La société nous range par tranches démographiques : enfants, adolescents, adultes actifs, retraités… Elles lui permettent de nous compter, de s’organiser, de définir les prérogatives, obligations et prestations pour chaque catégorie, etc. Reconnaître l’existence de ces catégories génère, par la même occasion, de la valeur économique. Comment ? En développant des métiers et des produits adaptés à chaque catégorie. Tout le monde y trouve ainsi son compte. La preuve par l’exemple de l’adolescence.
Qui, de nos jours, pourrait concevoir une société occidentale sans adolescence? Il s’agit d’un concept, somme toute, récent, lié à l’allongement de l’espérance de vie. Autrefois, la puberté propulsait directement l’enfant vers l’âge adulte, sans escale.
En officialisant l’existence de l’adolescence, la société a reconnu les spécificités de cette population «entre deux âges », ses caractéristiques, ses droits, ses obligations, etc. L’économie en a bénéficié par l’émergence de métiers spécialisés (dans la crise d’adolescence, l’éducation, l’orientation professionnelle, etc), sans parler de secteurs aussi lucratifs que la musique, le cinéma, le sport, la mode, les soins pour adolescents…
N’est-il pas grand temps de faire de même en mettant de l’ordre dans le grand fourre-tout de la période “post-âge-officiel-de-la-retraite”? Dans les faits, une fois franchi ce seuil symbolique séparant les actifs des rentiers, les sexagénaires côtoient les centenaires, soit un écart de deux générations! Or, qui songerait à s’adresser avec le même vocabulaire et les mêmes services à un public d’enfants, d’adolescents et d’adultes? Pourquoi le faire avec les 60-100 ans ?
Au vu de l’allongement de l’espérance de vie, nous continuons à devenir officiellement vieux sensiblement au même âge que lorsque les retraites modernes ont été conçues avec pour conséquence que nous allons finir par être à la retraite en milieu de vie. Comme pour l’adolescence en son temps, reconnaître l’émergence de catégories démographiques spécifiques au sein de la population plus âgée est une question de réalisme. Face à cette reconnaissance officielle, l’économie saura créer des opportunités dans lesquelles le public cible pourra se reconnaître.
Je peux me tromper mais pour finir d’officialiser toute catégorie émergente, rien de tel que de trouver une étiquette attrayante. Tout comme pour l’enfance, l’adolescence et le stade adulte, l’étiquette en question ne doit pas automatiquement faire référence à l’âge, d’ailleurs!
Le concours d’idées est lancé : à vous de jouer.
Photo: Pixabay/Teimakasih0
Bonjour,
Très bon article.
Je propose: “Les libérés”
Bon vent !
Laurent Zimmerli
Bonjour et merci pour votre commentaire. Vous avez créé un nom engageant, avec lequel s’identifier! Tout le contraire du classique troisième (voire quatrième) âge, si réducteur! Cordiales salutations.
Dans le même esprit on peut appeler ceux du 3e age les “atmo” par opposition à ceux encore sous astreinte, les “turbo”.
C’est créatif, en effet! Merci de votre réaction et lecture.
Excellent !!!
J’apprécie vos blogs parce que vous y mêlez “humour” et “sérieux” en visant … juste !
Je constate – au fil du temps – que d’être passée d’active à retraitée, l’emploi d’un vocabulaire béatifiant est devenu presque la norme, les “ah” vous êtes déjà à la retraite” et suit – comme pour s’excuser – “vous ne faites pas votre âge” …
Belle journée à vous
Votre lecture fidèle est un encouragement! Merci de votre réaction. Votre remarque est vrai un sujet.
L’âge n’est pas le problème en soi: c’est le regard réducteur qui y est associé, qui finit par m’agacer. Alors autant utiliser l’humour pour questionner les paradoxes.
Cordiaux messages.
Merci pour votre article qui donne de l’optimisme pour se sentir encore existant sur la pente qui mène au cimetière. J’ai vécu 28 ans dans un grand quartier du nord de Lausanne où existaient tous les âges, avec les lieux destinés à chacun : Garderie, Centre de Loisir enfants / ado, Place de pétanque, EMS, Chapelle au sous-sol… Et le petit bistrot au rez où déferlaient parfois des petites troupes 16 à 20 ans, sous l’œil inquiet des habitués qui jouaient aux cartes, lisaient le journal, riaient ou parfois s’insultaient… Eh bien j’avais la grande chance que ces troupes me faisaient parfois venir à leur table, et il m’avait fallu du temps pour ne pas me sentir en trop ! Leurs questions se succédaient : « C’était comment pour toi, dans ton temps, quand tu… Ah toi aussi ?.. Moi je croyais que… Eh bien tu étais comme moi !.. » Puis je prenais mon tour : « Et vous ?.. » Ils me disaient leurs rêves, c’est ainsi qu’on pouvait en fin de soirée se serrer la main, et quelques jours plus tard : « Venez, allez venez ! On va faire un concours, on est sûr que vous avez aussi des chances de gagner, vous n’êtes pas trop vieux ! » Quel nom est-ce qu’ils auraient pu donner pour le quinquagénaire qui n’allait ni au centre de loisirs, ni à la place de pétanque, et pas encore à l’EMS ?.. Je leur faisais visiter ma vieille époque, et ils m’emmenaient dans la leur. Nous étions alors un peu comme des guides à la visite des îles où nous étions heureux de vivre pour rêver dans le temps entier. Eux aussi étaient des guides pour moi dans leur monde de rires et de bonheur, avant que je me prépare à quitter la vie sans mes valises !
Merci de votre lecture et d’avoir partagé ce sentiment « d’entre deux âges « au moyen d’une histoire qui le décrit si bien.