Le sexisme se loge dans les détails…attention aux mots!

Une polémique a éclos ces derniers jours autour d’une campagne de publicité d’un salon de services de prostitution dont je tairai le nom, sa promotion ayant jusque là très bien fonctionné. Cette affiche est une réponse directe à la mobilisation des femmes et des féministes du 14 juin; jusque là on peut être d’accord ou non, s’offusquer de la réappropriation mais rien à signaler. Cette entreprise a tout à fait le droit de jongler sur un fait d’actualité.

Le message est problématique sous deux aspects; une question de statut du travail d’un côté et une question de langage sexiste de l’autre.

Deux mots “nos femmes”.

Premièrement les employées de ce salon se verrait privées de leur droit de grève; s’il y a bien un domaine invisibilisé qui mérite de s’exprimer le 14 c’est bien celui du travail du sexe. Deuxièmement, cette expression”nos femmes” est une une dénomination sexiste, issu d’un autre temps, qui véhicule une violence, symbolique dans le cadre d’une affiche, mais qui reste malheureusement le point d’entrée de nombreuses violences faites aux femmes jour après jour; l’appropriation du corps de la femme est une forme d’objectivation et de déni d’individualité à part entière. “Nos femmes” on se croirait dans un mauvais remake de la guerre du feu et autres réjouissances préhistoriennes…il faut protéger, défendre nos femmes….le langage est une arme, le choix des mots est important.

Si ces personnes travaillant dans ce salon bénéficient, au dires de beaucoup, de meilleures conditions de travail qu’ailleurs dans ce milieu, alors raison de plus pour ne pas les enfermer dans un rapport de domination machiste et déplacé; pourquoi ne pas parler de “nos employées” voire “notre équipe”. On les mentionne dans cette pub dans le cadre de leur activité professionnelle uniquement, alors autant employer le bon terme…bordel!

Albane Schlechten

Militante pour la scène alternative au sein de l'Usine, Albane Schlechten monte le club la Gravière en 2011 et le quitte fin 2016 pour rejoindre la faîtière suisse des clubs et des festivals, PETZI. Depuis le début de l'année 2019 elle a repris la direction de la Fondation pour la chanson et les musiques actuelles. Elle est également élue au Conseil municipal de la Ville de Genève depuis 2015.

8 réponses à “Le sexisme se loge dans les détails…attention aux mots!

    1. C’est tout aussi important mais ça ne relève pas des mêmes politiques publiques; dans le cadre des affiches on parle des représentations des femmes dans l’espace public et des violences symboliques et physiques qu’elles engendrent et dans votre exemple on peut dénoncer le manque de représentation des femmes dans les espaces politiciens et juridiques. L’un n’empêche pas l’autre, les deux sont le fruit d’une société sexiste.

  1. Et quand on dit “nos hommes”, ou “nos garçons”, “nos boys” pour parler de soldats, que l’on envoie mourir glorieusement au combat, pour la patrie, ou la démocratie, ou les droits de l’homme (selon les prétextes variables par lesquels on justifie les guerres) est-ce que çe n’est pas aussi une appropriation du corps de ces hommes, garçons, boys? C’est encore plus cruel que les plaisanteries de corps de garde sur les prostituées.

    Faudrait-il dire: Nos valeureu.x.ses combattant.e.s avec leur diversité d’identité de “genre” et disposant librement de leurs corps? Ce serait le comble de l’hypocrisie, et du mensonge, car à la fin les personnes en question se feront quand même trouer la peau.

    Votre indignation vertueuse ne me convainc pas. Ce n’est pas que je défende l’idée publicitaire de cette patronne de bordel, je la trouve de mauvais goût quoiqu’amusante. Ce qui est ridicule, et irritant, avec cette nouvelle forme de puritanisme d’esprit féministe LGBT, Judith Butler & Cie, c’est cette manie d’ignorer la rudesse de la vie, de la condition humaine, qui est ce qu’elle est.

    On en reviendra c’est sûr. La pédanterie de Philaminthe et de Trissotin n’aura pas le dernier mot.

