Les températures augmentent, c’est un fait. Pas une opinion. Le 18 juin 2023, pour des actions basées sur la science, OUI à la loi climat !

C’est quoi le climat ? C’est la moyenne de phénomènes météo qui ont lieu dans des endroits donnés ou sur l’ensemble de la planète sur une longue période qui représente la norme. Et ça sert à quoi ? Le climat joue un rôle majeur dans la répartition des végétaux et des animaux et dans la formation des sols. C’est très abstrait ? C’est vrai, l’évolution du climat n’est pas toujours perceptible d’une année à l’autre, mais les conséquences du réchauffement climatique (parce que la température moyenne annuelle est en hausse) sont désormais bien réelles et perceptibles à tout un·e chacun·e en quelques années à peine. Quelles conséquences ? La diminution de la disponibilité de l’eau, l’augmentation des risques de sécheresse, les vagues de chaleurs, les incendies, la perte de la biodiversité, par exemple. Et comment peut-on inverser la tendance ? En votant la loi climat.

La loi climat est en effet une chance unique de faire un geste fort pour notre pays, de le rendre visible et à la pointe de la transition énergétique. Si la Suisse arrive à relever le défi, elle servira d’exemple pour d’autres, comme elle l’a été dans plusieurs domaines économiques, sociaux et démocratiques par le passé.

Car au-delà de l’exemple, notre pays subit de plein fouet ces changements. Ce que nous croyions acquis comme paysage suisse, est en fait en train de se déstabiliser. Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 21% depuis 1990 en Suisse. Les glaciers suisses ont perdu près de 10% de leur volume en seulement cinq ans, et si nous ne faisons rien, ils pourraient disparaître complètement d’ici 2100. Cela aurait un impact désastreux sur la biodiversité, l’économie, l’agriculture. Pour un pays qui a toujours mis en valeur la stabilité de son environnement économique et social, ce changement profond de notre cadre naturel devrait nous alarmer.

La loi climat est une opportunité unique de corriger la tendance. Elle vise à réduire les émissions de CO2 de la Suisse, à s’adapter au changement climatique et à réduire notre dépendance aux combustibles fossiles. Elle comprend des objectifs intermédiaires , réalistes et concrets pour l’industrie, les transports et le bâtiment, ainsi qu’un programme de remplacement des chauffages à mazout et d’innovation des entreprises.

Concrètement c’est :

  • Objectif zéro émission de CO2 d’ici 2050 avec des objectifs intermédiaires pour le bâti, les transports et l’industrie, avec un boost dans le domaine de la construction.
  • Objectif zéro émission de CO2 pour l’administration fédérale et cantonale dès 2040, pour permettre une réduction des coûts énergétiques dans nos budgets
  • 2 milliards de francs sur 10 ans pour un programme de remplacement des chauffages à mazout, soit 2 milliards injectés directement dans notre économie, auprès des PME.
  • 1,2 milliards de francs sur 6 ans pour un programme d’innovation des entreprises, pour mettre la Suisse à la pointe et ne pas la mettre en retard par rapport à ses voisins européens.

Si le projet a un coût, il est destiné principalement à la population avec le remplacement des chaudières à mazout, mais aussi à l’économie à travers des programmes d’innovation et la création de nouveaux emplois locaux.

Ce coût reste clairement en deçà du coût de l’inaction ! Nul besoin de rappeler la hausse actuelle des coûts énergétiques liées à notre dépendance au gaz et au pétrole, supportée par les habitant·e·s de notre pays. Investir maintenant c’est éviter les coûts supplémentaires liés à l’adaptation de notre société au changement climatique, liés à la restauration des écosystèmes et à  la protection des populations est beaucoup plus élevé que le coût de l’investissement initial.

Protéger le climat aujourd’hui coûte moins cher que les conséquences du dérèglement climatique.

L’Organisation internationale de coopération et de développement économiques (OCDE) estime des pertes économiques allant jusqu’à 10% du PIB dans ses Etats membres. En comparaison directe, mettre en place des mesures pour limiter le réchauffement à 2 °C représente un investissement d’environ 1 % du PIB.

S’émanciper du fossile, c’est se détacher d’Etats autocratiques et se tourner vers une souveraineté énergétique basée sur une énergie locale et renouvelable. C’est aussi avoir l’opportunité de montrer que notre démocratie n’a pas besoin de se vendre à des dictatures pour survivre énergétiquement. En Suisse, plus de la moitié des sources d’énergie sont encore d’origine fossile, principalement le pétrole et le gaz, on doit faire le pas sans tarder. Chaque année qui passe rend plus difficile le respect des objectifs des Accords de Paris que la Suisse a signé, avec l’assentiment de la population puisque aucun référendum n’a été lancé contre cette décision.

