Chroniques de Charclo : Zonzon 4

 

Chronique de Charclo: Zonzon 4

Proverbe (soit disant) Africain: « Les années passent comme des voitures. »
Ici les jours se traînent comme des fourmis et les heures comme des acariens.

Y’a une espèce d’espace de rangement derrière mon oreiller, j’y ai posé mes livres, mes brouillons ainsi que la pharmacie incluse dans le package d’arrivée.

Sur le mur, un paquet de conneries écrites au stylo ou gravées à même le béton, des croix gammées et des Allahu Akbar côtoient des noms, des dates, des prénoms féminins ainsi que des phrases en cyrillique, en turque ou en arabe. Au niveau de ma tête un mec a tenu à faire savoir que ses héros étaient: Che Guevara, Mesrine…et Maître Verges, à coté j’ai noté le noms des miens: Robespierre, Ravachol, Ulrike Meinhof.

Au début je traçais des marques pour compter le temps qu’il me restait à tirer, Sk. m’avait prévenu que c’était foireux et que j’allais vite déprimer, il en pas dit plus. Le lendemain à 8 heures, le maton vient nous amener le déjeuner ainsi que le courrier, une seule enveloppe… et pour moi tout seul!

Brève missive du procureur de l’ouest Lausannois, tiens prends-toi ça dans les dents! Trois jours de ballon en rab! Motif : amende des CFF, Suspiria de profundis, j’ai plus qu’à effacer mes quelques traits en me demandant si ça vaut la peine d’en retracer un ce soir. Sk. se verse un café, se roule une clope avant de se re-foutre au pieu, il ne dit rien, y’a rien à dire.

10 heures: promenade du matin, les premiers jours je restais dans mon lit à somnoler, encore groggy par mes 60mg de méthadone avalés aux aurores, mais cette fois je suis réveillé du coup autant sortir, une heure de cellule en moins c’est toujours ça de gagné. Nos trainings et nos vestes ont les poches cousues, parait que c’est pour éviter les trafics néanmoins il arrive que les matons fouillent quand même quelques détenus, c’est aléatoire, ils palpent ici et là, regardent sous les bonnets, les chaussettes, les grolles…ils le font sans zèle particulier, je crois qu’ils ont juste un quota de gars à emmerder. Pendant ce temps on attend qu’ils aient fini leur cirque, qu’ils ouvrent la lourde pour qu’on puisse sortir.

Un des premiers trucs que j’ai demandé en arrivant, c’est si on pouvait trouver du shit, réponse catégorique : non. Les visites sont très surveillées, les murs font 10 mètres de haut et le secteur est au beau milieu de la plaine. Personne ne sort et rien ne rentre non plus. C’est pas si grave, avant de me pointer ici j’ai gobé trois bouts de chichon bien cellophanés, le lendemain lorsque j’ai tiré la chasse d’eau, je me suis rendu compte une fois de plus, de mon ineffable propension à réfléchir après coup, bon vu que je les avait avalé à différentes heures, logiquement il doit bien rester une ou deux boulettes dans mes intestins bref pour le moment le shit on s’en fout un peu, là ou ça va devenir galère c’est au niveau du tabac. Dans le package d’arrivée en plus des indispensables savons, rasoirs jetables, brosse à dents, pansements, capotes, il y a les cadeaux de bienvenue à savoir ; une carte de phone avec 5.- de crédit et un paquet de tabac sans marque avec ses 33 feuilles à rouler. Mon colocataire étant là depuis une semaine est à sec et même en se rationnant on finira pas la semaine.

Ce matin en allant chercher ma dose, y’avait un nouveau, un roumain, il semble peser 40kg et a du cesser sa croissance vers 14 piges sinon il parle beaucoup…mais en roumain. En attendant notre tour il me fait comprendre qu’il cherche des Tranxilliums mais il a que du tabac à échanger…la misère et le hasard font bien les choses. Il me rejoint durant la promenade, 4 comprimés contre un peu de tabac dans une feuille de PQ.

Retour en cellule pour faire les comptes ; les 3-4 grammes de tabac devraient bien nous durer cinq jours…ou au moins trois. Un peu plus tard Sk. revient, il était chez le médecin et il a le sourire, le doc lui a fait une ordonnance pour des Stilnox et de la Quétiapine. Assis à la table il me montre la marche à suivre: d’abord enlever la couche d’expédient en la frottant avec de l’eau et du tissu, bien piler, mélanger le tout et voilà un gros rail chacun qui brûle les narines…la cocaïne du pauvre. Pour que ça pète plus vite on fait des séries d’abdos le plus rapidement possible jusqu’à ce qu’on soit en pleine montée. Bon être défoncé avec un ertzaz de coke dans une cage de 2,5m sur 4m ça semble aussi chiant que de prendre des extas devant un film de Claude Lelouch mais maintenant qu’on est survolté on refait des abdos, des pompes, on boxe dans le vide. 45 minutes plus tard on est en pleine descente, en nage et surtout épuisé.

