Crise de Credit Suisse: ne tirons pas sur l’ambulance

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Quinze ans après le sauvetage de l’UBS, la Suisse vit un nouveau tremblement de terre financier. C’est au tour de Credit Suisse de passer près de la correctionnelle. A l’heure où les débats parlementaires font rage à Berne, la Confédération avait-elle un autre choix crédible que celui de mettre en place les conditions nécessaires au rachat de la banque?

Tout d’abord, un constat: la Confédération ne disposait pas de l’option idéale et il fallait choisir la stratégie du moindre risque. Un autre constat est que les leçons de la crise précédente ont été retenues, du moins en partie. Les risques liés aux grandes banques ne sont pas les mêmes qu’il y a 15 ans, où leur poids cumulé représentait sept fois le PIB de la Suisse, contre deux fois aujourd’hui. La stratégie du too big to fail a porté ses fruits. Mais il reste du chemin à faire, c’est certain. La chute de Credit Suisse tient en grande partie dans sa culture d’entreprise, et on peut légitimement s’interroger sur la pertinence de bonus lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous.

On peut se poser la question du rôle et des pouvoirs de la FINMA et être critique envers la stratégie de la Confédération. Oui, le Conseil fédéral a agi au plus vite, en faisant usage du droit d’urgence que lui imposait la situation. Non, la session parlementaire extraordinaire ne changera rien au choix de la Confédération. Peut-être permettra-t-elle de cadrer les conditions d’octroi de ces prêts et de ces garanties. Mais dans une situation donnée, avec une banque en pleine perte de confiance et à deux doigts du dépôt de bilan, la Confédération n’avait pas beaucoup d’autres alternatives que de sauver cet établissement capital de notre place financière et économique. Et une faillite aurait eu des conséquences largement plus dommageables, pour le personnel qui perd son emploi bien sûr, mais plus largement pour l’ensemble du secteur, qui représente 5,5% du total des emplois en Suisse et près de 10% des recettes fiscales. Au final, une place financière faible, c’est une place économique affaiblie. Les milliards de francs de caution se seraient alors transformés en milliards de pertes sèches, et personne n’a intérêt à un tel scénario.

Alors on peut se faire plaisir en désignant les responsables de cette chute, en stigmatisant un secteur honni par certains ou encore en dénonçant la stratégie du Conseil fédéral et en ne votant pas la garantie aux Chambres fédérales. Mais hormis des vociférations attendues en année électorale, cela n’apporte pas grand-chose. Aujourd’hui, nous avons besoin de retrouver la confiance, pour le bien de tous. Et de chercher des solutions qui permettent à l’avenir d’encadrer un secteur, pour éviter les dérives, mais aussi en lui laissant suffisamment de marge d’action pour se battre à armes égales avec ses concurrentes étrangères.

Stéphanie Ruegsegger, directrice politique générale

L’attractivité de Genève au menu du 18 juin

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Après une mise en bouche le 12 mars, avec l’initiative 179 sur les soi-disant privilèges des actionnaires, la gauche en remet une couche avec deux nouveaux textes, l’un faisant exploser les dépenses publiques et l’autre gonflant encore la pression fiscale.

Genève est le deuxième canton de Suisse en termes de dépenses par habitant et celui qui dépense le plus pour sa fonction publique. Au cours des dernières décennies, la fonction publique, les dépenses et la dette ont largement plus augmenté que la population. Qu’à cela ne tienne! Les syndicats et la gauche proposent une initiative permettant de créer chaque année et indéfiniment 1’000 emplois publics de plus. Un chiffre adaptable à la baisse comme à la hausse, en fonction du taux de chômage (base : 5%). Le but: offrir des emplois publics à des personnes qui sont en marge du marché du travail. Les hics : Genève n’a pas de problème d’emplois, car le canton en compte 160’000 de plus que ce que sa population active peut occuper. Par ailleurs, aucun volet formation n’est prévu. Comme on ne s’invente pas spécialiste de la santé ou de l’ingénierie en un coup de baguette magique, ceux qui sont aujourd’hui hors du marché risquent de le rester. La deuxième «grande» idée de ces milieux est d’augmenter temporairement l’impôt sur la fortune. Et là aussi, peu importe que la taxation genevoise soit déjà la plus forte de Suisse. Et qu’au passage, la mesure touche de plein pot les entrepreneurs, dont l’outil de travail est considéré comme un élément de fortune. Au final, à défaut de recettes supplémentaires, on risque de décourager les entreprises comme les riches contribuables à s’installer dans notre canton.