L’Union européenne vient d’ailleurs de voter son projet « Fit for 55 », c’est-à-dire une réduction de 55% d’émissions de CO2 d’ici 2030. Elle nous devance déjà alors que la Suisse a toujours été un leader en matière de protection de l’environnement et de développement durable. Les montagnes, les lacs et les rivières suisses sont uniques et précieux, et nous devons tout faire pour les protéger. En votant oui à la loi climat, nous prouverons au monde que la Suisse reste un pays responsable, soucieux de l’avenir de notre planète et qu’elle est un modèle à suivre.

 

 

 

Les dangers cachés de la puff: pourquoi il est temps de dire adieu au plastique toxique !

Vous connaissez la puff ? Arrivée sur le marché suisse courant 2020, se frayant un chemin incognito dans la tourmente du Covid, la puff s’est pourtant faite une place bien au chaud dans les poumons et gorges de nos adolescent.e.s. A l’abri des regards indiscrets, la puff s’est répandue chez les jeunes en un temps record, devenant un objet familier du quotidien et des préaux d’école.

Cette puff, garantie 100% plastique, au goût de fruits rouges, marshmallow, mojitos, glace à la fraise ou menthol pour les plus classiques, est une cigarette électronique jetable. La puff, de l’anglais « bouffée » porte bien son nom puisque qu’une puff contient en moyenne 500 bouffées, ce qui correspond à une cinquantaine de cigarettes. L’absence totale de contrôles de la part de l’État permettent à ces e-cigarettes de contenir des quantités élevées de nicotine, parfois même au-delà du seuil légal de 20 mg/ml. Ces quantités sont particulièrement élevées, d’autant plus si l’on tient compte du fait que ces bouffées sont peu espacées dans le temps, et conduisent ainsi à de véritables shoots à la nicotine !

Les cigarettes électroniques jetables, dites puffs, font partie des produits du tabac et de la nicotine qui seront soumis à la future LPTab. Même si les données les concernant sont lacunaires parce que ni la Confédération ni les Cantons n’ont de monitoring efficace sur les produits du tabac, elles ont fait l’objet d’une étude inquiétante d’Unisanté à Lausanne. De cette étude, qui porte sur les jeunes de 14 à 25 en Suisse romande, ressort que 12% des jeunes interviewé·e·s consomment fréquemment des puffs. Pour des produits qui ne sont sur le marché que depuis deux ans, ces chiffres sont affolants.

Dans une étude conduite selon les trois étapes de la démarche Delphi fast-track développée à Unisanté également, les expert-e-s sont clairs, ils recommandent l’interdiction de vente de cigarettes électroniques jetables « puffs ». Arrivés sur le marché suisse courant 2020, la puff s’est répandue chez les jeunes en un temps record, devenant un objet familier du quotidien, en toute discrétion.

Plus addictif encore qu’une cigarette, notamment à cause des sels de nicotine, les puffs créent de nouveaux consommateurs et nouvelles consommatrices: c’est une nouvelle porte d’entrée dans le tabagisme. Aucune disposition légale n’a été adoptée en Suisse pour prévenir les risques liés à l’utilisation des e-cigarettes. Aucune restriction n’existe, ni sur la vente (ils sont vendus à des prix imbattables !), ni sur l’achat ni sur le contrôle des composants : on met sur le marché des produits dont on ne connaît rien. Il faudra attendre la mise en œuvre de la nouvelle loi fédérale sur les produits du tabac, adoptée par le Parlement suisse le 1er octobre 2021, pour au minimum pouvoir interdire la vente aux mineur.e.s.

La puff représente une menace sanitaire pour les jeunes, mais sa consommation accrue représente également une menace pour l’environnement. La puff est composée d’une boîte en plastique et d’une batterie qui renferme du lithium, du cobalt et du nickel, ce qui est particulièrement indécent en termes de ressources naturelles étant donné qu’elle est à usage unique et donc jetée après son utilisation.

En tant que parlementaires, nous avons pour rôle d’alerter, d’adapter le cadre légal et d’orienter la politique du Conseil fédéral. Dans ce but, mon collègue Christophe Clivaz et moi allons respectivement déposer une motion à la prochaine session de printemps du Conseil national demandant au Conseil fédéral de retirer la puff du marché suisse, ainsi qu’une initiative parlementaire intégrant l’interdiction de la puff en tant que produit toxique à usage unique dans la loi sur la protection de l’environnement.

