Au delà du F 35

Il y a quelque 2500 ans le stratège chinois Sun Tzu écrivit que pour un Etat le stade suprême de l’art de la guerre était d’arriver à ses fins sans devoir se servir de son armée.

La Suisse s’en tire bien

Si l’on s’en tient à cet aphorisme – et rien n’indique qu’il n’as pas toujours cours – la Suisse s’en tire plutôt bien. Pendant deux guerres mondiales la Suisse a put préserver son indépendance  sans devoir engager son armée. Certes la question de savoir dans quelle mesure l’armée suisse a dissuadé un adversaire potentiel ne sera jamais totalement résolue. Mais on peut crédiblement formuler l’hypothèse qu’une Suisse désarmées dont les transversales alpines n’auraient pas été minées aurait constitué, entre 1940 et 1945 une proie tentante pour un adversaire potentiel.

Un paradoxe historique

Le paradoxe  qui ressort   de cette réalité historique est que le  but final de tout matériel militaire susceptible d’être acheté par la Suisse est de ne pas devoir entrer en service. Il en découle naturellement  que, n’étant pas soumis à l’usure qui découle de l’emploi sur le champ de bataille, le matériel militaire acheté par la Suisse doit être testé, fiable et surtout  susceptible de durer.

Le teste ultime

Le teste ultime de tout matériel militaire est sa performance sur le champ de bataille. Ainsi il a fallut la guerre du Vietnam pour montrer que si le M 113 avait des qualités de mobilités excellentes et un coût compétitif c’était un piètre véhicule de combat d’infanterie, ou que le fusil d’assaut M 16 avait de sérieuses défaillances au niveau de sa conception et de ses munitions qu’il fallait remédier avant qu’il ne devienne performant.

Parce que  la Suisse ne  dispose  pas de l’environnement permettent ce genre d’expériences, il en résulte une autre problématique : ou bien on achète un matériel militaire de facture récente susceptible de durer mais qui comporte encore des imperfections, ou bien on achète un matériel parfaitement rodé mais qui est alors, par définition, en fin de vie. C’est dans cette problématique qu’il convient d’aborder la question du choix des F 35 par la Suisse.

Un système plus qu’un avion

Un avion de combat aujourd’hui possède essentiellement quatre composantes majeures. Sa structure, sa motorisation, son électronique et enfin le logiciel qui gère l’ensemble. Cet ensemble n’est pas statique mais exige de continuelles mises à jour. Dans cette optique, ce n’est pas tellement un avion que l’usager achète mais un système de combat qui représente un tout en constante mutation. Il en résulte que l’achat d’un appareil de combat crée entre le vendeur et l’usager une relation qui a une durée de vie égale à celle de l’appareil, c’est à dire environ 30 ans.

Dans cet ensemble, le logiciel est devenu le pivot autour duquel les autres éléments s’articulent. Deux exemples illustrent cette réalité.

Le logiciel

Lors de leur retrait de l’Allemagne de l’Est, des forces Soviétiques, laissèrent derrière elles tout les appareils de combat qu’elles avaient alloués a l’aviation de le DDR avec un bémol ; elles avaient déprogrammés les ordinateurs de bord.

Dans un autre registre c’est le contraire qui advint lors d’une récente panne de courant en Floride. Là, les propriétaires de Tesla s’aperçurent à leur grand étonnement, pour ne pas dire soulagement que l’autonomie de leurs voitures avaient soudain augmenté de quelque 30 %. Plus tard il s’avéra que Tesla, à distance, avait reprogrammé les ordinateurs de ses voitures pour en augmenter l’autonomie.

Il n’y a aucune raison de penser que la problématique des logiciels, de leur sécurité et de leurs mises à jour successives n’a pas été prise en compte dans le choix du F 35.

Politique, technologie ou les deux ?

Reste une autre problématique qui elle est moins bien définie. Dans un monde de plus en plus complexe où les technologies évoluent à un rythme jamais vu, l’achat de matériel militaire de haute technologie par un pays comme le Suisse doit-il rester un geste purement économique et technologique ou doit-il intégrer une composante politique ?  Certes d’une part  il n’est pas concevable que la Confédération envoye au casse-pipe ses soldats-citoyens sans les équiper avec ce qui se fait de meilleur. Mais d’autre part, à quasi-égalité de performance faut-il négliger d’essayer d’obtenir une contrepartie politique lors de la négociation d’un contrat militaire ?

La réponse est loin d’etre évidente. Mais la question vaut la peine d’être posée.

Au-delà de Ai Wei Wei

Avec environ 5.5 millions d’électeurs et  un Conseil National composé de 200 députés élus par le peuple,  la Suisse compte sur le plan national environ 1 député pour 27 000 habitants.

Si l’on appliquait un modèle basé sur  la  même proportionnalité à la seule  municipalité chinoise de Chongqing on arriverait a un parlement communal de 1100 députes.

Une Chine ingérable ?

Qu’une institution de cette taille poserait des problèmes de gestion quasi ingérables est une évidence. Une évidence que le parti communiste chinois confronte quotidiennement face au défi de gérer un pays de 1.4 milliards d’habitants avec comme seul outil un « socialisme avec des caractéristiques chinoises » qu’il s’est inventé pour garder son monopole du pouvoir.

Pas de dilemme pour Ai Wei Wei

Ce dilemme Ai Wei Wei n’en a cure. Dans son interview au journal Le Temps, où la pertinence des questions posées incitent celui qui est considéré en Occident comme un des plus grand dissidents chinois vivant à l’étranger à s’exprimer sans entraves il projette une image contrastée qui donne toute la mesure d’un personnage hors normes.

Une image contrastée

Il y a d’abord l’artiste pour ne pas dire le créateur : l’homme aura marqué son époque et sa place comme un géant de l’art contemporain est acquis. Il y a ensuite  la dimension de celui qui est aujourd’hui un personnage public.

A l’origine, c’est un privilégié. Né dans une famille proche du pouvoir communiste, il a subi le sort, partagé par tout un pays, de ceux qui furent les victimes d’un système qui les dépassaient. Il en ressort que les persécutions que lui et sa famille ont subies sont considérées comme ayant été la règle plutôt que l’exception et ne lui valent aucune sympathie particulière en Chine; et le fait que sa famille avait été parmi les premières réhabilitées  après la Révolution Culturelle ne fit que confirmer cet état de choses.

Un non au système

Il y a ensuite l’indiscipliné : Fort de ses acquis en tant qu’artiste Ai Wei Wei lève la voix. Dans une société qui exige que tout soit à sa place il sort du cadre. L’art déborde de ses digues et empiète sur le politique. Ai Wei Wei questionne, provoque, critique.

Opérant dans un régime qui est incapable de gérer le phénomène qu’il représente, il est tour  tour surveillé, emprisonné, harcelé, ignoré et toléré. Finalement on le laisse partir, lui et une partie de son œuvre dans des containers pesant des tonnes.

Libre

Hors de Chine il est libre non seulement de créer mais aussi de parler. Il peut ainsi affirmer haut et fort que les Chinois sont plus libres que les occidentaux dans la mesure ou il n’ont pas de religion sans que personne ne vienne lui rappeler que, faute d’un être suprême, la superstition règne en maître en Chine. Et il peut s’en prendre sans réserve au comité Olympique et même à la neutralité suisse sans  proposer d’alternative.

Provocateur plus que dissident.

Pour le régime qui l’a laissé partir, il est une énigme ou du moins un incompris. Son art intrigue sans séduire et  ses appels à une « liberté »  indéfinie en font un provocateur bien plus qu’un dissident.

Loin des défis que le régime chinois doit affronter, Ai Wei Wei reste un marginal de la réalité chinoise. Un marginal pour lequel la Chine n’as pas de place. A l’inversa de l’Occident.

Le sauvetage en mer; un dilemme sans réponse ?

Faut-il sauver des migrants dont l’embarcation a chaviré au large des côtes Libyennes ? La question ne se pose même pas. Sauver des vies n’est pas une option. C’est un devoir. Mais l’exercice de ce devoir n’exclut pas que l’on réféchisse sur les avenants et les aboutissants d’un geste qui reste un impératif moral.

Sous le régime de Ghaddafi environs deux millions d’africains en provenance de l’Afrique sub-saharienne venaient chaque année travailler quelques mois en Libye avant de rentrer chez eux. Ce mouvement permettait à environs 20 millions d’africains de subsister. En parallel un accord tacite avec Rome permettait à la marine italienne d’intercepter en mer  ceux qui cherchaient à émigrer illégalement vers l’Italie et de les débarquer discrètement en Libye. Certes tous ceux qui tentaient la traversée n’étaient pas interceptés et certains arrivaient à atteindre les côtes Italiennes mais le nombre était contenu et ne portait pas à conséquence.

