Dieu et César; coexistence difficile

Le 30 juillet 1956, le Congrès américain a adopté à l’unanimité une loi prévoyant que les mots “In God we trust” seraient désormais la devise nationale des États-Unis et figureraient sur tous les billets de banque américains.

Adoptée en pleine guerre froide, cette disposition visait à souligner le fossé entre les valeurs chrétiennes auxquelles adhéraient les États-Unis et le “communisme athée” représenté par l’Union soviétique.

L’adoption de cette devise confirmait les États-Unis comme une puissance mondiale guidée non seulement par ses intérêts nationaux, mais aussi par sa “confiance” en un être supérieur défini comme “Dieu”. Ainsi, la foi, pour ne pas dire la religion, était reconnue comme l’une des composantes d’une nation qui adhérait à la séparation de l’Église et de l’État

Quelles valeurs ?

Le 30 juillet 1956, le Congrès américain a adopté à l’unanimité une loi prévoyant que les mots “In God we trust” seraient désormais la devise nationale des États-Unis et figureraient sur tous les billets de banque américains.

Adoptée en pleine guerre froide, cette disposition visait à souligner le fossé entre les valeurs chrétiennes auxquelles adhéraient les États-Unis et le “communisme athée” représenté par l’Union soviétique.

L’adoption de cette devise confirmait les États-Unis comme une puissance mondiale guidée non seulement par ses intérêts nationaux, mais aussi par sa “confiance” en un être supérieur défini comme “Dieu”. Ainsi, la foi, pour ne pas dire la religion, était reconnue comme l’une des composantes d’une nation qui adhérait à la séparation de l’Église et de l’État.

Deux ou unes ?

Dans les sociétés occidentales, l’idée que l’État et l’Église sont deux entités distinctes est relativement récente. Historiquement, les deux étaient imbriqués et la référence à la foi faisait partie de l’environnement national. Pendant la Première Guerre mondiale, l’armée allemande est partie au combat avec l’inscription “Dieu avec nous” sur ses boucles de ceinture. Quant aux monarques, ils étaient considérés comme étant de “droit divin” et les couronnements étaient en fait des cérémonies religieuses organisées par les hiérarchies ecclésiastiques. Cela explique en partie pourquoi de nombreux États européens, tels que les pays scandinaves ou le Royaume-Uni, arborent encore aujourd’hui sur leur drapeau national une version de la croix qui renvoie à leurs traditions chrétiennes. À l’inverse, des pays européens comme la France, de tradition révolutionnaire, ou plus récents comme l’Italie ou l’Allemagne, ont tendance à arborer des drapeaux nationaux combinant des couleurs plutôt que des pictogrammes à connotation religieuse.

La tendance à dissocier l’État et la religion et à considérer la foi d’une personne comme une affaire privée est essentiellement un phénomène occidental. Elle repose sur le concept d’un État dont la légitimité politique proviendrait du soutien populaire plutôt que d’une source divine et qui, tout en défendant le droit de chaque citoyen à pratiquer n’importe quelle religion, ne favoriserait pas ou n’adopterait pas de lois reflétant une croyance particulière.

La foi omniprésente

Si le principe est clair, sa mise en œuvre ne peut s’affranchir de siècles de tradition. Non seulement les principes éthiques dérivés de la foi, qu’il s’agisse des 10 commandements de l’Ancien Testament ou de la Charia dérivée du Coran, imprègnent de nombreuses sociétés, mais de nombreux paramètres qui définissent le fonctionnement de notre monde sont issus de l’autorité religieuse.

Ainsi, le calendrier civil international actuel, dont l’année commence le 1er janvier, a été introduit à l’origine par le pape Gregorius XIII en 1582, d’où son nom de calendrier grégorien. D’abord rejeté par les pays protestants d’Europe qui y voyaient une incursion de l’Église de Rome, il a été adopté par la Grande-Bretagne et l’empire britannique en 1752 et, après bien d’autres, par le Japon en 1873 et la Turquie en 1919. Il est alors devenu le calendrier international standard. Il est vrai qu’à l’heure actuelle, un certain nombre de pays, dont la Thaïlande, l’Iran, le Népal, Israël, etc. ont, à des fins domestiques, leur propre calendrier. Cependant, à toutes fins utiles, le calendrier grégorien est devenu la norme internationale et, avec le temps, il a perdu toute connotation religieuse.

Un drapeau national

Alors que l’idée selon laquelle les préceptes de la foi ne doivent pas empiéter sur le pouvoir séculier gagne régulièrement du terrain dans les démocraties occidentales industrialisées, un mouvement inverse se développe dans le tiers-monde.  Au milieu des années 1950, alors qu’un nombre croissant d’anciennes colonies accédaient à l’indépendance, la conception d’un drapeau national est devenue l’une des prérogatives de l’État. Si nombre de ces nouveaux États ont opté pour des schémas de couleurs, principalement sous forme de rayures, pour orner leurs nouveaux drapeaux, d’autres ont choisi une voie différente. Il s’agit essentiellement des pays à majorité musulmane, ( et Israel ) qui ont choisi de faire figurer un symbole religieux sur leur drapeau national. Le mouvement de réaffirmation de l’identité islamique a été mené par le Pakistan, qui a été créé, par opposition à l’Inde, pour des raisons purement religieuses. À l’inverse, l’Indonésie, le pays qui compte la plus grande population musulmane, a choisi de ne pas faire figurer de symbole religieux sur son drapeau national.

Pour les pays qui ont choisi de le faire, la présence d’un symbole religieux sur le drapeau national était bien plus qu’un geste symbolique. Ainsi une grande partie de la législation nationale des pays musulmans s’inspirait de la Charia, la loi dérivée des enseignements du Coran. Non seulement elle créait inévitablement deux classes de citoyens, à savoir ceux qui appartenaient à la foi dominante et ceux qui suivaient d’autres croyances, mais elle imposait également les principes d’une foi donnée à ceux qui n’en faisaient pas partie.

Passions et croyances

A l’inverse, lorsque l’on tente de changer ou d’amender la loi, le dialogue qui s’ensuit passe facilement du domaine politique au domaine religieux et risque de déclencher un maelström de passions et de croyances contradictoires.

La Tunisie en est un bon exemple. Considérée comme l’un des pays musulmans les plus libéraux, la constitution tunisienne prévoit l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. Pourtant, ce n’est qu’en 2017 que le gouvernement a annulé une directive datant de 1973, inspirée de la Charia, qui interdisait à une femme musulmane d’épouser un homme qui n’était pas musulman. De même, le droit successoral tunisien, inspiré de la Charia, prévoit que les femmes héritent moins que les hommes. Une proposition gouvernementale publiée en novembre 2018 prévoyant l’égalité des sexes en matière d’héritage attend actuellement l’approbation du Parlement ; un processus qui s’avérera difficile compte tenu de l’opposition des mouvements islamiques à la fois en Tunisie et dans l’ensemble du monde musulman.

Dans une perspective historique, la relation entre la foi et l’État est essentiellement déterminée par le temps, la nature de la foi et l’environnement social dans lequel elle s’exerce.

Un dieu unique

Historiquement les religions monothéistes, qui croient en un Dieu unique, ont généralement été moins tolérantes à l’égard des non-croyants que le bouddhisme, le taoïsme ou le confucianisme. Le temps a également joué un rôle crucial. Le catholicisme d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui pratiqué à l’époque de l’Inquisition. Enfin, l’environnement social est primordial.

Il existe actuellement dans le monde trois théocraties, c’est-à-dire des nations dans lesquelles le chef de l’État est également le chef de la religion dominante : L’Iran, le Royaume-Uni et le Vatican.

L’Iran ne tolère aucun débat. Le Vatican ne détient aucun pouvoir séculier. Reste le Royaume-Uni, dont le souverain est également le chef de l’Église d’Angleterre. Cependant les traditions nationales de démocratie et de tolérance sont si profondément enracinées au Royaume Uni qu’il est impossible d’imposer les préceptes d’une religion aux adeptes d’une autre. Il en va de même dans des pays occidentaux comme l’Allemagne, où la séparation de l’Église et de l’État n’empêche pas la présence de crucifix sur les murs des écoles publiques de la Bavière catholique.

De même, aux États-Unis, le président élu prête serment sur la Bible de respecter la constitution, un geste qui laisse sans réponse le protocole qui serait appliqué s’il était juif, musulman ou agnostique.

Exclusion

Dans une perspective globale, le facteur déterminant de la relation entre l’Église et l’État n’est pas tant la manière dont chaque composante est liée à l’autre que l’environnement social dans lequel elles existent. Il est vrai que certaines religions sont plus exclusives que d’autres et que certaines sont plus exigeantes en ce qui concerne ce qu’elles imposent à leurs adeptes. Le décalage, en fait se situe essentiellement entre les sociétés de tradition islamique et celles relevant du monde judéo-chrétien ou bouddhiste. Ici, les incursions de la “laïcité”, c’est-à-dire la pratique d’une foi sans nécessairement en respecter tous les préceptes, ont suivi des voies différentes. Au cours des siècles, le christianisme, tant celui de l’Église de Rome que celui de la Réforme, a connu une évolution longue mais systématique. À l’inverse, le fait que le Coran, contrairement à la Bible, soit considéré comme la parole de Dieu à prendre au pied de la lettre, a ancré l’islam dans un certain nombre de modèles bien définis qui englobent tous les aspects de la vie quotidienne. À cet égard unsymbole religieux sur un drapeau national est susceptible de projeter  l’image d’une société moins inclusive que celle qui serait symbolisée par un drapeau national qui n’a pas de connotation religieuse.