Avis au soutien parlementaire !

AVSx13: il est grand temps de garantir les moyens de subsistance de nos concitoyen-ne-s à l’âge de la retraite

Mon intervention au Conseil national lors du débat sur l’Initiative populaire fédérale “Mieux vivre à la retraite (initiative pour une 13e rente AVS)”

Après AVS21, où les femmes ont été les grandes, les très grandes perdantes de la campagne, on a vu sans surprise les partis de la Droite et du Centre immédiatement renier leurs promesses de campagne et affaiblir le projet LPP21, qui devait pourtant selon eux venir compenser ce sacrifice des femmes. Pire encore, les voilà à lancer une initiative visant à indexer l’âge de départ à la retraite sur l’espérance de vie, pour les accabler encore davantage.

Nous savons pourtant que, dans notre pays :

  • les retraites des femmes, comme leur salaire tout au long de leur vie, sont toujours nettement inférieures à celles des hommes;
  • que plus d’un tiers des retraitées ne reçoivent AUCUNE rente du 2e pilier;
  • et que même lorsqu’elles ont un 2e pilier, leurs rentes ne représentent en moyenne que la MOITIÉ de celles des hommes.

Dans l’AVS par contre, les rentes des hommes et des femmes sont similaires, étant donné que la garde des enfants et l’assistance apportée aux proches y sont prises en compte.

Mais les chiffres sont là: la rente AVS moyenne s’élève à peine à 1’800 francs par mois ! Alors que depuis 50 ans, des rentes AVS assurant le minimum vital sont censées être garanties par la Constitution ! Or, aujourd’hui en Suisse, personne ne peut vivre uniquement de sa rente AVS. Une obligation constitutionnelle visà-vis de la population qui n’est pas tenue, et vos choix politiques d’année en année ne font que creuser les inégalités.

Aujourd’hui en effet, la rente AVS moyenne ne représente plus que 21 % du salaire moyen contre 26 % dans le passé.

Les rentes des caisses de pension diminuent aussi, puisqu’une personne qui a pris sa retraite en 2020 reçoit 200 francs de moins par mois de la caisse de pension que ses collègues partis cinq ans plus tôt. Les prestations effectives du 1er et du 2e pilier s’éloignent ainsi de plus en plus de l’objectif de prestations de 60% du dernier revenu. Et, vous le savez, le 2e pilier n’offre aucune protection face à l’inflation, ni aucune garantie des prestations de rente !

Les banques et les assurances dénigrent l’AVS afin de vendre le plus possible de produits du 3e pilier, sachant très bien que cela ne concerne et ne favorise dans une large mesure que les assurés aux revenus très élevés.

Le résultat: la moitié des personnes qui sont parties à la retraite en 2017 doivent s’en sortir avec une rente de moins de Fr. 3476.- par mois, 2e pilier compris ! Et presque un·e retraité·e sur dix dans notre pays a besoin de prestations complémentaires, car sa rente ne suffit pas pour vivre. Pour les femmes, ces chiffres sont encore plus critiques.

Alors je vous le demande: quelle réponse leur apportons-nous, leur apportez-vous?
Comment expliquer aux femmes de Suisse qu’AVS21 a permis d’économiser neuf milliards de francs sur leur dos, alors que même les scénarios les plus prudents du Conseil fédéral prévoient que le 1er pilier réalisera d’ici à 2030 quasiment 20 milliards d’excédents, et que malgré ces économies et bénéfices astronomiques, rien n’est fait pour résoudre le problème de rentes qui ne leur suffisent tout simplement pas pour vivre?

Pendant ce temps, les loyers et les primes-maladie continuent d’augmenter inexorablement, la crise aggrave la situation, avec une hausse vertigineuse des prix des denrées de base, des factures d’énergie qui deviennent incontrôlables… Les conditions de vie basiques des personnes qui ont contribué par leur labeur à la société suisse se précarisent de jour en jour sans qu’on leur apporte la moindre solution de rééquilibrage.

Le 13e versement AVS demandé par l’initiative constitue précisément un début de rééquilibrage. Il apportera une retraite plus digne aux retraité.e.s qui réalisaient de bas revenus durant leur vie active. Il correspond à une augmentation de 8,33 % des rentes AVS. Et renforcer l’AVS, c’est renforcer un système qui bénéficie à tout le monde, c’est renforcer l’égalité entre femmes et hommes.

