Le Printemps culturel neuchâtelois, un projet initié par la société civile

En 2015, l’association Printemps culturel initiait et coordonnait une nouvelle manifestation culturelle bisannuelle dans le canton de Neuchâtel, invitant la population à découvrir, pour sa première édition, l’Iran et son histoire millénaire.

Un programme conçu par l’Université de Neuchâtel et l’ensemble des acteurs culturels du canton permettait d’aller à la rencontre d’un pays, à travers sa littérature, son cinéma, mais aussi son théâtre, sa musique, son Histoire, et d’y porter un autre regard, au-delà de l’actualité. Le président du Printemps culturel, Jean Studer, rappelait ainsi que « ce ne sont pas les dirigeants d’un pays qui en font l’identité, mais ses habitants, son histoire, sa géographie et surtout sa culture. ».

A l’origine de ce projet, un sentiment d’urgence de personnes issues de la société civile, qui dans le contexte des Printemps arabes mais aussi des graves tensions internationales, des guerres destructrices et déshumanisantes en Irak, Libye et Afghanistan, ont souhaité créer des ponts, des échanges et des rencontres entre les sociétés. Un sentiment d’urgence, mais aussi une conviction profonde et un engagement citoyen pour permettre des regards différents et des sources diverses, afin de mieux s’informer, mieux saisir les enjeux de notre époque et d’être plus exigeant-e-s envers nos propres dirigeants dans leurs choix et dans leurs décisions, d’être indéfectibles et infaillibles dans le respect de nos valeurs.

Aujourd’hui, après trois éditions (Carrefour Sarajevo en 2017 et Le Grand Nord cette année ont succédé à l’Iran), certains constats s’imposent :

Pour la première fois, une manifestation culturelle, autour d’une même thématique abordée sous des angles différents, est portée conjointement par des hommes et des femmes de la société civile, par l’Université de Neuchâtel et par la majeure partie des acteurs culturels du haut et du bas du canton. Des personnes au profil différent, animées par une même conviction et un même enthousiasme proposent, dans une liberté totale, une programmation éclectique, sans s’encombrer d’une lourde structure organisationnelle, sans engager un financement démesuré.

Les institutions publiques et privées (plus d’une trentaine en 2019 proposaient 73 évènements sur l’ensemble du canton) s’ouvrent ainsi à d’autres horizons et à d’autres publics.

La dynamique engendrée par cette nouvelle force culturelle, à la fois unie dans sa diversité et complémentaire, est créatrice de synergies, de projets et d’opportunités. Elle génère, nourrit, donne du sens au lien social. Elle crée un large mouvement d’adhésion et contribue à faire de la société neuchâteloise, une société vivante, bouillonnante de projets et d’initiatives, en toute confiance et ouverte sur l’avenir.

La société civile doit être active et s’engager au-delà des élections, donnant le ton et l’impulsion. Elle doit provoquer et imposer des projets. Elle doit surtout être exigeante envers elle-même et face à l’avenir qu’elle souhaite.

Zahra Banisadr

Diplômée en droit et en relations internationales de Paris I Panthéon-Sorbonne, Zahra Banisadr est spécialiste en migration et en relations interculturelles au service de la cohésion multiculturelle du canton de Neuchâtel. Elle est aussi l'initiatrice et la coordinatrice de projets culturels et éducatifs. Elle tient ce blog à titre privé.