Ce n’est pas la santé qui coûte…

Il ne se passe un jour sans qu’on nous parle des coûts de la santé. Pourtant quand on est en bonne santé, non seulement on ne coûte rien à la collectivité, mais on lui rapporte à travers notre productivité et nos impôts. Cherchez l’erreur…

 

Il y a une vingtaine d’années (1996), l’assurance maladie (LAMal) est devenue obligatoire pour l’ensemble de la population suisse. La LAMal avait 3 objectifs : approvisionnement en soins, solidarité et maîtrise des coûts. Si les deux premiers objectifs ont été atteints, force est de constater que les coûts ont quant à eux explosé !

En 1996, les coûts s’élevaient à 40 milliards de francs suisses. Vingt ans plus tard, ces mêmes coûts ont doublés et nous avons dépassé les 80 milliards en 2016. Cette augmentation vertigineuse a certainement été favorisée par les intérêts divergents des acteurs concernés par la question des systèmes de soins, lesquels peinent encore à s’accorder sur les projets de réforme relatifs à la LAMal.

Au cours de ces deux décennies, nous avons assisté à l’augmentation des primes d’assurance maladie d’une part, mais également à celle des maladies chroniques, répondant aussi à l’appellation de « problèmes de santé de longue durée ». En effet, 33% de la population, âgée de 45 ans et plus, souffrent d’une ou plusieurs maladies chroniques. Ces maladies qui concernent environ 20% des patients sont responsables de 80% des coûts directs de la santé, soit près de 50 milliards de francs en 2011 que l’on appelle coûts de la santé.

Ne faudrait-il pas parler de coûts de la maladie ?

 

La santé engendre-t-elle des coûts ?

Selon les données européennes récoltées en 2018, près de 80% des Suisses estiment être en bonne santé. Cette évaluation largement positive est un excellent indicateur de l’état de santé général. Le rapport de cette enquête révèle également une prise de conscience de la population à l’égard des éléments contribuant à la préservation et à l’amélioration de la santé. En effet, les habitudes de vie telles que l’alimentation, l’activité physique et la gestion du stress, ont un impact positif considérable sur la santé. A tel point que ces comportements peuvent prévenir voire même éviter, dans certains cas, le développement des maladies chroniques qui touchent une importante partie de la population.

Des habitudes de vie saines présentent de nombreux avantages tels que l’amélioration de la productivité individuelle (tant privée que professionnelle), la prévention des maladies chroniques ou encore la diminution des coûts du système de soins. Être en bonne santé ne coûte donc rien… au contraire cela rapporte ! Une personne en bonne santé travaille, elle est productive, elle paye des impôts et n’est pas absente. En d’autres termes, elle contribue à l’économie et constitue un apport significatif pour la collectivité. Il serait donc plus approprié de parler des revenus de la santé.

 

En conclusion, pour diminuer les coûts de la LAMal, la solution la plus efficace ne serait-elle pas de diminuer le nombre de malades chroniques ? Or justement, l’OMS nous dit que les maladies chroniques sont non seulement évitables mais réversibles.

C’est peut-être là le secret le mieux gardé : la santé, notre santé, dépend de nos habitudes de vie. Il semblerait dès lors opportun d’informer, de sensibiliser, voire même de former la population à la santé pour que chacun soit en mesure de prendre les bonnes décisions au quotidien pour rester en bonne santé.

En investissant dans sa santé, on améliore sa durée et sa qualité de vie, mais on contribue de plus à la survie du système de soins dont le pronostic vital est engagé en raison de ses coûts.

Quand l’entreprise devient un vecteur de santé

Nous passons en moyenne un tiers de notre vie au travail. Notre activité professionnelle, qui fait partie intégrante de l’environnement dans lequel nous évoluons quotidiennement, a un impact considérable sur notre santé. Lorsque notre employeur se soucie d’améliorer notre bien-être et notre santé, son impact est positif. L’entreprise devient alors un partenaire de santé, plutôt qu’une source de stress et de maladies.

L’introduction d’une culture de santé au sein des entreprises est fréquente dans certains pays, comme par exemple aux Etat-Unis. Les motivations des employeurs pour mettre en place un tel système peuvent être variées. Elles sont intimement liées au système de soins et de prise en charge. En effet, l’augmentation de la productivité et la diminution de l’absentéisme sont les raisons principales de l’implémentation de programmes santé (appelés Health Benefit) aux USA, car c’est l’entreprise qui prend en charge une assurance privée liée à l’emploi.

En Suisse, et plus précisément à Genève, la raison principale qui ressort d’un travail de recherche auquel ont répondu 67 chefs d’entreprise, est l’amélioration du bien-être au travail. Ceci aura pour conséquence l’augmentation de la productivité et la diminution de l’absentéisme ainsi que du présentéisme.

 

Systèmes de soins et santé

Un rapport de l’OMS, paru en 2000, indique que la Suisse fait partie des pays dont le système de soins répond le mieux aux besoins de sa population. Ceci est confirmé par une étude britannique conduite entre 1990 et 2015 dans 195 pays, évaluant l’accès aux soins, dans laquelle la Suisse occupe la 3ème position. En effet, en Suisse contrairement à d’autres pays, l’assurance maladie est obligatoire depuis plus d’une vingtaine d’années et garantit l’accès aux ressources et au système de soins à toute la population.

