Présentez-vous en quelques mots…
Mariée et maman d’une fille qui est mon moteur, j’ai eu 35 ans il y a quelques jours ; j’habite Fribourg, et quand je ne suis pas chez Swisscom, je suis forcément sur un terrain de tennis !
J’ai eu une enfance marquée par de nombreux déménagements – mon père était diplomate marocain – ce qui m’a permis d’évoluer dans un environnement multiculturel, y compris dans les écoles françaises qui accueillaient des enfants venant des quatre coins du monde… En même temps, je me suis toujours investie dans des projets de soutien à la communauté et dans ce cadre, j’ai appris une chose essentielle : ne jamais présumer de ce que les autres désirent ou de ce dont ils ont besoin ! Une découverte que je mets en pratique dans mon métier actuel en demandant aux gens ce qu’ils veulent et ce qu’ils pensent : le meilleur moyen de générer de la confiance, même sur des sujets techniques. Car le digital, c’est avant tout une affaire de relations humaines.
Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai toujours eu soif d’élargir mes compétences : je fais partie de cette catégorie de personnes qui n’attendent pas qu’on leur tende la perche. L’envie d’exceller et le besoin de dépassement de soi m’ont dès lors constamment conduite à saisir les occasions de nouveaux apprentissages.
Durant ma carrière dans le secteur TIC à l’étranger et en Suisse, j’ai eu la chance de travailler avec des personnes brillantes et d’en côtoyer beaucoup ; la confiance qu’ils m’ont accordée m’a donné confiance en mes capacités à évoluer. Ces rencontres ont joué un rôle de catalyseur.
À mon arrivée à Zurich en 2010, je me suis lancée avec un handicap important : je ne maîtrisais pas l’allemand. Swisscom m’a donné ma chance en tant qu’employée consultante de vente, et même si ça représentait un pas en arrière à l’époque pour ma carrière, ça ne m’a pas empêchée de prendre la direction des Shops & Retail en Romandie et au Tessin pour le segment PME et résidentiel aujourd’hui, tout en étant impliquée dans des projets stratégiques au sein du département Sales and Retails Channels !
Votre rencontre avec le digital ?
Une rencontre naturelle parce que c’est un monde qui me passionne et qui m’a permis d’évoluer ! J’incarne cette génération de femmes qui se sont aiguillées sur les voies numériques non seulement parce que c’est en adéquation avec notre mode de vie, mais aussi parce que ça offre des perspectives de développement magnifiques ! Un mode de vie qui nous apprend chaque jour à anticiper sans jamais se reposer sur ses lauriers…
Qu’est-ce qu’une « femme digitale » pour vous ?
Un bon équilibre entre une capacité d’innovation étendue et des compétences techniques ; elle doit se différencier par son empathie, sa créativité et sa capacité à être agile pour se positionner de manière crédible sur le marché, ce qui lui permettra d’avoir le succès escompté dans les métiers à la pointe du progrès.
Le digital a-t-il, selon vous, un genre ?
Non, pour moi il doit y avoir une mixité dans les métiers du digital. Or, dans l’univers majoritairement masculin de l’économie numérique, cet essor ne profite pas à la gente féminine. Faute de modèles et sous le poids des préjugés socio-historiques, les femmes embrassent difficilement des carrières dans le digital. Aujourd’hui il est important en plus des évènement dits féminins, des collectifs, des engagements politiques et civils de tout un chacun visant à promouvoir l’égalité homme-femme, de mettre l’accent sur la formation qui reste pour moi une arme pour combattre les stéréotypes.
La Suisse, un pays digital ?
La numérisation change le monde. Mais ce changement n’en est pas au même niveau dans tous les pays et si la Suisse est accro aux nouvelles technologies (elle surfe sur Internet, sur les réseaux sociaux et regarde la télévision numérique comme nulle part ailleurs en Europe), elle est une éternelle incorrigible… Elle enseigne l’écriture cursive à l’école, gribouille des prescriptions sur des petites feuilles et envoie des enveloppes de vote dans le cadre de sa démocratie directe.
Les compétences numériques de la population constituent une base pour que la digitalisation puisse pénétrer et faire avancer la société. Ainsi, des programmes de promotion de la compétence numérique tout comme le transfert ciblé de prestations sur des canaux numériques s’avèrent profitables. Avec mes équipes, nos 36 Swisscom Shops et plus de 20 experts PME en Suisse romande et au Tessin, nous accompagnons plus de 150 000 clients par mois ; nous renforçons notre cœur de métier et progressons dans de nouveaux domaines d’activité et services ; nous mettons à profit notre capacité d’innovation et notre vaste expérience pour offrir aux personnes et aux entreprises en Suisse romande le meilleur service et une expérience unique grâce à notre leadership technologique.
La Suisse est compétitive au niveau du secteur de l’infrastructure TIC, si on considère que la clé de voûte de la digitalisation est formée par des infrastructures et des réseaux ultras performants et disponibles en permanence. L’infrastructure est la base du monde interconnecté, ce qui engendre une augmentation de la dépendance envers des réseaux toujours plus performants et toujours plus disponibles.
Malgré ses bonnes dotations en terme d’infrastructures, en ce qui concerne l’utilisation mobile, la Suisse souffre des directives régulatrices strictes et des coûts qui en résultent. Il y a également encore de la marge pour progresser dans le secteur des fintechs. Grâce à la présence d’instituts de finance globaux et à la qualité de l’infrastructure correspondante, la Suisse serait à même d’endosser un rôle de moteur de l’innovation.
Pour en savoir plus sur Hajar El Haddaoui.
“(…) envoie des enveloppes de vote dans le cadre de sa démocratie directe.”
La technologie permet le vote électronique depuis de nombreuses années or, il reste un problème qui n’a toujours pas été véritablement résolu: celui de la transparence. En effet, pour être digne de confiance, le résultat d’un vote doit être transparent, incontestable, et éventuellement vérifiable par n’importe quel citoyen. Autrement, il ne vaut rien.
Donc le vote électronique, malgré ses nombreuses vertus, échoue là où le papier et les enveloppes excellent. Ce n’est vraiment pas une question de technologie, mais de confiance…