Aux Etats-Unis, la réforme de l'immigration est sans doute parmi les dossiers les plus importants du moment. Le système d'immigration est aujourd'hui cassé. Démocrates et républicains l'admettent. Le président Barack Obama (photo prise sur le National Mall avec des grévistes de la faim appelant à une réforme de l'immigration/Nicholas Kamm/AFP) s'est déjà prononcé à de multiples reprises pour une réforme globale offrant aux 11 millions de clandestins qui résident sans papier aux Etats-Unis une procédure menant à la naturalisation. Voici quelques jours, la Maison-Blanche a mis de l'eau dans son vin dans l'espoir de trouver un compromis avec les républicains du Congrès en rendant plus long et plus compliqué l'accès à la nationalité américaine.
Jeudi, le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner a douché les espoirs de Barack Obama en déclarant qu'il y a très peu de chance qu'une telle réforme soit adoptée cette année. Motif? Le président démocrate n'est pas fiable. John Boehner n'est pas sûr que le démocrate va appliquer la loi telle qu'elle serait adoptée au Congrès. Il se réfère bien sûr à l'Affordable Care Act, la loi que Barack Obama a poussé à faire passer en 2010 pour réformer le système de santé. Le président a décidé, par décret présidentiel, de retarder la mise en oeuvre de certains aspects de l'Obamacare. Il pense peut-être aussi à la sécurité des frontières. Or à cet égard, difficile de considérer Barack Obama comme un président mou. Il n'y a jamais eu autant de renvois d'immigrés illégaux que sous sa présidence.
La semaine dernière, John Boehner disait pouvoir envisager une réforme en collaboration avec la Maison-Blanche. Volte-face. Chez les républicains, ce n'est pas la première. Le candidat potentiel à l'investiture républicaine, le sénateur de Floride Marco Rubio, s'était distingué l'an dernier en sortant de son obstructionnisme pur pour promouvoir, dans le cadre d'un groupe bipartisan de sénateurs, une réforme globale de l'immigration. Mais comme John Boehner, il s'est fait taper sur les doigts par les conservateurs et le Tea Party et est sorti de scène.
Le dossier est l'illustration de l'état actuel du Parti républicain. Ce dernier pourrait pourtant grandement bénéficier d'un soutien massif à une réforme de l'immigration. Ce serait une manière de reconquérir les Hispaniques qui fuient le Grand Vieux Parti et préfèrent les démocrates. On l'a vu lors de la présidentielle 2012, où Barack Obama a obtenu un soutien massif de la communauté hispanique. Mais écartelé entre l'establishment modéré et un Tea Party qui virevolte dans tous les sens, il est incapable de s'unir derrière une grande idée. Les commentateurs politiques américains, les pundits, sont clairs à ce sujet. En poursuivant sur ce chemin, il est peu probable que les républicains reconquièrent la Maison-Blanche.