Si en zonz beaucoup font du sport c’est pas pour faire dans le cliché ou ressembler à Wolverine, c’est surtout pour se dépenser, se fatiguer.
Passer sa journée à lire et mater la TV sur que ça occupe mais une fois la lumière éteinte c’est dur de trouver le sommeil (surtout quand on vend ses cachetons ou qu’on s’en sert pour se fonceder). Alors quand je suis pas en train de glander ou d’emmerder le personnel pénitentiaire à coup de bons et de demandes absurdes (j’y reviendrai…) ben je me surprends à enchaîner les séries de pompes, d’abdos et de tractions. Pour ça devant les chiottes, y’a une solide barre de fer qui sert de tringle à rideau, Sk. est persuadé qu’ils l’ont mise là pour qu’on puisse faire du sport, perso je maintiens qu’elle a été scellée pour pas qu’on s’en serve comme arme. Débat palpitant qui va bien durer 20 minutes. Soudain on se tait, le générique de Naruto résonne de la cellule voisine, c’est presque machinalement qu’on zappe sur MCM avant de se remettre au lit.

Dans trois épisodes ça sera l’heure du souper.

«Pour nous l’ennui est un passe-temps, pour d’autres une malédiction, s’il faut s’armer de patience je suis bientôt à court de munitions »

Zonzon 3 Entrée en matière

Chroniques de Charclo

J’avais suivi les premières saisons de Oz, j’ai aussi maté Gangland ou Immersion à Sing Sing et d’autres conneries du même acabit sur Youtube. Quand j’ai reçu ma convocation pour la taule de la Croisée j’étais loin de faire le fier mais je balisais pas plus que ça…enfin pas trop. Prison ou ailleurs on reste en Suisse: propreté, ponctualité, règlement et co. Bref c’est pas là-bas que je verrai des gangs de latinos se battre à coup de surin avec des néo-nazis tandis que des black-muslims fomentent une mutinerie.

Mais reste toujours l’enfermement, l’ennui, l’isolement, la frustration et le manque de tune qui impliquent aussi le manque de drogue. En fait ce qui me fait le plus peur c’est de perdre celle que j’aime. Elle, elle a deux mois à m’attendre, deux mois pour rencontrer un autre. Un mec aussi beau qu’intelligent, un mec drôle, gentil, attentionné et doté de toutes les qualités que je n’ai pas, une sorte d’anti-Charclo.

Bon voilà j’y suis… Orbe, établissement pénitentiaire de la Croisée…fouille à nu, mise sous-scellé, visite médicale expédiée en 5 minutes ( juste vérifier que t’as ni poux, ni parasites, ni tuberculose), distribution du paquetage réglementaire, mur blanc, porte verte, uniforme bleu, toujours resté à un mètre derrière lui…
Arrivé dans mon nouveau chez moi, je constate que c’est plus spacieux que la chambre que la miss du CSR m’a trouvée y’a deux semaines, c’était sympa de sa part mais j’en aurais pas profité longtemps. Lits superposés, celui du bas est déjà pris, donc ça sera celui du haut.

Poignée de mains et rapide présentation, il s’appelle Sk. parfait blédard, Algérien quand ça l’arrange, Français ou Suisse en cas de blême et tchatche des banlieusards en prime; c’est à dire qu’il parle beaucoup et souvent pour rien dire. En général au chtar on évite de raconter ou de demander pourquoi on y est…pas lui, même pas une heure après notre rencontre, il m’a déjà déballé tout son pédigrée, pas un gros truand mais pas un petit non plus. Il parle un mélange de français, d’arabe, de verlan et ponctue chacune de ses phrases par des “Wesh couz”, “Hamdula”, ” Walla”, “La vie de ma mère”, ect…

Bon je sais bien qu’il en rajoute mais niveau prison il en connaît plus que moi, j’ai donc tout intérêt à suivre ses conseils.

Lendemain, 6h30, le maton vient me chercher pour m’amener à l’infirmerie pour me filer ma méthadone, on est que deux au secteur 7000 à être dans ce cas, du coup je suis vite catalogué comme un junk, un schlag…au plus bas de l’échelle quoi…

Plus tard Sk. me voit écrire et me demande si je sais faire des rimes; bien sûr que je sais en faire! Il sort un mot, j’écris une rime, il sort une phrase, j’en fait quelques punchlines qui claquent bref on se marre un peu et on passe le temps. Jouer au cartes à deux c’est chiant, du coup on joue aux dominos, sinon on regarde “Big bang théorie” et “Naruto Shippuden”, d’ailleurs tout l’étage regarde Naruto. Quand on coupe le générique on peut l’entendre aux travers des autres cellules. Quand vient la sortie de 15 heures, Sk traîne avec les autres Rebeux, ségrégation oblige je devrais zoner avec les toxicos des autres étages mais si c’est pour entendre les mêmes conneries qu’à la Riponne ou sur la Place, au final je préfère encore rester seul.