La chute de Ghaddafi orchestrée en grande partie par l’administration Obama mit fin à ce régime. La Libye sombra dans l’anarchie. L’option d’un travail saisonnier tomba à zero. 20 millions d’africains se retrouvèrent sans revenus et en parallel, le pays devint une véritable passoire qui permit à des organisations mafieuses de gérer un trafic de migrants illégaux en provenance d’Afrique et du Moyen Orient à destination de l’Europe.

Les passeurs se servant souvent de bateaux  en piteux état, les naufrages devinrent courants. Les médias s’en firent l’écho et la réaction ne se fit pas attendre.

Le devoir des états

Normalement le sauvetage en mer relève de la responsabilité des gouvernements pour ne pas dire, dans ce cas précis, des instances européennes. Mais celles-ci sont déficientes. Le nombre de noyades augmente. L’opinion s’émeut.

Le secours en mer devient un nouveau créneau pour des ONGs de tout acabit pour qui c’était une opération sans danger qui n’exigeait que des fonds pour affréter des navires sauveteurs. Et pour ceux qui y étaient engagés, c’était sur le plan personnel, valorisant. Enfin une fois les naufragés débarqués en Italie, les sauveteurs pouvaient s’en laver les mains. Ainsi sans faire à quiconque un procès d’intention, sauver  des naufragés se révéla comme étant l’entracte facile d’un scénario aussi tragique que complexe.

Le sauvetage en mer s’inscrit dans une problématique qui a un amont et un aval. En amont il y a l’Italie, pays si ce n’est de destination finale du moins de débarquement. Or l’Italie est prise entre le reste de l’Europe à laquelle Rome n’arrive pas à imposer qu’elle la décharge d’une partie de ses migrants, et la situation en Libye qui rend un rapatriement aléatoire. Le résultat final, c’est une situation confuse et indéfinie. D’une part les autorités s’ingénient, mais pas trop, à rendre la vie dificile aux sauveteurs et de l’autre elles ferment les yeux sur les nouveaux arrivés qui se fondent dans le bourbier administratif  dans lequel  se complait la burocracie de la péninsule. Ce qui ne veut pas dire que à Rome on n’est pas conscient de ce que le problème implique. En effet, si l’on prend les chiffres des arrivées des dernières années et on les projette sur les prochains 25 ans on arrive à un influx de 4.2 millions de personnes. Mais au pays de Machiavel, le reflex naturel est de temporiser et lever la voix. Agir relève d’une autre DNA.

Des chiffres sans appels

En aval les chiffres sont sans appel. L’Afrique sub-saharienne d’ou proviennent la plupart des migrants compte actuellement 1 milliard d’habitants. Dans 25 ans elle en comptera 2 milliards. Quant à l’Afrique du Nord qui compte  actuellement 210 million d’habitants, elle en comptera 350 millions. C’est dire que la pression migratoire ne peut qu’augmenter et que le marché pour les passeurs restera porteur.

C’est donc entre ces deux pôles, l’amont et l’aval que se pose la problématique du sauvetage en mer. Il est claire que chaque migrant, qu’il soit sauvé ou non de la noyade, qui atteint les côtes italiennes représente une invitation à un autre migrant à emprunter le même cheminement.  Ce qui revient à dire que chaque naufragé sauvé contribue à entretenir un appel d’air dont l’aboutissement peut être funeste pour d’autres. Le résultat final est un dilemme diabolique ; on ne peut pas ne pas sauver des vies mais ce faisant on est susceptible d’encourager d’autres à prendre un risque qui mettra leur vie en péril. Un dilemme rendu encore plus pervers par le simple fait que personne ne peut affirmer avec certitude que les noyades ont  un effet dissuasif sur d’autres migrants qui seraient  tentés de prendre les mêmes risques.

Il est évident qu’il n’y à pas une solution passe partout à  la problématique  telle qu’elle se pose aujourd’hui. Mais il y a un ensemble de solutions susceptibles de rendre le problème moins ingérable.

Il est certains que l’Europe a besoin de migrants avec deux bémols ; pas n’importe lesquels et pas illégaux. En d’autre termes c’est aux Etats de choisir les migrants dont ils ont besoin et non pas aux migrants d’imposer leur présence à des sociétés qui ne les  veulent pas.

En se basant sur ce principe il n’y a pas d’alternative à une politique de dissuasion absolue et inconditionnelle  de toute immigration illégale. Du point de vue pratique cela veut dire que tout migrant en provenance de Libye qu’il soit sauvé en mer  ou ayant réussi à débarquer sur les côtes italiennes se verrait automatiquement  renvoyé dans les plus brefs délais vers un centre de transit situé sur le territoire africain. Et c’est dans un tel centre que les Etats qui le désirent pourront trier les migrants, en accepter certains et renvoyer les autres chez eux avec un document de voyage temporaire et un pécule pour couvrir leurs frais.

Si la création d’un tel centre de transit, qu’il soit en Tunisie, en Egypte pour ne pas dire au Niger ou au Tchad a été parfois abordée tangentiellement, il n’a jamais fait l’objet d’une proposition concrète avec un budget de la part de l’Europe. Or dans un environnement ou tout a un prix, la carence ne se situe pas au niveau des moyens mais au niveau de la volonté politique d’agir.

C’est dire que selon toute vraisemblance les Italiens  continueront de bramer, l’Europe de les ignorer, les moins chanceux des migrants de se noyer, les ONGs d’oeuvrer et les passeurs de prospérer.

 

 

Quand les empires s’effondrent

 

Gérer la chute d’un empire n’est pas une oeuvre  dans la-quelle les états excellent.

Le XX siècle a vu l’effondrement de trois empires. L’empire des Habsbourg dont la chute a créé  les conditions qui ont aboutirent à la seconde guerre mondiale. L’empire Ottoman qui a laissé derrière lui un Moyen Orient dont les antinomies perdurent jusqu’à nos jours ; et enfin l’empire Soviétique dont  le monde, et en particulier l’Europe, sont loin d’avoir surmonté les séquelles qui ont résulté de son effondrement.

L’Union Soviétique, créé en 1922, n’était une union qu’en apparence. En réalité, c’était  l’empire Russe avec sa capitale à Moscou et le pouvoir aux mains du parti Communiste de l’Union Soviétique.

Une double implosion

La chute du troisième Reich permit à la Russie d’étendre son emprise sur les pays d’Europe de l’Est qui devinrent ainsi des composantes de son empire colonial avec un bémol. En effet, l’état Russe était aussi le vecteur d’une idéologie Marxiste qui se voulait universelle et dont les  adeptes de par le monde  étaient au service de la maison mère sise à Moscou.

Le résultat a été que l’effondrement de l’Union Soviétique a été une double implosion. La chute de l’empire Russe d’une part et, de l’autre, l’effondrement de l’idéologie dont il se réclamait.

L’état Russe qui émergea des ruines de l’Union Soviétique était une nation littéralement au tapis. L’économie s’était effondrée et l’administration jamais particulièrement efficace avait pratiquement cessé de fonctionner. Enfin sur le plan démographique, si l’URSS comptait quelques 290 millions d’habitants la Russie qui lui succéda n’en comptait plus que 146 millions, équivalent à un million de moins que la France, l’Allemagne et le Royaume Unis réunis.

Face à l’effondrement de l’Union Soviétique et l’absence d’une politique européenne il ne restait désormais qu’une seule superpuissance, à savoir les Etats Unis qui tenaient le haut du pavé.

Une seule superpuissance

Confronté à une équation internationale que personne n’avait prévu, Washington avait deux options. La première consistait à présumer que sur une période de 50 ans l’état Russe avait une chance de se restaurer en tant que moyenne puissance dont il fallait tenir compte des intérêts sécuritaires et géopolitiques. Le résultat aurait été la création d’un cordon d’états tampons entre les pays de l’OTAN et la Russie, comprenant les états Baltes, la Biélorussie et l’Ukraine dont la neutralité sur le modèle Suisse ou Finlandais auraient étés garantis par un traité international. Rien n’indique que cette option n’ait même été considérée à Washington.