Dans les sociétés occidentales, l’idée que l’État et l’Église sont deux entités distinctes est relativement récente. Historiquement, les deux étaient imbriqués et la référence à la foi faisait partie de l’environnement national. Pendant la Première Guerre mondiale, l’armée allemande est partie au combat avec l’inscription “Dieu avec nous” sur ses boucles de ceinture. Quant aux monarques, ils étaient considérés comme étant de “droit divin” et les couronnements étaient en fait des cérémonies religieuses organisées par les hiérarchies ecclésiastiques. Cela explique en partie pourquoi de nombreux États européens, tels que les pays scandinaves ou le Royaume-Uni, arborent encore aujourd’hui sur leur drapeau national une version de la croix qui renvoie à leurs traditions chrétiennes. À l’inverse, des pays européens comme la France, de tradition révolutionnaire, ou plus récents comme l’Italie ou l’Allemagne, ont tendance à arborer des drapeaux nationaux combinant des couleurs plutôt que des pictogrammes à connotation religieuse.

Un phénomène occidental

La tendance à dissocier l’État et la religion et à considérer la foi d’une personne comme une affaire privée est essentiellement un phénomène occidental. Elle repose sur le concept d’un État dont la légitimité politique proviendrait du soutien populaire plutôt que d’une source divine et qui, tout en défendant le droit de chaque citoyen à pratiquer n’importe quelle religion, ne favoriserait pas ou n’adopterait pas de lois reflétant une croyance particulière.

Si le principe est clair, sa mise en œuvre ne peut s’affranchir de siècles de tradition. Non seulement les principes éthiques dérivés de la foi, qu’il s’agisse des 10 commandements de l’Ancien Testament ou de la Charia dérivée du Coran, imprègnent de nombreuses sociétés, mais de nombreux paramètres qui définissent le fonctionnement de notre monde sont issus de l’autorité religieuse.

Ainsi, le calendrier civil international actuel, dont l’année commence le 1er janvier, a été introduit à l’origine par le pape Gregorius XIII en 1582, d’où son nom de calendrier grégorien. D’abord rejeté par les pays protestants d’Europe qui y voyaient une incursion de l’Église de Rome, il a été adopté par la Grande-Bretagne et l’empire britannique en 1752 et, après bien d’autres, par le Japon en 1873 et la Turquie en 1919. Il est alors devenu le calendrier international standard. Il est vrai qu’à l’heure actuelle, un certain nombre de pays, dont la Thaïlande, l’Iran, le Népal, Israël, etc. ont, à des fins domestiques, leur propre calendrier. Cependant, à toutes fins utiles, le calendrier grégorien est devenu la norme internationale et, avec le temps, il a perdu toute connotation religieuse.

Un problème identitaire

Alors que l’idée selon laquelle les préceptes de la foi ne doivent pas empiéter sur le pouvoir séculier gagne régulièrement du terrain dans les démocraties occidentales industrialisées, un mouvement inverse se développe dans le tiers-monde.  Au milieu des années 1950, alors qu’un nombre croissant d’anciennes colonies accédaient à l’indépendance, la conception d’un drapeau national est devenue l’une des prérogatives de l’État. Si nombre de ces nouveaux États ont opté pour des schémas de couleurs, principalement sous forme de rayures, pour orner leurs nouveaux drapeaux, d’autres ont choisi une voie différente. Il s’agit essentiellement des pays à majorité musulmane, ( et Israel ) qui ont choisi de faire figurer un symbole religieux sur leur drapeau national. Le mouvement de réaffirmation de l’identité islamique a été mené par le Pakistan, qui a été créé, par opposition à l’Inde, pour des raisons purement religieuses. À l’inverse, l’Indonésie, le pays qui compte la plus grande population musulmane, a choisi de ne pas faire figurer de symbole religieux sur son drapeau national.

Pour les pays qui ont choisi de le faire, la présence d’un symbole religieux sur le drapeau national était bien plus qu’un geste symbolique. Ainsi une grande partie de la législation nationale des pays musulmans s’inspirait de la Charia, la loi dérivée des enseignements du Coran. Non seulement elle créait inévitablement deux classes de citoyens, à savoir ceux qui appartenaient à la foi dominante et ceux qui suivaient d’autres croyances, mais elle imposait également les principes d’une foi donnée à ceux qui n’en faisaient pas partie.

A l’inverse, lorsque l’on tente de changer ou d’amender la loi, le dialogue qui s’ensuit passe facilement du domaine politique au domaine religieux et risque de déclencher un maelström de passions et de croyances contradictoires.

Tunisie

La Tunisie en est un bon exemple. Considérée comme l’un des pays musulmans les plus libéraux, la constitution tunisienne prévoit l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. Pourtant, ce n’est qu’en 2017 que le gouvernement a annulé une directive datant de 1973, inspirée de la Charia, qui interdisait à une femme musulmane d’épouser un homme qui n’était pas musulman. De même, le droit successoral tunisien, inspiré de la Charia, prévoit que les femmes héritent moins que les hommes. Une proposition gouvernementale publiée en novembre 2018 prévoyant l’égalité des sexes en matière d’héritage attend actuellement l’approbation du Parlement ; un processus qui s’avérera difficile compte tenu de l’opposition des mouvements islamiques à la fois en Tunisie et dans l’ensemble du monde musulman.

Dans une perspective historique, la relation entre la foi et l’État est essentiellement déterminée par le temps, la nature de la foi et l’environnement social dans lequel elle s’exerce.

Historiquement les religions monothéistes, qui croient en un Dieu unique, ont généralement été moins tolérantes à l’égard des non-croyants que le bouddhisme, le taoïsme ou le confucianisme. Le temps a également joué un rôle crucial. Le catholicisme d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui pratiqué à l’époque de l’Inquisition. Enfin, l’environnement social est primordial.

Théocraties

Il existe actuellement dans le monde trois théocraties, c’est-à-dire des nations dans lesquelles le chef de l’État est également le chef de la religion dominante : L’Iran, le Royaume-Uni et le Vatican.

L’Iran ne tolère aucun débat. Le Vatican ne détient aucun pouvoir séculier. Reste le Royaume-Uni, dont le souverain est également le chef de l’Église d’Angleterre. Cependant les traditions nationales de démocratie et de tolérance sont si profondément enracinées au Royaume Uni qu’il est impossible d’imposer les préceptes d’une religion aux adeptes d’une autre. Il en va de même dans des pays occidentaux comme l’Allemagne, où la séparation de l’Église et de l’État n’empêche pas la présence de crucifix sur les murs des écoles publiques de la Bavière catholique.

De même, aux États-Unis, le président élu prête serment sur la Bible de respecter la constitution, un geste qui laisse sans réponse le protocole qui serait appliqué s’il était juif, musulman ou agnostique.

Inclusion ou exclusion ?

Dans une perspective globale, le facteur déterminant de la relation entre l’Église et l’État n’est pas tant la manière dont chaque composante est liée à l’autre que l’environnement social dans lequel elles existent. Il est vrai que certaines religions sont plus exclusives que d’autres et que certaines sont plus exigeantes en ce qui concerne ce qu’elles imposent à leurs adeptes. Le décalage, en fait se situe essentiellement entre les sociétés de tradition islamique et celles relevant du monde judéo-chrétien ou bouddhiste. Ici, les incursions de la “laïcité”, c’est-à-dire la pratique d’une foi sans nécessairement en respecter tous les préceptes, ont suivi des voies différentes. Au cours des siècles, le christianisme, tant celui de l’Église de Rome que celui de la Réforme, a connu une évolution longue mais systématique. À l’inverse, le fait que le Coran, contrairement à la Bible, soit considéré comme la parole de Dieu à prendre au pied de la lettre, a ancré l’islam dans un certain nombre de modèles bien définis qui englobent tous les aspects de la vie quotidienne. À cet égard unsymbole religieux sur un drapeau national est susceptible de projeter  l’image d’une société moins inclusive que celle qui serait symbolisée par un drapeau national qui n’a pas de connotation religieuse.

Migration; une politique pour l’Italie ?

Le destin de l’Italie, pour des raisons géographiques, est d’être le principal tremplin vers l’Europe d’un mouvement de population irrégulier provenant principalement d’Afrique, mais aussi du Moyen-Orient. Si certains de ces arrivants sont techniquement des réfugiés, c’est-à-dire qu’ils ont fui la guerre ou les persécutions, ils viennent de pays de transit où ils ne sont pas persécutés et bénéficient donc de l’asile. Ainsi, l’Italie est aujourd’hui confrontée à une combinaison de deux mouvements : d’une part, les migrants illégaux et, d’autre part, les réfugiés qui ne sont pas persécutésmais veulent émigrer, même illégalement.

Un avenir difficile

Sur la base des projections actuelles, on estime qu’au cours des 25 prochaines années, la population totale de l’Afrique subsaharienne, d’où proviennent actuellement la plupart des migrants, passera de 1 à 2 milliards d’habitants. Quant à la population totale de l’Afrique du Nord, elle passera de 210 à 350 millions.

Parallèlement, et au cours de la même période, la population combinée des trois pays du Moyen-Orient d’où proviennent la plupart des immigrants clandestins qui viennent en Europe, à savoir la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan, sera passée d’un total de 93 millions à quelque 147 millions.

Étant donné que la combinaison de considérations économiques, sociales et sécuritaires qui alimente le mouvement n’est pas susceptible de changer dans un avenir prévisible, l’attrait de l’Europe en tant que destination pour les migrants clandestins perdurera. Et la pression démographique qui alimente le mouvement ne montre aucun signe d’affaiblissement.

Le résultat final est que l’Italie peut s’attendre à être confrontée à un taux d’arrivée de 100 000 à 200 000 migrants illégaux par an dans un avenir prévisible.

