Osons en parler !

Lorsque ça ne va pas mentalement, il est difficile d’oser se confier et de chercher de l’aide. Les pensées suicidaires et les souffrances psychiques sont passées sous silence. Les chiffres sont le reflet de l’ancrage de ce tabou dans notre société. 29,1% des jeunes ne confient leurs problèmes à personne alors qu’un jeune sur cinq a déjà eu des pensées suicidaires.

Le silence autour du suicide entretient l’ignorance vis-à-vis de la thématique et par conséquent les idées reçues qui y sont liées. Les personnes concernées sont ainsi confrontées à un sentiment d’isolement face à leur souffrance. Briser le tabou autour du suicide est primordial pour la prévention afin d’ouvrir le dialogue et savoir repérer les signaux d’alerte.

Comment libérer la parole autour du suicide afin de lutter contre ce tabou ?

Déconstruire le tabou

« En parlant du suicide, on contribue à casser le tabou parce qu’il reste un tabou sur le suicide et la santé mentale en général. » Raphaël.

Déconstruire le tabou autour du suicide est crucial afin de prévenir un potentiel passage à l’acte et offrir un soutien aux personnes touchées. Pour libérer la parole, il faut avant tout déconstruire les idées reçues entourant la thématique du suicide. Ces préjugés stigmatisent les personnes qui souffrent, et créent un sentiment de honte qui peut freiner la demande d’aide.

Informer sur le suicide permet ainsi de faire connaître les signaux d’alerte, les ressources, les différentes aides disponibles et les manières dont on peut aider une personne qui a des pensées suicidaires.

« Le suicide est toujours loin de toi, on dirait que ça ne peut pas arriver à l’un de tes proches, à un frère. » Carolyne,  “Faut en parler !”, épisode 4 – Le petit pot de larmes

Il est important de souligner que le suicide peut toucher tout le monde. Toutefois, si personne n’en parle, il est alors difficile d’oser revendiquer une demande d’aide sans avoir peur de se sentir jugé.e, incompris.e. Ce tabou autour du suicide affecte également les proches qui n’osent parfois pas aborder clairement le sujet avec une personne dans le besoin. Normaliser la santé mentale est alors primordial afin de permettre à toutes et à tous d’en parler librement, sans crainte du jugement. Briser ce silence, c’est donner l’opportunité d’exprimer une souffrance et ainsi de rompre l’isolement autour des pensées suicidaires.

Parole d’expert

Comment parler du suicide ?

Parler du suicide, ça fait peur, c’est un fait. Pourtant, le seul moyen de savoir si une personne a réellement des idées suicidaires, c’est bien de demander. Raphaël Thélin, directeur de l’association Stop Suicide nous donne les clés pour aborder ce sujet difficile et pourtant si important.

Raphaël Thélin, Directeur de l’association Stop Suicide.

Oser en parler 

« Plus on va en parler, plus les gens vont être outillés pour aider. Les personnes que ça peut toucher vont savoir vers qui se tourner et quelle aide ils peuvent avoir. » Carolyne,  “Faut en parler !”, épisode 4 – Le petit pot de larmes

Tout le monde peut agir en tant qu’acteur.rice pour la prévention du suicide. Pas besoin d’être un.e expert.e dans le domaine afin de venir en aide à un proche. Une écoute attentive et empathique, dénuée de jugement peut aider une personne à aller mieux. Dépasser ses propres préjugés peut ainsi nous permettre d’agir. Dans une situation comme celle-ci, il est toutefois important de rester vigilant.e sur l’état de sa propre santé mentale et de ne pas dépasser ses limites. Les ressources à disposition sont des outils à connaître à la fois pour les personnes en souffrance mais également pour les proches. 

Les signaux qui alertent 

« Pour prévenir le suicide des jeunes […] il faut aussi parler à leur entourage qui sont des personnes qui peuvent être décisives pour prévenir le suicide d’un ou une jeune qui aurait des pensées suicidaires à un moment donné. » Raphaël.

Il reste difficile de demander de l’aide et de s’exprimer sur le mal-être que nous pouvons ressentir. Trouver les bons mots pour parler de nos émotions n’est pas toujours évident. Lorsqu’il est trop dur d’exprimer une souffrance, des signaux d’alerte peuvent se manifester. Ces signes sont subjectifs et propres aux personnes et au contexte dans lequel ils/elles se trouvent. Connaître ces signaux, c’est se donner la possibilité de déceler le mal-être d’un proche, d’un.e ami.e et de pouvoir ensuite lui proposer de l’aide.

Tout changement de comportement est important à prendre en considération. Cela peut être le signe que quelque chose ne va pas. Voici une liste non exhaustive de 6 signes de mal-être auxquels vous pouvez vous rendre attentif.ve : 

  •  Le sommeil : dormir trop ou pas assez ?
  •  L’isolement : Passer plus de temps seul.e ?
  •  L’appétit : Ne plus se nourrir comme d’habitude ?
  •  Les changements d’humeur : Des réactions inhabituelles ?
  •  La prise de substances : Une consommation abusive ?
  •  La perte d’intérêt : Détachement des activités habituelles

Besoin d’aide ?

Si vous vous inquiétez pour vous ou un.e de vos proches, contactez en toute confidentialité : 

  • 143 : numéro de la Main Tendue, écoute et conseils 24h/7j
  • 147 : ligne d’aide jeunes
  • 144 : urgences médicales

Plus de ressources sur santépsy.ch

 

Sources

Dupanloup, L. (2019, 10 octobre). Repérer les signaux d’alerte du suicide. Prévenir le suicide chez les jeunes – Le blog de STOP SUICIDE. https://blogs.letemps.ch/stop-suicide/2019/10/10/reperer-les-signaux-dalerte-du-suicide/

STOP SUICIDE

En 2000, un jeune collégien genevois se suicide. Face à cette tragédie des étudiant.e.x.s organisent une marche silencieuse et décident à l’issue de celle-ci de fonder l’association STOP SUICIDE. En réaction au silence institutionnel et au manque d’action pour prévenir le suicide des jeunes, ils et elles se sont donné.e.x.s pour mission de parler et faire parler du suicide.