Les regards des femmes et plus généralement de tous les seniors qui peinent à joindre les deux-bout mais qui se sont saigné-e-s à construire la prospérité de notre pays sont braqués sur le Conseil national, sur nous en ce moment.

Le temps est venu de tenir les promesses, d’apporter de la dignité à nos concitoyen-ne-s et de garantir leurs moyens de subsistance à la retraite.

Protéger le climat et renforcer la sécurité alimentaire de la Suisse

L’Initiative contre l’élevage intensif, soumise au peuple le 25 septembre 2022, veut introduire dans la Constitution la notion de dignité des animaux, interdire l’élevage intensif, garantir l’accès à l’extérieur des animaux, un nombre plus restreint d’animaux par exploitation et aligner les critères pour l’importation. Elle a de fait un impact direct sur l’environnement.

En effet, les produits d’origines animales sont responsables de 85% des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole. De plus la production animale industrielle entraîne une augmentation des émissions locales d’ammoniac : 94 % des émissions d’ammoniac au niveau national proviennent de l’agriculture. La part de l’;élevage y est de 93 %, alors que celle de la production végétale de 7 %, d’après l’OFEV.

Mais revenons un instant, 3 ans en arrière, quand le GIEC sortait son rapport intitulé « Climate Change and Land ». Il y était dit clairement que nous ne parviendrons pas à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sans réduire nos émissions dans le domaine de l’alimentation, Or la moitié de l’impact de ce domaine est lié à notre consommation de viande. Autrement dit, nous devrons diminuer de près du tiers notre consommation carnée.

Lutter contre l’élevage intensif, c’est contribuer à résoudre les enjeux climatiques, notamment ceux de la sur-fertilisation des sols et des eaux. C’est réduire les quantités de méthane, protoxyde d’azote et d’ammoniac, gaz à effet de serre, qui impactent la qualité de l’air. C’est travailler sur la qualité de l’eau alors que, selon l’OFEV 12% des stations suisses dépassent la valeur limite de nitrates. C’est aussi lutter contre la déforestation dans le cadre d’élevage à l’étranger et d’importation de fourrage : d’après Agristat, en 10 ans les importations de fourrage ont augmenté de 27%.

La Suisse est un trop petit pays pour y abriter des centaines de millions d’animaux de rente. Elle importe 1,4 millions de tonnes d’aliments pour animaux. Ces importations permettent d’élever beaucoup plus d’animaux que ce qui serait adapté aux régions suisses.

Cette initiative amène l’agriculture vers un modèle plus durable, adapté au territoire de la Suisse et appelle à plus de sécurité alimentaire. La moitié de nos terres arables est utilisée pour nourrir les animaux de rentes, ce qui réduit notre sécurité alimentaire. En effet, la surconsommation carnée nécessite de grandes surfaces de terres agricoles. Ces terres pourraient fournir bien plus de nourriture si elles étaient davantage destinées à la culture d’aliments végétaux, dont des protéines végétales, nourrissant directement les êtres humains. D’après Bio Suisse, cinq portions de nourriture végétale peuvent être produites sur la surface nécessaire à la production d’une seule portion d’escalope de porc. La conséquence est directe : les grandes surfaces de terres utilisées pour produire de la viande dans notre pays nous mènent à devoir importer plus d’aliments pour nous nourrir tandis que le fourrage importé est responsable de déforestations mondiales.

Le Conseil fédéral le dit d’ailleurs « pour renforcer notre taux d’auto-approvisionement et notre résilience face aux crises alimentaires, l’un des moyens les plus efficaces est de réduire notre consommation de viande. » Et c’est la surconsommation carnée actuelle qui est à l’origine de l’élevage intensif. En Suisse 50 % des porcs ne voient jamais le soleil et certains ne disposent pas plus d’un mètre carré dans des halls contenant jusqu’à 1500 animaux. 90 % des poulets ne voient pas non plus le soleil tandis que les exploitations peuvent détenir jusqu’à 27’000 poulets à chair et 18’000 poules pondeuses.

En respectant le bien-être animal, nous respectons le climat et accompagnons l’agriculture vers plus de durabilité. La Suisse doit rester un pays producteur de viande, notamment grâce à ses grands pâturages, souvent en altitude. Mais cette production doit tenir compte de la dignité des animaux et de la protection de la nature. 25 ans sont à disposition, soit une génération, pour amorcer ce changement nécessaire. Et il doit pouvoir se faire avec le monde agricole.

L’Europe n’est pas une forteresse !