Alors je marche…

 

Crédit photo: Bruce jackson, photographer and SUNY James Agee Professor of American Culture.        http://brucejackson.us/

Zonzon 1 Le départ… Zonzon 2 et l’arrivée

Chroniques de Charclo 20 

Zonzon 1 Le départ…

Le réveil sonne… j’ai apparemment dû l’éteindre pendant que je dormais à moitié. Une fois peut-être deux. Il est 9 heures et je suis censé être à Orbe dans moins d’une heure, ça ne va pas le faire…Emmitouflée dans son duvet elle dort encore, j’essaie de la réveiller en douceur mais non ça marche pas, rien à faire…déception, j’aurais tellement aimé qu’on fasse l’amour une dernière fois avant mon départ. La réalité vient de me rattraper, la brusque sensation de m’être pris une grosse claque.      Ça fait 2 jours que j’ai reçu cette lettre mais seulement 2 secondes que je réalise…

En clair l’état a décrété que j’avais fait trop de conneries et que, par conséquent, me priver de ma liberté durant deux mois serait bénéfique à l’un ou à l’autre. Y’a il une logique? Une morale? Une utilité à cette histoire?

Je remplis mon sac. Des fringues, quelques livres et un paquet de clope. 9h20, il reste un cul de joint dans le cendrier, je le rallume et m’allonge les bras en croix. Elle dort toujours, je lève le bout de duvet qui cache son visage, elle murmure un truc incompréhensible, je l’embrasse et regarde son visage serein durant ce qu’il me semble une éternité, soudain je sens une larme couler avant de mourir au coin de mes lèvres…

Zonzon 2 et L’arrivée

9h30 je trace en direction du centre social de Renens, en passant j’en profite pour jeter un coup d’oeil au Postomat. Fait chier, je suis toujours à zéro, j’aurais bien mangé un truc avant de partir, tant pis…

Au CSR, je leur donne ma convocation pour la taule en leur précisant que je sortirai que le 30 novembre, bref annulez mon rendez-vous du 23 et prenez note que je ne pourrai pas faire mes recherches d’appartement, ni d’emploi.
9h50 le train pour Yverdon, je demande à un passager la correspondance pour Orbe, il me dit que je dois sortir à Cossonay, deux minutes plus tard je suis sur le quai à répéter ma question à un mec des CFF.

– Non, on vous a mal renseigné, pour Orbe, il fallait sortir à Chavornay, le prochain arrive dans cinquante minutes. Bon ben voilà je serai en retard pour mon premier jour de taule, c’est pas la fin du monde, à moins qu’ils déclenchent le plan “Vigipirate” ou “Épervier” avec hélicos, chiens flics et tout le tremblement, pas sûr que ça arrange mes affaires mais au moins ça aurait de la gueule!

10h30 re-train pour Yverdon, sortie Chavornay, correspondance loupée, plus qu’à tracer à pied.

11h Orbe, ça y est j’y suis enfin, pas trop tôt. Bon, et là je fous quoi? Et maintenant que j’y pense c’est où la prison? Je croise un mec de la commune et lui demande, il m’indique un bâtiment en rase campagne, encore trente minutes de marche. Arrivé devant l’interphone je me présente et lui lis ma convocation, là le gars au bout du fil éclate de rire, je me suis trompé de prison, y en a trois à Orbe, comme si j’étais censé le savoir! Il me dit qu’un des matons finit son service et qu’il peut me déposer à la Croisée, ça fait une plombe que je marche, j’ai mal aux pattes alors je me fais pas prier. Le reste du trajet se fait en silence. Arrivée.

– Merci, au revoir à la prochaine!

– Non j’espère pas!

J’écoute 13 stitches de NOFX une dernière fois, il fait beau et le soleil brille, j’éteins mon mp3 et m’avance vers ce bâtiment sinistre dans lequel je vais passer mes deux prochains mois.

 

Crédit photo: Belga

L’appel de la forêt

Chroniques de Charclo

Je regarde sa porte se fermer lentement… Elle m’a embrassé, m’a serré contre elle, m’a dit qu’elle m’aimait.
C’est réciproque, surprenant surtout…une humaine tient à moi, elle est belle, douée de raison, de logique et d’intelligence et elle tient à moi.

Ça fait quelques jours qu’il ne pleut plus, il fait bon, le soleil brille, il est 14 heures.

Même si je peux rester 2-3 jours chez elle, dans les faits, je suis toujours à la rue. On en a parlé au début, c’est son appart, son espace vital et elle y tient. Quand à moi, j’ai ni la prétention, ni l’intention de m’y imposer.
En plus d’une amoureuse, de nuits dans un lit, de sa peau douce et chaude contre la mienne, j’ai de l’argent maintenant! Un revenu même! Bien sûr je savais que comme tout le monde j’avais droit au RI, seulement pour ça, il leur fallait une pièce d’identité, une adresse aussi…ou alors une attestation de perte de carte d’identité, une attestation de domicile, une attestation attestant mon attestalophobie, bref trop de papelards. Sous Hollande un ministre s’était fait poisser, il ne payait pas ses impôts depuis des années, le plus sérieusement du monde il a expliqué aux médias souffrir de “phobie administrative”, je suis pas ministre mais je suis affligé de la même pathologie.