Trois questions

Cet afflux soulève trois questions. Tout d’abord, il s’agit d’une violation de la loi italienne dans la mesure où un immigrant illégal est une personne qui cherche à imposer sa présence dans un pays qui n’est pas le sien, en violation de la législation de ce pays. Ainsi, par principe, aucun pays fondé sur l’État de droit ne devrait tolérer une violation de sa législation.

Deuxièmement, elle impose un stress social à la société italienne et, bien que la nature et l’intensité de ce stress puissent être débattues, ses proportions sont telles qu’il est perturbateur et ouvert aux excès de la politisation politique.

Troisièmement, il s’agit d’une source de tension dans les relations entre l’Italie et l’Europe. Cela concerne non seulement des pays comme la Pologne, la Hongrie ou la République tchèque qui refusent totalement d’accueillir des migrants du tiers monde, mais aussi des pays comme l’Allemagne et la France qui attendent de l’Italie qu’elle garde ceux qui débarquent sur ses côtes.

Sur la base de ces raisons substantielles de traiter la question et en partant de l’hypothèse que l’Italie est sérieuse dans sa volonté de le faire, il y a deux réalités que Rome ne peut pas ignorer ;

L’Italie est seule

Tout d’abord, en termes de gestion des migrations, l’Italie est seule. Certes, elle est la huitième économie mondiale, mais sur le plan politique, elle n’est tout simplement pas prise au sérieux et ne doit pas s’attendre à un soutien substantiel de la part des autres pays européens. Concrètement, cela signifie que l’Italie doit à la fois définir sa propre politique et la mettre en œuvre.

Deuxièmement, chaque migrant clandestin qui débarque en Italie représente à la fois une invitation pour un autre migrant à emprunter la même route et une publicité pour les bandes criminelles qui organisent le trafic.

La conclusion incontournable de ce qui précède est que l’Italie doit prendre le problème en main. Dans cette perspective, la question de savoir si les migrants en danger en haute mer doivent être secourus ou non ne se pose même pas. Ne pas secourir des personnes en train de se noyer ne fait pas partie de notre culture. La question n’est donc pas de savoir s’il faut les sauver, mais où il faut les débarquer. Et la réponse est n’importe où, sauf en Italie.

Quoi faire ?

À cette fin, l’Italie devrait négocier avec des pays comme la Libye, l’Égypte, le Tchad, le Niger, le Mali, l’Irak ou le Kurdistan irakien la mise en place de centres de transit où tous les migrants illégaux qui débarquent en Italie seraient automatiquement relocalisés dans les heures qui suivent leur arrivée. La question de savoir qui doit gérer ces centres et comment est à négocier. Ce qui ne l’est pas, c’est que les conditions doivent être humaines, que les migrants qui souhaitent demander le statut de réfugié doivent avoir la possibilité de le faire et qu’une assistance doit être fournie à ceux qui doivent être rapatriés. Parallèlement, l’Italie devrait suspendre l’application des conventions sur les réfugiés et refuser à tous les arrivants illégaux par la mer le droit de demander le statut de réfugié.

La volonté politique, lorsqu’elle existe, ne peut se substituer au financement. Il est vrai que la mise en place et le fonctionnement de tels centres de transit ne seront pas bon marché et nécessiteront des subventions non seulement pour les centres eux-mêmes, mais aussi pour des contributions périphériques afin d’inciter les gouvernements concernés à accepter leur présence. Le financement européen d’une telle entreprise devrait être assuré, mais il faudrait aussi réaffecter les ressources. L’Italie consacre actuellement quelque 6 milliards d’euros à l’aide étrangère. Réaffecter une partie de ces ressources à la dissuasion de l’immigration clandestine ne devrait pas être une entreprise impossible.

En fin de compte, si elle est gérée avec compétence, détermination et intelligence politique, l’entreprise est gérable. Et en dissuadant les migrants illégaux de prendre des risques injustifiés, elle pourrait aussi sauver des vies.

On peut rêver

Une seule question reste donc en suspens. Quelles sont les chances que l’Italie prenne le taureau par les cornes et fasse cavalier seul ? La réponse va bien au-delà de la question des migrations. Elle en va du fonctionnement meme de l’Etat italien. Affaire à suivre…

Taiwan; guerre ou paix ?

La décision du président Truman, le 25 juin 1950, de déployer la 7e flotte dans le détroit de Taïwan afin d’empêcher les communistes chinois de débarquer sur l’île constituait sans aucun doute une intervention flagrante dans les affaires intérieures de la Chine.

Une guerre entre chinois

Malgré l’intervention américaine, la question de Taïwan, dans la mesure où elle oppose deux acteurs chinois, à savoir la République populaire de Chine et la République de Chine, reste une question intérieure chinoise. Toutefois, le temps et la géopolitique ont contribué à donner au problème une dimension internationale. En fin de compte, Taïwan peut donc être définie comme une question interne à la Chine ayant des répercussions internationales ; celles-ci, à leur tour, ont le potentiel de dégénérer en une confrontation ouverte entre les États-Unis et la Chine.

Que l’issue d’une telle confrontation serait catastrophique est une évidence, d’où la nécessité d’essayer de trouver un arrangement qui améliorerait la situation actuelle ; un arrangement qui ne peut ignorer un certain nombre de données.

Une réalité incontournable

Tout d’abord, la relation entre les deux Chinas en termes de superficie, de population, de puissance économique et de potentiel militaire est totalement asymétrique et le restera.

Deuxièmement Taïwan, sous quelque forme que ce soit, ne constitue pas une menace pour Pékin, que ce soit sur le plan politique ou économique.

Troisièmement, la promotion de Taïwan ne “contient” pas la Chine. Taïwan est le plus grand investisseur extérieur en Chine. Ainsi, la prospérité de Taïwan est en fait un facteur contribuant à l’économie chinoise.

 Quatrièmement, la condition sine qua none de l’existence de Taïwan sous sa forme actuelle est son parapluie américain.

Cinquièmement, la présence sur le sol chinois de deux entitées politiques est une chose dont Pékin peut s’accommoder. Ce qui n’est pas acceptable en revanche, c’est qu’une partie de la Chine, parrainée par une puissance étrangère, fasse sécession de l’État chinois. Ainsi, pour Pékin, une sécession parrainée par une puissance étrangère est une ligne rouge à ne pas franchir, et la raison en est bien plus que politique.

Une ligne rouge

Pour une nation qui a été envahie, colonisée et, à un moment donné, réduite à l’ombre d’elle-même, la question de Taïwan est le dernier chapitre d’une longue histoire d’ingérences et d’humiliations étrangères. Ainsi, pour Pékin, la “réunification” est bien plus qu’un exercice politique. Elle relève du domaine de l’émotionnel et de la restauration de la pleine dignité d’une nation qui a été privée d’exercer son autorité sur une partie de son territoire par une intervention étrangère.

Ainsi, en fin de compte, la seule exigence non négociable pour Pékin est la préservation formelle de l’intégrité des frontières de la nation.

Cela conduit à une autre question : quelles sont les chances que, dans un avenir prévisible, Pékin revienne sur cette demande ? En politique, rien n’est statique, mais tout indique que Pékin ne changera pas de position.

Sur le papier, la confrontation actuelle implique trois parties : la République populaire de Chine, l’autorité de Taïwan et les États-Unis. Toutefois, en termes de rapports de force, le conflit oppose Washington et Pékin.

Washington intervient

Lorsque Washington a déployé la 7e flotte dans le détroit de Taiwan en 1950, il disposait dans la région d’une supériorité militaire incontrôlée. Aujourd’hui, cette supériorité est toujours réelle mais contestée. Dans vingt ans, si la Chine poursuit sa trajectoire actuelle, la supériorité militaire de l’Amérique pourrait bien s’être transformée, dans le meilleur des cas, en un acte d’équilibre. Le temps ne joue donc pas en faveur des États-Unis.

Si Pékin décidait, à ce moment-là, d’agir de manière décisive contre Taïwan, que ce soit par un blocus, un embargo ou, moins probablement, une intervention militaire, les États-Unis pourraient se retrouver dans une position où le coût du maintien de Taïwan dans leur sphère d’influence serait supérieur aux avantages qu’ils en retireraient.

Quant à Pékin, une action décisive contre Taïwan est susceptible de déclencher une réaction massive qui ne jouerait pas en sa faveur.

Le résultat final est qu’une solution négociée est dans l’intérêt des deux principaux belligérants, à savoir les États-Unis et la Chine.

Une volonté politique

Le lancement d’un tel processus nécessiterait toutefois l’ingrédient qui est actuellement absent de la confrontation, à savoir la volonté politique de trouver une alternative réaliste à l’impasse actuelle.

Encourager cette volonté politique devrait être une priorité tant pour Washington que pour les autres acteurs principaux de la région tels que le Japon et la Corée du Sud. Mais ceux qui peuvent donner corps à cette volonté ne peuvent être que les deux acteurs chinois, à savoir Pékin et Taïwan.

Dialogue

Au cours des dernières décennies, un semblant de dialogue s’est instauré entre Pékin et le KMT à Taïwan. Au fil du temps, ce dialogue a pris la forme de pourparlers “entre les deux rives du détroit”, qui ont débouché sur un certain nombre d’accords techniques notamment en ce qui concerne les liaisons aériennes et d’autres questions similaires. Ces pourparlers ont grandement diminués depuis 2016 avec la défaite électorale du KMT et l’arrivée au pouvoir du Parti démocratique du peuple, le DPP. Alors que le KMT était essentiellement panchinois, le DPP a inscrit l'”indépendance” dans son programme, ce qui a eu pour effet de réduire au minimum le dialogue “transfrontalier”.