Dans un pays ou le long terme c’est six mois, l’occasion était trop bonne pour être manquée. A savoir de profiter de l’état de prostration de la Russie pour lui porter un coup d’estoc dont elle ne se relèverait pas et qui la réduirait à  jouer un rôle insignifiant sur l’échiquier mondial.

Il en découla  que plutôt que d’envisager une formule que l’on peut qualifier de 2 +2 , deux superpuissances à savoir la Chine et les USA et deux puissances régionales à savoir l’Europe et la Russie, l’option choisie fut de favoriser une hégémonie américaine incontestée et exercée sans partage.

Le résultat fut une extension de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, une présence américaine renforcée en Ukraine et en Géorgie et, en parallèle, l’inclusion des états Baltes et de la Pologne dans l’Union Européenne.

Des ressentiments historiques

Si les ressentiments entre peuples ne sont pas éternels, ils ont la vie dure. Ainsi, pour des raisons historiques, tout ce qui relève de la Russie est perçu avec une réserve viscérale par les populations baltes, polonaises ou ukrainiennes. Il en résulte que  une  Europe occidentale qui forme le cœur de la Communauté Européenne et qui a digéré ses fantômes du passé est désormais tenue en otage par une autre Europe, située plus à l’Est dont l’expérience démocratique et  non-conflictuelle est encore en cours. Or si cet antagonisme sert les intérêts de Washington, les démocraties européennes traditionnelles ont d’autres exigences, et l’exemple the North Stream 2 est éloquent.

Le gaz Russe

En 2020 la Russie exporta 175 milliards  de m2 de gaz vers l’Europe ce qui correspond à environs 35 % de ses besoins, le transport se faisant essentiellement  via un pipeline traversant l’Ukraine. L’Allemagne, pour sécuriser son approvisionnement, vient de terminer un deuxième pipeline, North Stream 2 qui transite par la Baltique. La construction, qui prit des années, se fit malgré une violente opposition de Washington qui, par Ukraine interposée, voulait garder une main sur le robinet du gaz qui alimentait l’Europe. Venant après l’extension de l’OTAN à l’Europe de l’Est, la manœuvre ne passa pas inaperçue à Moscou.

La Mer Noire

Vu de la  perspective d’une Russie qui raisonnait sur le long terme, la multiplication des avancées américaines en Europe ne pouvait qu’aboutir  à l’accession de l’Ukraine à l’OTAN et à la perte par Moscou de sa base navale en Crimée où elle disposait d’un bail a durée limité accordé par l’Ukraine.  Le résultat aurait fait de la Mer Noire un lac américain.

Or sans la Crimée et la flotte de la Mer Noire, l’état Russe était exposé sur son flanc sud et  perdait son accès à la Méditerranée. En fait, Poutine n’avait pas de choix et l’annexion  de la Crimée par la Russie, qu’elle soit conforme ou non au droit international, était inévitable.

Sur le plan local l’annexion ne souleva pas de problème. La population de la Crimée qui, jusqu’en 1954 faisait partie de la Russie était essentiellement Russe et avait peu d’empathie pour l’était ukrainien. Sur le plan international en revanche la réaction fut cataclysmique.

Pas de marche arrière

L’annexion de la Crimée, qualifiée  « d’illégale », en vint à polariser l’ensemble de la relation entre Union Européenne, l’OTAN  et les Etats Unis d’une part et la Russie de l’autre. En fait c’était un piège que les occidentaux se sont crées. En effet si la Crimée était accessoire pour les occidentaux elle représentait pour la Russie  une exigence sécuritaire qui n’était pas négotiable. S’étant faits les otages d’une situation qui ne pouvait pas prévoir de marche arrière, les démocraties fondatrices de l’Union Européenne se retrouvent à la traine de Washington et de ses alliés en Europe de l’Est pour qui une confrontation permanente avec la Russie  correspond à un besoin psychologique qui va au-delà de toute considération géo-politique.

Faisant abstraction des prises de position publiques, tous les gouvernements concernés savent que l’annexion de la Crimée par la Russie est un acquis et qu’il n’y aura pas de marche arrière. Le défi est donc, pour les membres occidentaux de la Communauté Européenne, de trouver une formule qui leur permetterait de s’extriquer d’un imbroglio dont ni Washington ni ses inféodés d’Europe de l’Est ne sont portés à trouver une sortie qui relève de la réalité.

 

 

 

 

Dix mille Afghans pour la Suisse ?

 

 

La récente proposition d’une conseillère nationale selon laquelle la Suisse devrait donner l’asile à 10 000 réfugiés afghans est susceptible de soulever deux questions ; pourquoi 10 000 et pas 9500 ou 10 500 d’une part et pourquoi des Afghans et pas des Rohingas, des Syriens ou des Yazid de l’autre.

Mais faisant abstraction de cette interrogation et sans vouloir qualifier la proposition il peut etre utile d’en définir les contours.

Vingt ans d’occupation étrangère ont contribué à créer en Afghanistan deux sociétés. Abstraction faite des Afghans qui ont collaborée avec les Américains il s’est créé, dans les villes et en particulier Kaboul une sorte de classe moyenne dont le mode de vie est en partielle contradiction avec celui que les Talibans semblent vouloir imposer.

Que quelques 75 000 Talibans sans aviation et sans armes lourdes ont put mettre en déroute, en 38 jours une armée de quelques 300 000 hommes formés et  armés par les Américains ne change rien au fait que si les campagnes vivent au moyen Age d’un Islam intégristes les villes présentent un image plus contrastée.

Dans ces conditions il est normal que les Américains, tout comme les Britanniques, les Allemands ou les Polonais exfiltrent les Afghans et leurs familles qui se sont mis à leur service et qui sont donc susceptibles de subir des représailles de la part des Talibans. Restent les autres à savoir ceux qui, sans s’être mis au service de l’occupant ont développé un style de vie quotidien qui les mettraient en porte-à-faux avec les intégristes du nouveau régime. Pour des derniers l’avenir s’annonce difficile et, à l’instar de la Syrie ou de l’Iraq, un lent mais persistant mouvement migratoire vers l’Europe n’est pas à exclure.

Dans cette perspective il est normal que la Suisse accorde l’asile aux quelques centaines d’Afghans et leur famille qui on travaillé pour la Confédération et qui de ce fait se trouvent exposés à de potentielles représailles de la part du nouveau régime.

Ce que le long terme réserve est en revanche  encore incertain et dépend de l’orientation que prendra le nouveau régime. Pour le moment, et dans l’actuelle phase d’urgence, les Américains cherchent à évacuer un nombre maximum d’Afghans vers des pays tiers ou leurs dossiers pourront être traités pour une éventuelle réinstallation aux Etats Unis. Dire que, pour Washington, la démarche est difficile est un sous-entendu. Peu sont en effet les pays de la région qui acceptent de prendre des Afghans en transit sans avoir la garantie qu’ils ne resteront pas en suite en permanence dans les pays de premier accueil.

Reste l’avenir avec, potentiellement un long mais constant mouvement migratoire de l’Afghanistan vers l’Europe avec, pour la Suisse, une interrogation ; que faire et comment le faire.

Donner l’asile a 10 000 Afghans, c’est accepter quelques 1600 familles avec une première interrogation : tous d’un coup ou réparties sur plusieurs années, et dans ce cas, combien ?  1600 familles, c’est 1600 logements ce qui pose non seulement la question des loyers mais aussi de la répartition par cantons.

En plus des problèmes de formation et d’emploi, les intéressés ne parlant aucune des nos langues nationale, il faudra prévoir des interprètes. Or il faudra non seulement les trouver mais aussi les payer et, considérant salaires et charges sociales on arrive facilement à des dizaines de millions de francs. En plus il faudra des permanences. En effet un réfugié Afghan qui fait une crise cardiaque au milieu de la nuit aura peu de chances de trouver un opérateur téléphonique aux HUG ou au CHUV qui parle le Pashtoun.

En comptant les charges annexes c’est donc un budget de plusieurs centaines de millions de francs qu’il faudra envisager.

Le résultat final est que, si le principe de l’asile fait partie de nos valeurs et n’est pas mis en question, sa gestion, sur le plan pratique exige plus que des propositions à l’emporte pièces. Comme quoi la démagogie et  le besoin de paraître s’accommodent mal des exigences pratique d’une politique humanitaire dont le créneau se trouve entre le souhaitable et le possible.

 

China Etats Unis; le choc des empires

Un des paradoxes de l’histoire est que l’expansion économique de la Chine et la concurrence que cela représente pour les États Unis sur le plan mondial est en grande partie un sous-produit de l’effondrement de l’Union Soviétique. La chute soudaine du grand frère soviétique fut perçue comme une véritable catastrophe par le communiste chinois qui en vint à se demander s’il ne serait pas le prochain à subir le même sort.

