“Les Etats-Unis devraient reconnaître la Palestine”

Matthew Duss est président de la Foundation for Middle East Peace et Michael Cohen est chercheur à la Century Foundation. Tous deux le soulignent dans une tribune libre publiée dans le Washington Post. La solution à deux Etats, Israël d’un côté et la Palestine de l’autre a toujours été un principe fondamental de la politique étrangère américaine depuis deux décennies.

Photo: Majdi Mohammed/AP/Keystone
Photo: Majdi Mohammed/AP/Keystone

A leurs yeux, il devient impératif que les Etats-Unis reconnaissent l’Etat de Palestine. L’appel semble irréaliste tant Washington s’est évertué à exhorter les parties au conflit israélo-palestinien à négocier une telle question et à bloquer toute tentative de l’éluder aux Nations unies. Matthew Duss et Michael Cohen en sont pourtant persuadés. Une reconnaissance de l’Etat de Palestine permettrait à l’Amérique de mieux défendre ses intérêts dans la région, car elle enlèverait une source de ressentiment à l’égard des Etats-Unis. Cela faciliterait, poursuivent-ils, les relations avec la Turquie, la Jordanie, l’Arabie saoudite et l’Egypte, des pays qui semblent approuver la vision stratégique d’Israël, mais refusent la manière dont les Palestiniens sont traités. Cela montrerait aussi que les Etats-Unis savent agir en toute indépendance même quand cela peut froisser un proche allié (Israël). Les deux analystes relèvent par ailleurs qu’au vu de l’impossibilité apparente d’une solution à deux Etats avec Benyamin Netanyahou comme premier ministre, les Etats-Unis doivent emprunter un autre chemin.

Au vu de cette réalité, il paraît inutile à Matthew Duss et Michael Cohen d’entamer un nouveau round de négociations entre Israéliens et Palestiniens. En reconnaissant l’Etat de Palestine, expliquent-ils, les Etats-Unis établiraient toutefois les conditions pour entamer de nouvelles négociations sur de nouvelles bases. Ce serait une leçon pour les Israéliens à payer pour leur “récalcitrance continue”. Surtout, cela renforcerait le rôle de l’Amérique en tant que médiateur dans des négociations où la “dramatique asymétrie de pouvoir” (entre Israéliens et Palestiniens) a d’emblée condamné le processus de paix. Une reconnaissance de l’Etat palestinien aurait aussi pour effet de montrer aux Palestiniens l’importance de la diplomatie par rapport la force des armes.

En conclusion, Matthew Duss et Michael Cohen sont catégoriques: un tel geste des Américains serait tout à fait cohérent avec les valeurs régulièrement défendues par l’Amérique en matière de politique étrangère: le soutien à l’auto-détermination des peuples et à l’indépendance. “Ce sont précisément ces valeurs qui ont sous-tendu la décision des Etats-Unis de reconnaître Israël en tant qu’Etat indépendant en 1948, soulignent les deux Américains qui ajoutent: “Nous devons rejoindre les 130 pays qui ont déjà reconnu la Palestine.”

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