Sécession

Pékin étant désormais convaincu que le DPP vise la sécession et que Washington encourage sournoisement une telle issue, la Chine a, dans la pratique, renoncé à présenter une option politique pour sortir de l’impasse actuelle. Parallèlement, une petite faction du gouvernement central accueillerait favorablement une déclaration d’indépendance de Taïwan, car cela lèverait toutes les restrictions dans les relations avec la province sécessionniste. Cette approche est reprise par une minorité à Taïwan et au sein de la diaspora taïwanaise aux États-Unis, qui encourage en fait l'”indépendance” en partant du principe qu’elle conduirait à un rôle plus actif de Washington dans le soutien à Taïwan.

Guerre

Le résultat final de cette situation est qu’il y a des raisons de croire que le statu quo actuel ne durera pas indéfiniment et qu’il est en fait en train de s’effondrer lentement.

L’autre solution est un dialogue entre les deux Chines en partant du principe que ce qui est en jeu n’est pas incompatible avec deux exigences fondamentales des parties concernées, à savoir que Taïwan continue d’exercer son autonomie et que Pékin veille à ce que cette autonomie soit exercée dans le cadre d’une “Grande Chine”. Dans cette perspective, Pékin a articulé au fil des décennies un certain nombre d’archétypes qui, s’ils ont tous été rejetés par le KMT peuvent aujourd’hui représenter un cadre général pour une négociation.

Une grande Chine

Il s’agirait tout d’abord de faire en sorte que Taïwan fasse partie d’une grande Chine dont la capitale et le gouvernement central se trouveraient à Pékin, tout en ayant le statut d’entité autonome. Cela nécessiterait la modification de la constitution chinoise et de la constitution taïwanaise.

Deuxièmement, Taïwan conserverait toutes ses institutions, son gouvernement et son système politique, y compris une force militaire indépendante. Le gouvernement central ne détachera pas de personnel à Taïwan, qui conservera sa propre fonction publique. Les relations extérieures relèveront de la compétence du gouvernement central, mais pas le commerce extérieur ni les investissements.

Troisièmement, les relations économiques au sein de la Chine feraient l’objet d’accords qui couvriraient également les mouvements de population, les permis de séjour, etc.

Une modèle

La façon dont le dialogue devrait être structuré est une question discutable, mais le modèle de la formule du “dialogue transfrontalier ” est une option qui s’est avérée efficace dans le passé.

Il n’y a aucune garantie qu’une solution appropriée émerge d’un dialogue entre les parties chinoises. À l’inverse, il est évident que dans le climat actuel, les tensions ne peuvent que s’accroître, avec le risque d’une escalade vers une confrontation ouverte aux conséquences désastreuses dans le meilleur des cas.

Pour Washington, encourager les deux parties chinoises à s’engager dans un dialogue constructif devrait donc être une priorité. Il en va de même pour un message sans équivoque à Taïwan : si les États-Unis et leurs alliés soutiennent l’île sur le principe, cela ne signifie pas qu’ils approuvent automatiquement le rejet brutal d’un ensemble de mesures raisonnables présenté par Pékin.

Impasse ou solution ?

Enfin et surtout, le peuple taïwanais devrait avoir son mot à dire. Actuellement, ni la sécession ni l’intégration dans le système en vigueur sur le continent ne semblent intéresser la majorité de la population de l’île. Il reste donc de la place pour une solution alternative à l’impasse actuelle, dont tout le monde pourrait tirer profit.

Lettre au Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guterre

Monsieur,

Cela fait maintenant 17 ans que vous occupez un poste de haut rang au sein du système des Nations unies, d’abord en tant que Haut-Commissaire pour les réfugiés et, depuis 2017, en tant que Secrétaire Général de l’organisation. Au cours de ces 17 années, vous avez scrupuleusement respecté la règle non écrite numéro un qui s’applique à tous les fonctionnaires internationaux qui souhaitent mener une carrière réussie : “ne marchez pas sur les plates bandes des états membres”.

Certes, au fil des ans, vous avez dénoncé les taux d’intérêt élevés payés par les pays africains sur leur dette, mis en garde contre les provocations au Moyen-Orient, protesté contre la mortalité infantile dans les pays pauvres, promu les droits des femmes, déploré le nombre de réfugiés créés par la crise en Ukraine et souligné les effets du changement climatique. En d’autres termes, vous avez dit tout ce qu’il fallait dire, accessoirement sans aucun effet.

Vous terminez actuellement votre deuxième et dernier mandat en tant que Secrétaire Général des Nations unies, ce qui signifie que vous n’avez rien à perdre en termes de perspectives de carrière. Le moment est donc peut-être venu pour vous, Monsieur, de descendre de votre pupitre.

Une guerre est en cours en Ukraine. Non seulement son coût humain est insupportable mais ses conséquences ont atteint une dimension mondiale. Confrontée au plus grand conflit depuis la fin de la seconde guerre mondiale, votre organisation, l’ONU, est politique, est absente. Certes, vous avez participé à un accord concernant un transport de  céréales mais cela n’a pas eu d’incidence sur l’ensemble du conflit et, pendant ce temps, la guerre continue.

Actuellement, les belligérantes et leurs alliés affirment qu’ils n’exigent rien de moins que la “victoire”, quelle que soit leur définition de cette “victoire”. C’est au mieux une affirmation creuse. En fin de compte, compte tenu des moyens dont disposent les deux parties, l’avenir ne réserve guère plus qu’un compromis ou une escalade nucléaire potentielle.

Le moment est donc venu pour vous de vous lever, de trouver votre voix et de mettre carrément un plan sur la table. Non seulement il doit s’agir de votre plan personnel, mais il doit être présenté directement à l’Assemblée Générale, sans passer par le Conseil de Sécurité où il échouerait inévitablement.

Le plan, ou plus précisément votre plan, doit comprendre les éléments fondamentaux suivants :

D’abord un cessez-le-feu immédiat et total.

Deuxièmement, le Donbass devrait être placé sous l’administration des Nations Unies pour une période de 10 ans. Cette administration devrait être renforcée par une forte composante de troupes de maintien de la paix de l’ONU provenant de pays disposant d’armées efficaces et modernes, comme la Corée du Sud, le Japon, la Chine, l’Inde, la Turquie, Israël, etc.

Troisièmement, au cours de cette période de dix ans, un effort de reconstruction majeur sera entrepris, et tous les anciens habitants de la région seront autorisés à y retourner librement.

Quatrièmement, à la clôture de la période de 10 ans, une série de référendums sera organisée pour permettre à la population de décider à quel pays elle souhaite appartenir.

Cinquièmement, la Crimée devrait être reconnue comme faisant partie de l’Ukraine, qui offrirait à la Russie un bail pour une période de 99 ans, susceptible d’être renouvelé.

Sixièmement, ce processus devrait être accompagné d’une levée progressive des sanctions.

Monsieur le Secrétaire général, les guerres se terminent généralement soit par la victoire de l’une des parties, soit par une négociation. Actuellement, toutes les parties à la guerre en Ukraine sont en mode “victoire”. Or il  vous incombe de présenter une  alternative. Certes il est difficile de quantifier vos chances de succès. Mais au moins vous aurez essayé.

Alexander Casella

Parlementaires suisses a Taiwan; un voyage anodin ?

La visite à Taiwan prévue du 5 au 10 Février prochain d’une délégation parlementaires suisses voyageant à titre privé confirme deux vérités.  Premièrement tout parlementaire suisse, à le droit d’aller ou il veut, quand il veut. Deuxièmement, sur le plan de la technologie, Taiwan représente pour la Suisse une plate-forme incontournable. Ceci-dit tout ce qui relève de Taiwan n’est pas anodin et , qu’on le veuille ou non,  mets le doigt sur une problématique  vieille de plus de 70 ans et qui ne parait pas proche d’être résolue.

Une crise de 70 ans

Tout a commencé le premier Octobre 1949 quand Mao proclame la République Populaire de Chine. Les communistes règnent en maitres sur le pays à l’exception de l’ile de Taiwan ou se sont réfugiées les dernière force du Kuomintang (KMT). En Janvier 1950 le président Truman déclare que Washington n’as pas l’intention de défendre Taiwan.

Le 14 Février 1950 Mao signe un traité d’alliance avec Staline. Quatre mois plus tard, le 25 Juin  la Corée du Nord attaque la Corée du Sud. Vu de Washington le scénario est simple ; derrière les Coréens du Nord il y a les Chinois et derrière les Chinois il y a Moscou. Il est donc impératif pour Washington de tenir Pékin en échec si l’on veut contrer les Soviétiques. Et le lieu choisi, c’est Taiwan.

Ainsi ce même 25 Juin Truman ordonne à le 7 flotte de patrouiller dans le détroit de Taiwan pour empêcher les Communistes de débarque su l’ile.

La 7 eme flotte intervient

Pendant les vingt ans qui suivirent la politique étrangère Américaine perpétua la fiction que le KMT, réfugié à Taiwan représentait la Chine. Le passage du temps eut raison de cette chimère le 1 Janvier 1979 Washington et Pékin établirent des relations diplomatique sur le principe qu’il n’y avait qu’une seule Chine dont le gouvernement était à Pékin avec comme corollaire un non-dit, à savoir qu’il y avait a Taiwan un pouvoir local de fait avec le-quel Washington continuerait à avoir des relations officieuses ; une façon de  mettre le problème en veilleuse. Mais pas son environnement.

Le KMT, au pouvoir à Taiwan se présentait comme le gouvernement de la République de Chine à l’oppose de celui à Pékin qui s’affirmait comme celui de la République Populaire de Chine. En 1988 Deng Xiaoping proposa une solution : Taiwan se rallierait à la République Populaire de Chine tout en gardant son drapeau, son armée, son économie et ses institutions pendant une période de 100 ans. En pratique c’était le statut quo sous l’apparence de la réunification. Le KMT répondit en exigeant que Pékin abandonne le Communisme. L’impasse était totale. En fait il y avait deux pouvoirs concurrents sur le territoire de la Chine avec ce bémol que l’un occupait une ile de quelques 20 millions d’habitant et l’autre les reste du pays qui en comptait plus d’un milliard.