Muriel voulait m’aider, moi je voulais qu’elle me foute la paix, elle a insisté…et elle a bien fait. Un coup de main? Non c’est peu dire, elle aura fait beaucoup pour moi. Des allers-retours, un peu de patience, des courriers timbrés, des rendez-vous, des photos ID, encore un peu de patience et comme par magie: J’ai des papiers, une adresse, un compte postal en plus d’une carte et de l’argent dessus.

Bon entre temps on a un peu fait la fête, j’ai aussi fait quelques courses pour nous deux.
Mais là, à cet instant je suis en route pour Décathlon, prendre une nouvelle tente Quechua. Que j’aille à Lidl aussi, il me faut une casserole, des condiments, de l’huile, des grilles en alu, des bougies…il me reste de la beuh, du tabac et des feuilles. Ça fait des plombes qu’il fait un temps de merde mais maintenant que le soleil brille j’entends à nouveau le bruit du vent et des feuilles dans mes rêves.

J’aurai pu lui demander si elle voulait venir camper mais je sais déjà qu’elle m’aurait dit qu’elle voudrait rester seule, ce qui tombe bien vu que c’est aussi mon cas. Volonté de solitude…un point commun qui nous éloigne et nous rapproche en même temps.

Je traverse le quartier de la Blancherie, le parc et le pont du Robinson, je grimpe la petite pente encore un peu boueuse. L’été est sur nous, les arbres se sont épaissis, ça sent l’humus et l’ail des ours et de nouvelles branches et de nouveaux arbustes verdissent la forêt.

Je passe devant le “banc des amoureux”, nommé ainsi par la ville de Renens, il est en bois, recouvert d’une couche de peinture rouge et il est surtout particulièrement inconfortable. Dessus y’a un visage bombé au pochoir, comme y’a rien d’écrit d’autre, j’ai du faire une recherche sur Google, il s’agit d’un lycéen turque abattu par les flics durant une manif du 1 mai.

Plus haut j’arrive sur le petit parc où trône une petite fontaine, avant c’était une pyramide faite de cailloux, c’est toujours une pyramide mais maintenant, elle est faite de petites dalles de marbre blanc. Le jet d’eau est trop faible pour pouvoir remplir mes bouteilles vides mais on peut toujours utiliser le trop-plein pour faire la vaisselle ou mettre des trucs au frais; en l’occurrence des bières et des ailes de poulet…

Sur un des banc encore un pochoir du visage juvénile de l’ado martyr du MLKP ou bien était-ce le DHKP? Je m’en rappelle plus…

Je descends l’avenue de la piscine pour aller aux toilettes du cimetière, faudrait que j’aille saluer le jardinier et lui demander s’il peut laisser l’un des WC ouvert la nuit. Ça fait des années qu’un matin il est passé frapper à la porte de ma tente, il sait que je laisse pas traîner de déchets dernière moi, que je braconne pas et que j’éteins mon feu, il est sympa et plutôt compréhensif, et avant de partir il déverrouille les toilettes handicapés. Officiellement c’est pour me laver et me brosser les dents, officieusement c’est surtout pour aller fumer mon demi gramme d’héro avant de retourner pioncer.

Mes deux bouteilles d’1,5L sont pleines, retour dans les bois, avant d’arriver à mon campement, je passe devant un grand chêne, c’est l’arbre de Muriel…oui, précisément c’est son arbre, régulièrement elle vient lui parler, lui raconter ses joies et ses peines. Moi je suis son mec, lui c’est son arbre…à part ça j’ai rien à lui dire, je me contente de lui adresser un bref salut de la tête. Je suis arrivé…coincé entre deux arbres un troisième s’est déraciné pour ensuite se coincer entre les deux autres, c’est sous son tronc que je déplie ma tente, je me sers aussi de ce dernier pour m’exercer aux lancer de couteaux. Le rond de pierre que j’avais fait pour le feu est toujours là, je mets du son sur mon phone et mon enceinte, du punk; Rancid, Operation Ivy, The Distillers.
J’accroche mon drapeau rouge et noir siglé du A cerclé, histoire que les résidents n’oublient pas qu’ils sont dans une zone autonome où s’applique un socialisme libertaire et collectiviste.

La nuit est tombée, j’ai mangé des courgettes grillées et marinées à l’huile de sésame avec des ailes de poulet.
Je traverse le rideau de broussaille pour me poser au-dessus de la pépinière, le ciel est clair, on voit bien les étoiles. Je pense à Muriel, la douceur de sa peau, j’aime sentir ses seins se coller contre moi quand elle me prend dans ses bras.

Je regarde pas la météo, qu’il pleuve ou qu’il fasse gris, je m’en fous… j’ai décidé que demain il fera beau.