Eviter la catastrophe

Cette interrogation amena le Parti communiste chinois à trois conclusions. Premièrement, le modèle économique Soviétique était défaillant. Deuxièmement, il était impératif que le Parti préserve, pour ne pas dire renforce, son contrôle sur l’appareil de l’Etat. Troisièmement enfin, la force seule n’était pas suffisante pour assurer que le Parti se maintienne au pouvoir. Pour cela il fallait qu’il obtienne  l’adhésion d’une large tranche de la population.

Cette dernière exigence était essentielle si le Parti voulait pérenniser son pouvoir et elle passait inévitablement par une politique économique qui amènerait à l’enrichissement de la population. Le Parti se devait donc de sortir la Chine de la pauvreté dans laquelle elle croupissait depuis plus d’un siècle. Or pour ce faire, la Chine à elle seule et malgré la taille de sa population n’en avait pas des moyens. Pour se développer la Chine devait impérativement non seulement réformer son économie mais aussi  s’ouvrir au monde extérieur. Ouverture et développent économiques n’étaient cependant pas des buts en soi. Le but était de permettre au Parti de se maintenir au pouvoir et de ne pas subir le sort de son homologue Soviétique.

Un succès incontestable

Que cette approche fut couronnée de succès est le moindre que l’on puisse dire. En 30 ans 850 millions de Chinois furent sortis de la pauvreté dont le taux passa de 88 % en 1981 à 0.7 % en 2015 avec en parallèle une espérance de vie moyenne qui passa de 66 ans en 1980 à 77 ans en 2018. Et cette même année quelques 140 millions de touristes chinois dépensèrent 277 milliards de dollars à l’étranger. En fait, sur le plan interne, le Parti avait gagné son pari.

En revanche c’est sur le plan extérieur que le système se grippa.

Le succès économique chinois était dut essentiellement au fait que ses reformes sur le plan intérieur  lui permirent de devenir un acteur de poids dans l’arène économique internationale. Il en résultat une relation asymétrique ; une Chine ayant  accès à  une économie internationale ouverte tout en refusant d’en observer les règles.

Manque de vision

Ce déséquilibre fut toléré par Washington par un manque de vision à long terme mais aussi parce qu’une partie importante de la classe politique américaine encore aujourd’hui ne s’ést jamais faite à l’idée que la Chine puisse un jour devenir « communiste » et donc sortir du giron américain. Vu de Washington,  œuvrer au développement de la Chine et à son intégration dans le système international n’était qu’un moyen pour saper le pouvoir du Parti et provoquer un changement de régime. Or c’est le contraire qui advint.

Un empire millénaire

Le problème pour les américains fut qu’ils n’avaient pas à faire  juste à un autre pays du tiers monde pieusement qualifié de « en développement » mais à un empire de 1 milliard 400 millions d’habitants héritier d’une civilisation vielle de 2000 ans avec tout ce que cela comporte de ressources intellectuelles, de valeurs propres, de créativité mais aussi d’arrogance.

Contrairement à ce qui s’était passé avec l’Union Soviétique, le fait que les deux économies soient partiellement imbriquées ne fait qu’ajouter à l’imbroglio actuel. D’une part une superpuissance en devenir qui cherche á s’affirmer par tous les moyens à sa disposition et ne prétend jouer que par ses propres règles et de l’autre une superpuissance existante déchirée par ses contradictions internes et qui peine à maintenir une hégémonie mondiale que sa puissance militaire seule n’arrive pas à préserver.

Coexistance difficile

Dire que la coexistence entre les deux sera difficile est pour le moins un sous-entendu. Car rien dans leur DNA ne les prédisposent à traiter d’égal à égal avec un concurrent pour ne pas dire un antagoniste.

A l’exception d’un hiatus d’un siècle dans une histoire millénaire la civilisation Chinoise a essentiellement vécu focalisée sur elle-même, entourée de « barbares » qu’il valait au mieux ignorer. La venue au pouvoir des Communistes en 1949 a vu la réhabilitation de l’état chinois selon un schéma importé sous l’étiquette Marxiste. En fait la formule ne perdura pas. En moins de 50 ans la Chine digéra le Marxisme pour le réinventer sous l’étiquette de « Socialisme avec des caractéristiques Chinoises » pour en faire un produit interne à usage unique. En fait c’était une réincarnation de la Chine impériale version 21 ème siècle en une formule qui combinait des éléments du Confucianisme avec un pouvoir fort et dirigiste, une économie de marché contrôlée, le tout aux mains d’une nouvelle classe de Mandarins dont l’emprise sur le pouvoir se voulait absolue.

Si tout prédisposait l’empire Chinois version 21 ème siècle à chercher à tirer profit de ses relations avec les « barbares » sans pour autant devoir composer avec eux et avec leurs règles, l’environnement international se prêtait difficilement à une telle approche. En effet l’interlocuteur principal de la Chine, à savoir les États Unis, lui aussi n’était guère prédisposé à composer.

L’empire américain

Prise dans sa globalité les États Unis n’ont jamais été confrontée à devoir gérer d’égale à égal une relation complexe avec un interlocuteur étranger.

Entre une guerre ouverte avec l’Allemagne ou le Japon ou ils se sont imposés grâce à leur puissance industrielle, une guerre froide avec le bloc Soviétique ou un système d’alliances avec des états qui lui étaient redevables les États Unis n’ont jamais été amenés à traiter avec un interlocuteur à la fois utile et concurrent qui prétend jouer selon ses propres règles dans la même cour de récréation.

Il en résulte que plutôt que de pouvoir dicter ses règles et ses conditions, Washington se trouve, pour la première fois dans son histoire face à un état qui politiquement n’est ni son obligé ni son soumis et dont la puissance économico-militaire se rapproche lentement de la sienne.

Ainsi la question qui se pose n’est pas de savoir s’il y aura un choc entre les deux protagonistes mais plutôt, sur les prochain 50 ans, comment sera-t-il géré et quelle sera la forme d’un hypothétique équilibre qui en découlera.

L’alternative, c’est un affrontement permanent entre deux rivaux dont chacun estime qu’il n’est redevable qu’à lui-même.

 

 

 

 

 

 

 

Ongs: charité bien ordonnée commence par soi-même ?

 

 

Salaire annuel de Kenneth Ross, Directeur de l’ONG Human Rights Watch : 610 000 Dollars.

 

Indemnité de départ de Irène Khan, Secrétaire Générale de Amnesty International lorsqu’elle fut remerciée en 2008  par le Conseil de l’organisation après 9 ans de services et à une année de la fin de son mandat : 850 000 francs.

 

Salaire annuel du Directeur de l’ASPCA, la société américaine pour la prévention de la cruauté envers les animaux : 852 000 dollars.

 

Salaire annuel du Directeur de la YMCA américaine : 786 000 dollars.

 

Salaire annuel du Directeur de la Audubon Society consacrée à la protection des oiseaux : 695 000 dollars.

 

DES RENUMERATIONS A DONNER LE VERTIGE

 

Si ces niveaux de rémunération peuvent à première vue donner le vertige elles ne sont que le reflet d’une évolution sociétale. Face à une carence de l’état dans le domaine social, des individus de bonne volonté s’unirent pour entreprendre des actions caritatives en faveur des plus démunis. A l’origine ces associations étaient essentiellement l’apanage des pays Anglo-Saxons aux gouvernements peu interventionnistes. Ainsi, aux 18ème et 19ème siècles, les ONG jouèrent un rôle important dans la lutte contre l’esclavage et le développement de l’action syndicale.

En 1945, dans le cadre de la création de l’ONU le besoin fut ressenti de créer un cadre légal qui identifierait ce qui allait être défini comme des Organisations Non Gouvernementales à buts non lucratifs dédiées essentiellement à une action sociale. Cette approche permettait de différentier les ONG soit des organes de l’ONU, soit d’organisation émanent directement de gouvernements.

 

UNE PRESENCE INCOUNTOURNABLE

 

Cinquante ans plus tard, les ONG sont devenus une composant incontournable  du monde contemporain. On estime aujourd’hui que le nombre d’ONG de par le monde, toutes causes confondues, se chiffre à environs 10 millions. Aux Indes on en recense quelques  3.3 millions. Au Royaume Unie où elles sont qualifiées de « charités » elles emploient quelques 750 000 collaborateurs à plein temps et 2.2 millions de volontaires. En Europe on estime leur nombre à 4000. Mais  ce sont les Etats-Unis où on en dénombre 1.5 millions qui donnent le ton avec un débours annuel  de quelques 30 milliards de dollars.