Deux autres objets traiteront également de l’attractivité. En soutenant la réforme de l’OCDE, qui vise à imposer à 15% minimum les entreprises faisant un chiffre d’affaires annuel de 750 millions d’euros, les citoyens suisses permettront de maintenir les recettes fiscales dans notre pays. Faute de quoi, les autres Etats, dans lesquelles ces entreprises sont actives, pourront prélever la différence. Les entreprises suisse n’auront donc rien gagné, si ce n’est des tracasseries administratives, et la Suisse aura perdu des recettes fiscales. Au niveau genevois, une révision du système de réévaluation fiscale des immeubles propose un modèle de taxation pérenne, moderne, équitable entre propriétaires nouveaux et anciens, et équilibré, dans le sens où il permet de prendre en compte la situation notamment des retraités propriétaires de leur logement.

Genève est un canton à l’économie dynamique, qui lui permet de financer des prestations de qualité. Mais il n’est aujourd’hui déjà fiscalement pas concurrentiel. Ne franchissons pas la ligne rouge et garantissons la substance fiscale actuelle, en rejetant les initiatives aventureuses de la gauche et des syndicats, et en soutenant les réformes modernes de l’OCDE et de la fiscalité immobilière.

Stéphanie Ruegsegger, directrice politique générale

Politique européenne: on demande du courage!

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La venue en Suisse de Maroš Šefčovič, vice-président de la Commission européenne, lors de la journée de l’Europe de l’université de Fribourg, a remis pour quelques heures la politique européenne sur le devant de la scène médiatique. Son intervention a permis de rappeler des fondamentaux : la politique européenne de la Suisse n’est pas qu’un sujet de politique interne, ce que certains groupes politiques ont une fâcheuse tendance à oublier, et la Suisse et l’Union européenne sont liées par une communauté de destin. Notre pays a besoin d’un partenaire fort, capable de relever les multiples défis géostratégiques, énergétiques ou climatiques auxquels notre continent est confronté aujourd’hui.

Le chacun pour soi n’a pas d’avenir, en particulier pour la Suisse, au cœur de l’Europe et dont la prospérité dépend de son ouverture à l’extérieur. A cet égard, faut-il rappeler l’importance d’un accès sans discrimination au marché intérieur européen, pour un pays dont le volume des échanges en une seule journée avec l’Union européenne équivaut à une année avec l’Indonésie ?

L’interdépendance dépasse les seuls aspects économiques ou les questions transfrontalières. On oublie par exemple souvent la contribution de la Suisse à la politique de sécurité et de défense commune. Aujourd’hui, une lente érosion menace la voie bilatérale, accélérée par la décision du Conseil fédéral de ne pas signer l’accord-cadre. Les conséquences sont connues : exclusion de la recherche suisse d’Horizon Europe, le plus grand programme d’innovation au monde, perspectives bloquées pour de nouveaux accords sur l’électricité ou la santé, etc. Le statu quo n’est plus une option. Pour moderniser l’édifice des accords bilatéraux, il faut apporter une réponse aux questions institutionnelles. Notre partenaire, qui doit rendre des comptes à ses 27 Etats membres, veut assurer l’intégrité de son marché intérieur. Il pose comme condition une règle assez simple : qui veut les mêmes droits assume les mêmes obligations.

Du côté suisse, la gauche doit clarifier sa position pour le moins contradictoire entre refus de l’accord cadre et soutien à l’adhésion. L’UDC pour sa part devrait lancer dans le cadre de la campagne pour les élections fédérales une nouvelle initiative populaire mettant en danger la libre circulation des personnes. C’est jouer dangereusement avec le feu pour un parti gouvernemental. Un deuxième échec dans les discussions avec l’Union européenne n’est pas envisageable.

En janvier 1963, moins de 20 ans après la fin de la Deuxième guerre mondiale, Konrad Adenauer et Charles de Gaulle ont signé le traité de l’Elysée, considéré comme un acte clef dans la construction européenne. Puisque nous fêtons cette année les 60 ans de ce traité de réconciliation porteur à l’époque d’une vision d’avenir si courageuse, espérons que son esprit inspire à nos autorités une politique européenne qui ne soit pas pusillanime. Alors que des discussions exploratoires sont en cours, ce thème doit être remis au premier plan au vu de son importance stratégique pour la Suisse, qui a besoin d’un cadre clair et durable pour ses relations avec son principal partenaire.

