L’UE vue du Luxembourg

Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, était ce soir à l’Université de Berne pour présenter le point de vue des petits Etats de l’UE sur la situation politique actuelle au sein de celle-ci.

Du haut de ses 600'000 habitants, le Grand-Duché de Luxembourg est certes l’un des plus petits Etats de l’Union européenne et assez méconnu sous nos latitudes, il est non moins l’un des plus riches membres de l’UE et y occupe une place de choix. En effet, avec déjà douze présidences du Conseil de l’UE à son actif, une position de siège des institutions européennes et l’un de ses ressortissants à la tête de la Commission, le Luxembourg joue un rôle clé en Europe. Mais ce ne fut pas toujours le cas.

«C’est lors du Congrès de Vienne en 1815 que le Luxembourg est passé de duché à grand-duché», sourit le ministre devant une aula bernoise pleine à craquer. Et de raconter les grandes lignes de l’histoire moderne de son pays. Ainsi, 1815, c’est également la date à laquelle le Luxembourg est annexé à la Confédération germanique, confédération qui sera dissoute en 1866. Survient alors la crise du Luxembourg en 1867 suite à la volonté du roi grand-duc Guillaume III des Pays-Bas de vendre son grand-duché à Napoléon III. Effet collatéral de cette crise, cela permet au petit territoire de prendre son indépendance et d’obtenir un statut de pays neutre. Cette neutralité sera cependant vite violée, et ce à deux reprises. Durant la Première Guerre Mondiale d’abord, lorsque le Luxembourg est occupé une première fois par les Allemands puis libéré en 1918. Répit qui sera de courte durée puisque ces derniers réinstaureront l’occupation dès 1940. Le Luxembourg sera finalement libéré par les Alliés en 1944.

«Ces années d’occupation allemande ont marqué la fin de la volonté de neutralité des Luxembourgeois, explique Jean Asselborn. A quoi bon être neutre si on ne peut empêcher les invasions? Autant s’allier aux autres puissances». Et c’est ainsi que le Grand-Duché s’est lancé corps et âme dans le processus d’intégration européenne, devenant l’un des six premiers membres de ce qui deviendra l’Union européenne. Outre celle-ci, le Luxembourg a par la suite également intégré la zone euro, l'OTAN, l'OCDE, l'ONU et le Benelux. «Comme la neutralité ne nous apparaissait plus comme une bonne solution, nous avons misé sur l’engagement multilatéral, ce qui, en tant que petit Etat, nous a permis d’avoir notre mot à dire sur le continent et d’être plus concurrentiel sur le marché européen», souligne le ministre.

Et si Jean Asselborn admet que la situation actuelle de l’UE est difficile, il rappelle aussi que «l’Union est le produit de l’une des crises les plus dures de l’histoire de l’Europe» et que «l’UE est un projet de paix que les pères fondateurs ont voulu que nous perpétuions». Très sensible aux valeurs fondamentales de l’UE, le Luxembourgeois a également évoqué l’importance de la convergence entre les intérêts nationaux et européens pour poursuivre l’intégration européenne. Et de conclure: «personne ne doit oublier que la libre circulation des personnes est l’un des acquis fondamentaux de l’Union». 

Caroline Iberg

Caroline Iberg a travaillé entre 2013 et 2017 au Nouveau mouvement européen Suisse (Nomes). Elle est désormais chargée de communication à Strasbourg.