Une ligne rouge

Le KMT n’avait à l’époque pas plus de velléités démocratique que son homologue Communiste. Mais avec le temps Taiwan évolua vers une société qui acceptait une diversité politique Ainsi, en Janvier 2016, le KMT qui avait jusqu’alors régné sur l’ile perdit les élection qui virent la victoire de son principal adversaire le PPD ou Parti  Populaire Démocratique. Or contrairement au KMT qui prétendait représenter toute la Chine, la  charte du PPD, elle, prévoyait l’Independence pour l’ile. Pour Pékin c’était une ligne rouge à ne pas dépasser. Qu’un gouvernement chinois concurrent occupe une partie du territoire Chinois n’était pas pour plaire à Pékin mais c’était acceptable. Mais qu’un pouvoir local, qui devait son existence à une intervention occidentale fasse sécession et ampute la Chine d’une partie de son territoire ne l’est pas.

C’est là une réalité que le PPD a bien compris et qui l’as amené à mette en sourdine ses projets d’Independence ; sans compter le fait que la constitution de Taiwan  rend toute modifications des frontière de la Chine des plus problématiques. Mais il n’en reste pas moins que, vu de Pékin,  dans climat de méfiance  qui prévaut actuellement  dans ses relations avec les Etats Unis ,on est de plus en plus convaincu que Washington cherche à alimenter une sécession.

La réalité

Or celle-ci n’est pas ce que désire le Taiwanais moyen qui, lui ,ne demande qu’une chose : le maintient du statu quo. Or celui-ci est éloquent.

On estime que entre 2 % et 3 % e la population de Taiwan soit environs 500 000 personnes travaillent en Chine continentale en toute légalité. Taiwan, avec 190 milliards de dollars est le premier investisseur extérieur en Chine qui est la destination de 43 % des exportations de l’ile et 22 % de ses importations. Et quant aux liaisons aériennes entre les deux Chines elles continuent comme si rien n’était. Enfin si l’ile compte une armée professionnelle de quelques 180 000 hommes la durée de l’entrainement militaire obligatoire pour chaque citoyen est de…quatre mois. Ce qui revient à dire que il y a beaucoup de théatre dans les invectives qui s’échangent entre Taiwan et Pékin…

L’avenir ?

Reste l’avenir. Pékin, pour la forme, continuera à exiger une réunification. Taiwan, sous le parapluie américain continuera à provoquer Pékin tout en connaissant les limites à ne pas dépasser; un jeu qui peut durer longtemps.

Lorsque Truman a envoyé la 7 flotte dans le détroit de Taiwan il l’as fait parce que il en avait les moyens et qu’il n’y avait personne pour l’en empêcher. Reste à savoir si dans les décennies à venir Washington , en cas de crise, aura et les moyens et la volonté pour intervenir à 12 000 km de ses cotes en faveur d’une ile peuplée de quelques  22 millions d’habitants au risque d’une guerre aux conséquences imprévisibles.  Or c’est cette guerre qu’il convient d’éviter. D’où pour les parlementaires suisse deux impératifs ; ne pas se faire instrumentalisés et rappeler aux chinois, qu’il soient de Pékin ou de Taiwan qu’il est temps qu’ils parviennent   à s’entendre entre eux.

Alexandre Casella ; Ancien Directeur pour l’Asie au HCR et ancien Secrétaire Exécutif au Centre Asiatique des HEI.

Chine: comment se tirer une balle dans le pied

Le 25 avril 2007, l’État caribéen de Sainte-Lucie, qui avait établi des relations diplomatiques avec la République Populaire de Chine en 1997, a changé de camp et a ouvert une ambassade à Taiwan, accréditée auprès de la République de Chine.

Cette décision était le résultat de ce que l’on a appelé la “diplomatie du chéquier”, à savoir les efforts déployés par Taïwan pour acheter des reconnaissances diplomatiques en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes. C’est ce qu’a reconnu le ministre des affaires étrangères de Sainte-Lucie, qui a déclaré sans ambages que sa politique était de “soutenir ceux qui vous donnent le plus”.

La décision de Sainte-Lucie, fur dénoncée par Pekin  comme étant une “ingérence brutale”  dans les affaires intérieures de la Chine.

Comment la nation la plus pauvre des Caraïbes, qui compte à peine 180 000 habitants, a-t-elle pu non seulement “s’ingérer” mais ce-faisant “brutalement” dans les affaires intérieures de la civilisation la plus ancienne de l’histoire, qui compte quelque 1,4 milliard d’habitants, est une question qui reste sans réponse.

Sans conséquences

En fin de compte, pour les deux Chines,  l’affaire fut sans conséquence. Taïwan n’a rien gagné et Pékin n’a rien perdu. À l’inverse, la réaction de Pékin s’est avérée être un signe avant-coureur de choses à venir.

L’une des recommandations de Deng Xiaoping était qu’en matière politique  étrangère, la Chine devait “dissimuler sa lumière et cultiver dans l’obscurité”. En termes pratiques, cela signifiait que la Chine devait observer calmement, cacher sa force et attendre son heure, étant entendu qu’elle ne devait frapper que lorsque cela était justifié et que le succès était assuré. La vision de Deng était celle d’une Chine sûre de ses valeurs, fière de son histoire et de sa civilisation et indifférente  aux vociferations  des barbares à ses portes. Mais cela ne devait pas durer.

Un poids lourd

L’avènement de ce que l’on peut appeler le régime de Xi Jinping a vu l’émergence de la Chine en tant que grande puissance économique à l’échelle mondiale.Cette évolution vit également un segment de plus en plus important de la population chinoise entre en contact avec  le monde extérieur. Ainsi, alors qu’en 2000, quelque 9 millions de touristes chinois ont  voyagé à l’étranger, le nombre a atteint quelque 154 millions en 2019. La même année, quelque 700 000 étudiants chinois étudiaient à l’étranger, dont la moitié aux États-Unis.

Bien qu’il soit difficile de detrminer l’effet de ce mouvement sur la psyché du pays, le concept de “barbares” étrangers a fait place à une perception mixte dans laquelle “étranger” n’est plus automatiquement synonyme de quelque chose de lointain, pour ne pas dire d’incompréhensible ; et il peut également s’avérer désirable, comme l’acquisition de produits de luxe importés ou les études à l’étranger.

Des barbares ?

Pour l’establishment chinois, la gestion de sa nouvelle puissance dans le contexte de ses échanges avec le monde extérieur s’est révélée être un défi à multiples facettes.En effet pour Pekin Il s’agissait non seulement de définir comment projeter la puissance économique et militaire de la Chine dans un environnement international, mais aussi comment gérer l’image de la Chine à l’étranger.

Une partie de ce nouveau défi consistait à consolider l’image de l’État chinois comme étant soucieux de la sécurité et du bien-être de ses citoyens à l’étranger;une préoccupation qui était devenue particulièrement pertinente avec la montée en flèche du nombre de citoyens chinois à l’étranger.

Libye

Ainsi, en 2011, alors que la Libye sombrait dans l’anarchie, les autorités chinoises ont réussi à évacuer quelque 35 000 de ses citoyens qui travaillaient dans le pays. En 2016, en collaboration avec les polices thaïlandaise et laotienne, une unité chinoise a sauvé un équipage chinois enlevés par des pirates sur le Mékong. Si ces deux opérations ont suscité des applaudissements considérables de la part de l’opinion publique chinoise, elles doivent être considérées comme une composante d’une vision beaucoup plus large de la politique étrangère de Pékin, à savoir la” Diplomatie de Grandes Puissance”.

La DGP a émergé à partir de 2013, comme l’expression du rôle diplomatique de la Chine dans l’arène mondiale, vu sous l’angle du régime de Xi Jinping ; ou, en d’autres termes, comment positionner la Chine diplomatiquement dans un environnement international.

Si le concept de DGP était essentiellement théorique, sa mise en œuvre a pris le monde, et en particulier l’Occident, par surprise.

Le loup guerrier

Du jour au lendemain, sous l’étiquette de  “Diplomatie du  Loup Guerrier” , toute expression étrangère perçue comme une critique de la Chine, que ce soit dans les médias, dans le monde culturel ou par des personnalités politiques, s’est heurtée à un barrage de dénonciations aux proportions colossales émanant des missions diplomatiques chinoises à l’étranger. Ainsi, en 2019, suite à l’attribution d’un prix Nobel de la paix à un dissident chinois, l’ambassade de Chine à Stockholm s’est retrouvée mêlée à des échanges véhéments avec les médias et l’establishment politique suédois.

Coronavirus

En janvier 2020, un journal danois, le Jylland’s Posten, a publié une caricature satirique dans laquelle les cinq étoiles du drapeau chinois étaient remplacées par cinq coronavirus. La caricature serait passée inaperçue si l’ambassade de Chine à Copenhague n’avait pas explosé en  une colère noire. Non seulement l’ambassade chinoise a qualifié la caricature d'”insulte à la Chine”, mais l’ambassadeur a personnellement exigé des excuses de la part du rédacteur en chef du journal. Il était évident que de telles excuses, dans un pays où la liberté d’expression fait partie intégrante de la culture, n’étaient pas envisageables.

Beaucoup de bruit

Des confrontations similaires entre les ambassades chinoises et les entités locales, qu’il s’agisse des médias, des ONG ou même des autorités, ont eu lieu au Royaume-Uni, en France et même en Suisse. Les communications étant ce qu’elles sont, les réactions de la Chine ont fait la une des médias, même dans les pays qui n’étaient pas directement concernés, projetant l’image d’une Chine peu sûre d’elle, qui ne supporte aucune forme de critique et qui semblait frôler le ridicule.