Aux portes de l’Europe se joue une tragédie et la Suisse est co-autrice de la pièce. Les réfugié-e-s sont renvoyé-e-s et se voient refuser le droit de demander l’asile : Frontex, en collaboration avec les polices nationales de frontières, fait barrage.

Frontex est l’agence de garde-frontières et de garde-côtes de l’Union Européenne. Depuis sa création en 2005, son budget n’a cessé de croître, passant de 6 millions à 1,2 milliards à l’horizon 2027. Ses opérations de rapatriements et d’expulsions de réfugié-e-s sont au cœur de nombreux scandales. Frontex est visée par l’Office européen de lutte antifraude, OLAF, d’accusations de refoulements illégaux de migrant-e-s en mer Egée. Frontex est dénoncée par un nouveau rapport de l’ONG Corporate Europe Observatory de défendre les intérêts de l’industrie des armes et de la surveillance plutôt que les droits humains. Frontex est poursuivie pour violation des droits humains, par deux demandeurs d’asile qui ont été violemment expulsés alors qu’ils cherchaient à être protégés par l’Union Européenne.

La Suisse porte une responsabilité directe. D’abord parce qu’elle est membre de l’espace Schengen. Ensuite parce qu’elle apporte un large soutien financier à l’agence Frontex. Le Conseil national a approuvé dernièrement un budget annuel de 61 millions de francs jusqu’en 2027, soit 5% du budget total de Frontex. Cette décision est aujourd’hui combattue par un référendum. La Suisse d’habitude peu généreuse dans tout ce qui a trait aux institutions européennes n’hésite pas – dans le cas présent – à mettre la main au portefeuille quand il s’agit de fermer les frontières de notre continent.

Si la liberté de circulation de nombreuses personnes en Europe a été garantie par les Accords de Schengen, la mise en place aujourd’hui d’un régime inhumain aux portes de l’Europe est inacceptable L’Europe n’est pas une forteresse ! Cette évolution Schengen entrave la protection des droits humains tandis que Frontex devient un géant hors contrôle et obscur aux frontières de l’Europe.

L’Europe a cru bon de considérer qu’un mur pour protéger ses frontières ne pouvait être que la seule et unique bonne réponse à la crise humanitaire. Le bilan de cette politique inhumaine désastreuse fait régulièrement la Une des médias. Et à l’intérieur de cet espace sensé être totalement hermétique, les Accords de Dublin et leurs bien connues défaillances structurelles s’appliquent et continuent de porter atteinte à la santé des personnes. Les migrant-e-s qui voyaient dans l’Europe une réponse à leur détresse, comme un modèle des droits humains et démocratie, doivent bien déchanter ! En arrivant en Europe, ils se trouvent face à des violations inacceptables de leurs s droits fondamentaux.

La Suisse a un rôle à jouer. Elle a le pouvoir d’être exemplaire et de donner un message fort à l’Union européenne et à son programme Frontex. Elle doit accompagner une migration sûre et humaine au lieu de l’empêcher par la violence. En signant ce référendum contre le financement de l‘agence de garde-frontières Frontex https://verts.ch/campagne/les-droits-humains-au-lieu-de-la-violence-aux-frontieres-stop-au-financement-de-frontex, nous apporterons une pierre à l’édifice et un signal de solidarité Le suivant sera de sortir de Frontex. Arrêtons de cautionner la ruine du droit d’asile !

COP26: Briser le tabou du fossile, comme seule réponse à l’urgence climatique

La COP26 devait tout mettre en œuvre pour éviter un réchauffement de 2,7 degrés. Tout mettre en œuvre, cela signifie d’avoir de l’ambition pour rassurer la population, c’est répondre concrètement et rapidement à l’urgence climatique. Les pays devaient s’engager au minimum à diviser leurs émissions de CO2 par deux d’ici 2030 comme le préconise le GIEC. Ils auraient aussi dû libérer un financement solidaire international important pour le climat. Ils ont échoué.

Nous le savons toutes et tous, les pays les plus pauvres pourront difficilement s’engager sans soutien international. C’est une question de justice puisque les pays riches et émergents sont les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre et portent donc une lourde responsabilité sur le devenir de la planète. Le financement solidaire pour le climat aurait dû d’ailleurs être additionnel à toute les formes de coopération au développement déjà engagées. Il s’agissait aussi d’investir dans les mesures d’adaptation au changement climatique. Cet enjeu central devait éviter des crises humanitaires découlant d’importants mouvements migratoires. Mais ils ont échoué.

