’ est suicidé à 68 ans . Il ne bandait plus et le Viagra n’ existait pas encore . Le Cialis non plus . D’ Ormesson était plus esprit que corps charnel . C’ est évident que l’ esprit et l’ intelligence peuvent vous faire oublier votre enveloppe charnelle . Personnellement , j’ ai toujours été quelqu’ un de très physique . Renoncer à l’ amour , c’ est renoncer à la vie . Cependant , le mois d’ août apporte tous les trois ans des changements surprenants dans ma vie . Je vis sans trop me poser de questions . Un jour , il faudra renoncer pour de bon . Je m’ y prépare en savourant les rayons de soleil inespérés qui me réchauffent pour quelques semaines ou quelques mois .

  12. Echange d’article (nous pouvons rédiger l’article pour vous)

    Bonjour,

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    En retour, nous vous demanderons d’insérer sur votre site un article contenant les liens hypertextes pointant vers notre site ou blog.

    Si cette proposition vous intéresse, merci de bien vouloir nous informer. Nous diffuserons votre texte dans les plus brefs délais.

    Bien cordialement
    Andrea bon
    Agent de référencement
    Téléphone: 0970463777
    [email protected]
    http://www.wibixi.com

    1. Moi , j’ aime l’ idée . Par contre , je ne suis pas la propriétaire ni le rédacteur en chef du “ Temps “

      Je pense que plus nous débattons , plus nous atteindrons de personnes et plus nous ferons réfléchir ( ceux qui sont prêts à réfléchir )

  13. Chère Madame, Chère Jacqueline (prénommer c’est aimer),
    Encore merci d’avoir ouvert ce blog. Les commentaires sont intéressants, passionnants et passionnés, et certains témoignages très touchants (forts et sans pathos). C’est merveilleux de pouvoir parler de la mort en étant si vivants. Le sujet est, le suicide assisté (ou MVA Mort Volontaire Assistée). Je suis pour, évidemment, je le souhaiterais mais je trouve le protocole pour obtenir le “feu vert” en Suisse extrêmement lourd, pour les étrangers. Il faut une grande motivation et beaucoup d’énergie; j’ai la première mais pas la seconde , je cogite encore avant d’y adhérer et je crains d’opter – le moment venu – pour la fin “indigne” du suicide solitaire, à 75 ans, avec risque de ratage…
    J’ai le sentiment que nous espérions tous ici, trouver un jour un leader pour un tel débat. Nous l’avons, c’est vous. Merci.
    Vous ne représentez pas La Grande Faucheuse mais La Liberté guidant le peuple (*_*).

    1. Bonjour Ambre,

      Avoir la motivation est essentiel…car sans elle nous n’allons nulle part. Pour l’énergie, peut-être la trouverez-vous ou serez-vous soutenue dans votre choix !

      Le “feu vert” en Suisse ou au Benelux n’est jamais donné à la va-vite, comme pour tout acte irréversible, il est sage d’avoir un temps de réflexion et de suivre la procédure . Il ne faut jamais oublier que les opposants sont toujours à l’aguet d’une possible dérive.. quitte d’ailleurs à les inventer !

  14. Bonjour Nathalie,
    Bien sûr, je suis d’accord avec vous. Ce choix impose une longue réflexion. Elle est déjà mûrement réfléchie me concernant, depuis très longtemps. Le choix d’être assistée ou agir seule est pour le moment en stand-by.
    Ce genre de débat est utile. Certains voient dans ces décisions “radicales” de la lâcheté, pour ma part j’y vois du courage. Parlons-en haut et fort autour de nous… avec ceux qui ne se bouchent pas les oreilles.
    Belle journée à tous

    1. Courage est le mot juste…celui d’y penser et donc d’accepter notre mortalité, celui de prendre une décision mûrement réfléchie et donc responsable !

      Vous pouvez consulter “unsoir-unjour.tumblr.com” qui est le modeste blog que je viens de démarrer

      Belle journée sous le soleil

    2. Ce n‘ est ni lâche ni courageux . Il ne faut pas juger . A mes yeux , c‘ est bien plus courageux de vivre après un certain âge que de mourir . C‘ est tellement subjectif qu‘ il faut simplement accepter sans juger . Les médecins qui décident d‘ aider un patient à partir ne doivent plus être criminalisés . En même temps , ils doivent avoir la liberté de refuser cette aide ( clause de conscience )

  15. Bonjour

    Le droit de partir quand on le souhaite, voilà le débat.
    J’ai 61 ans. Marié il y a 40 ans, divorcé en 2000, j’ai ensuite connu une très exceptionnelle relation pendant un peu plus de sept. Et puis elle est partie, anéantie par un troisième cancer, en 2010.
    Mes plus belles années, je les lui dois, malgré la maladie et de l’avoir accompagnée jusqu’à la fin, reste pour moi, une expérience amoureuse inoubliable.

    Maintenant, à la retraite, seul, les enfants n’ayant plus vraiment besoin de moi (l’un vit en France mais je ne le vois que très peu, l’autre a construit sa vie au Canada), je n’ai plus d’objectif ni personne à qui donner.
    Mourir est inéluctable, alors autant pouvoir décider le moment qui nous convient le mieux. Le moment où l’on sentira que c’est assez !
    Ce n’est pas de la dépression, juste accepter que le moment est venu.

    1. En effet, il n’est pas question de lucidité…mais de choix. Même si le texte de Jacqueline Jencquel soulève qq critiques en France actuellement, nous savons très bien que cela ne jouera nullement sur le vote d’une éventuelle loi et qu’une actualité est vité chassée par un autre (rentrée sociale, etc..,), donc n’hésitons pas à nous exprimer

    2. Petite erreur dans mon commentaire..il est bien question de lucidité et de choix, mais nullement question de dépression !

  16. Bonjour Madame,
    Votre lucidité et votre intelligence sur la vie illuminent votre décision finale.
    Qu’importe les bien-pensants, les “fait pas ci, fait pas ça”, la morale de l’histoire ? ! Il faut vivre pour soi et donc mourir comme tel. Difficile moment pour les Proches, certes, mais votre décision est réfléchie, et ressentie par vos cinq sens j’imagine. Aimer les Siens, c’est justement mourir dans la dignité, leur épargner la vue d’un corps et/ou d’un esprit qui se dégradent, les incessants aller-retour entre travail/hôpital, maison/hôpital, vacances/hôpital, les phrases du genre “votre maman n’est pas au mieux aujourd’hui, attendez-vous au pire” ou voir son proche être un cobaye des lobbies pharmaceutiques, devenu grand consommateur de médicaments en tout genre jusqu’à son dernier souffle de vie. Par mon travail, j’ai côtoyé toute cette souffrance improductive, et nullement consentie par les malades même si en chacun de nous, l’instinct de survie est fort, il a aussi ses limites ! C’est justement parce que vous aimez la vie, que vous choisissez sagement votre fin ; il faut beaucoup de recul pour comprendre cela et être détachée de la pensée universelle.

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