Le rapport de la Heritage Foundation (photo Shawn Thew/AP/Keystone), un laboratoire d'idées conservateur de Washington, avait fait grand bruit en début de semaine. Il établissait le coût de la réforme globale de l'immigration sur laquelle travaillent quelques sénateurs à 6300 milliards de dollars. Son calcul se référait aux 11 millions de clandestins à qui l'on devrait proposer un chemin (long) vers la citoyenneté américaine. Les arguments de la Heritage Foundation sont simples: les immigrés (surtout hispaniques) ont un niveau d'éducation et de formation bien inférieur à la moyenne et ils vont sans doute coûter davantage au maigre Etat social américain qu'ils ne vont lui rapporter. Ces chiffres sont bien entendu contestés par une majorité de spécialistes. Le Center for American Progress, un groupe de réflexion progressiste, avance lui le chiffre de 1500 milliards de dollars pour décrire la croissance du PIB qu'engendrerait la régularisation des immigrés illégaux.
L'un des auteurs du rapport, Jason Richwine, a même davantage focalisé l'attention des journalistes que le rapport proprement dit. Docteur en politique publique d'Harvard, ce dernier avait rédigé en 2009 une thèse de doctorat précisant que le QI des immigrants était en moyenne substantiellement inférieur à celui des Américains blancs et que la situation allait rester ainsi pendant des générations. L'éditorialiste Frank Rich, du New York Magazine, s'en est offusqué, relevant que Jason Richwine déterminait le QI des immigrants même avant leur naissance. Face au tollé, Jason Richwine a toutefois démissionné de la Heritage Foundation vendredi. Il s'agit de "damage control", relève Politico, une manière de contenir les dégâts d'image causés par le chercheur au laboratoire d'idées conservateur.