RIP mon papa 8 mai 1945 – 28 décembre 2013

Chroniques de Charclo

Bonjour papa,

C’est un peu bizarre mais je t’appelais jamais papa, je t’appelais Marc, ton prénom, je me souviens pas quand je j’ai commencé à t’appeler comme ça.
Je me souviens de nous deux, péchant au harpon, je me souviens de ton petit voilier et de nos promenades en mer, ces îles indépendantes où on devait montrer nos passeports avant de pouvoir accoster comme de ces îlots déserts où on pouvait se la jouer à la Robinson Crusoé.

Un jour on est allé pêcher, on a rien harponné, tu commençais à fatiguer, moi je voulais plonger une dernière fois…un dernier baroud d’honneur. J’ai vu des antennes sortir d’une cavité rocheuse, j’ai tiré; au bout de mon harpon : trois langoustes, lorsque je suis remonté sur le pont j’étais fier et toi aussi…ça se voyait dans ton regard, dans tes yeux.

J’ai 10 ans on quitte la Martinique, ma mère voulait vivre en métropole…moi pas, mais quand on est gosse on suit ses parents “Il y a de la neige et du chocolat en Suisse!”.

La neige j’ai pas aimé, c’est froid, ça fait des engelures, ça mouille, ça caille… Quand au chocolat, du haut de mes 10 piges j’ai bien remarqué qu’on vendait le même au Super U du coin…bon il fondait un peu plus vite au Vauclin. J’ai vite su que ce pays n’était pas le mien et qu’il ne le serait jamais.

La vie ici n’a pas été si noire et si ma mère était heureuse d’être en Suisse ou en France, je sais aujourd’hui que mon père ne l’était pas autant qu’il voulait nous le faire croire.

5 ans ont passé, j’ai jamais aimé les fêtes de fin d’année… maintenant je les hais, elles me rappellent ton dernier souffle.

Des fois je rêve des Antilles, je rêve d’eau salée, de sable…je rêve de ces langoustes empalées sur mon harpon et de ton regard empli de fierté.

Tu me manques.

31 décembre 2018 23h20

It’s a dawning of a new era, part 3 et fin

Chronique de Charclo

Pour la énième fois, on vient me demander de rappeler Freddo. J’avais complètement oublié cette histoire, je file mes 20 balles à Patrice au cas où je sois plus là. Je me rassois, j’ai fini mon café et j’ai plus envie de picoler. Je lis et relis encore une fois notre bref échange. Anne-Christine vient d’arriver, je lui fais la bise, elle s’assied face à moi.

-C’est encore Manon qui t’emmerde?
-Non, c’était Muriel
-Elle va bien? elle voulait quoi?
-…un rencard
-Cool, je savais pas que vous sortiez ensemble…
-Moi non plus, en fait on doit se voir vers quatre heures
-C’est chou, c’est votre premier rencard!

Le mot ‘premier’ me perturbe. Premier entretien, premier boulot, première garde à vue, premier jour de taule, premier licenciement, première crise d’épilepsie, premier, premier…j’arrive pas à associer ce mot avec un truc positif. Maintenant que j’y pense j’ai jamais eu de premier rencard, genre le premier rendez vous, le cliché d’usage de tout teen-movie, je stresse, j’angoisse, je suis sensé faire quoi? Je dois lui dire quoi? Je dois lui faire la bise ou l’embrasser?

Dans les films ça se passe comment déjà? Le mec met son plus beau costume, passe chez la fille qui a mit sa plus belle robe, il lui offre des fleurs, vont au bal, dansent un slow, s’embrassent, sont élus rois et reine de la promo, la garce de service lui verse un seau de sang de porc sur la tête, et…non je vais trop loin dans l’histoire…merde! J’ai pas d’autres références en tête; entre “Carrie au bal du diable” et “American Pie” il doit bien y avoir un juste milieu. Revenons un peu en arrière, bon j’ai pas de fleur à lui offrir, ni de beau costume à mettre mais je peux faire un effort de ce côté là.

Je vais aux toilettes de la Coop, je change de fringues, me lave le visage, me brosse les dents, je me souviens qu’il me reste une ampoule de Visine pour mes yeux. Voilà, on dirait presque que je suis à jeun.
Je me suis posé plus bas sur les marches de la Mig.

Je repense à Muriel et à son air triste…en fait je l’ai déjà vu sourire, je l’ai vu rire aussi et c’était y’a pas si longtemps maintenant que j’y songe. On se voit souvent, elle m’invite régulièrement à dormir chez elle, on regarde des séries en boucle, des fois elle s’endort contre moi et comme je sais qu’elle est insomniaque du coup pour pas la réveiller je me faufile hors du lit pour aller dormir dans le canapé, même si elle ne m’a jamais expressément demandé d’aller pioncer dedans. L’autre soir elle m’a demandé de lui prêter mon pull de la CNT…je le lui ai jamais redemandé mais elle le porte souvent, elle le portait l’autre soir quand elle est venue passer la soirée dans mon campement, d’ailleurs c’est bien la seule à venir me tenir compagnie quand je dors dans la forêt. La semaine dernière elle m’a demandé si elle pouvait rester dormir, je lui ai laissé ma tente et mon sac de couchage pendant que je dormais près du feu…y’a pas à dire je suis pas une flèche et je comprends mieux pourquoi elle m’a envoyé un message aussi direct.