    1. @ M. Molière : Nuances…

      « Nos femmes, nos hommes », je suis d’avis aussi que l’anti-sexisme saisit toutes les occasions possibles pour trouver confirmation à ses théories. Mais là où je suis un peu surpris, c’est quand vous parlez d’une nouvelle forme de « puritanisme féministe LGBT ». Le comportement puritain relève d’une morale sexuelle stricte, empreint de pudeur qui se veut vertueuse. Ce n’est pas tellement ce que je vois dans les démonstrations LGBT ! Leurs revendications de liberté à l’égal des hétéros conformes bousculent clairement la morale puritaine qu’ils détestent ! Maintenant pour ce qui est de la rudesse de la vie, ils la connaissent, les prostituées les premières (LGBT ou non), et cela ne date pas d’hier. Loin du puritanisme et du monde LGBT, je déplore plutôt une sexualité de plus en plus catégorisée et stupidement exposée, qui se réclame libre alors que ses manifestants(es) ne trouvent pas même leur propre chemin. Je rends responsable en premier, parmi d’autres facteurs, les pourris du profit commercial qui en vingt ans ont réussi à forger sous leurs sales pattes une image de la sexualité mensongère, autant que l’était celle offerte par la riche spiritualité de la religion. Quant à la condition humaine que vous évoquez, il est assez facile d’y inclure ce que l’on veut conserver sans changement. J’entends assez souvent dire que la prostitution est ce qu’elle est « depuis que le monde est monde… » Ceux qui s’expriment ainsi se croient-ils éternels ? Leurs convictions, qui se transmettent, leur survivront un temps, une époque, puis les rejoindront sous terre dans leur crâne creux.

      1. Je parle de puritanisme, non pas parce que ces mouvements de pseudo émancipation prôneraient une morale corsetée (bien au contraire et là vous avez raison) mais ils ont ceci de commun avec la pudibonderie répressive de l’ère victorienne, de proclamer une norme pseudo morale, de l’imposer avec une violence hypocrite et fanatique et d’exclure totalement du débat les “mal pensants”. Pensez aux persécutions mesquines que devaient subir les homosexuels comme un Oscar Wilde. Aujourd’hui l’opinion des gens qui rejettent radicalement le féminisme, ce qui est mon cas, n’est pas acceptée comme licite. Les “machistes”, qui oseraient assumer publiquement leur vision du monde se heurteraient à la même persécution, présentée comme vertueuse, que celle qui frappait un Oscar Wilde. Leurs opinions, qu’on leur reprocherait suffiraient à briser leurs carrières, à les boycotter dans leur vie professionnelle. L’indignation entretenue contre ces maudits est justifiée par un discours moral. C’est là que réside le puritanisme. C’est un péché qui leur est reproché.

        En Suisse allemande il y avait au temps de nos arrière grand-mères ce qu’on appelait le Frauenvein: ces associations de dames vertueuses qui pourchassaient le vice sous toutes ses formes (prostitution, alcool, jeu). Je dois dire que je suis vraiment très frappé par la similitude de mentalité et d’esprit mesquin entre le Frauenverein de naguère et les féministes “me too” d’aujourd’hui, ainsi que les défenseurs de la cause homosexuelle, et leurs campagnes de harcèlement et de Lynch contre celles et ceux qui s’opposent à eux.

