« L’humain au centre, en tout temps » 24 heures au sein du SIS

Avertissement: L’intervention du jour ne concerne pas la musique mais bien mon expérience d’immersion au sein du Service d’Incendie et de Secours de la Ville de Genève.

 

Cela fait bientôt un an que j’ai la chance de présider le Conseil municipal de la Ville de Genève. J’ai pris cette année de présidence dans un moment chamboulé, incertain. L’expérience de ces derniers mois nous a poussé à reconsidérer notre manière de travailler, à faire preuve de plus de flexibilité, et comme l’ensemble de la population et des institutions, s’adapter au contexte provoqué par la gestion de la pandémie.

Dans cette optique, j’ai souhaité rencontrer les personnes se situant aux premières loges des interventions de planification et d’interventions sur le terrain, afin de mieux comprendre et saisir une partie de la signification réelle des notions d’urgence et de gestion de crise.

S’en suit 24 heures de beaucoup de choses ; information, concentration, organisation, communication et identification des rôles de chaque membre de l’équipe. Du départ d’une alarme, à un feu de poubelles, à une alerte au colis piégé, à un accident de chantier ou de la route, aux noyades, au relevage de personnes âgées à leur domicile, aux ascenseurs bloqués, en passant par des interventions sur animaux ou insectes jusqu’à l’incendie de bâtiment, d’appartement, de meule de foin ou de véhicule; la liste des opérations pratiquées par ce service est longue.

Le flux de communication est continu ; de l’appel à la centrale, au message envoyé aux sapeuses pompières et sapeurs pompiers, ininterrompu durant le trajet, à l’arrivée sur le lieu de l’intervention, il se développe avec les entités engagées sur place, et avec la victime et son entourage.

Ce que j’ai retenu de ces 24 heures d’immersion c’est qu’au bout de cette chaîne d’actions se trouve l’humain, la personne victime, réelle ou potentielle. Le Commandant Nicolas Schumacher a d’ailleurs une devise centrale à son action, déclinée et affichée jusqu’au mur de son bureau:

« la victime au centre, en tout temps ».

La réflexion, la planification et l’action sont orientées autour de ce leitmotiv. La prestation rencontre sa cible finale avec le moins de détour possible. Si cette posture m’a moins surprise, j’ai été en revanche plus marquée par la déclinaison de ce slogan au sein des équipes.

Au milieu de ce corps hiérarchisé, extrêmement codifié, aux procédures strictes, se trouve cette capacité de communication, cette empathie qui permet de développer la chaîne, du remplissage d’une cellule d’un logiciel jusqu’à la personne. Les membres du service ont par ailleurs accès à un suivi psychologique de gestion du stress qu’il soit post traumatique ou non, car certaines scènes ne laissent pas indemnes et nécessitent de pouvoir être extériorisées. Une équipe de débriefing est présente 24h/24.

L’empathie, la bienveillance et une aptitude à connaître son rôle et rester à sa place constituent les ingrédients qui rendent possibles toutes ces opérations. La notion de rester à sa place est souvent considérée négativement mais, dans ce service, au cœur des équipes, dans les relations avec la hiérarchie et les autres services de l’administration publique, elle détient toutes sa valeur et rend possible la déclinaison de stratégie vers le concret, la cible, la victime ou tout simplement l’humain.

 

« L’humain au centre, en tout temps »

 

Je remercie vivement l’ensemble des membres de la compagnie de m’avoir accueillie, le Commandant Nicolas Schumacher et le Capitaine David Mautone pour leurs explications et leur ouverture d’esprit et d’échanges sur leur métier, et l’adjudant Miguel Kupper qui m’a si bien encadrée durant ce stage.

Site du SIS Ville de Genève 

Albane Schlechten

Militante pour la scène alternative au sein de l'Usine, Albane Schlechten monte le club la Gravière en 2011 et le quitte fin 2016 pour rejoindre la faîtière suisse des clubs et des festivals, PETZI. Depuis le début de l'année 2019 elle a repris la direction de la Fondation pour la chanson et les musiques actuelles. Elle est également élue au Conseil municipal de la Ville de Genève depuis 2015.