La Suisse se dit déçue du résultat de la COP26 et d’un accord édulcoré en dernière minute, sauvant in extremis le charbon. C’est vrai les lobbies du fossile étaient les plus présents sur place, ils ont fait leur job ! Il y a de quoi être en colère et se questionner : être pris en otage et accepter un pas de fourmi ou tout abandonner parce que cela manque d’ambition. Pourtant cette même Suisse a fait clairement partie des pays les plus actifs sur le principe de compensation carbone à l’étranger, une solution de facilité.  Caricatural, la Suisse  a essayé de nous faire rêver avec son annonce d’un projet solaire déployé sur les 60 îles habitées de l’archipel Vanuatu. Oui ce sont des îles en danger avec la montée des eaux, mais la dimension de la bonne conscience achetée de la Suisse a de quoi faire sourire : la symbolique plutôt que l’ambition pour notre planète. Il est malheureusement plus facile de vendre du rêve avec des îles paradisiaques au milieu du Pacifique que de fixer des objectifs clairs de réduction, prendre des mesures concrètes, ici, chez nous, notamment dans le transport, l’aviation, le chauffage ou encore la consommation. Mais la Suisse a échoué.

La Suisse est touchée de plein fouet par le réchauffement climatique : les températures ont augmenté en moyenne deux fois plus vite chez nous que sur le reste de la planète. La Suisse cumule aussi des responsabilités, celle notamment de sa place financière qui émet 20 fois plus de CO2 que l’ensemble des ménages et de entreprises du pays. La Suisse, pays riche et innovant n’a aucune excuse pour ne pas s’engager davantage dans une réponse climatique forte. Pour certains secteurs, les solutions sont pourtant si simples à implémenter. Dans le domaine des transports par exemple avec la fin des voitures thermiques, la diminution de la taille du parc automobile, une offensive massive en faveur des transports publics et des mobilités douces. Dans le secteur de la construction avec l’assainissement des bâtiments tout en mettant la fin des chaudières à mazout ;ou encore dans le domaine de l’énergie avec un soutien sans faille aux renouvelables, dans une logique pérenne d’économie d’énergie.

Lever le tabou du fossile ou reconnaître le rôle central de la nature dans la lutte contre le réchauffement climatique ne suffira pas. Ce sont là les prémisses de la réflexion alors que nous devrions être à l’apogée de l’exercice, c’est-à-dire au moment de l’action.

A quelques mois de la COP15 sur la biodiversité, acte II, prévue à Kunming dans le sud-ouest de la Chine, rappelons, en outre, aux Etats qu’ils ne limiteront pas le réchauffement climatique sans protéger et restaurer la nature. La biodiversité est notre meilleure « assurance-vie » pour s’adapter au changement climatique tandis que le changement climatique représente lui-même une des principales menaces sur la biodiversité car il déstabilise les écosystèmes. La crise du climat et l’effondrement de la biodiversité sont intimement liés, il s’agit désormais de faire front commun.

Le mariage pour toutes et tous, un droit fondamental

Il y a 20 ans, les Vert-e-s demandaient la création du mariage pour toutes et tous à Berne. Une éternité. A l’époque, la proposition s’était heurtée à la majorité conservatrice du Parlement. Elle avait toutefois permis d’aboutir plus tard à la création du partenariat enregistré en Suisse, un premier pas vers l’égalité.

20 ans après, le constat est sans appel : notre pays est en retard, très en retard. Alors que la plupart des pays européens a intégré le mariage pour toutes et tous, la Suisse est restée figée sur cet acquis intermédiaire, soit une parade provisoire qui n’avait pour seul objectif de calmer les milieux opposés. Le mot mariage est occulté et avec lui toute égalité complète pour les couples de même sexe. Tout cela nous laisse un goût amer, un sentiment de gâchis que seul un OUI massif en faveur du mariage pour toutes et tous peut sauver.

La lenteur politique est aujourd’hui dépassée par la société civile qui affiche sa volonté d’aller plus loin et plus vite à travers de nombreux sondages, alors que la tendance est souvent l’inverse sur les questions de société. Avec un OUI, on peut donc espérer une amélioration de la situation des personnes LGBTIQ+ en Suisse, même si Berne devra ensuite – et enfin – empoigner les questions trans* et de non-binarité qui restent les parents pauvres des questions LGBTIQ+, comme le montre les ranking de ILGA Europe chaque année.

Le mariage civil pour toutes et tous renforce l’égalité et permet à notre pays de traiter ses habitantes et ses habitants sans discrimination basée sur l’orientation sexuelle et affective. Les couples de même sexe s’aiment, ils veulent se protéger dans leurs projets communs ou dans leurs intentions familiales. Loin d’être un plaidoyer des personnes LGBTIQ+, cette votation est une question capitale relative aux droits fondamentaux.