 

QUATRE SUBSTRATS

 

Dans la galaxie des ONG américaines on peut distinguer quatre substrats. Il y a d’abord ce que l’on peut  qualifier de NGO paravent. La plus connue, c’est le National Endowment for Democracy ou Fonds National pour la Démocratie. Crée en  1983 par le Congrès américain sous la forme d’une ONG, sa tache était de prendre le relais de la CIA dans le financement  de par le monde de mouvements d’opinion favorables aux intérêts de Washington. Avec un budjet annuel de 185 millions de dollars alloué par le Congrès américain et une multitude de donations dont la moyenne se chiffre a environs 50 000 dollars, le NED finance des groupes ou organisations qui visent à promouvoir la « démocratie » de par le monde, que ce soit parmi les Ouighours, au Tibet, à Hong Kong etc. avec une focalisation marquée sur l’Ukraine. En revanche, aucun groupe  en Israël ou dans les états du Golf ne bénéficie de ses subventions.

Il y a en suite la grande masse des ONG à vocations multiple que vont de la protection des singes à la recherche sur le cancer, l’aide eux enfants, la promotion des monuments nationaux, les associations de vétérans, la diffusion de la Bible, le sauvetage des chats perdus, la recherche sur le diabète, et cela à n’en plus finir.

 

LES ONG A VOCATION HUMANITAIRE

 

Il y a enfin les ONG à vocation humanitaire qui opèrent sur le terrain et apportent un aide tangible

La multiplication des crises humanitaires, leurs ampleurs et la prise de conscience parmi les pays développés de leurs responsabilités ont fait table rase des amateurs de la charité. Le résultat, c’est que les grandes ONG à vocation humanitaire sont devenues l’équivalent de multinationales.

 

DES PROFESSIONNELS INDISPENSABLES

 

Et lorsque les budgets atteignent le milliard de dollars il n’y a pas d’alternative aux professionnels du management avec des rénumérations en conséquence. Ainsi si le directeur de la Croix Rouge américaine toucha un salaire annuel de 709 000 dollars il gère un budget de 3.665 milliards de dollars et supervise 19 345 collaborateurs…ce qui ne revient pas a dire que la relation sujet/rémunération est toujours constante….exemple  le « American Joint Distribution Committee » qui compte 991 collaborateurs et un budget de 284 millions de dollars est supervisé par un conseil d’administration de…172 membres et accorde à son directeur une rémunération de 920 000 dollars par an.  Quant au « Secours Catholique » pour prendre un autre exemple,  qui compte 1116 collaborateurs, la rémunération de son directeur est de 306 000 dollars alors que son budget se chiffre à 991 millions de dollars dont 400 millions sont alloués par le gouvernement américain.

Si la liste est longue, le propre de ces ONG est qu’elle travaillent avec du concret et l’aide qu’elles apportent, que ce soit avec des fonds alloués par des gouvernement ou par des donateurs privés est réelle. Ce qui n’est pas le cas des ONG qui s’affichent comme ayant pour mission la « promotion » des droits de l’homme.

 

PROMOUVOIR LES DROITS DE L’HOMME

 

Promouvoir les droits de l’homme consiste essentielle dans la tache d’en identifier les violations d’une part  et de les dénoncer  publiquement de l’autre. Ce geste présuppose que l’acte de dénonciation ait une large répercussion. En d’autres termes sans la caisse de résonnance que représentent les médias la dénonciation d’une violation n’as pratiquement aucune portée. Mais même si cette condition est remplie ,elle ne garantit en rien que celui qui aurait commis une telle  violation cesse de persévérer  dans la voie qu’il a choisit.

En réalité plus la violation est sérieuse et plus elle est le fait d’une politique étatique, moins son les chance de voir celui qui la commet  céder face a une pression médiatique.

 

QUELLE EFFICACITE ?

 

En fait l’efficacité des « promoteurs » est inversement proportionnelle à la gravité des cas dénoncés. Partant du principe qu’aucun système n’est parfait aucune démocratie n’est à l’abri d’un dérapage. Or lorsque celui-ci est mis en évidence – par exemple un demandeur d’asile en Suisse ou en France qui se voit injustement refusé le statut de réfugie – il est évident que une réaction des médias, pour ne pas dire de la classe politique a de fortes chances d’aboutir à un résultat positif. En revanche toute les dénonciations au monde ne feront pas changer d’un iota les politiques de pays comme l’Iran ou la Corée du Nord. Il y a enfin les zones grises. L’ancienne Allemagne de l’Est a du construire un mur pour éviter de se dépeupler alors que la Chine – les deux pays étant gouvernés par des partis qui ne tolèrent pas de dissidence politique –  laisse ses citoyens voyager librement  à l’étranger. La zone grise inclut aussi une dimension culturelle ; là ou certains occidentaux voient une ingérence dans la vie privée comme par exemple la multiplication des cameras à reconnaissance faciale ou l’obligation de porter une carte d’identité, d’autres comme le chinois moyen y voit une instrument qui lui assure une meilleure sécurité.

 

PAS DE CONTROLE DE QUALITE

 

Reste une autre question ; Les « promoteurs » peuvent-ils se tromper ? A l’heure actuelle, les médias n’ont ni les temps ni les moyens de vérifier l’exactitude des communiqués diffusés par des organisations tels que Amnesty International (AI) ou Human Rights Watch (HRW) et qu’ils reproduisent.

Or pour les « promoteurs », opérant dans un climat de concurrence ou les donateurs sont toujours les mêmes et où le besoin de s’afficher comme actif est impératif, la tentation est forte de faire feux de tout bois pour occuper l’espace médiatique. Cette tentation est exacerbée par le fait qu’il n’existe aucun organe de contrôle impartial et indépendant pour vérifier la qualité du travail de ces ONG et c’est plus par hasard qu’on découvre des défaillances.

Ainsi vers la fin de  la crise des Boat People vietnamiens, 96 000 d’entre eux qui ne n’étaient pas qualifiés pour recevoir le statut de réfugié étaient en cours de rapatriement sous un programme d’amnestie avec une assistance du HCR. Ce fut l’occasion pour HRW de dénoncer le programme de rapatriement et d’exiger qu’il soit suspendu. Le HCR passa outre et le rapatriement se poursuivit comme prévu mettant ainsi fin à une des plus grandes crises humanitaire de la guerre froide. Pour ne pas être en reste quand un groupe de vietnamiens qui ne voulaient pas être rapatriés brulèrent leur baraquement AI dénonça le HCR pour avoir mal logé les vietnamiens, sans dire évidemment que c’étaient eux qui avaient mis le feu à leurs logements

 

UN  CONTROLE RELATIF

 

Il appartient au Conseils d’administration des ONG de fixer les rémunérations de leurs collaborateurs et si les comptes doivent subir un audit, aussi longtemps qui les donateurs sont satisfaits le système procède normalement. Ainsi, et quel que soit le rapport rénumération/performance au sein de l’organisation, le dernier mot revient aux donateurs. C’est là que le système se grippa lorsque AI alloua à sa Secrétaire Générale congédiée une allocation de départ de 850 000 francs. La somme était censée être confidentielle jusqu’au jour où le Daily Mail la révéla provoquant une levée de boucliers en Angleterre parmi des milliers de petits donateurs de l’organisation, scandalisés pat l’usage que l’on faisait de leur contribution.

 

UNE REALITE

 

Cette parenthèse mise à part les ONG font désormais partie des notre monde. Avec des budgets allant de quelques centaines de milliers de francs à plusieurs milliards, des salaires allant du volontariat à ceux de multinationales, indépendantes ou financées  partiellement ou totalement par des gouvernements, épousant des causes aussi diverses que la création d’asiles pour les primates, la protection des consommateurs, la défenses des droits de l’homme, le développement économique, la restauration de monuments historique sou la promotion de telle ou telle religion, elles couvrent pratiquement tout le spectre des activités humaines avec tout ce que cela peut comporter de positif…ou de dérapages.

 

 

 

 

Genève Shenzhen: on peut rèver

 

 

Le défi que la Chine représente pour l’Occident n’est pas seulement économique. A long terme un des enjeux est la capacité d’une société de mette sa technique au service de l’humain et plus spécifiquement de la mobilité. En effet le transport physique des choses et des gens est un des piliers de notre société et conditionne de façon substantielle l’usage que l’humanité fait du sol de notre planète. Or cet usage est de plus en plus à caractère urbaine.

