Certains appelleront cela la responsabilité civique d'une grande multinationale, d'autres les effets du village global. Coca-Cola (photo Reuters/Beawiharta Beawiharta) vient de couper les ponts avec l'American Legislative Exchange Council (ALEC), une organisation conservatrice à but non lucratif composée d'élus parlementaires et de représentants des entreprises du secteur privé.
Motif de ce geste fort: l'ALEC exerce un lobbying intense auprès des élus et s'engage intensivement pour promouvoir de nouvelles lois au niveau des Etats qui posent des conditions beaucoup plus draconiennes aux citoyens pour avoir le droit de voter (cartes d'identité, etc). Les responsables des droits civiques estiment que ces lois portent préjudice à la démocratie américaine. Elles limitent l'accès aux urnes des Afro-Américains, Latinos, étudiants et personnes âgées.
L'ALEC a surtout été active pour promouvoir la loi "Stand your Ground" en Floride, qui fait l'objet d'une vive polémique en raison de la mort du jeune Noir Trayvon Martin tué par une jeune homme qui estime avoir agi en légitime défense telle qu'elle est définie dans cette loi.
Parmi les grands contributeurs de l'ALEC figurent les milliardaires Charles et David Koch, connus pour financer le Tea Party et des campagnes de publicité contre l'actuel président Barack Obama.
Coca-Cola, qui avait adhéré à l'ALEC afin de combattre des impôts "discriminatoires" sur les boissons, ne se reconnaît pas dans les actions de l'ALEC liées au droit de vote et à la légitime défense tous azimuts. La multinationale n'a pas pris cette décision sur la seule question des droits civiques, ne soyons pas naïfs. Mais elle s'est sans doute rendu compte qu'elle avait plus à gagner en se profilant comme une entreprise responsable auprès d'une frange de la population très friande de Coca-Cola.
D'autres multinationales, poussées par les réseaux sociaux qui se déchaînent sur ce sujet, sont prêtes à emboîter le pas à Coca-Cola et à quitter ALEC.