Plus aucun argument ne tient la route face à la réalité et l’appel de la société civile est pressant face à une politique timorée. Cette campagne portée pour l’heure par les personnes LGBTIQ+ et leurs allié-e-s doit aujourd’hui s’élargir à toute la population, afin que le 26 septembre, le OUI soit le plus élevé possible et batte ainsi le record de 62% de OUI détenu par l’Irlande lors d’un vote populaire.

Il faut s’émanciper des pesticides

L’OMS et le Programme des Nations Unies pour l’environnement reconnaissent le danger des pesticides. Raison pour laquelle il convient aujourd’hui de combattre les pesticides à la source. C’est le propos de deux initiatives, soumises à la population le 13 juin prochain. La première, l’initiative «Pour une Suisse libre de pesticides», vise l’interdiction de l’utilisation de tout pesticide de synthèse dans la production agricole, la transformation des produits agricoles et l’entretien du territoire, dans un délai de dix ans. Pour la deuxième, l’initiative «Pour une eau potable propre et une alimentation saine», les subventions allouées à l’agriculture, les paiements directs, ne sont octroyés qu’aux exploitant.e.s qui n’utilisent ni pesticides ni antibiotiques à titre prophylactique, d’ici huit ans dès le vote de la population.

Un tiers des espèces animales et végétales est aujourd’hui menacé. Les habitats disparaissent ou se dégradent, la surface des marais diminue toujours plus. Notre biodiversité va mal, très mal. En parallèle, 2000 tonnes de produits phytosanitaires sont vendues en Suisse chaque année, tandis que l’agriculture rejette 110’000 tonnes d’excédents d’azote et 6000 tonnes d’excédents de phosphore dans l’environnement. Ces produits terminent leur route dans les nappes phréatiques, notre eau potable, et en chemin attaquent les insectes, les rongeurs, les plantes, affectant la qualité des sols et fragilisant notre biodiversité.

Loin d’être extrêmes, ces initiatives sont nécessaires et urgentes, alors que la pollution de notre eau potable est inquiétante et les importations d’aliments pour animaux en provenance d’Amérique du Sud sont débridées. La science jouera un rôle central, elle est prête à s’engager sur la voie d’une agriculture sans pesticides. Le Centre fédéral de recherche agronomique Agroscope a d’ailleurs déjà annoncé l’objectif d’une agriculture sans pesticides avec l’appui de 20 centres de recherche agricole en Europe.

La sécurité de l’approvisionnement de la Suisse passera par la qualité de ses sols et une alimentation saine, loin, très loin de la campagne d’intimidation financée, en face, par les entreprises agrochimiques. Loin aussi des dernières décisions du Parlement national de suspendre la réforme agricole suite à un malheureux marchandage entre EconomieSuisse et l’Union suisse des paysans. Si l’Assemblée fédérale n’est pas capable de faire les bons choix, c’est à nous citoyennes et citoyens de ce pays de faire entendre notre voix.

Les deux initiatives se complètent et permettraient de déclencher des réformes essentielles. Une occasion aussi de concilier l’agriculture et la nature, c’est aussi l’avis de Bio Suisse, de l’Association des petits paysans ou de Pro Natura. Le secteur de l’agriculture n’affiche aucune baisse notable d’émissions de gaz à effet de serre depuis le début du siècle. Nous devons changer de cap sans attendre et ces deux initiatives sont une excellente opportunité.

Ils marquent le coup pour les 50 ans du droit de vote des femmes en augmentant leur âge de la retraite!

Tandis que la pandémie accroît les inégalités, plaçant en première ligne les métiers occupés principalement par les femmes, la commission du Conseil des Etats vient de voter, comme un seul homme ou presque, l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes. C’est un véritable affront, alors que nous nous préparons à fêter un important anniversaire, celui des 50 ans du droit de vote des femmes !

Mais sur fond de jubilé, rappelons que les femmes touchent encore et toujours un tiers de moins de rente de vieillesse que les hommes. Elles sont aussi au front dans les métiers dit du « care », de la vente ou du terrain social, travaillant souvent à temps partiel, avec de bas revenus. Quand la majorité d’une commission au Conseil des États utilise l’argument de l’Égalité pour augmenter l’âge de la retraite des femmes, il n’assume à aucun moment d’agir également sur le montant des retraites des femmes, sur les différences salariales, sur une politique familiale ambitieuse (crèches, congé parental, etc.). L’Égalité semble bel et bien très sélective !

