Comment l’intelligence artificielle s’immisce dans notre quotidien

L’autre jour, mon fils faisait ses devoirs de maths. La scène ne sort pas de l’ordinaire jusqu’au moment où il décide, face à un calcul difficile, d’appeler son assistant vocal le plus naturellement du monde : “Ok Google, combien font 25 fois 32 ?” sans même lever les yeux de sa feuille. Il n’y a pas si longtemps que ça, nous aurions sorti notre calculette pour cela.

Que se cache-t-il derrière ces assistants vocaux ? Et quelles sont les autres applications de l’IA (intelligence artificielle) ?

Cette année, il sera encore plus difficile d’y échapper, non pas parce que l’IA est en plein développement, mais parce qu’elle trouve des applications dans notre quotidien. Nous entrons de plain-pied dans l’ère de l’objet connecté immédiatement utilisable.

Sur la base d’observations réalisées lors de deux conférences majeures auxquelles j’ai eu la chance de participer en ce début d’année, j’esquisse ici le panorama des domaines impactés par cette technologie, inaugurant ainsi mon carnet de route d’un monde connecté.

CES 2018

Le Consumer Electronic Show, le plus grand salon dédié aux loisirs technologiques et à l’univers du numérique, n’est plus à présenter. Sitôt passées les fêtes de fin d’année, ce salon réunit plus de 4’000 exposants et près de 190’000 participants à Las Vegas. Avec Maria Sokhn, Professeure de l’Institut Informatique de gestion de la HES-SO Valais-Wallis nous avons été invités à présenter nos travaux de recherche[1] sur le stand IEEE ComSoc.

Les Sommets du digital

La Clusaz accueille pour la 3ème fois une conférence en altitude sur le thème de l’innovation à laquelle j’ai pu participer conjointement avec AlpICT. Ce rendez-vous rassemble 250 participants et 44 speakers à la montagne, dans un écosystème éphémère unique pour innover et networker.

Omniprésence de l’intelligence artificielle

En parcourant les allées sans fin du CES ou en assistant aux conférences alpines des Sommets du digital, j’ai pu noter que l’année 2018 affiche une continuité à plusieurs niveaux. Certaines technologies devenues matures sont intégrées au marché grâce à la création de produits et services innovants. On peut citer l’omniprésence des appareils intégrant l’intelligence artificielle ainsi que la démocratisation des objets connectés.

En effet, l’accroissement de la puissance de calcul des ordinateurs et l’augmentation massive des données récoltées permettent aux ordinateurs d’apprendre et de prendre des décisions de la même manière que les humains. L’intelligence artificielle (IA) a énormément progressé et se voit intégrée dans différents domaines d’activité, de l’énergie à la santé.

Outil d’aide au diagnostic médical, Prof. Henning Müller, HES-SO Valais-Wallis

Le domaine de la santé numérique se voit redessiné avec l’arrivée de l’intelligence artificielle qui continue de croître avec de nouvelles solutions innovantes. Le diagnostic profite des systèmes d’analyse automatique et la surveillance ainsi que le traitement des maladie sont facilités grâce aux outils numériques. La Poste française a d’ailleurs présenté un carnet de santé en ligne permettant à tout un chacun de gérer ses données de santé et de les partager avec les professionnels de la santé.

Les véhicules autonomes prennent le volant

Depuis quelques années, les voitures autonomes sont l’un des sujets les plus brûlants de l’industrie. Cette tendance est confirmée par la présence de nombreux constructeurs au CES, prouvant la maturité de ce marché : la conduite autonome n’est plus une technologie du futur, mais bien du présent.

Mercedes a séduit en présentant son nouveau MBUX, un véhicule connecté qui comprend les commandes vocales et est équipé d’un bel écran tactile haute résolution. Le jeune constructeur chinois Byton s’est démarqué en dévoilant un concept de SUV autonome intégrant la reconnaissance vocale avec l’assistant Alexa d’Amazon.

Hyperloop One, CES 2018

Elon Musk a fait également parler de lui en démocratisant Hyperloop, un concept de transport à grande vitesse. La société a dévoilé les tests réalisés à grande échelle ainsi qu’une application pour les passagers. Les capsules à lévitation magnétique se rapproche de la réalité au CES 2018.

