Le papier, c’est fantastique

Ce devait être en 1986 ou 1987, autrement dit une époque où les supports médiatiques se limitaient aux ondes et à l'encre. Alain Jeannet – déjà lui ! -, jeune journaliste économique à la chevelure fournie, m'accueillait tous les lundis à L'Hebdo avec ses collègues Bernard Rappaz, Suren Erkman et le regretté Pierre Huguenin. Qu'ils soient ici tous remerciés car leur temps et leurs conseils furent précieux et le sont encore à mes yeux.

Mon rôle était fort modeste: écrire des brèves économiques sur des sujets multiples, grappillés au gré de nos lectures médiatiques ou plus académiques.

Pas de Google pour guider nos recherches, juste la curiosité des uns et des autres, attisée par la lecture de sources multiples et les discussions en séances de rédaction. Notre choix était forcément plus restreint qu'aujourd'hui, nos références plus limitées en nombre, mais pas forcément moins profondes.

Et pour moi, participer – même de manière très limitée – à la création hebdomadaire du contenu de L'Hebdo était une source de plaisir et de fierté incommensurable ! Mais surtout, tenir dans mes mains, chaque semaine, L'Hebdo tout frais sorti de presse, avait quelque chose de quasiment cérémonial. Le toucher du papier, le bruit des pages, la découverte de la mise en page. 

Aujourd'hui encore, quand j'achète un magazine, je ressens un profond respect pour celles et ceux qui l'ont façonné, dans sa forme comme dans le fond. Le stress mais surtout la passion du journaliste, l'envie d'être chaque fois meilleur, l'angoisse de ne pas être bien compris. Et j'aime à croire que ce profond respect est partagé par une majorité de lecteurs, au-delà des critiques qui se font bruyamment entendre.

Les gratuits et le web ont désacralisé l'info et il y a beaucoup de bons côtés dans cette dynamique pleine de défis. Mais rassurez-moi, il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de lecteurs qui éprouvent un je-ne-sais-quoi de particulier en tenant un magazine bien fait dans les mains, non? Sachant que le "bien fait" est évidemment affaire de goût et d'intérêt personnels.

Daniel Herrera

Daniel Herrera a été responsable des relations publiques de Nestlé Suisse, puis DirCom de la BCV, de l’America’s Cup, de Romande Energie et de Kudelski. Il a fondé et dirigé YJOO Communications Lausanne de fin 2011 jusqu’à mai 2014 et il est responsable de la communication institutionnelle du Groupe Assura depuis juin 2015. Ses dadas: accompagnement du changement, relations médias, événementiel et communication de crise.