Depuis 1981, sous l’égide de l’article 8 de la Constitution fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes, le droit suisse a été régulièrement modifié pour corriger d’importantes inégalités. Ces avancées montrent l’ampleur du chemin parcouru. Mais la route est longue et encore largement semée d’obstacles. Reconnaître la place essentielle des femmes dans la société ou dans le monde politique en particulier n’est de loin pas acquis. Et malheureusement, ce sont souvent les femmes toutes seules qui doivent se battre pour affirmer leur place dans la société. Quelques exemples.

En parcourant les trois dernières législatures au Conseil national, les femmes étaient 29% en 2011, 32% en 2015 et sont 42% depuis décembre 2019. Le nombre de textes déposés dans le Parlement, motions, postulats, interpellations et autres initiatives parlementaires en lien avec l’égalité est directement lié à la représentation des femmes dans l’enceinte parlementaire : une dizaine de textes sont dès lors déposés en 2014, une cinquantaine en 2018 et près de 80 textes en 2020. Plus les femmes sont nombreuses dans l’hémicycle politique, plus la question centrale de l’égalité est à l’ordre du jour. Le rôle de la rue est lui aussi essentiel. Quand les femmes étaient des dizaines de milliers à manifester en Suisse le 14 juin 2019, le nombre de textes revendiquant l’égalité a doublé cette même année au sein du Palais fédéral. Du harcèlement de rue à la représentation des femmes dans les Conseils d’administration, en passant par le Gender Budgeting, l’égalité salariale ou la protection des femmes en période COVID, les textes balayent les champs du possible de l’égalité. Il est fort à parier qu’avec un parlement et des partis entièrement paritaires, cette augmentation de l’âge de la retraite sans aucune compensation aurait été balayée d’un revers de la main !

Si la Confédération est mal lotie au niveau de l’égalité, les Cantons ne font guère mieux. Le 7 mars prochain à Genève, nous pouvons faire les bons choix, pour une société plus égalitaire et plus juste. Gageons que le Conseil d’Etat soit plus féminin pour apporter une nouvelle pierre à l’édifice de l’égalité. 25,3%, c’est la moyenne des femmes dans les exécutifs cantonaux du pays en 2020. A Genève, elles sont à peine plus, soit 28,6% c’est-à-dire 2 femmes sur 7. Cela fait près de 20 ans que Genève n’a pas connu un exécutif cantonal avec au moins 3 femmes. La candidate Fabienne Fischer peut faire la différence.

Stations de ski rouvertes: la majorité de droite glisse et dérape

L’intimité entre l’art de la scène et le public existe depuis plus de vingt-cinq siècles. Cette interaction nécessaire entre le public et l’art est suspendue actuellement par les règles sanitaires et la mission des artistes dramatiquement interrompue. Bien sûr, dehors, la pandémie continue de faire des ravages et la protection de la population, celle des artistes y compris, doit rester une priorité pour la collectivité publique… tout comme la préservation de la capacité de nos hôpitaux et de notre système de santé.

Le spectacle qui se déroule sous nos yeux, loin d’être un hymne à la culture, est une ode à la consommation à tout prix et sous toutes ses formes. Par ici on fait le forcing pour rouvrir tous les magasins, pour assurer le plein d’achats avant Noël. Par-là, on libère les stations de ski, pour faire tourner à plein régime les remontées mécaniques, rouvrir les hôtels et les restaurants des pistes. La majorité de droite du Conseil national vient d’accepter une déclaration invitant la Suisse à supprimer toute prescription plus stricte en lien avec la Covid-19 pour les sports d’hiver. Alors que la Suisse est régulièrement pointée du doigt dans le monde pour son laisser-faire dans cette crise sanitaire sans précédent, et que nous avons été plusieurs semaines de suite un des pays les plus touchés en Europe, la majorité de droite du Conseil national fait non seulement fi de notre système de santé sous pression, mais également des pratiques de nos voisins les plus proches (France, Allemagne, Italie).

L’ouverture à tout va risque bien de remettre à plus tard un retour à la normale. Dans la frénésie d’une économie, qui ne peut se mettre en pause, même quand des vies humaines sont en jeu, on laisse au second plan certains secteurs, notamment la culture. Ce milieu-là représente notamment 10% de notre PIB. Son rôle est crucial, nous devons donner du sens à ce que nous vivons actuellement et les artistes peuvent le faire. La culture, celle qui nous permettra de retisser des liens et qui appelle au secours depuis plusieurs mois, ne doit pas être oubliée.