Dans un environnement occidental où la critique est la règle,  la dérision est quotidienne et la dissidence est ancrée dans les meurs, le barrage de protestations de la Chine a rapidement porté ses fruits, mais pas nécessairement ceux que les autorités chinoises auraient pu espérer récolter. En octobre 2020, une enquête de Pew Research a révélé que 78 % de la population d’Europe occidentale avait développé une opinion négative de la Chine. Et même si, en 2021, il semblait que la Chine s’efforçait de recalibrer sa vision de la manière dont elle  répondait aux critiques étrangères, le mal était fait. Non seulement le “Soft Power” de la Chine avait été rayé de la carte, mais les dommages causés à l’image de la Chine dans le monde industrialisé étaient tels qu’il faudrait des années pour les réparer.

Image kaputt

Si, en termes de promotion de l’image internationale de la Chine, la réaction de Pékin s’est avérée un désastre absolu, en termes de substance, elle s’est révélée sans conséquence ; ni l’économie de la Chine, ni sa base industrielle, ni son potentiel militaire n’ont été affectés de quelque manière que ce soit. En revanche, elle soulève un certain nombre de questions concernant à la fois le fonctionnement  du système chinois et et sa facon de percevoir le  monde extérieur.

On peut supposer que la décision de pousser à fond  le volume en dénonçant toutes les critiques étrangères à l’égard de la Chine, réelles ou perçues, a été prise à un niveau supérieur de la hiérarche. La raison de cette décision  rest inconnue mais si le but était de faire taire les critiques envers la Chine, elle était si manifestement vouée à l’échec que l’on peut se demander quel processus de  réflexion a précédé sa mise en œuvre, ce qui soulève une autre question. Il existe aujourd’hui en Chine un reservoir considerable  de connaissances et de compréhension du fonctionnement des sociétés occidentales. De même, les compagnies internationales de relations publiques qui conçoivent des stratégies pour manipuler l’opinion publique ne manquent pas. Il est clair que si l’une ou l’autre de ces ressources, ou les deux, avaient été exploitées, le monde n’aurait pas vu l’ambassadeur de la deuxième plus grande économie mondiale s’impliquer dans une querelle absurde avec le rédacteur en chef d’un journal danois insignifiant, ce qui soulève une autre question : le retour d’information.

Une diplomatie prudente

Ayant reçu ses instructions de sa capitale, c’est en  un diplomate chinois bien courageux qui aurait  rapporté à sa hiérarchie que la “Diplomatie du  Loup Combattant” était  en fait contre-productive et ne s’accordait pas avec un environnement social occidental. Une affirmation qui pourrait probablement être appliquée à la stratégie globale de communication de la Chine vers le monde extérieur. Ainsi un journal suisse a récemment publié un article d’opinion, signé par l’ambassadeur de Chine à Berne, illustrant les réalisations du 20e congrès du parti communiste chinois.

Et la suisse

Le texte avait visiblement été rédigé en chinois, soit à Pékin, soit à Berne, puis approuvé par Pékin et enfin traduit en français. Si la traduction était grammaticalement correcte, le résultat final était un texte qu’un Chinois aurait compris mais qui était totalement incompréhensible pour le lecteur suisse moyen. En fait, ce dont le texte original aurait eu besoin, ce n’est pas seulement d’une traduction, mais d’une révision très substantielle, ce qui est irréaliste dans le climat politique actuel. Au final, l’ambassade de Chine à Berne a pu affirmer qu’elle avait réussi à placer un article d’opinion dans un grand journal suisse, alors que l’impact de cet article était nul.

Autogoal

Il faudra des années, voire jamais, pour que l’image internationale de la Chine se remette des spasmes générés par la “ Diplomatie du  Loup Combattant.” Cela n’aurait pas nécessairement été le cas si le système avait été conçu pour laisser une porte ouverte aux réactions négatives concernant les décisions politiques prises au sommet de la hiérarchie, réactions qui auraient permis au régime de changer rapidement de cap. Cependant, cela aurait exigé que le régime tolère un degré de dissidence avec lequel le système ne semble pas vouloir ou pouvoir coexister.

Après avoir soulevé un rocher pour le laisser tomber à ses pieds, le mieux que l’on puisse espérer pour la Chine est que, compte tenu de ses options idéologiques, le régime se rende compte que la communication avec le monde extérieur n’est pas un domaine dans lequel il est programmé pour exceller.

Des questions

Dans une perspective à long terme, la” Diplomatie du Loup Guerrier”  n’est guère plus qu’un incident de parcours sans grande conséquence pratique. En revanche, le fait qu’elle se soit produite et qu’elle n’ait pas été corrigée à temps devrait être, pour le régime, une source d’inquiétude.

La République de Gaza; on peut rèver

Il n’y a guère d’environnement conflictuel au Moyen-Orient qui ne soit pas soumis à un apport étranger. Et parmi ceux-ci,  Gaza est en première ligne.

 La problématique de Gaza a essentiellement deux composantes. La première est que le territoire n’est pas autosuffisant. Avec près de 80 % de sa population dépendante d’une l’aide exterieur, l’existence même de Gaza est conditionnée par une assistance étrangère. Celle-ci est essentiellement fournie par le Qatar et par les gouvernements occidentaux, qui canalisent leurs contributions par le biais du système des Nations unies ou de la Communauté Européenne.

La seconde est que, depuis 2007, Gaza est dirigée par le Hamas, un mouvement politico-religieux don’t le but final est la destruction  de l’État d’Israël. Certes, les deux se parlent parfois, mais sur le fond, ils sont incompatibles dans la mesure où l’un est voué à la destruction de l’autre.

Conflit permanent ?

 Le résultat final est une situation de conflit permanent. Une situation qui ne sert les intérêts de personne, qu’il s’agisse des donateurs, de la population de Gaza ou des pays limitrophes de Gaza, comme Israël et l’Égypte.

Il est évident que les deux  parties directement concernées, a savoir Hamas et Israel  ne vont jamais se mettre d’accord sur  une formule qui garantirait un degré tangible de paix et de stabilité pour Gaza. Ainsi, pour un avenir prévisible, le résultat est soit la poursuite de l’état actuel du conflit, soit une solution, avec une réserve : tout comme l’existence continue de Gaza dépend d’un apport étranger, une solution ne peut être envisagée que si elle est imposée de l’extérieur.

Un consortium

La première condition d’une telle approche serait qu’un consortium de donateurs adopte un plan directeur, étant entendu qu’ils seraient prêts à couper impitoyablement tout financement ou toute aide à Gaza, quelles que soient les conséquences si le plan directeur n’est pas mis en œuvre. Un tel plan directeur devrait être approuvé par l’Égypte en tant que force dirigeante et par l’Arabie saoudite. Israël devrait approuver le plan directeur mais rester en retrait quant à sa mise en œuvre.

L’étape suivante consisterait à encourager, à moins d’un changement de politique majeur, les hauts dirigeants du Hamas et leurs familles élargies à accepter une retraite honorable et sûre dans un pays arabe. Inversement, les divers services sociaux mis en place par le Hamas devraient être préservés, mais sous une autre direction.

Tutelle

Simultanément, sur la base du plan directeur, le consortium de donateurs dirigé par l’Égypte mettrait en place à Gaza une administration provisoire, voire sous tutelle de l’ONU soutenue par un fort contingent militaire issus des pays arabes.  Cette administration proclamerait l’indépendance, adopterait une constitution et signerait un traité de paix avec Israël. Tous les habitants actuels de Gaza se verraient accorder la pleine citoyenneté du nouvel État.

Viable

 En termes démographiques, il s’agirait d’une proposition viable, surtout si l’on considère que la densité de population de Gaza est de quelque 5500 habitants par km2, contre 7700 pour Singapour.

Avec un accès à la mer, une population généralement bien éduquée et d’importantes réserves de gaz au large de ses cotes, Gaza, de par sa situation, pourrait bien devenir un centre de production prospère à la jonction entre le Moyen-Orient et l’Europe.

Un appui

Une telle approche nécessiterait non seulement un engagement des donateurs à soutenir le nouvel État sur la voie de l’autosuffisance, mais aussi un engagement de Gaza à mettre en place un environnement juridique et politique conforme aux normes internationales.

Le droit au retour

Parallèlement, le “droit au retour” des réfugiés palestiniens qui se trouvent actuellement à Gaza, ne serait-ce que pour des raisons émotionnelles, devrait être abordé. Cela impliquerait une juste compensation, y compris un effort de construction massif qui donnerait aux citoyens de Gaza d’origine palestinienne des droits de propriété complets sur une nouvelle demeure.

Courage politique

Laissée aux aléas du Moyen-Orient, la République palestinienne de Gaza ne verra jamais le jour. Certes, le projet est réalisable et, quels que soient les obstacles, le résultat final devrait être meilleur que l’impasse actuelle. En revanche, ce qui fait défaut, c’est à la fois la volonté politique d’affronter le problème et le courage de le faire. Et compte tenu de la pénurie de leaders dans l’establishment politique mondial, l’émergence d’un gouvernement doté d’une figure visionnaire qui prendrait en main une telle cause est pour le moins improbable.

Et pourtant, on peut rêver.

Quand le rêve devient cauchemar

«Soyez prudent lorsque vous faites un vœu car il pourrait se réaliser».

Les gouvernements feraient bien de réfléchir sur la véracité de ce dicton alors qu’ils cherchent à résoudre la crise actuelle en Ukraine.

