Personne dans le Vieux-Pays n'ignore que cette année 2015 parque le bicentenaire de l'entrée du Valais dans la Confédération . De nombreux projets ont vu le jour pour célébrer dignement cet anniversaire comme l'illumination de 13 sommets emblématiques! Le cube 365 – un logement moderne, fonctionnel et itinérant ( www.cube365.ch ) – ou la 13 ème victoire du FC Sion en finale de coupe. Alors que la société civile s'ingénie à élaborer des concepts ambitieux pour fêter fièrement 200 ans d'appartenance au miracle suisse, la majorité politique conservatrice valaisanne a concocté une révision de la constitution bien ancrée en 1815.
Le projet institutionnel communément appelé « R21 » visait à moderniser notre constitution de 1907 en l’adaptant aux réalités de ce début de XXIème siècle. Pourtant aujourd'hui, il y a clairement tromperie sur la marchandise et l'énoncé demeure trompeur à double titre : un « R » pour retour et non réforme et le « 21 »devrait laisser sa place à un 19 pour ce qui est du siècle. On nous annonçait une révolution, c’est au final une mascarade, un projet vide et rétrograde sur lequel le peuple valaisan est appelé à voter ce dimanche 14 juin.
En démocratie, il y a un principe immuable : « 1 citoyen – 1 voix ». La modification de la constitution proposée foule allègrement ce principe fondamental en octroyant un minimum de 35 députés aux Haut-Valais, indépendamment de la population résidente. Ainsi la voix d'un citoyen bas-valaisan aura moins de valeur que celle de son concitoyen germanophone. Sous le couvert de la protection d'une minorité linguistique, l'ancien parti majoritaire tente de freiner son érosion en proposant un système électoral visant avant tout des fins partisanes. Offrir un privilège aux citoyens haut-valaisans avec un minimum de 35 sièges est une hérésie ; pire, cette proposition d'un autre siècle divise le canton à l'heure où il devrait se rassembler pour célébrer 200 ans d'histoire commune réussie au sein de la Confédération. Cela laisse sous-entendre qu'aujourd'hui le Haut-Valais serait moins bien traité que le reste du canton. En plus d'être faux, ce sous-entendu est dangereux, car il encourage des volontés sécessionnistes dans la partie germanophone. La population haut-valaisanne, dans sa majorité, ne comprend pas la posture de ses élus qui laissent penser que le Haut-Valais n'a un avenir qu'avec l'introduction d'un quota. Quel manque d'ambition et de fierté pour une région qu'ils disent défendre par une proposition digne d'un retour des Princes-Evêques.
Que diraient les défenseurs du quota de 35 députés haut-valaisans si le Chablais revendiquait lui aussi un quota, sous prétexte qu’il doit être mieux représenté enraison des pertes d’emplois récentes (Tamoil, Syngenta) ? Personne ne prendrait au sérieux cette proposition – ce à juste titre ; aucun élu chablaisien n'aurait d’ailleurs l'outrecuidance de faire une telle suggestion.
Quant au mode d’élections des députés et du Conseil d’Etat, c’est une hypocrisie. Le Peuple ne pourra pas choisir ; il se voit imposer la bi-proportionnelle par simple manœuvre politique. Afin de conserver certains avantages, les forces conservatrices ont imposé ce système bi-proportionnel complexe qui leur permet de garder la main politique sur des districts tels que Rarogne oriental qui, avec ses 2'200 électeurs, est moins peuplé que 24 communes valaisannes (Vouvry, Lens, Ayent, Saxon, Loèche-Ville, Viège, etc.). Ce système inique et incompréhensible offre une vision particulière de la démocratie puisque le vote d'un citoyen d'un district aura un impact sur les élus du district d'à côté. En d'autres termes, les élus de votre district seront choisi par ceux du district voisin. Une interprétation très souple des principes démocratiques fondateurs de la Suisse moderne.
Nous devons privilégier la défense du canton dans son ensemble, pas la sauvegarde d’intérêts purement électoraux. C’est ainsi que nous pourrons faire face aux défis majeurs qui attendent notre canton. Gros-Bellet, reviens : l’unité cantonale est en jeu !