L’étrange similarité des positions de Trump et de Blocher

Aux Etats-Unis, la campagne électorale bat son plein. Donald Trump et son inoubliable moumoute ne cessent d’affoler les sondages. Plus fou encore, une victoire aux primaires républicaines serait même envisageable. Cependant, plus j’entends Trump développer ses «arguments» de campagne, plus il me fait penser à un autre milliardaire, suisse celui-là, à savoir Christoph Blocher. Le journaliste alémanique Matthias Zehnder le relevait dans un article publié le 5 février dernier [1]: «Donald Trump et Christoph Blocher versent sur leur pays moquerie et méchanceté. Cela leur apporte certes une importante visibilité médiatique (…), mais cela fait aussi de gros dégâts dans leur pays». Ainsi, les deux tribuns ne cessent de remettre en question le système politique en place, leurs concurrents et les institutions, «minant ainsi les structures qui rendent nos pays si prospères», analyse le journaliste.

 

Si ce point commun est certes préoccupant, ce n’est pas le pire d’entre eux. En effet, la position de Blocher et Trump concernant les étrangers se rejoint dans une xénophobie à peine voilée. Le premier estime ainsi qu’il est urgent de poursuivre le «combat pour le renvoi des criminels étrangers» tandis que le second préconise le renvoi des Mexicains – qu’il considère comme des «criminels» et des «violeurs» – ainsi que tous les «criminels étrangers». En outre, tous deux soutiennent l’introduction d’une préférence nationale pour «protéger les emplois des travailleurs indigènes», afin que les immigrés ne leur «volent» plus leur travail.

 

Sur la question des frontières, les deux milliardaires sont également au diapason. Quand Christoph Blocher incite à la protection des frontières car «[celles-ci] n’ont un sens que si on les protège» et que «sans frontière, il n’y a plus d’Etat», Donald Trump déclare qu’«une nation sans frontières n’est pas une nation».

 

Enfin, citons encore leurs fréquentes réparties contre les Musulmans, contre les journalistes et, comme évoqué plus haut, contre les autres partis et les institutions de leur pays. Pourtant, malgré ces similarités confondantes, une différence de taille demeure – inexplicable. Alors que les propos de Trump choquent tant aux Etats-Unis qu’en Europe, les propos de Blocher semblent acceptés pour ne pas dire banalisés par une majorité de la population suisse. Et alors que Trump est fustigé pour vouloir renvoyer les criminels étrangers, l’initiative de mise en œuvre lancée par le parti de Blocher pourrait être acceptée lors de la votation du 28 février prochain. On pense ainsi souvent qu’il n’y a qu’aux Etats-Unis qu’on peut voir des fous du calibre de Trump débarquer sur la scène politique. On a juste oublié de regarder dans notre propre pays…

 

 

[1] http://www.matthiaszehnder.ch/wochenkommentar/gurkensalat/ (consulté le 19.02.2016)

Caroline Iberg

Caroline Iberg a travaillé entre 2013 et 2017 au Nouveau mouvement européen Suisse (Nomes). Elle est désormais chargée de communication à Strasbourg.