Toujours plus de villes

On estime qu’en 2050 deux tiers de la population mondiale, c’est à dire quelque 6 milliard d’habitants vivra dans de villes. Si cette tendance des humains à se grouper dans des centres urbains est un phénomène mondial, la Chine en est en première ligne.

En 1980 18 % de la population chinoise habitait dans des villes. En 2020 ce taux est monté a 58 %. En 2025 le pays prévoit d’avoir 23 villes de plus de 5 millions d’habitants dont 8 de plus de 10 millions. Pour assurer leur existence ces villes ont besoin de ressources, quelles soient humaines ou matérielles. Or ces ressources doivent par définition être transportées là ou leur besoin se fait sentir. Vu la dimension des villes, gérer la mobilité qui prévaut à leur existence est équivalent à la gestion d’une partie de la planète ; une science où la Chine est en train de montrer la voie.

Les villes du futur

Pour gérer les villes du futur le gouvernement chinois créa en 1999 le Centre National pour le Transport Intelligent. (CNTI)

La motivation principale pour le création de ce centre découle du fait que les autorités chinoises étaient arrivées à la conclusion que pour garantir aux habitants un minimum de qualité de vie, les villes, que ce soit celles du passé comme celles   du futur, ne pouvaient tout simplement pas être gérées avec des protocoles traditionnels. Mais dans cette perspective on ne pouvait pas dissocier la ville d’aujourd’hui de la ville de demain car cette dernière ne sera que la continuation et l’expansion de la ville d’aujourd’hui. Il fallait donc prendre la ville d’aujourd’hui comme point de départ et  reconcevoir la façon dont elle s’articulait sur elle-même au niveau de la mobilité en intégrant dans un même libellé l’individu, c’est à dire l’usager des moyens de transport, le moyen de transport, c’est à dire le véhicule, et enfin l’espace, c’est à dire les rues disponibles. Or cette intégration exige que l’on recueille  simultanément un tel nombre de données  que les technologies traditionnelles ne sont plus en mesure de les traiter.

La ville intélligente

Pour promouvoir ce qui fut qualifié de « ville intelligente » ou « City Brain », le CNTI créa trois projets pilotes  dont le plus grand, Shenzhen, fut attribué à Huawei.

Il y a 40 ans Shenzhen était un village de pêcheurs à la frontière de Hong Kong. Aujourd’hui c’est une métropole de 21 millions d’habitants qui, avec 530 voitures par kilomètre de route, détient le record de la  plus grande densité de voitures  pour une ville chinoise.

Transformer Shenzhen en « ville Intelligente » exigeait d’abord que, conceptuellement, on intègre transport routier, transport aérien et transport par chemin de fer. Ainsi, les accès aux aérogares et aux gares de chemin de fer devaient être intégrés au transport par route.

Huawei à la rescousse

Ce principe étant acquis, Huawei fut mandaté pour créer un système intelligent de gestion du trafic intégrant le Cloud Computing, l’Intelligence Artificielle, et le Big Data,  le tout opérant en temps réel.

Ce système, comprenait trois composantes : l’entrée des données, leur traitement et enfin leur gestion. Afin de recueillir les données Shenzhen fut  recouvert d’un réseau  de caméras qui scannaient en permanence l’ensemble du réseau routier. Or la quantité de   des données  produites était telle  qu’il n’existait aucun système capable à la fois de les gérer en temps réel et de produire une solution immédiate. Huawei fut donc amené à créer un « trafic brain », c’est à dire une plateforme intelligente qui pouvait non seulement intégrer les données soumise par quelques 20 000 cameras  de surveillance mais aussi s’en servir pour gérer en fonction du trafic et en temps réel l’ensemble du réseau des feux de circulation.

Des feux de circulation qui pensent

Le résultat sur le plan pratique, c’est que les feux sont désormais  gérés en fonction des réalités du trafic. Ainsi, par exemple, à un carrefour les feux passent au rouge sur la voie principale uniquement s’il y a des voitures en attente sur les voies latérales. Et quant à la durée des feux, rouges ou verts, elle est déterminée par les conditions de trafic.

Shenzhen n’est pas le seul exemple de « City Brain ». En 2016 Alibaba obtint le mandat de réaliser de toute urgence un avant-projet pour le ville de Hangzhou qui était la plus embouteillée de Chine. En un an Hangzhou passa de la première place à la quarante-huitième au niveau des embouteillages en Chine.

Si Shenzhen est encore en partie à l’état de projet, le concept n’est pas passé inaperçu sur le plan mondial. En 2013 l’Allemagne a signé un « Partenariat pour l’Urbanisation » avec la Chine et en 2018 la ville de  Duisburg et Huawei ont signé un accord pour la création d’un écosystème comprenant une « Ville Intelligente » dont le trafic intégrerait des voitures autonomes dans un « City Brain » basé sur le Cloud.

Et Genève ?

Et Genève ? Celle qui se présente comme la plus grande des petites villes est la ville de Suisse la plus embouteillée où l’on circule moins bien que dans des métropoles comme Hong Kong, Singapore ou Wuhan. Une ville dont les habitants perdent en moyenne 18 jours par an bloqués dans des embouteillages. Imaginons le boulevard des Tranchées au croisement de la rue de l’Athénée. Les feux sont au rouge pour laisser passer les voitures venant de la rue de l’Athénée. Rien de bouge et pourtant sur la rue de l’Athénée pas une voiture…multipliez l’exemple par cent. Shenzhen est bien loin. On peut rêver.

Israel et les Arabes: une dialectique sans réponse ?

On ignore l’origine de la fable, mais elle est bien connue en Egypte. C’est l’histoire du scorpion qui voulait traverser le Nile. Malheureusement il ne savait pas nager. Il rendit donc visite à la grenouille pour lui demander si elle le laisserait monter sur son dos et si elle serait d’accord de le transporter vers l’autre rive du fleuve.

« Il n’en est pas question » répondit la grenouille «  si je te laisse monter sur mon dos tu vas me piquer ». « Réfléchis » répondit le scorpion «  si je te pique durant la traversée tu vas certes mourir mais moi aussi car je vais me noyer. »

Après avoir longtemps réfléchit, la grenouille en conclut que le raisonnement du scorpion se tenait. Elle l’autorisa donc à monter sur son dos et entreprit de traverser le fleuve. Arrivés à mi-course, le scorpion soudainement piqua la grenouille. Alors que les deux agonisaient, la grenouille, dans un dernier souffle demanda au scorpion « pourquoi as-tu fait cela. Est-ce que nous méritions vraiment cette punition ? «  «  Oui «   répondit le scorpions «  nous la méritions car nous avons oublié, toi et moi, que nous sommes au Moyen Orient. »

 

LE MOYEN ORIENT

 

Le Moyen Orient. Peu de régions du monde ont fait l’objet d’autant de partages territoriaux, de promesses contradictoire, d’espoirs trahis, de rêves inassouvis, de traités éphémères et d’ambitions déçues.

L’irruption du Sionisme dans ce maelstrom a été un détonateur de plus dans une poudrière. Le mouvement Sioniste vit le jour en Europe Centrale essentiellement en réaction à l’antisémitisme et se donna comme mission de promouvoir l’équivalent d’un état juif dans ce qui était alors la Palestine sous domination Ottomane

La chute e l’empire Ottoman vit la Palestine passer sous mandat Britannique. Il appartenait désormais à Londres   de gérer une immigration Juive certes  contenue mais constante et qui  fut  perçue par les Arabes Palestiniens comme une forme d’invasion de la part d’Européens. Pour les Juifs, en revanche,  c’était le retour à la Terre Promise.

La défaite du troisième Reich comme les révélations de l’Holocauste accéléra une immigration que les anglais n’arrivaient plus à contrôler.

 

PRTAGE REFUSE

 

Les deux communautés – Palestiniens Juifs et Palestiniens Arabes étant a couteux tirés et en l’absence to toute espoir d’accord l’ONU décida, le 29 novembre 1947  de partager la Palestine en deux comprenant une zone Arabe et  une zone Juive avec Jérusalem sous contrôle international.

La partition fur acceptée comme un moindre mal par les palestiniens Juifs et rejetée catégoriquement par l’ensemble du monde  arabe. Le 15 mai 1948 le mandat Britannique sur la Palestine prit fin  et  les palestiniens Juifs proclamèrent l’état  d’Israël. El le même jour les armées de cinque pays arabes partirent á  l’assaut du nouvel état.