Patrice passe me filer mon paquet de poudre, Freddo est là depuis 5 minutes et je l’ai pas vu arriver, il est sur le banc, je voulais remonter lui dire bonjour…mais non, elle arrive, je la vois sortir de la gare.
On est pas dans un bal de promo US et elle a pas mis sa plus belle robe de soirée, juste un jean et petit haut qui souligne ses jolies formes, elle est belle…elle est belle et je l’avais jamais remarqué.
Elle m’a vu, elle sourit, elle a l’air heureuse ; moi je suis bloqué, je sais pas quoi faire, je sais pas quoi dire et j’ai l’air d’un con. Elle est devant moi; derrière ses lunettes des yeux bleus, cristallins, plus beaux que l’océan, plus bleus que le ciel.

Je sais toujours pas quoi lui dire, je tiens sa main, elle a enlevé ses lunettes, elle m’embrasse. On s’est dit quelque chose? Je sais plus, je m’en rappelle pas. C’est doux, c’est chaud, c’est sucré et j’ai bien fais de pas me pendre ce matin… Ça veut dire qu’on est ensemble? Géographiquement on peut difficilement être plus près, mais on est un couple maintenant?

Mes mains sont contre son dos, je la serre, j’ai peur qu’elle s’envole, qu’elle disparaisse, qu’elle s’évapore.

Pas encore…pas elle…pas toi.

Voyage au bout de la nuit

Chronique de Charclo

(Interlude en mode flashback)

Manon est chez sa mère, elle m’a laissé ses clefs, histoire que je puisse dormir au chaud et qui plus est dans un vrai lit. Bon… après m’avoir trompé et foutu six ans de vie commune en l’air, c’est bien le moins qu’elle puisse faire…et pis, faut bien nourrir le chat.

Le problèmes c’est que je dors pas, j’y arrive pas… y’a trop de bordels dans ma tête. Je gamberge, je cir-convulse…mes pensées s’entrechoquent, mes convictions se cassent la gueule, une guerre civile se déroule sous mon crâne et mon sommeil en est un dommage collatéral…

Internet ne marche pas, et la télé semble se foutre de moi; entre les téléfilms de Noël, les énièmes documentaires sur l’aviation ou sur les nazis, des pubs me parlent de données numériques à stocker sur un Cloud, de frigos et de stores connectés, de crédit à 3% pour acheter une nouvelle cuisine. Vautré sur le canapé, je fume mon dernier joint, ressassant échecs et regrets.

Marre! Je mets mes fringues et reprends mon sac.

Avant de sortir je regarde le hall, ce n’est plus mon appart, ce n’est plus chez moi, c’est devenu…ailleurs. Je traverse le parc, ciel clair, les étoiles illuminent une nuit glaciale, je marche sur l’herbe blanchie par le givre.

Le voile noir est sur nos têtes, le linceul sous mes pas. Retour dans la rue, retour vers nulle part.

Renens, janvier 2016.

It’s a dawning of a new era* (Part 2)

Chronique de Charclo

It’s a dawning of a new era* (Part 2)

Je me traine à l’ombre, sous les arches, Michel (un mec de l’église) vient d’apporter du café qui tombe à point.

J’ai déjà salué pratiquement tout le monde…à l’exception de Manon; mon ex-femme, pas besoin de la voir, il suffit de l’entendre brailler pour savoir qu’elle est dans le coin. Elle est au whisky, j’ignore si elle parle à une personne en particulier mais je peux l’entendre cracher son venin…sur moi? Chais pas, je m’en fous…j’y fait plus attention, à la longue ses cris hystériqco-patétiques sont juste devenus un bruit de fond désagréable. Y’a quelques minutes, Manon était le centre d’intérêt; elle allait se faire dérouiller par Luna avant que Tiago ne les séparent, maintenant, le centre d’intérêt, c’est moi…ou plutôt le dealer qui doit m’appeler en rentrant de Genève et sur lequel une demi-douzaine de personnes comptent.

Les cannettes se vident, les joints se consument et j’ai oublié que ce matin j’hésitais entre me pendre ou aller à l’église, prendre un café. Toute les dix minutes on vient me demander de rappeler Freddo, mais non je le ferai pas, à par l’énerver ça sert à qeud’, il est à Genève, il peut pas aller plus vite que le train et j’ai bientôt plus de crédit. A chaque fois que je sors mon phone, ne serait-ce que pour voir l’heure, je peux deviner des paires d’yeux se tourner vers moi, une fois remis dans ma poche, les regards se détournent…sur leurs bières, sur le 20 Minutes, sur les passants, sur rien, sur le néant…

J’ai pas entendus la sonnerie, mais ça a vibré; un SMS.

– Non c’est pas Freddo, je vous le dirais quand ça sera lui.