Dans un discours prononcé à Washington en juin 1954, Churchill déplorait que s’il avait été correctement soutenu en 1919, il aurait « étranglé le bolchevisme dans son berceau ». Cela ne s’est pas passé comme Churchill le souhaitait mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Entre 1918 et 1920, les Alliés comprenant entre autres la France, les États-Unis, le Canada, l’Autriche, l’Italie, le Japon et une légion tchèque envoyèrent plusieurs corps expéditionnaires en Russie pour soutenir les forces blanches dans leur guerre contre les bolcheviks. Cela s’est avéré vain et après la victoire bolchevique, Lénine a proclamé l’Union soviétique en 1922.

Deux tares majeures

Malgré sa puissance, l’Union soviétique souffrait de deux tares majeures. La première était le fait d’un système totalitaire qui étouffait non seulement toute opposition mais aussi toute diversité d’opinion. L’innovation, la créativité ou même la pensée indépendante étaient mal vues au point de générer une société fondée sur la médiocrité, la conformité et l’asservissement.

Le second était l’inefficacité. Hormis la satisfaction des besoins de base les plus simples, le modèle économique soviétique était un exemple de sous-performance systématique à laquelle il n’existait aucun remède.

Prudence

Aussi brutal que fût le régime en matière de politique intérieure, sa politique étrangère était un modèle de prudence. Hormis des interventions en Hongrie ou en Tchécoslovaquie qu’elle considérait comme relevant de sa sphère d’intérêt et que l’Occident reconnaissait tacitement comme telles, ses deux seules incursions à l’étranger furent à Cuba et en Afghanistan. Les deux se sont soldées par un échec.

Le résultat final a été un équilibre mondial des pouvoirs basé sur un monde bipolaire avec d’un côté une Union soviétique massive, enclavée et sous-performant et de l’autre une Amérique ouvert et dynamique dont le bouclier nucléaire assurait la sécurité de ses allié européens.

Mise à l’écart par les deux superpuissances se tenait la Chine, qui se remettait à peine de la Révolution Culturelle et d’un modèle économique qui avait duré au-delà de la raison.

L’Amérique triomphe

L’effondrement de l’Union soviétique a vu les États-Unis émerger comme la seule superpuissance restante avec une hégémonie mondiale militairement incontestée, économiquement primordiale et culturellement omniprésente. Certes, il y avait des poches de résistance comme l’Afghanistan ou la suprématie militaire américaine ne s’est pas traduite par des résultats, mais celles-ci se sont finalement avérés sans conséquence. En termes d’impact mondial, 350 millions d’Américains régnaient en maîtres. Mais c’était une suprématie qui ne devait pas rester incontestée.

La Chine inquiète

L’effondrement de l’Union soviétique fut perçu comme une catastrophe par ses frères communistes chinois.

Pour anticiper un tel aboutissement les communistes chinois se virent obligés de revoir les fondements du système hérité de Mao. Ainsi, la chute de l’Union soviétique fut l’aiguillon qui a conduit les communistes chinois à se réinventer et à devenir une composante de l’économie mondiale.

Le résultat final a été que la combinaison de réformes internes avec un important apport économique extérieur est devenue la formule pour faire de la Chine une grande puissance.

Washington regarde ailleurs

Vu de Washington, c’est un développement qui n’a soulevé que peu de réserves. Pour l’industrie manufacturière, la délocalisation  en Chine entraînait des profits plus importants. Quant à la High Tech elle a trouvé en Chine un marché prometteur. Enfin, la composante de l’establishment de Washington qui ne s’était jamais réconciliée avec le fait d’avoir « perdu » la Chine voyait dans le développement économique du pays un processus susceptible de faire tomber le régime.

Le long terme, c’est trois mois.

Le fait que l’émergence d’une économie développée dans un pays d’environ 1,4 milliard d’habitants avec une civilisation multi millénaire aboutirait, sur le long terme, à poser un défi à l’hégémonie mondiale de Washington a été ignoré aux États-Unis, et  cela pour une bonne raison. De par sa structure même, le système américain est inconscient du long terme et est conçu pour ignorer toute évolution susceptible d’aller au-delà de la prochaine échéance électorale. S’attendre à ce qu’une administration américaine planifie pour les cinquante prochaines années ou plus, c’est demander l’impossible. Ainsi, lorsque l’Union soviétique s’est effondrée, les États-Unis n’avaient ni l’orientation intellectuel ni les structures institutionnelles nécessaires pour faire face à un nouvel environnement complexe qui avait émergé à l’improviste.

Alors que la Russie était littéralement à genoux et que la Chine commençait à devenir une composante de l’économie mondiale, le défi pour les États-Unis était comment gérer sa nouvelle position de numéro un mondial.

Sept administrations américaines

À partir des années 1990, il a été laissé à sept administrations américaines successives, chacune avec son programme, son état d’esprit, ses visions et ses croyances, opérant dans un nouvel environnement sans ennemi clairement identifié et avec peu de repères, de faire en sorte que l’hégémonie mondiale de Washington perdure dans un monde post- soviétique.

Avec l’Europe politiquement absente et militairement déficiente, traiter avec la Russie était devenu un monopole américain qui n’incluait guère plus qu’une expansion vers l’est de l’OTAN ; et en Asie, tolérer une délocalisation lente mais généralisée vers la Chine d’une grande partie de la capacité de production américaine ne posait pas d’interrogation.

Un rêve devenu cauchemar ?

L’effondrement de l’Union Soviétique a été, pour Washington, un rêve devenu réalité. Trente ans après l’événement, il laisse une Russie affaiblie pour ne pas dire malade et incontrôlable, une Chine en pleine expansion, une crise énergétique, le spectre d’une pénurie alimentaire mondiale, un tiers-monde qui commence à contester l’hégémonie américaine, une Europe qui peine à trouver ses marques, une guerre en Ukraine et  un Afghanistan sous la férule des Talibans.

Pour Washington, gérer la réalité issue du rêve prend, de plus en plus, des allures de cauchemar.

Au delà de Nancy Pelosi

La visite à Taiwan de madame Pelosi et les remous qu’elle a suscitée n’est que le dernier épisode d’un scénario dont le premier chapitre a été écrit il y a quelque 70 ans.

Tout a commencé le premier Octobre 1949 quand Mao proclame la République Populaire de Chine. Les communistes règnent en maitres sur le pays à l’exception de l’ile de Taiwan ou se sont réfugiées les dernière force du Kuomintang (KMT).En Janvier 1950 le président Truman déclare que Washington n’as pas l’intention de défendre Taiwan laissant par la entendre que le conflit entre Communistes et KMT est une problématique interne chinoise.

La donne change

Le 14 Février 1950 Mao signe un traité d’alliance avec Staline. Il suffit d’un trait de plume pour que la problématique chinoise change. Désormais, pour Washington, la victoire des communistes en Chine n’est plus un problème interne. Arrivant en pleine Guerre Froide le ralliement de la Chine au camp soviétique est susceptible d’affecter l’équilibre des forces sur le plan mondial.

Corée

Le 25 Juin 1950 la Corée du Nord attaque la Corée du Sud. Vu de Washington le scénario est simple ; derrière les Coréens du Nord il y a les Chinois et derrière les Chinois il y a Moscou. Il est donc impératif de tenir Pékin en échec si l’on veut contrer les Soviétiques. Et le lieu choisi, c’est Taiwan.

Ainsi ce même 25 Juin Truman ordonne à le 7 flotte de patrouiller dans le détroit de Taiwan pour empêcher les Communistes de débarque sur l’ile.

Vingt ans d’illusions

Pendant les vingt ans qui suivirent la politique étrangère Américaine perpétua la fiction que le KMT, réfugié à Taiwan représentait la Chine et fit pression sur ses alliés pour en faire de même. La rupture Sino-Soviétique, la guerre du Vietnam et la résilience du régime de Pékin eurent raison de cette chimère et le 25 Octobre 1971, au grand dam de Washington l’assemblée générale de l’ONU reconnut Pékin comme le seul gouvernement légal de la Chine. Il ne resta plus qu’aux Américains de suivre le mouvement. Le 1 Janvier 1979 les deux pays établirent des relations diplomatique sur le principe qu’il n’y avait qu’une seule Chine dont le gouvernement était à Pékin avec comme corollaire un non-dit à savoir qu’il y avait a Taiwan un pouvoir local de fait avec le-quel Washington continuerait à avoir des relations officieuses ; une façon de  mettre le problème en veilleuse. Mais pas son environnement.

Une Chine, deux pouvoirs

Le KMT, au pouvoir à Taiwan s’affirmait comme le gouvernement de la République de Chine à l’oppose de celui à Pékin qui s’affirmait comme celui de la République Populaire de Chine. En fait il y avait deux pouvoirs sur le territoire de la Chine avec ce bémol que l’un occupait une ile de quelques 20 millions d’habitant et l’autre les reste du pays qui en comptait plus d’un milliard. Et si la relation entre les eux fut émaillée de crises, celles-ci, certes bruyantes restèrent mineures.

Des élections

Le KMT qui se réfugia à Taiwan 1n 1949 n’avait à l’époque pas plus de velléités démocratique que son homologue Communiste.

Mais avec le temps Taiwan évolua vers une société qui acceptait une diversité politique Ainsi, en Janvier 2016, le KMT qui avait jusqu’alors régné sur l’ile perdit les élection qui virent la victoire de son principal adversaire le PPD ou Parti  Populaire Démocratique. Or contrairement au KMT qui était fondamentalement pan chinois, la charte du PPD, elle, prévoyait l’Independence pour l’ile. Pour Pékin, comme pour le KMT, c’était une ligne rouge à ne pas dépasser. Qu’un gouvernement chinois concurrent occupe une partie du territoire Chinois n’était pas pour plaire à Pékin mais c’était acceptable. Mais qu’un pouvoir local, qui doit son existence à une intervention occidentale fasse sécession et ampute la Chine d’une partie de son territoire ne l’est pas.