Robots et drône

Les robots, rejoints par les drônes il y a quelques années, ont toujours eu une place prépondérante lors du CES et l’édition 2018 n’a pas dérogé à la règle. Hanson Robotics a présenté Sophia, un robot humanoïde avancé, et LG a mis en avant la gamme CLOi de robots domestiques (guide d’aéroport, robot de nettoyage, portier ou chariot d’achats).

IoT : Maison connectée et assistants personnels

Depuis bientôt 5 ans, les objets connectés sont sous les feux des projecteurs permettant aux objets, des voitures à nos foyers, de devenir intelligents. La maison semble être au centre des préoccupations avec le développement de produits évidents, comme le téléviseur, à d’autres produits qui le sont moins, comme le fer à repasser ou la gamelle pour chien.

Sommeil 2.0

Notre sommeil occupe un tiers de votre vie : à 80 ans, nous aurons passé plus de vingt-cinq ans à dormir et ce territoir est donc également colonisé par l’évolution digitale.

Sleep Number, CES 2018

Au CES, j’ai pu me familiariser avec une multitude de produits, des capteurs à placer sur le sommier, aux lunettes de luminothérapie ou encore au bandeau connecté visant à faciliter l’endormissement, à améliorer le sommeil profond et à optimiser le réveil.  Mais cela ne s’arrête pas là, car la qualité de votre sommeil passe également par le SmartDuvet qui permet de réguler la température à sa guise, de chaque côté du lit.

Assistants personnels

Les assistants personnels ont également le vent en poupe avec Alexa pour Amazon ou Google Home pour Google. Autre exemple d’innovation grâce à la société suisse Mitipi qui a inventé un haut-parleur intelligent protégeant votre maison. Ce haut-parleur allume des lumières et enclenche la télévision à différents moments lorsque personne n’est à la maison, pour donner l’impression d’une présence dissuasive. Au delà de telles applications, au quotidien aussi ces assistants s’immiscent partout, à tout moment. J’en veux pour preuve l’anectode de mon propre garçon expliquée en guise d’introduction.

Wearables moins présents ou plus discrets

Les produits tirés des technologies portables (wearable technology) semblaient être moins présents au CES 2018. Peut-être car les accessoires comportant des éléments informatiques et électroniques avancés sont de plus en plus discrets. J’ai pu trouver des sous-vêtements connectés, produits par le fabricant Spire, ou une bague discrète surnomée Motiv Ring. Ce traqueur d’activités a préféré la forme discrète d’une bague à celle plus classique d’un bracelet. Moins encombrants et moins contraignants, le design des nouveaux objets connectés se rétrécit et s’allège afin de s’intégrer à notre quotidien de manière moins intrusive.

Les animaux ne sont pas en reste
Wagz Smart Pet Collar, CES 2018

Les animaux de compagnie ont également droit à leur corbeille connectée, leur pisteur d’activité ou leur robot de compagnie. Litter-Robot a présenté une litière auto-nettoyante pour chat, Tractive a proposé un tracker GPS pour animaux et Pebby, une balle intelligente pour chien et chat. Ce système intelligent équipé de capteurs et d’une caméra permet à l’animal de jouer en toute autonomie pendant que son maître le surveille à distance.

Human is the next big thing

CES 2018

Nous vivons dans un monde en mutation, au niveau technologique, économique, politique mais également au niveau social. Les machines deviennent de plus en plus intelligentes et nos vies d’autant plus liées à nos appareils connectés.

Que ce soit au CES à Las Vegas ou aux Sommets du Digital à La Clusaz, les même buzzwords se répètent : intelligence artificielle, big data, IoT, wearable, smart home, … . L’évolution technologique est réelle et impacte notre société ainsi que notre quotidien, et même si elle fait peur, il faut rester conscient que cette transformation digitale ne peut se produire que par l’humain, un humain au coeur de cette transition technologique.

 

Yann Bocchi

Merci à Matthieu Delaloye pour sa contribution à la rédaction de cet article

 

[1] Démonstration nommée « Smart District – A nomadic infrastructure based platform »

Yann Bocchi

Yann Bocchi est Professeur en informatique de gestion au sein de la HES-SO Valais-Wallis. Expert dans le domaine de l’Internet des Objets (IoT) et de la mobilité, il en fait ses thématiques de recherche principales depuis plus de 15 ans au sein de l’Institut Informatique de gestion à Sierre où il conduit également une unité en Digital Experience. Il est également responsable du Pòle Digitalisation de la HES-SO Valais-Wallis depuis le 1er janvier 2021.