Je reconnais pas le numéro, c’est qui? C’est quoi? 15h30…je viens de désaouler.

“Je suis amoureuse de toi”

Brève missive, je la lis et relis. C’est droit, direct, vindicatif même! Pas de “je crois”, “je pense que”, “une copine m’a dit”. C’est “Je suis” un point c’est tout!…problème… c’est qui ce “je”? C’est pas Manon, elle est bien trop foncdé pour écrire une simple phrase, Luna? Non, je l’ai croisé avec son mec y’a pas une heure, ça serait vraiment tordu. Après de longues minutes de réflexion, je trouve rien d’autre a répondre que:

-Tu es qui?

-Muriel, t’es sur la place? Tu veux qu’on se voie?

-Oui.

-Je suis chez moi, je passe d’ici une demi-heure.

Muriel!? Je pensais avoir désaouler, cette fois c’est le cas. Muriel… j’ai l’impression de la connaître depuis toujours, quand j’étais minot, c’était la fille avec le chien noir qu’habitait le bâtiment de Yassin, quand je vivais avec Manon, c’est devenu une copine, puis une amie. Elle sortait avec Goran, Goran est mort…et une partie d’elle avec. Depuis je l’ai toujours vu avec cet air triste, déprimé, maussade même quand elle sourit elle semble se forcer…

“Nous étions déjà si seuls, nous nous sentions désarmés. Je me souviens de tes pleurs et rien pour te consoler”*

*Dernière volonté. “Nos chairs”

It’s a dawning of a new era* (Part 1)

Chronique de Charclo

“Sur une durée suffisamment longue, l’espérance de vie tombe pour tout le monde à zéro”
Je le sais car Tyler Durden le sait…Le concept de la vie en général, on passe de la joie la plus
bête à la tristesse la plus noire et ce, en une poignée de secondes, un simple SMS suffit.

Je l’ai reçu.
C’était elle.
C’était court.
C’était net et c’est mort.
Fait chier…

Au final je m’y attendais, l’amour est un succès, ça ne dure jamais longtemps. Deux jours, deux jours et même pas une nuit…est ce que ça aurait changé quelque chose? Fait chier…
Juste un regret de plus….allez mettez-le avec les autres! Oui dans l’entrepôt prévu à cet effet,
à côté du silo réservé aux projets foireux et aux idées sans avenir.

Début d’après midi, le ciel est gris et commence à pleuvoir, alors lequel de nous deux copie l’autre cette fois? Tandis que je traine mon spleen entre Denner et la Coop, les gouttes tombent sur ma capuche mais c’est son rire que j’entends, et au travers des flaques d’eau, c’est son visage qui se dessine, la tendresse d’un sourire, la douceur d’un regard, ce sentiment de bien-être lorsqu’elle était dans mes bras…
Fait chier…

C’était un peu trop beau pour être vrai, en fait je m’y attendais, le bonheur et moi étions des amis d’enfance, on s’est brouillé, depuis on se croise rarement, c’est dommage, je l’aimais bien, et lui aussi me manque.

“J’ai le plus grand mépris pour ceux qui raillent le suicide par amour, car ils sont incapables de comprendre qu’un amour irréalisable représente pour l’amant une impossibilité de se définir, une perte intégrale de son être. Un amour inassouvi ne peut mener qu’à l’effondrement”
Émile Cioran.

Hé, hé… sacré Cioran, où l’art de tout dramatiser à l’extrême, ce mec a dû recenser au moins mille raisons de mourir sans jamais avoir été foutu de passer à l’acte. Néanmoins je vous recommande “Les cimes du désespoir ” de ce dernier, un recueil de citation toutes aussi noires les unes que les autres, mais qui au final donne à réfléchir… et à relativiser.

Trois, quatre jours et autant de litres de cognac plus tard, Luna est retourné avec son mec, ça aussi c’était prévisible, c’est un peu comme les téléfilms qui passent l’après-midi sur M6, genre: “Liaison fatal”, “Passion mortelle”, “Innocence en danger”, on devine la fin avant même d’avoir vu le début. Peut-être… qu’à un moment j’y ai cru…ou…en fait non. Je savais très bien qu’elle me larguerait, tout comme je savais bien qu’elle se remettrait avec Tiago. Je regrettais de pas avoir couché avec elle, mais au final c’est mieux ainsi, d’un côte ou de l’autre il y aurait eu de la gène ou de l’animosité, alors que là on s’est vu les trois, histoire de mettre les choses au clair, c’est bon, c’est réglé. Tout est bien qui finit bien et tout le monde est content… enfin presque.
J’aurai pu écrire la fin, pas de surprise à ce niveau là, quand à ces jours passés avec elle, c’était plutôt sympa, on squattait chez un de ses potes, elle s’occupait de l’héroïne et m’aidait à faire la manche. Bref je devrais pas être triste…mais je le suis quand même, est-ce parce que je suis une tapette hypersensible? Un névrosé instable? Un junkie bourré d’alcool et de cachetons? Ou juste que c’est humain? Avant, j’avais une vision assez négative de mes semblables, depuis que je suis à la rue, j’ai remarqué que les gens sont nombreux à faire preuve de générosité et d’altruisme, certains font du bénévolat; aident à la soupe populaire, distribuent de la nourriture ou des vêtements à la Riponne, certains en font même leur profession; deviennent instituteur, éducateur, aide soignant en EMS, animateur de quartier…