La réalité

C’est là une réalité que le PPD a bien compris et qui l’as amené à mette en sourdine ses projets d’Independence ; sans compter le fait que la constituions de Taiwan, adoptée par le KMT rend toute modifications des frontière de la Chine des plus problématiques. Mais il n’en reste pas moins que, vu de Pékin,  dans climat de méfiance mutuelle qui prévaut dans les relations entre les deux pays on est de plus convaincu que Washington, plutôt que d’encourager les diverses parties chinoises à trouver un compromis cherche à alimenter une sécession.

Status quo

Or celle-ci n’est pas ce que désire le Taiwanais moyen. En effet si le pourcentage de Taiwanais en faveur d’une réunification avec la Chine continentale est insignifiant la grande majorité des habitants de l’ile ne demande qu’une chose : le maintient du statu quo. Or celui-ci est éloquent.

On estime que entre 2 % et 3 % e la population de Taiwan soit environs 500 000 travaille en Chine en toute légalité. Taiwan, avec 190 milliards de dollars est le premier investisseur extérieur en Chine qui est la destination de 43 % des exportations de l’ile et 22 % de ses importations. Certes il y a parfois des embargos de pure forme mais dans le fonds les relations économiques entre les deux Chines ne semblent guère affectées par les manifestations de force.

Un avenir incertain.

Reste l’avenir. Lorsque Truman a envoyé la 7 flotte dans le détroit de Taiwan il l’as fait parce que il en avait les moyens et qu’il n’y avait personne pour l’en empêcher. Reste à savoir si dans les décennies à venir Washington aura et les moyens et la volonté pour intervenir à 12 000 km de ses cotes en faveur d’une ile peuplée de quelques  22 millions d’habitants au risque d’entrer en guerre avec la deuxième puissance économique au monde.

Alexandre Casella ; Ancien directeur pour l’Asie au HCR et ancien Secrétaire Exécutif au Centre Asiatique des HEI.

Réfugiés palestiniens: copie à revoir ?

Suite a la creation d’Israel en 1948 quelques 700 000 Arabes palestiniens ont fui les zones contrôlées par le nouvel État et se sont réfugiés dans les pays arabes voisins.

Qu’ils soient partis de leur plein gré, qu’ils aient cherché à fuir les zones de combat ou qu’ils aient été expulsés de force, ou une combinaison de tout cela, est sujet à dispute. Ce qui ne l’est pas, c’est le fait qu’ils ont quitté leurs foyers et que leur fuite a crée une crise humanitaire majeure.

Une urgence humanitaire

Pour faire face à l’urgence les Nations Unies ont créé, en décembre 1949, l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), chargé de fournir une assistance aux réfugiés Palestiniens en attendant leur retour.

L’UNRWA n’etait pas une solution. Sa tâche consistait à fournir une assistance aux réfugiés en attendant une solution.

Septante ans plus tard

Aujourd’hui, soixante-dix ans après la création de l’UNRWA, on estime qu’au maximum 6% des 700 000 Palestiniens qui vivaient en 1948 dans les zones contrôlées par Israël, soit environ 40 000 personnes, sont encore en vie. En revanche, le nombre total de réfugiés Palestiniens enregistrés par l’UNRWA et recevant une assistance se chiffre à …..4,3 millions et continue de croitre. Les raisons de cette inflation est simple; les statuts de l’UNRWA prévoient que le statut de réfugié Palestinien s’hérite de génération en generation sans limite dans le temps. Ainsi, la démographie aidant, leur nombre ne cesse d’augmenter.

Toujour dans des camps

À l’exception de la Jordanie, qui a réussi à intégrer une grande partie de sa population de réfugiés palestiniens, la plupart des Palestiniens du Moyen-Orient vivent dans un état de flou administratif. Ainsi, les quelque 240 000 Palestiniens qui vivent et travaillent en Arabie saoudite sont les seuls étrangers qualifiés à ne pas pouvoir demander la citoyenneté saoudienne.

Quant aux quelque 450 000 réfugiés palestiniens enregistrés au Liban, ils sont considérés avec hostilité par les chiites et les chrétiens, n’ont pas le droit de travailler et survivent dans des bidonvilles avec l’aide de l’UNRWA.

Enfin, quelque 1,3 million de réfugiés palestiniens enregistrés et assistés par l’UNRWA, sur une population totale d’environ 1,8 million, vivent actuellement à Gaza.

Droit de retour

La création de l’UNRWA, il y a environ soixante-dix ans, correspondait à un réel besoin humanitaire. Cependant, deux considérations étaient intégrées dans les statuts de l’UNRWA: le “droit au retour” et le fait que le statut de réfugié palestinien serait transmis de génération en génération .

Des citoyennes de seconde classe.

Le fait que le statut de réfugié palestinien soit transmis uniquement par la “lignée patrilinéaire” constitue clairement une discrimination fondée sur le sexe. Et si elle garantit qu’avec le temps le problème ne peut que s’aggraver, elle fait aussi des femmes palestiniennes des citoyennes de seconde classe qui, contrairement aux hommes, ne peuvent transmettre le statut de réfugié à leurs descendants.

Quant au “droit au retour”, il était susceptible de se heurter à la réalité, à savoir les développements urbains dans les régions d’origine. Ainsi, alors qu’il aurait pu être valable sur le principe, sa mise en œuvre s’avérerait probablement un cauchemar.

Un triple non.

Ces deux notions reposaient sur ce qui constituait à l’époque le cœur de la politique arabe à l’égard de la Palestine, à savoir l’anéantissement de l’État d’Israël. Non seulement cela ne s’est pas produit, mais avec la reconnaissance d’Israël par plusieurs pays arabes et le rapprochement de facto entre l’Arabie saoudite et Israël, la question des refugés palestinien est une problématique dont et  les États arabes et Israël pourraient bien se passer.

En parallel, la cause palestinienne, quelle que soit sa définition, a perdu une partie de son attrait auprès de la base arabe. Et le nombre de Palestiniens dans les camps qui seraient disposés à accepter une solution alternative au “retour” est en augmentation.

Un avenir difficile.

Dans cette perspective, l’UNRWA, est maintenant confrontée à un avenir difficile. En effet, ce qui est en cause, ce n’est pas son fonctionnement en tant que système de distribution d’aide ni son utilité en tant qu’employeur ; avec un personnel de quelque 30 000 personnes, dont 98 % de Palestiniens, l’UNRWA est le plus grand employeur du Moyen-Orient. En définitive, la question qui se pose aujourd’hui est celle de l’existence même de l’organisation telle qu’elle a été conçue à l’origine ; une existence qui doit être envisagée à la lumière des exigences de l’avenir.

A petits pas.

Idéalement, il faudrait s’attaquer à la cause profonde qui a conduit à la création de l’organisation, ce qui rendrait l’UNRWA inutile. D’un point de vue réaliste, il est peu probable que cela se produise dans un avenir prévisible. L’alternative est de réajuster l’organisation. Cela nécessite une stratégie bien planifiée qui prend en compte à la fois les réalités politiques, les préoccupations humanitaires et les interest des palestiniens eux-memes.

En termes pratiques, l’organisation ne peut être supprimée et la tentation de l’envisager sous cet angle n’est pas réaliste. En revanche, une politique bien ciblée consistant à réajuster de manière sélective  certaines de ses composantes devrait permettre, d’une part, d’éviter que le problème ne continue à s’aggraver et, d’autre part, de le ramener à des proportions plus gérables afin de garantir une solution satisfaisante, sinon pour tous, du moins pour certains des Palestiniens.

Naturalisations.

À cet effet, les États arabes devraient être encouragés à adopter une politique de naturalisation à l’égard des Palestiniens présents sur leur sol. Une telle politique mettrait l’accent sur la citoyenneté plutôt que sur l’origine. Il est vrai qu’une personne d’origine palestinienne pourrait toujours se considérer comme “palestinienne” tout en détenant la citoyenneté d’un État arabe. Il s’agirait toutefois d’une décision subjective, qui ne porterait pas atteinte à son statut national. Une telle approche permettrait d’éviter ce qui s’est passé au Koweït après que l’OLP a soutenu l’invasion de l’Irak ; après la libération du Koweït, les autorités ont expulsé la plupart des résidents palestiniens sans tenir compte du fait que la plupart d’entre eux avaient un passeport jordanien.

Il est évident que la naturalisation doit être abordée pays par pays, car elle n’a pas les mêmes implications dans des pays comme l’Arabie saoudite qu’au Liban. Il faudrait donc procéder à un réglage fin, pays par pays, avec pour résultat final que les ressortissants naturalisés d’origine palestinienne ne seraient plus enregistrés par l’UNRWA.

Un rève.

Quant à la notion de “droit au retour”, elle reste un rêve pour de nombreux Palestiniens, qui ne sont pas  prêts à y renoncer ; mais les temps changent et une enquête indique que 54 % des personnes interrogées seraient prêtes à y renoncer en échange d’une juste compensation.

Enfin et surtout, le concept de statut de réfugié hérité de la “lignée patrilinéaire”    pose question. Idéalement, le statut de réfugié ne devrait plus être hérité ; et s’il l’est, il ne devrait pas être basé sur des restrictions liées au sexe.

Payer plustot que penser.

Soixante-dix ans après sa création, les états qui ont crée l’UNRWA trouvent  toujours plus facile de mettre chaque année la main au portefeuille plustot que de faire l’effort de réinventer l’organisation à la lumière de l’avenir. Certes la violence des reactions lorsque  le Conseiller Fédéral Ignazio Cassis a fait reference á l’UNRWA avec un point d’interrogation montre à quell point le sujet reste sensible. Une raison de plus pour l’aborder. Reste à savoir qui fera le premier pas.