Dans un autre contexte la question aurait été « pourquoi ». Que la division de la Palestine ait put poser un problème pour les Palestiniens Arabes était concevable. Mais en revanche elle n’affectait en rien les intérêts ou la sécurité des pays arabes tels que l’Egypte, l’Arabie Saoudite ou même la Syrie. Leur détermination, selon l’expression en cours de « jeter les Juifs à la mer » ne relevait donc pas d’un calcul géopolitique. De même, en ce qui concernait le plan de partage de l’ONU, si celui-ci allouait aux Juifs Palestiniens un territoire proportionnellement plus grand par rapport à leur population que celui alloué aux Arabes Palestiniens, le différend n’était pas là. Ce  qui était en cause ce  n’était pas tant  le tracé du plan de partage ; c’était  le concept même du partage. En d’autres termes le conflit n’était pas territorial mais existentiel.

 

PAS DE COMPROMIS

 

Dans un autre contexte il est possible que les parties en présence auraient accepté un compromis. Mais dans la partie du monde qui avait été le berceau de trois grandes religions la notion de compromis n’était pas à l’ordre du jour ; ce fut donc une véritable déferlante venue du monde Arabe qui fit marche ver le nouvel état.

Le dos au mur, sans possibilité de retrait et avec en arrière plan la mémoire de l’Holocauste, les israéliens se battirent avec l’énergie du désespoir. Confrontés à des armées arabes mieux armées mais peu motivées et mal commandées non seulement ils réussirent à préserver les territoires qui leur avaient été alloués par le plan de partage mais les agrandirent et lorsque un armistice fut signé en février 1949 ils ne les avaient pas seulement presque doublés mais avaient aussi conquis une partie de Jérusalem.

 

OCCASIONS PERDUES

 

Ni le plan de partage de 1947, ne la ligne d’armistice de 1949 ne changèrent le fond du problème. Sur le papier chaque partie avait  un territoire et donc par définition le potentiel de créer un  état. Ainsi la logique, pour ne pas dire une appréciation rationnelle  des rapports de forces entres parties au conflit,  laisserait croire qu’en 1947 et en  1949 deux occasions pour arriver a une solution négociée furent perdues. En fait elle n’étaient pas perçues comme telles Car si l’aspiration á la « terre promise » de la part des Juifs Palestiniens était un acte de foi susceptible de se concrétiser en une solution territoriale, la négation de cette aspiration par ce qui passait pour le « Monde Arabe » était lui aussi un acte de foi qui n’était pas sujet a négociation.

 

TROIS NON

 

Le résultat, du coté Arabe, fut la politique des « trois non ». Pas de paix, pas de reconnaissance, pas de négociation. Si la guerre des six jours de 1976  marqua l’apogée de la force militaire d’Israël, et la guerre du Kippour de 1973 ses limites, la problématique de base resta la même avec une épine de plus ; la question des refugiés palestiniens.

 

REFUGIES

 

Suite à la création de l’état d’Israël quelques 720 000 Arabes Palestiniens cherchèrent refuge dans les pays arabes environnants. Si les évènements qui en firent des réfugies sont encore sujet a polémique, la crise humanitaire qui en découla était bien réelle et méritait une intervention d’urgence.

Cree en décembre 1949 l’UNRWA avait comme mission de pourvoir aux besoins des réfugiés Palestiniens dans l’attente d’une solution. Or celle-ci  se limitait à deux options. Soit le retour dans leurs lieux d’origine désormais en Israël, soit leur réinstallation dans les pays Arabes. Israël refusant de les reprendre et les pays Arabes refusant de les réinstaller, la création de l’UNRWA satisfaisait tout le monde. Soixante-dix ans plus tard, ce qui avait été une solution, en principe temporaire, était devenu une partie du problème.

La clé de voute du système UNRWA tient au fait que le statut de réfugié Palestinien s’hérite sans limite de temps selon la ligne patriline. Ainsi, quand le fils d’un réfugié – mais pas la fille- se marie, ses enfants sont des « réfugiés » et cela de génération en génération. Le résultat c’est que si parmi les  réfugiées de 1949 seulement quelques 40 000 sont encore en vie, le nombre total de refugies palestiniens comptabilisés par l’UNRWA aujourd’hui se chiffre a environs 5 millions et ne cesse de croitre.

 

UN AUTOGOAL

 

Tout comme le refus de reconnaître le plan de partage de la Palestine de 1947,  parquer les Palestiniens dans des camps et refuser de les intégrer afin de s’en servir comme instrument de pression contre Israël se révéla pour le monde Arabe  un monumental auto-goal. Avec les années les camps devinrent des havres de désespoir et les premiers incubateurs d’un terrorisme qui perdure jusqu’à nos jours.

Après avoir cherché à renverser le gouvernement Jordanien et imposé leur présence au sud-Liban, les palestiniens se retrouvent comme une communauté marginalisée dont les états Arabes se passeraient bien. Une méfiance exacerbée par l’appui Palestinien à Saddam Hussein lorsqu’il envahit le Koweït en 1991 et qui résulta dans l’expulsion de 200 000 palestiniens du Koweït lorsque ce dernier retrouva son indépendance.

Avec les passage des années et la pérennisation de l’implantation  Israélienne dans les territoires occupés les rôles ont permuté. A l’origine l’exigence des dirigeants Palestiniens était « un état, partie intégrante de la nation Arabe ». Aujourd’hui le camp de la partition est désormais Arabe et ce sont les extrémistes Israéliens qui s’y opposent. Et suite à la reconnaissance d’Israel non seulement par l’Egypte et  la Jordanie  mais aussi par les Emirats  Arabes et Bahreïn, la  « cause palestinienne » ne fait plus recette.

 

VICTIMES

 

Si la parenthèse est loin d’être fermée, les dégâts, à ce jour sont considérables et le nombre des  victimes de même.

D’abord les Palestiniens ; victimes d’un processus historique qui les dépassaient,, victimes du refus du plan de partage de 1947, victimes du refus de bâtir un état selon la ligne d’armistice de 1949, victimes de leur instrumentalisation par leurs frères Arabes, victimes enfin de leur rêve d’un « retour »illusoire et d’une réalité certes injuste mais qui, tout comme les Allemands des Sudètes, les Français d’Algérie, les Rohingas, les Chinois du Vietnam, les Indiens d’Ouganda pour ne pas dire toutes les communautés Juives Sépharades du monde Arabe,  les condamnent à refaire leur vie ailleurs.

 

QUEL AVENIR ?

 

Ce refus de voir la réalité amène à deux autres interrogations ;

Premièrement, vue le taux de natalité de la population Arabe, l’annexion de territoires palestiniens par Israël, plutôt que la création d’un Etat palestinien indépendant constitue-t’il une bombe à retardement pour l’état Juif ? De même, considérant la politisation accrue de la société Israelienne entre ultra-orthodoxe qui ne payent pas d’impôts et ne servent pas dans l’armée, expansionnistes fanatiques, laïques et autres, dans quelle mesure la fin potentielle de la  menace Arabe  priverait le pays du sens de danger partagé qui contribue à son unité ? Avec Hamas qui contrôle Gaza et qui a pour seul objectif l’éradication de l’état  Juif ce jour n’est pas prêt d’arriver. Pour le moment, du moins.

C’est dire que dans un monde ou aucun des antagonistes en présence n’as  jusqu’á aujourd’hui manqué une occasion de manquer une occasion, le jour ou le scorpion pourra monter sur le dos de la grenouille pour ainsi traverser sereinement le Nile n’est pas pour demain.

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L’Europe et ses migrants

Il n’est pas rare de voir dans les médias, pour ne pas dire dans le langage de certaines ONG ou de personnalités politiques un même groupe qualifié successivement de « réfugiés », de « demandeurs d’asile » et de « migrants ».

Confusion

Si la confusion qui en découle est souvent instrumentalisée, pour ne pas dire politisée, elle est aussi la conséquence d’une situation qui échappe parfois à des définitions précises. Ainsi il est acquis qu’un « réfugié » est une personne qui fuit une persécution pour des raisons politiques, ethniques ou religieuses ou, accessoirement une situation de guerre.

Sauf dans des cas de déplacements massifs lors d’une guerre, un réfugié est d’abord un « demandeur d’asile » à savoir une personne qui s’estime persécutée dans son pays d’origine, qui se trouve à l’étranger et qui demande à être reconnue comme « réfugié ».

