Les normes asphyxient notre économie

Le bon sens qui guidait le modèle helvétique dans l’élaboration, la réalisation et l’utilisation d’infrastructure laisse place à une gestion technocratique basé sur un système normatif rigide. A tel point que des projets, même d’intérêts généraux, voient le jour une décennie après le lancement du processus décisionnel. Cela pose évidemment problème à plus d’un titre.

Tout d’abord, au niveau financier, on assiste à une explosion des coûts budgétisés bien compréhensibles puisque ceux-ci ont été planifiés plusieurs années auparavant aux tarifs de l’époque. Ensuite, les contraintes technologiques imposées lors du choix du projet deviennent bien souvent dépassées au moment de la mise en service de l’infrastructure. Je vous laisse simplement vous remémorer les fonctionnalités de votre téléphone portable au début des années 2000. De plus, au vue de la durée de certaines concrétisations, on se retrouve avec des infrastructures dimensionnées au plus juste qui s’avèrent saturées plus rapidement que prévu.

Au final, les entreprises autant que les collectivités publiques se retrouvent avec des réalisations plus onéreuses, dépassées technologiquement, voire sous dimensionnées. Le retard pris dans le développement de ces infrastructures devient alors un handicap important en terme de compétitivité internationale et affaiblit notre économie. La ligne à très haute tension entre Chamoson et Chippis en est un exemple manifeste. Si lors de l’élaboration du projet en 1992, la technologie ne permettait pas d’envisager un enfouissement de la ligne, cette solution ne paraît plus utopique de nos jours. De légitimes frustrations naissent de cette situation qui dure depuis trop longtemps.

Cette problématique normative touche également le travail aux quotidiens de millions d’employés et de milliers d’entrepreneurs dans notre pays. Aujourd’hui, une part de plus en plus importante de leur activité est tournée vers l’administration publique à remplir des demandes d’autorisation, à détailler son activité ou encore à répondre à de nouvelles normes. Cela se fait au détriment des clients à fidéliser et des produits à développer. Je pense notamment à ce vigneron qui passe bientôt plus de temps à son bureau pour répondre à l’administration fédérale que dans ses vignes à s’occuper de ses raisins ; ou encore, à cet hôtelier, qui doit investir des dizaines de milliers de francs dans des paratonnerres pour répondre à une dérive étatique sécuritaire au détriment des milliers de francs qu’il n’investira pas dans le confort de ses hôtes.

L’avenir et le développement de la Suisse ne passent par une course aux études de faisabilités et aux tracasseries normatives. Si nous ne prenons pas garde, c’est toute notre économie qui va se scléroser en déresponsabilisant notre société derrières des normes froides et rigides.

Xavier Mottet

A 33 ans, le valaisan Xavier Mottet collectionne les fonctions. Banquier de profession, il est également ancien président du PLR Valais, ancien conseiller communal, député au Grand Conseil valaisan et président d'une société de remontées mécaniques.