Moi je suis une éponge, une éponge pour filles en pleurs…Mlle X et Mr Y ont rompu et c’est là que je me retrouve embarqué dans l’histoire, Mlle X veut rendre jaloux Y, l’oublier ou juste passer le temps. Plusieurs jours ou semaines plus tard X et Y se rendent compte qu’ils s’aiment et se remettent ensemble, moi mon taf est finit, je m’éclipse, disparais…on me rappellera lors de la prochaine engueulade conjugal. Je sais, c’est pas très valorisant comme secteur d’activité, mais dans la zone si y’a mieux, y’a aussi surtout bien pire.

Trois, quatre jours et autant de litrons plus tard. 21 heures! Non en fait c’est midi, je me suis endormi sur un banc et vois l’horloge à l’envers, le soleil cogne dur, c’est ce qu’il m’a réveillé.

À coup de mini-flashback je reconstitue la mâtiné; bière, cognac, Tranxilium, bière, cognac, tranxis, le banc… C’est crevant de se lever avec la gueule de bois, deux par jours, c’est épuisant.

À suivre…

* Dawning of a new era, the Coventry automatics

Éclater un chauffe-eau sur un môme…

Chroniques de Charclo 04:

Il est 2 heures du mat’, mardi, toilettes du Collège de la Plaine, Chavannes.

La veille au matin la flicaille a rempli courageusement son devoir en me virant du local technique que je squattais depuis quelques jours.

“Protéger et Servir” hein? Vous protégez qui en réveillant un galérien et en lui braquant une lampe torche dans les yeux ? Vous avez servi qui en me renvoyant dehors malgré la pluie et mes groles trouées ? Bref mon studio improvisé étant désormais fermé à clef j’ai du me trouver un autre abri pour la nuit. Pieds mouillés et fatigue aidant j’ai fais au plus simple, les chiottes publiques du Collège de la Plaine à Chavannes.

Comme bien des fumeurs de joint (merci Paulo pour la dépanne) je me rappelle rarement de mes rêves néanmoins dans celui-là il était question de racailles…de racaillons plus exactement, genre de bouffons qui s’imaginent que les trois bâtiments dans lesquels ils zonent sont une cité comparable à Sarcelles ou aux Minguettes.

Bon c’est vague, mais je me souviens de brides de conversation à base de “tema le shlag” “ziva cousin”, de coups de pied et du plus futé des trois qui s’est mis en tête de me pisser dessus. C’est à ce moment que j’ai réalisé qu’il s’agissait pas d’un rêve…

La panique aidant je me suis levé d’un bond, c’est là que j’ai remarqué que les branleurs que j’avais en face faisaient bien deux têtes de moins que moi. Le petit blondinet qui s’est retrouvé devant moi a aussi remarqué la différence de taille, d’ailleurs il me semble qu’il a tenté de dire un truc, peut-être des excuses…ou pas… L’autre truc que j’ai entendu c’est le bruit qu’a fait mon front lorsque qu’il a percuté le sien, ensuite les cris de fillette de ses deux potes lorsque dans la pénombre, ils m’ont vu marteler la gueule de blondin à grands coups de chauffe-eau…

Je me souviens pas de combien de fois j’ai cogné, je ne pense pas être quelqu’un de violent mais même Bouddha aurait aussi pété un câble en pareilles circonstances. J’ai vite pris mon sac, mes chaussures, poussé les deux apprentis youvois et couru un moment avant de reprendre mon calme et ma route direction la gare. En chemin j’ai croisé des flics, leur voiture à l’arrêt était à côté d’une poubelle plastique qui terminait de se consumer, je m’attendais à me faire contrôler mais non ce n’était pas moi qu’ils cherchaient ..ils m’ont demandé si je n’avais pas vu un groupe de gamins courir, je les ai balancé sans aucun remord!

– Oui y a quelques minutes ils étaient vers le Collège de la Plaine.

Les schmids sont remontés dans leur voiture et ont tracé dans la direction indiquée. Je me suis assis quelques minutes, trop énervé pour me rendormir, j’ai fais demi-tour, je voulais savoir ce que les trois morveux devenaient. En chemin j’ai croisé les keufs, deux voitures cette fois et mes courageux agresseurs étaient dans la deuxième.

Devant les toilettes j’ai retrouvé ma bouilloire, en morceaux et poisseuse de sang.

Résultat des courses: je ne peux plus me faire de café ou de thé, mes fringues sont trempés, et, complètement crevé j’ai passé la journée à dormir debout.

Je sais pas si on peut trouver une morale à cette histoire…