Si la demande de statut de réfugié est considérée comme justifiée le « demandeur d’asile » est qualifié de « réfugié ». Si elle ne l’est pas il est qualifié de « débouté » et doit en principe retourner dans son pays d’origine.

Qui est un réfugié ?

En fait, être reconnut comme « réfugié » ne donne à la personne concernée qu’un seul droit. Le droit de ne pas etre renvoyé dans un pays ou elle serait persecuté. En effet aucun état n’est tenu de lui donner un asile permanent.

Et un migrant

Enfin un « migrant » est une personne qui cherche à émigrer pour des raisons autres qu’une persécution personnelle ou un état de violence assimilable à une guerre.

Si sur le papier la problématique est simple. En réalité elle est autrement plus complexe. Ainsi le critère de « persécution » est pour le moins sujet a controverse. Les Conventions font état de raisons politiques, ethniques ou religieuses.

Femmes mutilées

Or on estime que, en Afrique, quelque 120 million de femmes sont victimes de mutilations génitales. Est-ce une « persécution » ? Aucune convention ne se prononce sur le sujet mais la Suède a accordé l’asile à une Soudanaise qui avait fait état du fait que si elle serait rapatriée elle serait victime d’une une mutilation. Le geste de lui accorder l’asile était louable mais il ne portait pas à conséquence. En revanche on peut se demander quelle aurait été la réaction de la Suède si 100 000 soudanaises avaient fait état de la même demande ; ou, en d’autres mots, à partir de quel point le souhaitable n’est simplement plus faisable ?

Une distinction difficile.

La problématique est rendue encore plus complexe lorsque migrant et réfugiés s’imbriquent. Ainsi il est acquis que les quelques 3.5 millions de syriens qui ont trouvé refuge en Turquie sont collectivement des « réfugiés », même si chaque cas n’a pas été évalué individuellement. Or si les conditions de vie des Syriens en Turquie sont pour le moins difficiles ils n’y sont pas persécutés. Ainsi tout mouvement de leur part au delà de la Syrie n’est plus motivé par un besoin de trouver asile. Il en découle que les si les Syriens qui se trouvent aujourd’hui à Lesbos sont bien des « réfugiées », ce n’est pas pour se mette à l’abri d’une persécution qu’ils se trouvent sur l’ile. En fait ils avaient déjà l’asile en Turquie et s’ils ont été bloqués à Lesbos par les autorités grecques c’est parce qu’ils cherchaient à émigrer illégalement vers l’Europe.  On assiste donc là à un nouveau phénomène à savoir le réfugié qui cherche à émigrer à partir du pays ou il a trouvé refuge et ou il n’est plus en danger.

L’exode à destination de l’Europe par la Libye est une autre version de la problématique migrant/réfugié.

Le cas Libyen

On estime que sous le régime du colonel  Ghaddafi chaque année 2 millions de personnes en provenance de l’Afrique Sub Saharienne se rendaient en Libye pour travailler. La plupart ne restaient que quelques mois dans le pays quitte à en suite rentrer chez eux pour revenir, l’année d’après mais ce-faisant ils assuraient la subsistance de leurs familles restées dans leur pays. Au total on estime que quelques 20 millions d’africains arrivaient ainsi à subvenir à leurs besoins. Quant à ceux qui cherchaient à procéder illégalement vers l’Europe ils étaient interceptés soit par les garde-côte Libyens soit par la marine Italienne qui les débarquaient discrètement en Libye.

Cet équilibre s’effondra quand l’administration Obama, par OTAN interposé, précipita la chute du régime Ghaddafi sans disposer de solution de rechange. En quelques semaines le pays sobra dans l’anarchie. Non seulement des millions d’africains perdirent tout source de revenu mais le pays devint une passoire dont profitent des gangs organisés qui alimente un flot ininterrompu de migrants vers l’Europe.

Explosion démographique

Or ce flot migratoire n’est pas un phénomène transitoire ou conjoncturel. Durant les prochains 25 ans l’Afrique sub saharienne dont proviennent les migrants passera de 1 milliard à 2 milliards d’habitants et l’Afrique du Nord de 210 à 350 millions d’habitants. Même en tenant compte des pronostics les plus optimistes, rien ne laisse supposer que durant ce lapse de temps les condition politiques, économiques et sociales dans la région évolueront au point de représenter une réelle alternative à une émigration massive et illégale.

La même problématique se pose dans l’est méditerranéen. La tentative de l’administration Obama de faire tomber le régime syrien par Etats du Golf interposés et de nouveau sans solution de rechange a non seulement avorté mais a laissé une Syrie en ruines avec quelques 6.2 millions de déplacés internes et 5.6 millions de réfugiées dont 3.5 millions en Turquie.

25 millions de migrants ?

La conséquence immédiate, en plus du cout humain, a été de donner à la Turquie une carte politique, pour ne pas dire un instrument de chantage dont elle n’a pas hésité à s’en servir. En effet, il suffit que la Turquie, comme elle l’a déjà fait, entrouvre ses frontières pour voir des centaines de milliers de réfugiés syriens affluer vers l’Europe. Or ceci n’est que la pointe de l’iceberg. Aujourd’hui les trois pays de la région producteurs d’un flux combiné de réfugiés et de migrants à savoir la Syrie, l’Iraq et l’Iran comptabilisent un total de 93 millions d’habitants. Dans 25 ans les projections donnent un chiffre de 147 millions, ce qui, ajouté à l’Afrique fait un pool de 2.4 milliards de personnes. Se basant sur cette projection, si seulement 1 %  cherchent à émigrer vers l’Europe on arrivera à un flux potentiel de 25 millions de personnes. Or quelle que soit l’étiquette que l’on donne aux migrants, ou les contingences de leur départ, les chiffres sont là et ils représentent pour l’Europe une réalité politique et sociale incontournable.

Un Pacte Migratoire

Le résultat, avec des décennies de retard, est un nouveau Pacte Migratoire que la Commission Européenne a soumis aux états membres et qui, en pratique, constitue une révision complète des principes censées gérer la migration telle qu’elle est conçue aujourd’hui. Le premier principe c’est l’abandon du système dit de Dublin par lequel ce sont aux pays de premier accueil de gérer leurs influxs respectifs. Désormais, il appartiendrait à l’ensemble des pays européens de se répartir les nouveaux arrivants dont les dossiers devraient être, en première instance, statués en l’espace de cinq jours. En parallèle, toute décision négative devrait etre associée à un ordre de retour dont la mise en pratique serait facilitée par la création de centres de transit dans les pays d’origine.

Problèmes

A ce jour les premières réactions ont été prévisibles. Les pays du groupe de Višegrad – Pologne, Hongrie, Slovaquie et République Tchéquie – ont déclaré qu’il n’était pas question pour eux d’accepter des migrants même à titre temporaire. D’autre part on a assisté à une levée de boucliers de la part de la communauté des ONGs.

Le nouveau Pacte Migratoire aura certainement besoin de retouches et son application pratique inévitablement laissera parfois à désirer. Néanmoins, il est légitime de croire qu’il constituera un progrès face à la confusion actuelle, et cela d’autant plus que, si les critiques sont nombreuses, aucune ne présente une alternative susceptible de cadrer avec la réalité. Or celle-ci comporte un fait incontournable ; les inégalités sociales, l’injustice, la pauvreté et la répression qui poussent les gens à partir ne seront pas résolues de ci-tôt et ce ne sera pas l’Europe qui pourra imposer un nouvel ordre social aux pays d’origine.

Quelle alternative ?

Dans cette perspective il n’y as pas d’autre alternative pour l’Europe que d’adopter une politique migratoire à long terme qui fait la part des choses en cherchant à concilier un minimum d’exigences morales avec des contraintes pratiques dont on ne peut faire abstraction.

Mais une politique migratoire à elle seule ne tient pas la route sans un apport politique.

En effet, les deux grandes crises migratoires actuelle  qui impactent l’Europe, Libye et Syrie, sont les conséquences directes des tentatives de Washington de renverser deux régimes, abjectes sans doute mais dont l’affaiblissement ou la chute se sont révèles pire que le mal. Or c’est aujourd’hui l’Europe qui paye le prix des errements de la politique étrangère américaine.

Pour que de tels événements ne se répètent pas il ne suffit pas d’un Pacte Migratoire. Il faut aussi que l’Europe politique s’affirme, et cela non seulement par rapport à ses ennemis mais aussi par rapport à ses amis.