Réfugiés; l’art du possible.

Dans les semaines qui suivirent la chute de Kaboul une conseillère nationale, madame Addolorata Marra proposa, que la Suisse donne l’asile a 10 000 refugies afghans. La proposition ne comprenait ni budget, ni calendrier, ni plan de répartition cantonale. En fait, c’était encore une de ces propositions à l’emporte pièce qui sont le corollaire des crises humanitaires et dont le monde politique  s’accommode sans y prêter trop d’attention.

Une nouvelle donne.

Depuis, la donne a changé. Alors que l’Europe fait face à un influx de plus de 4 millions de réfugiés ukrainiens, la Syrie, la Libye, l’Afghanistan, l’Iraq et leurs problématiques asile/migration ont littéralement disparus de l’échiquier.

Traditionnellement un réfugié cherchait l’asile dans sa région d’origine  et dans des sociétés  avec lesquelles il avait une communauté culturelle et sociale. Ainsi durant la guerre froide les réfugiés européens – Allemands, Hongrois, Tchèques etc. –trouvaient l’asile en Europe, les africains en Afrique et les asiatiques – conflits Inde, Pakistan, Bengladesh – en Asie.

La révolution des communications, l’internet, la téléphonie mobile, la télévision par satellite s’ajoutant aux conflits régionaux contribua à la globalisation de l’asile. Il se créa ainsi une image d’un Occident prospère et socialement responsable qui alimenta  un sentiment d’insatisfaction latent dans le tiers-monde.

Pression migratoire

Combiné à une explosion démographique, le résultat fut une pression migratoire sur l’Europe qui acquit une dimension nouvelle ; le réfugié /migrant qui cherche non seulement à fuir une guerre ou une persécution mais qui aspire à une vie meilleure, et cela sans se plier aux législations des pays de destination.

Le non-dit de la problématique est que, dés que l’on dépasse le cadre de l’individu et que l’on a affaire a des mouvements de masse il y a des sociétés qui s’interconnectent mieux que d’autres.

Un non-dit.

Ainsi la présence de plus d’un million de syriens  au Liban, pays de 6.7 millions d’habitants,  n’est pas un poids social dans la mesure ou c’est la même société, la même langue et les mêmes religions. Il en est de  même en Suisse.  Avec un taux de 25 % la Suisse a un pourcentage de population étrangère parmi la plus haut au monde. En fait cela ne porte pas a conséquence dans la mesure ou les étrangers sont majoritairement des Italiens, des Français, des Portugais et des Allemands qui sont issus du même creuset culturel.

En fait le vrai problème, c’est l’impact social de mouvements de population dont les constituants véhicules  des mœurs et un système de valeurs qui leur est propre, auquel ils tiennent, et qui est difficilement compatible avec celui des sociétés de destination.

Un nouvel exode.

Il est évident que l’exode de l’Ukraine n’a rien à voir avec cette problématique. En fait c’est un mouvement de réfugiés que l’on peut qualifier de « classique » qui est le fait de gens qui fuient un conflit  et qui ne cherchent pas par ce biais à émigrer.

La réaction de l’Europe face à une crise humanitaire Européenne a été à la hauteur du défi. Ainsi on a vu les pays du groupe de Višegrad,  Pologne, Hongrie, Slovaquie et République Tchèque qui avaient comme politique de ne pas recevoir un seul réfugié ouvrir largement  leurs portes aux Ukrainiens. En fait, leur refus  concernait les Musulmans, les Africains et les Arabes…pas leurs frères Slaves. Dans cette perspective la solidarité Européenne a joué à plein et cela non pas parce que le principe de l’asile est à voilure variable mais parce que sa gestion n’échappe pas a la réalité. Ainsi, si la présence d’européens éduqués, avec leurs chiens et leurs chats, sans interdits alimentaires et dont la plupart n’aspirent qu’à rentrer chez eux aura certes un poids économique, le poids sociétal sera insignifiant. Comme quoi, pour une fois l’exercice de la morale fait partie du possible.

Si la crise du covid a porté un coup d’arret à la mondialisation de l’économe, l’exode de l’Ukraine aura mis a mal la mondialisation de l’asile.

Ainsi le fait que l’Allemagne a accepté deux fois plus de réfugiés Syriens que l’Iraq et que  les états du Golf n’en ont pratiquement  pas pris un seul passe de plus en plus mal dans une Europe confrontée à sa plus grand crise de l’après guerre.

Alexandre Casella

Diplômé de la Sorbonne, docteur en Sciences Politiques, ancien correspondant de guerre au Vietnam, Alexandre Casella a écrit pour les plus grands quotidiens et a passé 20 au HCR toujours en première ligne de Hanoi a Beirut et de Bangkok à Tirana.

2 réponses à “Réfugiés; l’art du possible.

  1. Ne vous en faites pas.
    Ils discriminent même nos enfants pour devenir policier.

    “Des femmes blanches rêvant de devenir policières ont été exclues d’un programme d’études chapeauté par le ministère de la Sécurité publique du Québec, désormais réservé aux Autochtones et aux groupes racisés.”

    https://www.lapresse.ca/actualites/2022-04-20/le-reve-decu-d-aspirantes-policieres.php

    Il ne nous reste plus qu’à disparaître et à dire bienvenue.

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