Depuis pas mal d’année, dans les Festivals, on avait l’impression que le cinéma suédois se limitait à deux noms. Ingmar Bergman et Lasse Hallström. C’était sans compter avec un réalisateur tout aussi suédois qui traçait tranquillement, lentement, dans l’ombre, son petit bonhomme de chemin et qui se retrouve aujourd’hui lauréat du Lion d’Or vénitien pour un film au titre impossible à retenir, même en français : Un pigeon assis sur une branche réfléchit à son existence. Son nom, Roy Andersson, né en 1943 à Göteborg.
Amateur de cadres précis, tirés au cordeau, de plans longs, d’une mise en scène d’une extrême rigueur et d’un humour noir très noir, Andersson signe ici un drame en 32 tableaux qui raconte sans doute un peu de la Suède d’aujourd’hui et beaucoup du monde occidental. L’histoire, en pointillé, de deux voyageurs de commerces qui cherchent à vendre quelques produits de farces et attrape qui n’intéressent personne, et de quelques autres figures toute aussi paumées les unes que les autres. Le film n’hésite pas à remonter le temps pour revenir à l’époque de la deuxième guerre mondiale ou même à la campagne ratée contre les Russes de Charles XII de Suède, dans un choc de temporalités du plus bel effet.
Son film n’est pas racontable. Je peux juste vous dire qu’il y a dedans une sorte de cocktail explosif composé (entre autre) de de Kaurismäki, Bergman, Tarkovski et Jarmusch, mâtiné d’humour belge et de froideur danoise. Impossible à raconter, je vous dis. Il faut le voir.