La terre brûle

Tandis que les forêts brûlent en Amazonie, la terre, elle, brûle aussi. Le GIEC, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, publiait dernièrement un rapport spécial sur l’impact de l’agriculture et de l’alimentation sur le réchauffement climatique. Les résultats sont accablants : au niveau mondial, l’agriculture est responsable d’un tiers des gaz à effet de serre. Sur une terre qu’on exploite toujours plus, parce qu’on mange toujours plus de viande, parce qu’on utilise toujours plus de pesticides pour augmenter les rendements, parce qu’on importe toujours plus et de toujours plus loin.
Il est urgent de repenser la manière dont on se nourrit ! Cela se joue au niveau des pratiques de chacune et chacun mais aussi des politiques à mener à petite et grande échelle. Jamais nous n’avons produit et consommé autant de viande qu’aujourd’hui. On parle d’une consommation moyenne de 100 kilos de viande par habitant.e et par an dans les pays dits riches, soit une consommation qui a doublé en 50 ans.

En parallèle, le « plan de réduction des pesticides en Suisse » confirme que notre marge de progression pour limiter drastiquement les pesticides est énorme. A Genève, sur 350 exploitations agricoles, seules 10% sont en culture biologique. L’agriculture biologique travaille pourtant en harmonie avec la nature, recherchant l’équilibre optimal entre les plantes, le sol, les animaux, les agricultrices et agriculteurs. Cette agriculture a besoin de notre soutien, en tant que consommateur et consommatrice mais aussi en tant que politique.
Toutefois, les multinationales de l’agrochimie et de l’agroalimentaire sont un obstacle majeur au développement de l’agriculture biologique, locale à taille humaine. Leur domination du marché a entraîné une diminution de la diversité des productions agricoles et de l’innovation. Ce marché mondial s’étend bien sûr jusqu’au Brésil, où la déforestation par incendie, sert les intérêts financiers de l’élevage bovin intensif et de la monoculture de soja.

Il s’agit aujourd’hui de relocaliser notre agriculture, de soutenir nos agricultrices et agriculteurs, car nous avons besoin d’elles et d’eux, d’assurer notre souveraineté alimentaire par des politiques promouvant la sécurité alimentaire et celle des écosystèmes. En Amazonie, la forêt brûle pour les terres agricoles. Mais quand la forêt brûle, la terre, notre terre nourricière, brûle aussi.

Delphine Klopfenstein Broggini

Delphine Klopfenstein Broggini est conseillère nationale et présidente des Vert-e-s genevois-es. Elle est membre des commissions de l'environnement, de l'énergie et de l'aménagement du territoire et des institutions politiques. Au niveau associatif, elle est membre du comité de Pro Natura et vice-présidente de Pro vélo suisse. Elle est sociologue de formation.

4 réponses à “La terre brûle

  1. La communication par le biais des réseaux internet est une chance pour les producteurs locaux et les consommateurs afin d’ajuster leurs demandes et les possibilités d’offres du marché. Cette communication et ses services sont actuellement en cours de développement. C’est flagrant dans ma région. Les petits marchés dans les villages en périphérie de ville sont prospères. L’ auteur, sur ce plan peut être optimiste quant à l’évolution qualitative de la consommation. Par contre les gms ne semblent pas en état de répondre à cette évolution qui débute. La notion d’éthique qualitative leur échappe.

  2. Bonjour Madame la Députée,

    un petit mot pour vous remercier de votre déclaration limpide et ô combien nécessaire à la sensibilisation et, espérons-le, au sursaut des citoyens.

    Au-delà, je souhaitais faire une “petite” remarque sur le titre de votre blog, “Ecologie politique et égalité” et vous dire que le terme “Egalité” régulièrement associé à “Ecologie” depuis quelques temps ne me semble pas convenir … à moins de le transformer en “Egalité des droits” ou de le remplacer par “Justice”.

    Ce que je veux dire par là, c’est que l’Ecologie politique ne pourra pas abolir les inégalités, mais qu’elle devra s’imposer le combat contre toutes les formes d’injustice.

    Bien cordialement.

  3. Très bon article. En général, Les verts sont des excellents diagnostiqueurs des problèmes et nous avons ici la preuve. Ce qui leur manque est de se mettre au travail pour établir des plans de changement, chiffrés et réalistes. Pensez-vous une seconde que le reste de la population, qui ne vote pas pour vous, ne serait pas d’accord pour dénoncer l’agriculture bourrée de pesticides? mais comment faire? vous voulez interdire nos frères en l’humanité de l’Amérique du Sud de nous exporter leurs produits agricoles, par exemple? et en même temps laisser par contre les asiatiques saccager la planète avec leurs usines polluantes et nous bombarder de gadgets de toutes sortes utiles et inutiles et des millions de tonnes de vêtements non-durables, et de leur transférer en plus notre technologie gratuitement? L’électeur suisse n’est pas dupe.

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