Le réveil citoyen

Que ce soit au Liban, en Irak, en Algérie ou en Iran, où le soulèvement populaire a été réprimé dans le silence et dans le sang, les gouvernements sont confrontés à des mouvements spontanés et acéphales, partis de revendications économiques et sociales mais qui expriment bien plus largement et profondément, le rejet d’une société sclérosée et figée, le refus et la hantise d’un avenir où les peuples seraient dépossédés de leur dignité, de leurs droits et de leur destin.
Des mouvements similaires ont eu lieu par le passé et se sont vite éteints. Ce qui est nouveau, aujourd’hui, c’est leur volonté de ne plus se laisser enfermés et conditionnés par le « choix » (qui n’en est finalement pas un) qui leur est imposé, entre le moindre mal et le pire :
– Un régime autoritaire et une société gangrénée par la pauvreté, la corruption et la violence, ou
– Une société embardée dans une guerre civile ou sous l’emprise de l’islamisme.
L’aspiration à la liberté est aujourd’hui plus forte et face à l’incertitude de l’avenir et du néant qui se dessine comme seul horizon, les femmes sont souvent en première ligne. Elles manifestent. Elles revendiquent aussi pour certaines et, parallèlement, leurs droits. Ainsi au Liban, où elles clamaient il y a quelques jours : « Nous entendez-vous crier ? Mon corps n’est pas ton honneur » ou en Algérie, où elles ont créé, à quelques jours de l’élection présidentielle, une chaine humaine pour s’interposer entre les manifestants et la police.
Face à ces soulèvements, le silence des démocraties occidentales est assourdissant et la complaisance ou le soutien à certains régimes autoritaires et/ ou corrompus, inconséquent et grave.
Les populations concernées se semblent pas s’en émouvoir. Elles ont compris que le chemin pour la démocratie, pour l’indépendance et la liberté était long et qu’elles devaient l’entreprendre et l’assumer seules.

Les aider à ne pas renoncer
Pour autant, d’appui de l’opinion publique internationale à ces mouvements est essentiel et la solidarité entre les peuples, vitale.
Il est urgent de sauver la planète des affres et de l’impasse du néo-libéralisme, d’exiger l’égalité homme-femme. Il est aussi fondamental de soutenir celles et ceux qui aspirent à la liberté. Dans un monde désormais globalisé, chaque traumatisme, chaque crise, chaque manquement aux droits de l’homme nous atteint de plein fouet, directement ou indirectement, à court, moyen ou long terme. Il faut désormais penser, exiger et agir global.

Zahra Banisadr

Diplômée en droit et en relations internationales de Paris I Panthéon-Sorbonne, Zahra Banisadr est spécialiste en migration et en relations interculturelles au service de la cohésion multiculturelle du canton de Neuchâtel. Elle est aussi l'initiatrice et la coordinatrice de projets culturels et éducatifs. Elle tient ce blog à titre privé.