“NOUS” : une pièce de théâtre par et pour les jeunes

Créée tout spécialement pour la campagne des 20 ans de STOP SUICIDE, “NOUS” est une pièce de théâtre écrite et mise en scène par Laure Bacchiocchi, ancienne stagiaire de STOP SUICIDE. La pièce raconte l’histoire d’un groupe de jeunes qui apportent leur soutien à quelqu’un qui traverse une mauvaise passe. En accédant à la subjectivité des personnages, le public est invité à ne pas considérer les idées suicidaires comme une fin en soi, mais comme des signaux d’alerte à prendre en compte. C’est en conclusion de son stage à STOP SUICIDE que Nicolas Herren, étudiant en sciences sociales, s’est entretenu avec Laure Bacchiocchi pour revenir sur l’utilité préventive ainsi que les messages de ce projet.

 

Nicolas : Pour commencer, pourrais-tu nous expliquer comment “NOUS a vu le jour ?

Laure : Chaque année STOP SUICIDE souhaite créer des nouveaux événements pour faire passer des messages préventifs et comme j’avais déjà écrit des pièces de théâtre par le passé, je leur ai proposé d’en créer une pour la campagne des 20 ans. Ils ont trouvé l’idée très intéressante et innovante, d’autant plus que les comédien.ne.x.s sont jeunes (entre 19 et 24 ans), ce qui est idéal pour transmettre des messages de prévention à d’autres jeunes.

 

 

Nicolas : Comment la dimension préventive a été intégrée au scénario ?

Laure : Pour moi, il était important d’arriver à faire passer des messages préventifs à travers la subjectivité et le vécu de jeunes. En abordant pleinement le suicide, je voulais enlever le tabou autour de ce sujet, tout en gardant à l’esprit que ça restait une thématique sensible. De plus, en discutant avec l’équipe de STOP SUICIDE, il nous paraissait intéressant que la pièce soit interactive pour que le public se questionne et puisse choisir la tournure du scénario. En laissant le choix, on voulait souligner qu’il n’y a pas une solution type et que la réaction la plus adaptée face à une demande d’aide n’est pas toujours la même selon la situation.

 

Nicolas : Malgré tes connaissances et ton expérience dans le milieu préventif, le suicide reste un sujet délicat et complexe à traiter. As-tu rencontré des difficultés durant l’écriture ?

Laure : Oui, car n’ayant jamais eu des idées suicidaires, je me suis posé la question de ma légitimité d’écrire sur ce sujet. Du coup pour ne pas tomber dans ma subjectivité et ne pas avoir une vision trop sentimentale, j’ai pu en discuter avec des gens qui ont été confrontés à cela à un moment dans leur vie, ce qui m’a permis de mieux comprendre leur vécu. De plus, grâce à mon expérience chez STOP SUICIDE et à des lectures sur le sujet, j’ai pu me sentir plus légitime. Mon souhait est que ma pièce soit un relai pour les personnes concernées par la thématique et non une réappropriation de ma part.

 

 

Nicolas : Quels sont les messages que tu voulais faire passer à travers cette histoire ?

Laure : Pour moi il est important de pouvoir montrer que la santé mentale n’est pas un sujet dont les gens doivent avoir honte et que même si actuellement ils ne vivent pas une telle situation, il est important de rester à l’écoute de sa santé mentale, car une période de fragilité psychologique n’arrive pas qu’aux autres. De plus, je voulais insister sur le rôle de l’entourage, car ayant moi-même été confrontée à cette situation, je sais qu’en tant que proche nous pouvons vite être dépassé.e.x par les événements. Même s’il est impossible de faire tout juste et que ça reste une situation très délicate pour l’entourage, il est important d’être attentif.ive.x aux signaux d’alerte et d’ouvrir le dialogue.

J’espère qu’après avoir vu la pièce, les gens pourront mieux réaliser pourquoi il ne faut pas s’arrêter aux apparences et qu’il est central qu’une personne qui ne va pas bien puisse le partager avec son entourage ou des professionnel.le.x.s.

 

Nicolas : Tu nous disais au début de l’entretien qu’une association comme STOP SUICIDE souhaite intégrer des messages préventifs à des événements culturels. Selon toi, quelle est la plus-value d’une pièce comme “NOUS” par rapport une prévention plus “traditionnelle” ?

Laure : Durant mon expérience chez STOP SUICIDE, j’ai constaté que la prévention via les réseaux sociaux ou les ateliers en classe touchent essentiellement les jeunes qui se sentent concerné.e.x.s, ce qui est déjà génial, mais l’attention des autres reste quelque chose de difficilement atteignable par ces moyens. En passant par un divertissement comme “NOUS”, notre souhait est de pouvoir s’adresser au plus grand nombre. Cependant, la pièce doit être vue comme un complément et une introduction à la prévention proposée par STOP SUICIDE et non un substitut.

 

 

Nicolas : Prévois-tu de créer d’autres pièces de théâtre ? Quels sont tes prochains projets ?

Laure : Suite à l’écriture de « NOUS », nous avons monté notre compagnie théâtrale, Théâtre ANOU, avec Nicolas Borgnana, le comédien qui tient le rôle principal. Nous avons développé plusieurs projets de pièces, toujours avec l’appui de STOP SUICIDE, pour parler d’autres thématiques taboues : les violences conjugales, les LGBTQIA-phobies et les usages des réseaux sociaux par exemple.

Les 28 et 29 juin, nous donnons 2 représentations de notre pièce « STOP », qui parle des violences dans le couple, à la Maison internationale des associations à Genève.

Ces créations théâtrales s’accompagnent d’autres actions de sensibilisation. Jusqu’à fin juin, nous organisons chaque semaine des lives sur instagram où des jeunes artistes locaux, eux-mêmes touché.e.x.s par ces problématiques, viendront s’exprimer sur ces sujets. Notre but est de pouvoir sensibiliser le plus de personnes possible sur ces sujets qui nous concernent tous et toutes.

 

 

Où et quand voir la pièce “NOUS” ?

  • Le 3 novembre au Toussaint’s festival à Lausanne
  • D’autres dates sont en cours de programmation pour cet automne à Onex (GE), Renens (VD) et au Centre de rencontre et d’animation de Bussigny (VD)

 

Vous souhaitez en savoir plus sur la pièce de théâtre ? Vous êtes intéressé.e à donner une représentation dans votre établissement, votre commune ou pour un groupe de jeunes ?

Contactez-nous à [email protected] !

 

STOP SUICIDE

En 2000, un jeune collégien genevois se suicide. Face à cette tragédie des étudiant.e.x.s organisent une marche silencieuse et décident à l’issue de celle-ci de fonder l’association STOP SUICIDE. En réaction au silence institutionnel et au manque d’action pour prévenir le suicide des jeunes, ils et elles se sont donné.e.x.s pour mission de parler et faire parler du suicide.