Catherine Lance Pasquier, directrice-adjointe politique générale

Genève, l’enfant gâté

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Souvent moqué par les Confédérés pour sa dette abyssale, Genève résiste pourtant. Pire, le canton semble éclater de santé: un journal local révélait que les comptes 2022, budgétés avec un déficit de 300 millions, allaient finalement s’avérer positifs, de 1,3 milliard !

On pourrait dire merci aux entreprises, notamment celles actives à l’international, pour ces beaux résultats. Merci à ces entreprises qui restent malgré une fiscalité plus lourde qu’ailleurs. Mais non! Au lieu de cela, on les attaque, on les dénigre. Dans le flow électoral de ce printemps, certains politiciens en rajoutent une couche à coups de clichés, en valorisant le petit, forcément tout mignon et vertueux, au détriment du grand, évidemment pollueur et d’un temps dépassé. Oubliant au passage leur large contribution au train de vie du canton et aux affaires des PME.

Mais comme à Genève, on n’aime vraiment pas l’argent, sauf bien entendu lorsqu’il s’agit de le dilapider, certains proposent de charger encore la barque, en augmentant l’imposition des dividendes des entreprises familiales (votation du 12 mars), d’augmenter de 50% l’imposition de la fortune qui est déjà la plus élevée de Suisse ou d’augmenter le plafond du bouclier fiscal (votations du 18 juin). Le volet «dépenses» n’est pas en reste puisqu’une initiative (IN 181) propose de faire exploser les emplois publics, par un mécanisme de hausse perpétuelle, déconnecté de toute réalité. Et tant pis si le canton est déjà celui qui taxe et qui dépense le plus de Suisse.

Au fil de leurs attaques contre l’attractivité économique et fiscale du canton, les auteurs de ces propositions ont tiré la leçon des échecs précédents. Pour donner un supplément de chance à leurs propositions, ils ajoutent un allègement (léger) de la pression fiscale pour quelques-uns, en contrepartie de l’augmentation (forte) de la charge d’une minorité. Histoire de s’offrir quelque indulgence et de monter les contribuables les uns contre les autres.

Ce petit jeu pourrait toutefois bien avoir un effet boomerang. Car à force de dire à ces généreux contribuables qu’on ne les aime pas, ils finiront par se détourner de la dédaigneuse Genève. La fiscalité très progressive du canton est d’une construction très fragile: on retire quelques fondements importants (quelques-unes de la part infime (1%) d’entreprises qui rapportent le 78% de l’impôt sur le bénéfice et 86% de l’impôt sur le capital) , et c’est l’ensemble de l’édifice qui vacille. Certes pour l’heure, ces fondements semblent solides. Mais ce qui est vrai un jour le sera-t-il toujours? Car d’autres places économiques ont également des arguments à faire valoir. Et l’atout concurrentiel de Genève face à d’autres cantons – un aéroport international qui lui assure un volume d’affaires et de commerce important – est attaqué de toutes parts. A jouer à l’enfant gâté, Genève pourrait finir par perdre.

Stéphanie Ruegsegger, directrice politique générale

Petits moments de sexisme ordinaire

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Tout au long de ma carrière, j’ai travaillé dans des milieux à forte majorité masculine. Pourtant, il ne s’agissait pas de secteurs particulièrement techniques, mais c’était ainsi, avec une prédominance masculine se renforçant plus je montais dans les strates hiérarchiques.

Au fond, ça ne m’a jamais vraiment dérangée, surtout que j’ai vu les choses évoluer au fil de temps: plus de mixité, moins de blagues pas drôles sur les blondes en pleine séance (véridique), moins d’hommes qui en venaient aux mains en réunion (véridique bis!). Bref, la situation va globalement dans le bon sens. Je constate une réelle prise en compte des enjeux de mixité, de diversité et d’inclusion, et une certaine retenue, un degré de bienséance plus élevé, toutes composantes très agréables et somme toute normales dans le monde professionnel.