        1. @ M. Molière

          Merci d’avoir donné une réponse, je rejoins votre point de vue, ce sont les termes que vous avez employés qui ont créé le malentendu. La chasse au sexisme, qui s’introduit maintenant partout, avec cours donnés à l’école dès le plus jeune âge, et ses dénonciations en série me révoltent. Mais je ne pense toujours pas qu’il s’agisse d’une « forme de puritanisme », ce sont les procédés employés, le droit de juger et condamner que s’arrogent ces « missionnaires » qui sont du même ordre. Alors pourquoi ne pas parler de « puritanisme » et de « morale », mais ce serait alors au deuxième degré : les militantes ne combattent pas pour la pureté du « pur-itanisme », on peut se souvenir des banderoles d’une ancienne manifestation à Paris : « Je suis une p…, mais pas la tienne ! » C’est tout de même triste de manifester pour être une « p… libre », ces femmes se prenaient déjà à leur propre piège… Alors le nouvel ordre moral qui pointe, qu’est-ce qu’il a de moral ? J’ai le sentiment que la sexualité avait un espoir de pouvoir être vécue sainement il y a une cinquantaine d’années, puis nous sommes assez rapidement retombés dans un sale décor, pour élaborer des notions de liberté à nouveau basées sur une monumentale hypocrisie assortie de mensonges (théorie du genre). J’exagérerai peut-être un peu, mais j’ai l’impression qu’à côté des grands progrès réalisés au cours du vingtième siècle pour nous protéger des ravages des maladies sexuellement transmissibles, nous sommes maintenant dans une époque où semble se propager une sorte de maladie psychique qui en son état actuel nous dépasse, et pour laquelle nous ne nous préoccupons pas même de trouver un remède. Mais pourquoi donc l’être humain a-t-il tant de peine à vivre une sexualité qui ne pourrait être que naturelle si l’on cessait de la séquestrer depuis des milliers d’années ! Est-ce que les populations primitives qui se cachent dans la jungle d’Amazonie ou certaines îles du Pacifique vivent nos problèmes insolubles ? Nous aurions peut-être quelque chose à apprendre de celles-ci, et découvrir peut-être que leur grande chance est de n’avoir jamais reçu la visite de missionnaires.

          1. @DOMINIC

            Bon, je ne découvre que maintenant votre réplique au sujet de mes réflexions sur la nouvelle forme de l’hypocrisie victorienne, qui est l’anti sexisme. Je touve vos considérations très intéressantes mais péchant par excès de nuance.

            Vous n’avez pas l’air de comprendre que nous avons affaire à une guerre menée contre vous (oui, vous êtes aussi visé, vous, personnellement) par des fanatiques qui ne font pas prisonniers. C’est la haine du mâle à l’état pur et cela vise à l’extermination, en plus de la castration. Les hommes doivent être réduits à la condition de sissies-zombies esclaves des princesses féministes lesbiennes de gauche. Le spectacle de la manif du 14 juin était repoussant. On y voyait une quantité d’idiot(e)s utiles dont certain(e)s sans doute animé(e)s des meilleures intentions mais instrumentalisé(e)s et manipulé(e)s comme des moutons de Panurge par des fanatiques haineux(ses) qui avaient élaboré un catalogue de revendications post-modernes du plus pur marxisme culturel déchaîné dont la plupart des manifestant(e)s idiot(e)s utiles n’avaient pas conscience et qu’elles-ils désapprouveraient probablement.

            Face à ces furies, la critique nuancée et compréhensive ne sert à rien. Il faut leur opposer un rejet total et absolu, sans entrer en matière sur rien, et rendre coup sur coup.

            Il sera bientôt temps d’organiser des manifs d’hommes en révolte. Et pourquoi pas des grèves des hommes victimes du féminisme. Là il y aurait beaucoup à faire. car le féminisme devient une agression permanente et une oppression des mhommes.

            Je verrais bien une grès d’esprit antiféministe, des hommes, qui sont encore le 100% des ouvriers assumant les tâches pénibles de la société.

            Vous voulez la parité mesdames: OK, mais alors pas seulement dans les postes de CEO, ou de Conseillers fédéral, il faut aussi la parité sur les chantiers, pour porter des sacs de ciment de 100 kilogs sur des échafaudages de 20 mètres de haut. Quand vous serez d’accord de porter cette revendication là, alors seulement on pourra penser que vous êtes de bonne foi.

