Patience, cyclistes, patience encore !

Il y a un an, presque jour pour jour, la population suisse acceptait à 73,6% l’arrêté fédéral vélo en votation populaire.
Si les cyclistes ont changé de statut au sein du Parlement fédéral, devenant enfin, grâce aux débats autour de l’initiative de PRO VELO et de son contre-projet, un thème national, il reste beaucoup de chemin à parcourir. Du chemin cyclable à parcourir et des kilomètres à rattraper.

A Genève, la part modale des déplacements à vélo se situe à 5%, à Zürich, le pourcentage monte à 8%, avec un objectif de 20% à l’horizon 2030. A Strasbourg il est à 15% ou encore à Copenhague où il atteint 35% avec la volonté politique affichée d’atteindre 50% dans dix ans. L’absence d’aménagements sécurisés est le principal frein à l’utilisation du vélo. Notre marge de progression est donc immense et le temps semble si long !

Pourtant le vélo a mille avantages, en particulier dans les villes suisses, qui toutes, sont à échelle humaine. Le vélo est un des moyen de transport les plus efficaces pour un déplacement sur une distance jusqu’à 5 kilomètres, sachant que 30% des déplacements motorisés font moins de 3 kilomètres. Le vélo est un moyen de transport individuel par excellence qui permet de réaliser le principe de « porte à porte » sans problème de stationnement. Le vélo est excellent pour la santé, il baisse la tension artérielle et réduit les risques d’infarctus. L’Office fédéral du développement territorial estime d’ailleurs son utilité sanitaire à plus d’un milliard de francs par année. Le vélo ménage l’environnement alors que le trafic motorisé est la source la plus importante d’émissions de CO2. Selon l’OFEV, 66% des émissions de CO2 est imputable au trafic individuel motorisé. Rouler à vélo contribue de manière efficace et durable à diminuer la pollution de l’air et le bruit. Se déplacer à vélo décharge les routes et les transports publics, en particulier aux heures de pointe et aménage l’espace public pour un usage diversifié.

Il faut être patiente quand on est cycliste ! Face à tant d’évidences, le vélo n’est pourtant toujours pas prioritaire et les aménagements cycla bles restent lacunaires. Donnons un grand coup de pédale et faisons enfin les vrais choix en matière de mobilité. La présente motion, que j’ai déposée au Grand Conseil cet été, demande, par exemple, la réalisation de six nouvelles voies vertes à Genève dans un délai de 3 ans. Soyons ambitieuses et rentrons enfin dans l’air du vélo.

Delphine Klopfenstein Broggini

Delphine Klopfenstein Broggini est conseillère nationale et présidente des Vert-e-s genevois-es. Elle est membre des commissions de l'environnement, de l'énergie et de l'aménagement du territoire et des institutions politiques. Au niveau associatif, elle est membre du comité de Pro Natura et vice-présidente de Pro vélo suisse. Elle est sociologue de formation.

3 réponses à “Patience, cyclistes, patience encore !

  1. Tout à fait d’accord avec vous. Cela fait plusieurs années que je me déplace à vélo essentiellement et le stress du déplacement n’est plus en opposition à un déplacement en voiture ou même à deux routes motorisé.

    Toutefois, on voit des absurdités d’aménagement en ville de Genève qui font peur aux plus téméraires des cyclistes.

    Il faudra également un peu plus de civilité de tout en chacun pour que les vélos et autres moyens de transport dit de “mobilité douce” puisse cohabiter.

  2. On en déduit que 95% des déplacements (en km) ne se font pas à vélo.
    On peut imaginer autour de 50% en voiture ou moto, au bas mot.
    Dès lors: une distribution équitable des efforts d’amélioration des infrastructures devrait se faire au pro-rata de ces chiffres (qu’il faudrait encore ajuster de la contribution fiscale relative de ces modes). Pour une nouvelle piste cyclable, combien d’améliorations des voies carrossables (élargissement, réfection, etc) devrait-on constater, en toute bonne foi? Et que constate-t-on?

  3. Madame,
    Je vous remercie pour cet article et soutient vos idées. Je souhaite fortement que l’on puisse circuler à Genève en vélo sans danger. Tout serait tellement plus simple et plus rapide, moins polluant pour notre planète et meilleur pour la santé. La qualité de l’espace public en serait fortement amélioré. A la place des du stationnement voiture, il y aurait avec belles zones piétonnes et beaucoup de végétation ainsi que des espaces de séjour pour se rencontrer .
    Il faudrait penser à offrir un système de transport en vélo pour les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite, comme des tricycles couverts électriques . A la place de financer de nouvelles routes, il faudrait développer des autoroutes à vélo reliant les communes genevoises. Il faudrait réfléchir à un transports gratuit et efficace pour les personnes ne pouvant pas rouler en vélo comme des pousses pousses vélo, ou des taxivélo.

    Meilleures salutations

    Anne-Claude Vallée-Meier

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