Pourtant, je forme le vœu, modeste, que les petits moments de sexisme ordinaire s’effacent au profit d’une meilleure considération des femmes. Exemple récent: au cours d’une séance de haut niveau, la gestion d’un projet d’envergure a été évoquée. Les trois personnes clé pour l’atteinte de l’ambitieux objectif dont il était question ont été nommées: deux hommes, présentés avec leurs prénom, nom, fonction, et une femme, présentée avec son prénom seulement. «Désolé, je ne me souviens plus de son nom, mais elle est business analyst.»

C’est ce genre de petits riens que j’appelle sexisme ordinaire. Pas méchant, pas vraiment voulu, presque excusable – ce n’est pas grave, ça peut arriver d’oublier un nom.

En réalité, c’est symptomatique. Jamais on n’oublie le nom des hommes, simplement parce qu’on les nomme toujours avec leur nom de famille. Ça commence déjà à l’adolescence, où les garçons s’appellent souvent ainsi, et ça se perpétue dans le monde professionnel, même sans ajouter « Monsieur » avant le nom de famille. C’est très rare s’agissant des femmes ou des filles. Et je ne compte plus le nombre de fois où on m’a présentée au cours d’une réunion ou d’un cocktail uniquement avec mon prénom. J’ai depuis longtemps pris le pli de compléter mon pédigrée par moi-même.

Je ne veux pas jeter la pierre aux hommes. Les femmes ont aussi cette tendance de personnaliser davantage les femmes par leur prénom. Mon propos est ici de sensibiliser chacune et chacun à cette thématique.

La prochaine fois que vous prendrez la parole pour parler d’une femme dans une séance, pour la présenter dans un moment plus convivial, pensez à lui donner un nom. Un prénom, c’est bien, mais utilisé seul, c’est soit infantilisant, soit intime. Ni l’une ni l’autre de ces options n’est défendable dans le milieu professionnel.

Véronique Kämpfen, directrice de la communication

Les riches doivent passer à la caisse! Vraiment?

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Placée sous le signe des élections, avec des renouvellements au niveau cantonal puis fédéral, l’année politique 2023 sera également chargée en votations à Genève.

De nombreux projets fiscaux sont en attente du verdict populaire. Un texte de gauche et syndical ouvrira les feux. Il demande une augmentation de l’imposition des dividendes, ce qui pénaliserait fortement les PME. Suivra une autre proposition des mêmes initiants, portant sur une augmentation temporaire de l’impôt sur la fortune. Le credo est toujours le même: les riches doivent passer à la caisse. Oubliant au passage que ces fameux riches sont déjà fortement taxés à Genève, bien plus qu’ailleurs en Suisse. Ces contribuables tant honnis de certains rapportent gros au canton, ce qui permet notamment de financer un budget annuel qui dépasse aujourd’hui dix milliards de francs.

Les revendications ne s’arrêtent pas là. Il s’agit non seulement d’engranger toujours plus d’impôts, mais aussi de dépenser toujours davantage. Dans ce domaine également, les idées ne manquent pas. Le peuple votera ainsi sur une machine à création perpétuelle d’emplois publics, alors que Genève a l’une des administrations publiques les plus fournies de Suisse et que son endettement dépasse douze milliards de francs.

Le propos n’est pas de faire la chasse à la fonction publique ni de remettre en cause les tâches régaliennes de l’Etat. Mais de rappeler que si Genève peut se montrer généreuse en matière de redistribution, elle le doit en grande partie à une petite minorité de contribuables qui génèrent la grande partie des recettes fiscales. Les deux tiers de l’impôt sur la fortune genevois – le plus élevé de Suisse – sont générés par 1,3% des contribuables. Une infime minorité de ces derniers, soit 0,2%, rapporte à elle seule plus de 17% des recettes sur le revenu. Quant aux entreprises, 0,1% d’entre elles génère près de la moitié de l’impôt sur le bénéfice.

Jusqu’à présent, Genève a la chance de pouvoir compter sur quelques contribuables fortunés. Mais rien ne garantit qu’ils ne se lassent pas un jour d’être davantage pressés qu’ailleurs et constamment méprisés par une partie de la classe politique.

Stéphanie Ruegsegger, directrice politique générale

Stop aux initiatives électoralistes!

