Difficile de comprendre ce qui s’est passé la semaine dernière avec le candidat putatif républicain à la Maison-Blanche Jeb Bush et avec le candidat déclaré Marco Rubio ces derniers jours. Tous ceux ont bafouillé quand il s’est agi de répondre à une question simple: “Auriez-vous décidé d’envahir l’Irak au vu de ce que l’on sait maintenant?”
Frère du 43e président George W. Bush qui a orchestré ce que la gauche américaine ainsi que plusieurs politologues considèrent comme la plus grande faute de politique étrangère depuis la guerre du Vietnam, Jeb Bush aurait dû être préparé à LA question. Dans un premier temps, il a déclaré qu’il aurait agi comme son frère. Dans un deuxième temps, il a précisé qu’il avait mal compris la question. Dans un troisième temps, il n’a pas jugé utile de répondre à une question “hypothétique”. Dans un quatrième temps enfin, il l’a reconnu: il ne serait pas aller en Irak au vu des connaissances dont on dispose aujourd’hui.
Marco Rubio, sénateur de Floride, aurait dû tirer les leçons de la terrible semaine de Jeb Bush. Mais lui aussi a été incapable de répondre clairement à une question d’un journaliste de Fox News.
Pourquoi? Les deux hommes sont décrits comme étant intelligents. L’ex-journaliste vedette Dan Rather tente une explication: ils doivent servir plusieurs maîtres et notamment leurs riches donateurs.
Au sein du camp républicain, la tendance est de vouloir expliquer l’invasion erronée de l’Irak par une bavure des renseignements américains. Or comme nombre de journalistes le soulignent dans la presse américaine, dont Paul Krugman dans sa chronique de lundi dans le New York Times, ce n’est pas une erreur des renseignements qui ont mené à la guerre. C’est la volonté délibérée de l’administration Bush qui a “menti” au peuple américain. Menti parce qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak, parce que Saddam Hussein n’était ni lié aux attentats du 11 septembre 2001, ni à Al-Qaida.
Les républicains en campagne pour la Maison-Blanche essaient dès lors de faire porter le chapeau de la débâcle irakienne à Barack Obama qui a sans doute voulu retirer un peu vite les troupes américaines d’Irak. Or c’est omettre ce que beaucoup décrivent comme le plus “grand mensonge” de politique étrangère de ces dernières décennies. Ex-secrétaire d’Etat qui avait brandi des fioles de supposées armes biologiques à l’ONU, Colin Powell ne s’en remet toujours pas d’avoir été manipulé à ce point. De son côté, les Dick Cheney, Donald Rumsfeld ou Paul Wolfowitz continuent de prêcher la bonne parole en assurant que la guerre en Irak était tout de même nécessaire.