Grâce à Sepp Blatter, la Coupe du Monde du Qatar n’aura pas lieu

« S'il était prouvé que les attributions au Qatar et à la Russie ont uniquement résulté de l'achat de voix, alors ces attributions sont susceptibles d'être invalidées », tels sont les termes utilisés par Domenico Scala, président du comité d'audit et de conformité de la FIFA, dans un entretien accordé à la Sonntagszeitung. Et même le journal Le Monde évoque cette citation, lui conférant le petit supplément de crédibilité synonyme de valeur de référence.

Vous l'avez bien lu: le Qatar et la Russie pourraient perdre l'organisation de LEUR Coupe du Monde ! Dingue… Tout ça à cause de quelques malheureux pots-de-vin même pas prouvés! Mais allons un peu plus loin: devant une telle menace, n'y aurait-t-il pas un joli "coup" à réaliser en termes de communication? Plus concrètement, comment le Président déchu, notre Sepp à nous, pourrait-il en retirer un avantage déterminant en termes d'image? Ne devrait-il pas puiser dans cet énormissime rebondissement potentiel les germes de son retour triomphant sur le trône fifaesque ?

C'est vrai, finalement, sans la démission de Seppi, on n'aurait pas pu remettre en cause ces deux Coupes du Monde dûment attribuées. Tiens, si j'étais le consultant en communication de Sepp Blatter, je lui recommanderais de présenter sa démission comme son astuce ultime qui aura permis d'éviter la farce d'une Coupe du Monde au Qatar et les attaques prévisibles concernant celle prévue en terres russes. Et par là-même, de démontrer son dévouement sans bornes au sport-roi, à travers cette déchirante démission aux vertus expiatoires. En clair, Blatter pourrait affirmer que c'est grâce à son sacrifice spontané et merveilleusement altruiste que ces deux Coupes du Monde aux contours nauséabonds sont remises en question. Quelle belle stratégie de comm nous aurions là, n'est-ce pas?

Sérieusement, cher lecteur, c'est comme ça que vous voyez les "communicants"? A lire certains commentaires médiatiques récurrents, nous pourrions légitimement le croire. Et pourtant, nos règles éthiques (Code de Lisbonne et Code d'Athènes, entre autres) n'ont rien à envier à celles propres au journalisme et à d'autres métiers tout aussi respectables. Le fait que certains confrères ignorent ces règles est aussi inacceptable que les propos caricaturaux que ces dérives génèrent à l'égard de notre profession. J'ai parfois l'impression que les communicateurs jouissent d'une sympathie proche de celle de la limace, dans certains milieux, et cela m'attriste malgré le respect que j'ai pour les mollusques de tous genres. Non, un bon conseiller en communication ne proposerait jamais une telle stratégie de communication, car elle s'appuierait sur une présentation biaisée et malhonnête de la réalité. Et j'affirme sans réserve que les bons professionnels de la communication sont plus nombreux que les moutons noirs dont on stigmatise les actions indéfendables.

Daniel Herrera

Daniel Herrera a été responsable des relations publiques de Nestlé Suisse, puis DirCom de la BCV, de l’America’s Cup, de Romande Energie et de Kudelski. Il a fondé et dirigé YJOO Communications Lausanne de fin 2011 jusqu’à mai 2014 et il est responsable de la communication institutionnelle du Groupe Assura depuis juin 2015. Ses dadas: accompagnement du changement, relations médias, événementiel et communication de crise.