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Ça y est! Ensemble à Gauche est de retour avec une énième initiative visant à taxer les riches qui, dans la bouche de ses partisans, ne sont pas seulement riches, mais super riches, engrangeant de super profits. Le titre de ce texte pour lequel la coalition entend battre le pavé cette semaine pour récolter des signatures est dans cette veine: Pour une taxation plus juste des super profits. Il s’agit de mettre en place un impôt progressif sur le bénéfice des entreprises au lieu de les laisser au taux de 13,99%. Pourquoi est-ce une (très) mauvaise idée?

Parce que le poids de l’impôt repose déjà sur une minorité d’entreprises. La pyramide fiscale est fragile à l’extrême: seules 1,2% des entreprises rapportent 79,1% de l’impôt sur le bénéfice. Trois quarts de l’ensemble des entreprises paie moins de 1% du total.

Contrairement aux idées reçues, la réforme de l’imposition des entreprises (RFFA) a entraîné une hausse de la charge fiscale de la majorité des grandes entreprises. A cette hausse s’ajoute la taxe professionnelle communale dont Genève a fait une spécificité mondiale, et l’impôt sur la fortune le plus élevé de Suisse, qui touche directement les entreprises. Evoquons encore les charges sociales, dont certaines, comme les allocations familiales, sont à charge unique des employeurs, ou la méthode genevoise d’imposition de l’outil de travail qui est bien plus sévère qu’ailleurs. Tous ces éléments réunis font que l’argument qui consiste à dire que le fisc genevois est trop peu gourmand à l’égard des entreprises est fallacieux.

Cette initiative n’a été lancée que pour des raisons électoralistes. La coalition d’Ensemble à Gauche va s’émiettant. Pour atteindre le quorum aux prochaines élections, elle doit faire parler d’elle. A tout prix? Non. Leur initiative est un texte dangereux pour les finances du canton. Il doit être dénoncé comme tel.

Véronique Kämpfen, directrice de la communication

La désobéissance civile ou la dictature de la bien-pensance

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«Une action qui dérange est déjà une action réussie», pouvait-on lire dans un commentaire sur un média en ligne. Voilà qui semble justifier les récents actes de vandalisme sur des œuvres d’art au nom de la lutte pour le climat.

Ces actions interrogent à plusieurs niveaux. Elles serviraient la cause mise en avant par ces barbouilleurs en herbe en leur offrant une exposition médiatique et le fameux quart d’heure de gloire auquel certains semblent aspirer. Pourtant, en termes d’efficacité, on peut douter de la pertinence de ces actions. On n’a d’ailleurs jamais eu l’occasion de constater le début d’une proposition constructive qui aurait découlé ces performances éphémères.

Quoi que l’on puisse penser de ces actions, c’est surtout leur justification qui pose question. Au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, au nom des décisions politiques qui prennent du temps pour se déployer, on devrait passer l’éponge (au propre comme au figuré) sur ces attaques, tout illégales soient-elles. Ah bon? Y aurait-il un catalogue de bonnes actions, qui permettraient de se mettre au-dessus des lois? Et tenu par qui? Y aurait-il des citoyens au-dessus des autres? D’un côté la masse silencieuse, qui respecte les règles établies, et de l’autre, les défenseurs de causes soi-disant nobles, qui s’arrogent le droit de ne pas respecter le droit. C’est inacceptable en soi, d’autant plus lorsqu’un intervenant enjoint à cette désobéissance de jeunes diplômants, lors d’une cérémonie officielle organisée par le DIP, comme cela a été récemment le cas.

Il n’est pas question de remettre en cause la pertinence de la lutte contre le réchauffement climatique. Mais elle mérite autre chose que des actions de façade, qui n’améliorent en rien la situation. Et lorsque l’on veut remettre en cause le système, la démarche gagnerait en crédibilité si l’on ne vivait pas précisément grâce à ce système.

Stéphanie Ruegsegger, directrice politique générale

Clause de sauvegarde: à utiliser avec discernement

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Un taux de chômage suisse à 1,9% en octobre, 127’000 places vacantes au deuxième trimestre 2022, une pénurie de travailleurs qualifiés dans tous les secteurs qui menace le bon fonctionnement de l’économie suisse. Réponse du Conseil fédéral? Réintroduire des contingents pour limiter la libre circulation avec la Croatie. Certes, le gouvernement fait ainsi usage de son droit d’activer la clause de sauvegarde prévue dans l’accord, puisque le nombre de travailleurs en provenance de Croatie a fortement dépassé les valeurs seuils.