En revanche, le système de soins américain repose essentiellement sur le secteur privé et n’est pas obligatoire. Par conséquent, une importante partie de la population n’est pas assurée.

L’accès au système de soins est une condition sine qua non pour rester en bonne santé, qui va fortement influencer l’espérance de vie. En Suisse, elle est d’en moyenne 81 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes. Alors qu’aux Etats-Unis, elle est de 76 ans pour les hommes et 81 ans pour les femmes. Toutefois, l’espérance de vie en bonne santé dépend essentiellement de nos habitudes de vie et de notre environnement professionnel et privé.

 

Comment l’entreprise se transforme-t-elle en un vrai partenaire de santé pour ses collaborateurs ?

Le manque de connaissances est souvent à l’origine de la mauvaise gestion de la santé. Les entreprises ont un rôle important à jouer, en offrant à leurs collaborateurs un accès à l’information et la formation dans les domaines de la santé et de la prévention. Les outils existants sont nombreux : conférences de sensibilisation, ateliers pratiques, prise en charge personnalisée.

En intégrant la santé à leur programme de Responsabilité Sociale, les entreprises montrent un réel engagement à l’égard du bien-être et de la préservation de la santé de leurs collaborateurs, tout en se différenciant de leurs concurrents. De nombreuses compagnies en Suisse ont déjà mis en place des mesures telles que l’adaptation du temps de travail, le renforcement de la sécurité ou la prévention du burnout.

En conclusion, l’introduction d’une culture santé au travail est une démarche qui s’inscrit sur le long terme. Toutefois, contrairement aux idées préconçues, les effets positifs mesurables se font sentir en quelques semaines déjà. Cela peut constituer un élément motivationnel, à la fois pour les entreprises et pour les collaborateurs qui en bénéficient.

Le travail, c’est la santé… vraiment ?

Selon une étude publiée par le « Journal of Science and Medicine » et reprise par le Washington Post et Les Echos : « le travail serait vraiment un facteur de santé » (https://www.lesechos.fr/26/05/2014/LesEchos/21695-049-ECH_–le-travail–c-est-la-sante–.htm).

Nous passons près d’un tiers de notre vie au travail. Il est donc préférable de faire partie de la catégorie de gens qui y prennent plaisir et pour qui c’est vital au sens premier du terme.

Cependant, certaines personnes le vivent différemment : le travail est source de stress et de maladie. Alors, quels éléments sont à l’origine de ces avis divergents : les conditions de travail, la société dans laquelle nous vivons, nos habitudes de vie ?

 

Tentons une courte explication

Notre activité professionnelle fait partie intégrante de l’environnement dans lequel nous évoluons, et joue un rôle majeur dans notre vie. Elle peut influencer notre santé de manière positive ou négative… c’est d’ailleurs ce que confirment 31% de la population active suisse lors d’une enquête effectuée en 2005, portant sur les conditions de travail. En effet, les Suisses estiment que leur travail porte atteinte à leur santé sur le long terme, au travers de risques physiques (accidents professionnels) et psychosociaux.

Dans l’environnement professionnel, l’aspect de la sécurité est soumis à des obligations légales et les procédures établies doivent être respectées par toutes les personnes actives de l’entreprise. Les risques d’accidents ont d’ailleurs considérablement diminué entre 2004 et 2013, selon un rapport de l’OFSP publié en 2015. En revanche, la gestion de la santé personnelle ne peut être imposée à qui que ce soit. L’entreprise ne peut qu’encourager ses collaborateurs à prendre soin de leur santé.

Toutefois, le travail n’est pas le seul élément qui impacte notre santé. Nos habitudes de vie, telles que l’alimentation, l’activité physique, la consommation de tabac, le sommeil ou encore le stress psychosocial, influencent à la fois notre santé et nos capacités, en particulier lorsqu’elles ne sont pas adaptées. En somme, un lifestyle sain nous rend plus performant et productif dans nos activités favorites, mais aussi au travail.

En définitive, l’entreprise peut avoir un impact positif ou non sur la santé de ses collaborateurs… Mais l’inverse s’applique aussi : les collaborateurs, par leurs habitudes comportementales, contribuent de manière significative à la santé de leur entreprise.

 

Conclusion : vers une synthèse positive

L’entreprise occupe une place importante dans nos vies. Si elle le souhaite, elle peut se transformer en un lieu privilégié de promotion de la santé et devenir le meilleur partenaire santé de ses collaborateurs. Elle pourrait ainsi bénéficier de nombreux avantages comme par exemple :

  • Améliorer le bien-être et la santé au travail
  • Compléter les mesures de sécurité au travail
  • Augmenter la productivité individuelle
  • Se différencier de ses concurrents

 

Comment atteindre ces objectifs, et surtout de quels moyens dispose l’entreprise pour remplir cette nouvelle fonction de partenaire santé ?

L’introduction d’une culture santé, adaptée aux besoins des collaborateurs et managers, est une solution qui a fait ses preuves outre Atlantique… qui permet d’une part l’épanouissement sur le lieu de travail, et d’autre part la croissance de l’entreprise.