« La tentaculaire invasion des relations publiques » (L’Hebdo, 21.3.2013). Une population d’insidieux manipulateurs aux pratiques contestables s’emparerait-elle peu à peu du pouvoir politique et économique ? Clinton, Cahuzac, Armstrong, Varone et consorts ont-ils tous vendu leur âme à de machiavéliques conseillers en communication hostiles à la transparence ?
« Les conseillers en communication sont tous nuls » (Le Temps, 6 avril 2013). C’est ce que nous apprend Me Marc Bonnant, avocat et amuseur public genevois bien connu dans le landerneau. Et à l’humour duquel votre serviteur n’est pas insensible. Certes, la richesse lexicale et l’aisance oratoire de Me Bonnant suscitent davantage d’admiration – au sein de la plèbe dont il se gausse à l’envi – que la signification profonde de ses déclarations. Mais tout de même, sa position tranche de manière singulière avec l’aura médiatique récente des communicants.
Tous nuls, les communicants ? Personne ne s’intéresse aux situations délicates parfaitement maîtrisées par les professionnels des relations publiques. Car pour une crise mal gérée, on compte un nombre infiniment plus important d’opérations couronnées de succès. Anticipation, préparation, action, tels sont les maîtres-mots de la communication de crise. Et dans ce domaine, les avocats ou les journalistes récemment convertis ne sont pas forcément les plus utiles. Tout simplement parce qu’ils n’en connaissent pas les rouages spécifiques.
C’est à l’expérience concrète et aux aptitudes naturelles que l’on reconnaît un expert en communication de crise. Il ne s’agit pas simplement de savoir rédiger un message, mais de maîtriser les processus propres à ce type de situations. Tout en adoptant les comportements indispensables : sang-froid, écoute et empathie (envers les publics internes et externes), honnêteté et efficacité.
En temps de crise ou en temps normal, les relations publiques ont pour but de créer des relations de confiance avec le public: collaborateurs, clients, autorités politiques, partenaires commerciaux, médias, etc. Cela sous-entend une communication régulière et crédible, inscrite dans la durée. A cet égard, le communicant se positionne en tant que facilitateur vis-à-vis des médias, même si certains moutons noirs existent au sein de la profession. Ces derniers sont d’ailleurs les premiers à souffrir face aux journalistes, en cas de crise. Mettant ainsi en péril la réputation de leurs employeurs.
Que ce soit à l’Institut Suisse de Relations Publiques – qui forme chaque année des centaines de communicateurs – ou au sein des agences de relations publiques suisses de référence, les bonnes pratiques sont enseignées et vécues au quotidien. Elles figurent également dans le Code d’Athènes, document essentiel pour la profession.
Alors si l’on voit de plus en plus de conseillers en communication dans les entreprises et dans les arcanes politiques, c’est peut-être parce que les relations publiques ont su évoluer et se rendre incontournables. A force de rigueur, de professionnalisme, d’éthique et d’efficacité. Le développement de cette profession ne fait que répondre au besoin croissant de clarté et de crédibilité, dans un contexte de multiplication des émetteurs et des canaux de communication.