Le Conseil fédéral indique souhaiter ainsi un meilleur contrôle de l’immigration dans le respect des besoins de l’économie. Or, les travailleurs croates sont essentiellement actifs en Suisse dans le secteur secondaire, l’industrie manufacturière et la construction ainsi que dans l’hôtellerie/restauration, le commerce et les agences de placement, qui sont tous des secteurs où règne une forte pénurie de main-d’œuvre. Nul doute qu’ils apprécieront le souci du Conseil fédéral de répondre à leurs besoins… Et que dire du contrôle de l’immigration? La Suisse a délivré quelque 2000 permis B en 2022 à des travailleurs croates. On est loin d’une invasion lorsqu’on met ce chiffre en perspective avec les plus de 5 millions d’emplois qu’offre l’économie suisse. Ou avec les 1’452’089 citoyens de l’UE/AELE et les 738’204 ressortissants d’États tiers qui résidaient en Suisse à fin 2021.

Cerise sur le gâteau, cette décision va certainement être appréciée à sa juste valeur à Bruxelles. Les Européens, préoccupés par des bruits de bottes à leurs frontières et confrontés à une situation économique difficile, devront puiser dans leur réserve de patience pour faire preuve de compréhension envers leur petit voisin, en bonne santé et bien à l’abri grâce à l’UE. La Suisse se caractérisait déjà par son immobilisme en matière de politique européenne. Espérons que cet épisode ne présage pas d’une dégradation de la situation.

Catherine Lance Pasquier, directrice-adjointe politique générale

Coûteuse démagogie

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Parmi les signes avant-coureurs d’une année électorale figure au premier rang la profusion d’initiatives populaires et de propositions qui partagent, quelle que soit leur origine politique, un certain nombre de caractéristiques. Elles font fi de la réalité économique, se financent par magie et visent un public soi-disant vulnérable ou qui serait peu pris en compte, oublié du partage des richesses.

Dans le canton de Genève, d’un côté de l’échiquier politique, vous avez une initiative qui prévoit une aide financière annuelle de 30’000 francs pour le parent sans activité lucrative qui garde lui-même son ou ses enfants en âge préscolaire. Cette initiative est finalement une petite expérimentation du revenu de base inconditionnel, puisqu’elle garantit une rentrée financière sans avoir d’activité lucrative ou sans être au bénéficie de prestations sociales. Qu’importe les efforts entrepris par les autorités et les employeurs pour faciliter la conciliation vie privée-vie professionnelle dans un contexte de pénurie croissante de travailleurs qualifiés, qu’importe l’absence d’évaluation des coûts de cette proposition, qu’importe le fait qu’elle pèsera sur la minorité de contribuables qui financent l’essentiel des prestations cantonales.

De l’autre côté de l’échiquier politique, une initiative est lancée pour que les bénéficiaires de subsides d’assurance-maladie puissent recevoir un remboursement annuel de 300 francs par personne des frais de dentiste. Précisons que les bénéficiaires de prestations complémentaires ou de l’aide sociale ne sont pas compris puisque leurs frais dentaires sont déjà couverts. Nul doute que les quelque 135’000 personnes concernées apprécieront cette proposition. La facture finale sera vraisemblablement moins réjouissante. Mais pourquoi se préoccuper de questions aussi triviales que le financement? Il suffit d’aller chercher l’argent dans la poche de ceux qui soutiennent déjà la générosité de l’Etat. Les solutions sont toutes trouvées: initiative pour une hausse de l’impôt sur la fortune ou initiative contre les «gros actionnaires», les électeurs genevois auront l’embarras du choix pour alourdir la charge fiscale et entraver l’activité économique.

Le gouvernement lui-même n’est pas en reste, qui vient d’annoncer une vague de mesures visant à augmenter certains subsides et autres allocations. Cela représentera quelques dizaines de millions de francs de dépenses en plus pour le porte-monnaie des contribuables.

Il ne s’agit pas de refuser pour des raisons de principe toute nouvelle prestation ou hausse de subvention. Ni de nier les difficultés économiques d’une partie de la population. Mais dans un canton qui se distingue par un tissu social développé et une pyramide fiscale particulièrement fragile, il est indispensable d’éviter les propositions populistes d’arrosoir généralisé.

Catherine Lance Pasquier, directrice-adjointe politique générale