Giselle Rufer-Delance, une baby-boomeuse à l’heure du digital

Présentez-vous en quelques mots…

Comme toutes les femmes je suis multiple et quelques mots ne suffiront pas, alors je dis l’essentiel : J’aime la vie, j’aime rire et rencontrer des gens de toutes sortes. J’ai besoin de créer, que ce soit un repas, un bouquet, une montre. J’ai besoin d’apprendre encore et toujours et d’explorer toutes les facettes de la vie. 

Quel a été votre parcours professionnel ?

Un parcours typiquement féminin comme bien de femmes de la génération 68. Je me suis adaptée aux circonstances de la vie. Fille aînée, j’ai secondé ma mère dans son commerce où j’ai fait un diplôme de commerce, à 26 ans tout en ayant mis deux enfants au monde j’ai passé une maturité fédérale scientifique, puis un brevet d’enseignement secondaire. A 36 ans j’ai repris des études en informatique de gestion à l’école d’ingénieurs de Bienne. Première et seule femme, j’y ai obtenu mon diplôme en 1986, à quarante ans. Après 10 ans dans l’horlogerie, en 1996, j’ai créé mon entreprise, DELANCE, une montre symbole de l’énergie créative des femmes dans tous les domaines.

Votre rencontre avec le digital ?

Lorsque j’ai décidé, à 23 ans, de reprendre des études pour obtenir une maturité fédérale, avec deux enfants petits, j’ai cherché comment m’y prendre. Mon mari était ingénieur de recherche à l’EPFL et au début des années 70, on parlait d’une révolution qui allait se produire dans la communication. Mais il n’y avait, à l’époque, que la possibilité de le faire par correspondance ou de suivre les cours du soir. Nous vivions à Lausanne et par chance il y avait le gymnase du soir, je m’y suis inscrite. Quand nous avons déménagé à Bienne, j’ai dû me débrouiller toute seule pour terminer la dernière année. C’est alors que j’ai décidé qu’un jour de créerai un système d’apprentissage à distance pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer ou qui habitent dans des endroits isolés. J’entendais parler des progrès de l’informatique et lorsque l’école d’ingénieur de Bienne a ouvert une formation spécialisée en informatique, je m’y suis inscrite. J’étais tombée dans le chaudron !

Lorsque l’idée de créer une entreprise à germée, j’ai tout de suite pensé à faire la promotion sur le web. En 1996, DELANCE y avait un des premiers sites horlogers. Et c’est tout naturellement que le reste a suivi et que je suis devenue très active sur les réseaux sociaux.

 

Qu’est-ce qu’une « femme digitale » pour vous ?

C’est une femme qui a le monde au bout des doigts. Ses dix doigts tapent agilement et instinctivement sur un clavier et la connecte avec toutes les femmes de la planète. Elle a l’esprit interconnecté et d’une grande agilité.

Le digital a-t-il, selon vous, un genre ?

Le digital c’est le tam-tam des temps nouveaux, chacun et chacune en joue à sa façon. Tout comme chaque femme doit inventer sa propre manière d’être femme, chaque personne invente sa manière de communiquer, féminine ou masculine. 

La Suisse, un pays digital ?

Dans notre pays, nous avons presque toutes et tous un ordinateur ou un moyen de nous connecter donc je pourrais dire oui. Pourtant être digital c’est plus que de posséder un accès au web, c’est une mutation de la communication et les mutations demandent du temps pour pénétrer jusqu’aux niveaux les plus profonds. Nous sommes dans une phase transitoire que j’appellerais la digitalisation. A nous de savoir effectuer cette mutation sans nous amputer de tout ce qui donne accès au bonheur et à la joie du réel partage, de la vraie communication.

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