Conversation avec un Navy Seal

Samedi dernier, de retour du Nouveau Mexique, j’étais assis à côté d’un ancien sportif d’élite américain ayant participé à plusieurs Jeux olympiques. Depuis 17 ans toutefois, il participe aux “opérations spéciales” de l’armée américaine à l’étranger. “Les Navy Seals” (photo AFP), ai-je demandé. Il n’a pas confirmé, mais précisé que c’était ce type de forces d’élites. Il est plusieurs mois par an en voyage. Afghanistan, Irak, Afrique. Lors de plusieurs opérations spéciales, il saute en parachute. Avant cela, s’il a le temps, il consulte son grand smartphone et lit un livre ou regarde un film qu’il a au préalable téléchargé. A-t-il regardé “American Sniper”? “Je n’aime pas ce genre de film comme Zero Dark Thirthy. Mais j’ai aimé en revanche Unbroken, cette histoire de résilience de soldats américains durant la Seconde Guerre Mondiale.”

Marié, père de deux enfants, est-il vraiment exposé aux dangers de la guerre? “Je suis peut-être moins exposé que les soldats qui patrouillent constamment. Mais oui, je suis constamment en danger.” Cela fait 17 ans que cet Américain dans la quarantaine, qui aimerait bien que les Européens assument davantage une partie du fardeau de la sécurité internationale, fait partie des forces spéciales américaines, celles qui ont, par exemple, traqué Oussama ben Laden. Lui-même n’était pas impliqué dans cette opération en mai 2011. Aujourdhui, au vu de sa situation familiale, il aimerait bien s’arrêter. S’il dit devoir continuer à servir son pays dans ce type de mission, c’est notamment pour une raison évidente. Cela fait 17 ans qu’il est engagé dans les opérations spéciales. “Le problème, m’a-t-il confié, c’est que même si j’arrête après 19 ans de service, je n’aurai aucune retraite. Il faut atteindre la barre des 20 ans. Je vais donc tirer encore trois ans. Après, j’aurai une assurance-maladie à vie payé par l’armée.”

Ressent-il les effets de son exposition à des scènes de violence quand il rentre chez lui aux Etats-Unis? “La première semaine que je passe aux Etats-Unis, je remarque que j’ai tendance à être agressif au violent (road rage). Mais avec l’âge, j’ai appris à gérer cela et à prendre du recul. Cela dit, je peux imaginer qu’un jeune de 18 ans qui est confronté à de la violence extrême en Irak ou ailleurs ne revient pas indemne et a de la peine à digérer ce qu’il a vécu.”

La montée du groupe djihadiste de l’Etat islamique l’inquiète d’autant plus qu’il vient de lire un dossier complet dans le magazine Atlantic sur la question. Pour lui, le combattre, c’est aussi défendre les valeurs de la démocratie libérale.

En quittant l’avion, je lui ai souhaité bonne chance. Il a répliqué: “Je ferai de mon mieux”

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