Le parking des Clés-de-Rive, un projet- trois bonnes raison de dire NON !

Un problème de génération, une stratégie de mobilité au centre-ville détournée de ses ambitions, le refus d’être mis en pied du mur.

 

Depuis quelques années, le Canton et la Ville de Genève élaborent de manière conjointe des stratégies d’évitement des quartiers du centre-ville. Ces stratégies s’articulent autour du tracé d’axes dits prioritaires visant à désengorger la circulation dans les quartiers de la Ville.

Cette redirection de la circulation permet d’offrir de l’espace aux habitants-tes, commerçants-tes, et de rendre le quotidien des personnes, de plus en plus nombreuses à choisir la ville comme lieu de vie, plus agréable. Cette stratégie apporte un peu de quiétude dans ces quartiers à la densité d’habitantes et d’habitants très élevée.

En Ville de Genève on commence à voir progressivement ces plans de circulation se dessiner ; les axes de la moyenne ceinture, la nouvelle place Cornavin dont le projet a été présenté dernièrement, ces modifications de tracés routiers ayant pour but de fluidifier, d’apaiser le trafic au centre-ville. A ces actions, s’ajoutent celles en faveur de l’encouragement à la mobilité douce ; la voie verte, le U Cyclable autour de la rade et le Léman express.

Et là, à peine quitté le pont du Mont Blanc, toujours en plein cœur de la ville, on buterait sur …une entrée de parking !

Donc d’un côté on détourne le trafic du centre-ville, on favorise l’évitement des quartiers, on draine les flux autour de ces axes de circulation, mais en fin de compte, le parcours du jeu de l’oie se termine en son centre par un parking…

Rappelons également qu’un autre parking est en préparation, lui à la gare des Eaux-Vives et qu’il proposera plus de 700 places.

Il y a derrière ce projet, un clivage sans doute générationnel ; aujourd’hui il faut impérativement faire le deuil de la place de parc devant sa boutique, sa librairie, son magasin d’électroménager et privilégier les alternatives ; des livraisons en vélo cargo, des circuits de proximité, des programmes de réparation au sein des quartiers qui visent aussi à lutter contre l’obsolescence programmée. Le présent et l’avenir ce sont les transports en commun, le vélo, la marche à pied et pourquoi pas les véhicules- électriques- partagés.

En abordant ce projet sous l’axe générationnel, on fait aussi, bien sûr, allusion à une vision à long terme ; on parle sur cet objet de la construction d’un parking bénéficiant d’un droit de superficie de 65 ans avant un retour à la Ville de Genève.

Quel message portons-nous lorsque la vision de la Ville

est véhiculée par un parking ?

 

Chacun-e sa voiture, chacun-e sa place de park c’est fini !

Enfin, sur le contenu politique; le projet est ficelé de manière à nous laisser croire que nous n’avons pas le choix : pour jouir des aménagements piétons, des espaces de rencontre, de déambulation, des terrasses, il faudrait dire oui à un parking…c’est comme si la Ville perdait son droit d’aménager sa propre voirie ou le faisait sous conditions…cette manière de lier les objets et d’exercer une forme de chantage est très déplaisant.

Bien évidemment, ces espaces publics, ce rond-point de Rive- odieux aujourd’hui, aménagé demain, donnent à rêver… l’image est attrayante ; oui c’est tentant mais que valent des espaces de rencontres, des zones piétonnes si le fluide général des voitures ne baisse pas, notre centre-ville peut-il être attractif avec tous ces véhicules qui le traversent chaque jour ?

Aujourd’hui, en 2019, alors que la Ville de Genève, dans le mouvement lancé par différentes villes et états à travers le monde, a déclaré l’urgence climatique, nous devons refuser que le nombre de voitures augmentent. Nous ne devons pas céder à des pressions, des lois à peine votées, déjà dépassées.

Afin de préserver une paix sociale de la mobilité, on arrive à Genève à voter des lois qui disent oui à tous les modes de transport, pour ne froisser personne et surtout ne satisfaire personne. La question n’est plus de savoir si les voitures roulant aux énergies fossiles vont disparaître mais à quelle échéance celles-ci vont disparaître.

Préparer la transition écologique c’est voter aujourd’hui les changements de demain ; c’est fâché sans doute aujourd’hui le lobby automobile pour le bien des générations à venir.

Tant que le trafic ne baissera pas de manière conséquente, les espaces du centre-ville seront pris entre deux feux, les zones d’embouteillage seront toujours condensées aux mêmes endroits et les utilisatrices et utilisateurs toujours fâchés et agressifs les uns envers les autres, les piétons avec les voitures, les vélos contre les voitures et parfois les piétons également envers les cyclistes.

Enfin, les parkings qui évitent qu’un nombre insupportable de voitures circulent dans nos rues du centre cela existe, on les appelle des P+R.

Le Canton a pour ambition d’ailleurs d’en construire de nouveaux dans le cadre de la stratégie entourant le Léman Express ; pour ces réalisations on ne parle pas d’échéance à 2030, on parle d’un train qui va être inauguré le mois prochain !

Il s’agit aujourd’hui de dire stop et de changer de paradigme, oui à des zones piétonnes, oui à des espaces de rencontre, NON à un projet d’aménagement hors de son temps, NON à un parking à l’hyper centre de Genève !

Albane Schlechten

Militante pour la scène alternative au sein de l'Usine, Albane Schlechten monte le club la Gravière en 2011 et le quitte fin 2016 pour rejoindre la faîtière suisse des clubs et des festivals, PETZI. Depuis le début de l'année 2019 elle a repris la direction de la Fondation pour la chanson et les musiques actuelles. Elle est également élue au Conseil municipal de la Ville de Genève depuis 2015.

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