Les jeunes diplômés ont un grand avenir dans le numérique

La transformation numérique menace-t-elle l’emploi ? La crainte est là et l’arrivée sur le marché d’outil d’intelligence artificielle à portée de tous accroît encore les interrogations dans le secteur des services. En fait, deux mécanismes dominants caractérisent l’impact de la numérisation sur le marché du travail : les technologies numériques augmentent la demande en spécialistes bien formés. Et elles permettent d’automatiser les activités de routine. Pour l’heure, la Suisse s’adapte. En septembre 2022, le Centre de recherches conjoncturelles KOF, indiquait que « les employés suisses se montrent tout à fait résilients face au changement structurel fondamental entraîné par la numérisation ». Il est certain cependant que la quatrième révolution industrielle nécessitera de remodeler le marché du travail et d’adapter les formations.

 

Miser sur les compétences numériques

Le premier constat, confirmés par les études, est qu’il y a un gros effort à fournir pour miser sur les compétences numériques. Aujourd’hui, 30% environ des jeunes diplômés ne peuvent postuler à des emplois liés à la technologie, faute de formation adéquate. Et pourtant, on le sait, la demande est très forte dans le secteur en Suisse. D’ici 2030, l’économie aura besoin d’environ 119 600 professionnels supplémentaires dans le domaine informatique, selon Adecco Groupe. Depuis plusieurs années déjà, le secteur souffre d’une pénurie de développeurs, d’analystes de logiciels et d’applications informatiques.

La pénurie d’ailleurs touche d’autres secteurs, santé, tourisme, finance et environnement. Fin 2022, il y avait plus de 120 000 postes vacants en Suisse, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique et l’Indice de la pénurie de main-d’œuvre en Suisse, ce que montre bien l’indice, realisé par Adecco Group.

 

Source : The Adecco Group

Intelligence artificielle, Internet des objets, marketing numérique, le monde numérique ouvre de nouvelles possibilités et de nouveaux parcours professionnels et le système éducatif a un grand rôle à jouer et une grande responsabilité dans la préparation des jeunes professionnels. Même les futurs travailleurs sans diplôme de fin d’études secondaires auront besoin de compétences qui leur permettront de s’imposer sur un marché du travail qui continuera de se numériser. Le constat représente un défi majeur pour le système de formation. 20 à 25 % des emplois risquent de disparaître en Suisse, estimait une étude de McKinsey & Company intitulée “The future of work : Switzerland’s digital opportunity” publié en 2018. Mais dans le même temps, l’Institut de recherche économique de Bâle, dans une étude de 2022 pour le compte de l’association ICT-Formation professionnelle Suisse, faisait savoir que d’ici 2030, il y aura un déficit de 38,700 informaticiens dans le pays.

Reconversion professionnelle et formation

Le deuxième constat concerne la nécessité d’envisager des reconversions professionnelles. Si le numérique crée de nouvelles possibilités d’emploi, il exige de nouvelles compétences spécialisées, dans des domaines telles que l’analyse de données, la programmation et la cybersécurité. Il sera crucial pour les futures générations de faire preuve d’adaptabilité et d’acquérir en permanence de nouvelles compétences. D’ici à 2030, les recherches de profils ayant de solides connaissances en mathématiques et en technologie augmenteront. Les compétences qui prendront de l’importance sur le marché du travail à l’avenir peuvent être classées en comme suit : connaissances numériques générales ; compétences transversales, cognitives, sociales et situationnelles, appelées également « soft skills»; connaissances technologiques avancées, comme les spécialistes en TIC et connaissances techniques non-numériques spécifiques.

L’étude thématique Prospectif publié en janvier 2021, précise que s’il existe une incertitude sur le nombre d’emplois qui apparaîtront ou disparaîtront sous l’influence du numérique, il ne fait aucun doute que le contenu des emplois changera de manière significative et que d’autres emplois apparaîtront. Le rapport maintient que les compétences requises sur le marché du travail tendront à évoluer au profit de tâches analytiques et interactives.

Afin de répondre aux demandes d’un marché du travail en constante évolution, les futures générations devront avoir accès à une formation pertinente et de qualité élaborée en collaboration avec le secteur privé.

Vanisha Renggli

Vanisha Renggli est la Directrice des Ressources Humaines du groupe ELCA et membre du Comité de Direction depuis 2018. Dans cette fonction, elle contribue à accélérer la transformation et à soutenir la croissance d’ELCA en construisant une culture agile, empreinte d’engagement et d’innovation.