  2. Je ne sais pas si mon commentaire apparaîtra approprié ou non. Je prends cependant le risque, parce que je suis un homme inoffensif qui estime que le féminisme même « extrême » est un phénomène compréhensible, cela ne m’est pas agréable, mais soyons justes, personne n’a jamais obtenu de changements et se montrant raisonnable et sage. Ceci pour dire que je ne pense pas être incapable de recul, quand bien même je suis un homme nostalgique de son époque largement dépassée, du moins pour les rapports de séduction tels qu’ils existaient quand nous portions les jeans « pattes d’éléphant », et que les filles riaient quand je leur tenais la porte, parce que cela leur paraissait inutile, mais pas non-souhaité comme je le constate une fois sur deux aujourd’hui. Bien, le sujet de votre article est « les mots et leur portée, leur signification blessante, ou dans le meilleur des cas, leur usage maladroit ». Les employées des Salons, oui je désire qu’on les respecte, mais je ne suis pas celui qui en parlera le mieux, ou le moins bien, simplement parce que je ne les rencontre pas. Mais les copains qui rêvent, et sont leurs clients de temps à autre, je les écoute causer regards absents en direction du plafond. Je me dis chaque fois : « Ah ce que c’est triste, les idiots, ils marchent, enfin si c’est pour eux un rêve accessible, cela les regarde… » Et je songe alors aussi aux dames, mais je m’abstiens bien de le dire à voix haute : « Un métier, oui, et elles méritent bien leur revenu, parce que pour faire la comédie et supporter du pire au plus respectueux des clients, ce n’est pas un plaisir mais bien un travail ». L’indépendante offre au rêveur ce qu’il imagine, sans qu’il ait besoin de la connaître réellement. Donc dans ce jeu payant, va-t-elle lui faire tomber ses illusions en refusant une image qui ne lui correspond pas, qui la heurte ? Se réserve-t-elle qu’aux clients qui n’affichent pas leur supériorité de mâle ? Ses finances seraient en chute libre. Le respect elle doit certainement veiller parfois à l’imposer, en rappelant ce qui fait partie du jeu ou pas. Et maintenant je reviens sur le sujet principal : le sexisme dans les mots. Je quitte le monde des belles-de-nuit, pour écouter ce que j’entends entre les hommes et les femmes de tous les jours : « Nos femmes sont à la maison au fourneau, nous jouons aux cartes un moment après le boulot ! » Oui, là c’est une vieille image détestable pour les femmes d’aujourd’hui, toutes celles qui ont moins de 90 ans ! (Je ne dis pas moins âgé pour être prudent). Et quand on déclare « Ma femme que j’aime », en sachant que quantité d’hommes disent pareil, n’est-ce pas approprié de dire aussi « Nos femmes que nous aimons », étant entendu chacun la sienne ? Celui qui veut toutes les femmes ne parviendra à en garder aucune, c’est ce que j’avais répondu à un copain qui me disait : « Ah moi je connais les femmes, j’en ai eu beaucoup ! », et il se sentait seul à 65 ans… J’aurais pu lui dire aussi : « Sans connaître les femmes, tu aurais pu en avoir encore plus, sans offrir de plaisir pour en obtenir, mais équitablement aussi, en payant… » Je m’étais abstenu, cela l’aurait blessé. Eh bien cet homme avait « ses femmes » et pas une seule qui aurait pu dire à ses copines « mon homme ». Ah les mots… En soi ils ne disent pas grand-chose, c’est quand la confiance est rompue qu’on ne sait plus que croire, ou quand le respect n’a aucun fond sincère. Entre un homme et une femme, comme entre les hommes d’un côté et les femmes de l’autre, j’espère que cette triste époque s’ouvrira à des rapports de paix et de bonheur. Ah on va se moquer de moi !.. Cette époque que je projette, je l’ai eue même si elle n’était qu’un rêve de courte durée, quand nous portions sans honte nos jeans unisexes qui nous allaient parfaitement bien, et que nous chantions assis à l’indienne Maxime Le Forestier : « Je te ferai des tresses… » Le titre : « Éducation sentimentale… » Pas sexiste pour un sou, seulement de l’amour ! Je voudrais tant que ce soit l’amour qui parvienne à construire une époque…

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