Tout d’abord, côté vocabulaire, le terme “discrimination”, utilisé par les opposant-es à cette action est mal choisi ; en effet, pour qu’il y ait une discrimination, il faudrait que la situation initiale d’une population se retrouve péjorée, or ce n’est pas le cas. Un avantage est certes accordé aux femmes mais sans rabaisser la condition de pratique ou d’existence des hommes. De plus, lorsque l’on accorde des tarifs préférentiels aux seniors, ou aux étudiantes et étudiants, on ne se dit pas qu’on est en train de discriminer les autres catégories sociales de la population. L’argument de la discrimination est donc vite rejetable.
Sur le fond, je pense que les femmes et les hommes qui se mobilisent au quotidien en faveur de plus d’égalité des sexes, se passeraient bien de ces actions. Malheureusement en dépit de l’introduction du principe d’égalité dans la Constitution helvétique en 1981 et de l’entrée en vigueur la Loi sur l’égalité en 1996 au niveau fédéral- rappelons ici que les objectifs introduits par cette loi, près de 30 ans plus tard ne sont toujours pas atteints- les discriminations salariales, économiques, sociales à l’encontre des femmes se poursuivent.
Enfin, la Suisse ratifie des traités et des conventions pas uniquement pour faire joli sur le papier mais pour les appliquer et notamment la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF).
Dans la limite où le texte voté cette semaine au Conseil municipal introduit le caractère temporaire de la mesure jusqu’à ce que l’égalité salariale entre les femmes et les hommes soit atteinte dans notre pays, le Conseil a voté une mesure qui va dans la direction des engagements pris par la Suisse.
L’art. 4 al. 1 de la CEDEF prévoit des mesures positives, qu’on appelle mesures temporaires spéciales, dont le but est d’accélérer l’instauration d’une égalité de fait. Il est aussi important de souligner que cette convention confirme que ce n’est pas une mesure discriminatoire à l’égard des hommes. La CEDEF est largement favorable à ces mesures positives partant de l’idée que des mesures de quotas ou autres sont des mesures efficaces pour changer la vision de la société et d’y assurer une réelle égalité. C’est aussi une vision qui affirme qu’il n’y a pas d’égalité de chances sans résultat.
Le comité s’est prononcé à l’égard de la Suisse dans le cadre de ses observations finales et l’en a informé qu’il était préoccupé par la sous-représentation de femmes dans des commissions extraparlementaires et d’autres organismes. Il préconise «soit des mesures temporaires spéciales soit des mesures permanentes, visant à réaliser l’égalité réelle des femmes et des hommes dans tous les domaines», y compris le recours à «des quotas dans les domaines où les femmes sont sous-représentées ou défavorisées dans les secteurs tant publics que privé s(§21)»
https://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/CEDAW.aspx