8 réponses à “Comment l’intelligence artificielle s’immisce dans notre quotidien

  1. Bien sûr l’intelligence artificielle peut être une aide précieuse mais elle a aussi ses dangers. J’apprécie d’avoir une voiture qui freine toute seule si je ne réagis pas assez vite et qui a encore d’autres fonctionnalités de sécurité. J’espère simplement que votre fils est encore capable de faire 25 fois 32 sans aucune aide informatique car le danger est bien là. Même si nous déléguons des tâches à la machine l’homme doit absolument conserver son esprit critique sa maîtrise et ses compétences. Et là j’ai quelques inquiétudes pour l’avenir. Il suffit de constater la désinformation diffusée sur les réseaux sociaux pour s’en convaincre. Heureusement je dors très bien sans un stupide smartduvet.

    1. Bonjour, merci pour votre commentaire. Il y a des dérives possibles effectivement, je souhaite simplement mettre en lumière la caractère présent et non pas futur de ces technologies. Et je vous rassure, mon fils sait tout à fait faire des multiplications. Laissez moi préciser le contexte : il s’agissait d’un problème à résoudre durant lequel cette opération était nécessaire. Il aurait pu utiliser une calculatrice, mais c’est surtout le naturel avec lequel il a utilisé cet assistant vocal qui m’a interpellé ! Cette façon de faire lui a permis de rester concentré sur le problème général à résoudre et pas seulement sur cette étape du raisonnement.

  2. Bonjour.C’est pas une critique à votre article que je veux faire.Seulement un constat:Ma fille aînée,il y a 19 ans,avait 13 ans.J’étais (un petit peut) heureusement étonné car elle était trés perfomante en ce qui concerne la memoire.Il ne fallait lire un texte qu’une fois et,le lendemain c’était réussi l’examen,surtout en ce qui concerne la littérature et d’autres branches humanistiques.
    A 14 ans pile on l’a offert son premier portable..à l’époque même pas d’internet,loin s’en faut.Elle était la derniére de son groupe d’amies à réussir à convaincre(..mal gré)ses parents
    Aujourd’hui ma memoire (61 ans)pourrait faire,dans un éxamen,des lambeaus de la sienne car,depuis longtemps elle l’a sous-traité dans son smarphone et je suis sûr (ce n’est que mon avis)qu’à mon âge,si elle y arrive,elle ne pourrait raconter d’affilé même une petite partie de son enfance,de ses vivances d’ado,etc,etc
    Par contre,la cadette,28 ans maintenant,même si elle a aussi eu son portable à la même âge,elle n’en s’est jamais accro,et sauf l’hiver,elle s’occupe d’un très petit potager de permaculture.Son portable reste assez souvent à la maison,tandis qu’elle réfléchit(comme on l’a fait des milliers de générations qui nous ont précédé (rien d’extraordinaire!!!!!)se donant du plaisir avec ses oignons,etc,etc
    C’est la première fois dans l’histoire de l’hommo sapiens qu’une génération va “être pus idiot” que celle de ses parents,et le démocratie directe si fiére aux suisses va être celle de l’intelligence artificiel,pas des citoyens:DES G.A.F.A. PARTOUT,DES DONALD TRUMP PARTOUT
    Heureusement je serais déjà sous terre quan ça arrive,pas plus de 20 ans d’ici là
    Je serais heureux de me tromper

  3. Si vous suivez un peu les séries récentes (Black Mirror, Altered Carbon, Sens8, etc….) vous réalisez que c’est pas impossible. Bien sur faut comprendre l’anglais ou attendre les VF mais on est bien parti niveau VR et AI!

    1. PAS DE TELE CHEZ MOI DEPUIS..QUE JE ME SOUVIENS(JE RIGOL UN PEU,MAIS PAS MOINS DE DOUZE ANNES)
      VOUS POUVEZ ME “TRADUIRE”?

  4. Super article ! Ça fait rêver de voir que toutes ces technologies finissent en réels produits et services:-) Plein succès pour ce blog !

  5. très mauvais exemple choisi ! 25 par 32, il aurait fallu que votre fils sorte …une calculette ????
    ça se fait de tete , a condition qu’on ait enseigné aux enfants , a s’en servir !
    pour multiplier par 25, on multiplie par 100 et on divise par 4 ! 3200/4=par 2 puis par 2 donc 800 !

    hélas, le calcul mental, c’est ringard d’après les jeunes …

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