STOP SUICIDE, 20 ans de prévention

En 2020, l’association STOP SUICIDE a passé le cap de la vingtaine. Pour honorer 20 ans d’engagement pour la prévention du suicide des jeunes, la campagne de l’association s’est penchée sur différentes problématiques en lien avec la question du suicide et les façons de les affronter. Alors que la campagne touche à sa fin, nous vous proposons de revenir sur chacune de ces thématiques.

Article écrit par Léonore Dupanloup.

 

#STOPSUICIDE

Le suicide est la première cause de mortalité chez les jeunes en Suisse. Il représente presque un tiers des décès chez les 15-29 ans, deux fois plus que les accidents de la route. Même lorsqu’elle semble brutale et inexplicable, une crise suicidaire est toujours le résultat d’une accumulation de problèmes auxquels on ne parvient pas à trouver de solutions. Quand des problèmes s’ajoutent les uns aux autres, prennent de l’ampleur, et semblent impossibles à résoudre, il est normal de ressentir du désespoir.

Un élément essentiel pour la prévention du suicide est d’identifier et de s’attaquer à ses multiples causes. C’est pourquoi en 2020 la campagne de STOP SUICIDE s’est consacrée aux « facteurs de risque du suicide » et aux différentes manières de les prévenir. Isolement, discrimination, tabou… Lutter contre ces phénomènes est essentiel pour la prévention du suicide et est à la portée de chacun.e.

Nous pouvons tous et toutes devenir acteur.ice.s de la prévention en nous informant, en déconstruisant nos préjugés, et simplement en nous ouvrant à l’autre !

 

À voir

 Comment engager une conversation sur le suicide ?  TED Talk de Jeremy Forbes

 

 

#STOPISOLEMENT

L’isolement n’est jamais un choix. Se mettre à l’écart ou être mis à l’écart n’est pas anodin et peut avoir des retombées qu’il ne faut pas sous-estimer. L’isolement peut être aussi bien une cause qu’une conséquence du mal-être. Le fait de s’isoler s’accompagne souvent d’une dégradation de la santé mentale et inversement, lorsqu’on ne va pas bien, on va avoir tendance à s’isoler. C’est donc aussi un signe révélateur du mal-être d’une personne. Si on remarque dans notre entourage une personne qui se met à l’écart, il est important de poser la question : “comment tu te sens en ce moment ?”

L’isolement social se distingue de la solitude, qui est le sentiment d’être seul.e. Elle peut être subie, mais certaines personnes apprécient véritablement la solitude. La situation particulière que nous traversons en 2020 a renforcé l’isolement non-désiré. Face à cela, il est important de trouver d’autres manières de maintenir nos liens sociaux, et cela peut même être propice à ouvrir des discussions plus profondes et personnelles. En ces périodes où nous ne pouvons nous voir qu’en petit comité, ou à distance par les appels vidéo, certain.e.s peuvent se sentir plus à l’aise pour parler à coeur ouvert. Il est donc important d’essayer de tirer le meilleur profit de ces nouveaux modes de contact.

 

À voir :

Les astuces de l’OFSP pour cultiver la vie sociale en période de restrictions sanitaires

 

 

#STOPDISCRIMINATION

Les groupes sociaux qui subissent des discriminations sont plus touchés par le suicide que les autres. Les études montrent que les minorités sexuelles et de genre ont un taux de suicide, de dépression et de troubles anxieux bien plus élevés. Cette souffrance trouve sa source dans les discriminations transphobes et homophobes encore bien trop présentes dans notre société. Il en va de même pour les personnes qui subissent des discriminations par rapport à leurs origines, à leur religion, ou encore leur apparence physique.

Parler des discriminations permet d’informer et sensibiliser chacun et chacune afin de lutter contre l’intolérance envers ces groupes stigmatisés. Il est primordial de questionner nos propres représentations et nos stéréotypes pour promouvoir l’acceptation de l’autre. C’est seulement ainsi que nous pouvons combattre l’intolérance et améliorer le vécu des personnes qui souffrent de ces discriminations.

 

À voir

La vidéo de Bruno Peki sur les discriminations

 

 

#STOPINDIFFERENCE

L’indifférence caractérise l’absence de réaction face à certains actes pourtant graves, comme des cas de harcèlement, de violence ou de souffrance psychique. Confrontées à de telles situations, beaucoup de personnes n’osent pas intervenir, par peur d’être soi-même pris pour cible ou de devoir subir des conséquences. Mais l’indifférence joue aussi souvent un rôle dans cette absence de réaction : on estime que ce n’est pas à nous d’agir, ou qu’on a mal interprété la situation et qu’il n’est pas nécessaire de s’en mêler.

Face à l’indifférence, une personne qui traverse une mauvaise passe se sent encore plus mal et risque de s’isoler si sa souffrance est ignorée ou minimisée par son entourage. L’indifférence impacte fortement la santé mentale et la santé physique, elle renforce le sentiment de honte et de rejet qu’on peut déjà ressentir dans ces moments-là.

Il est essentiel de prendre conscience de la gravité des conséquences de l’indifférence et d’apprendre à éviter cette attitude. On peut trouver de nombreux conseils à ce sujet sur internet, comme le programme international Stand Up, qui propose une formation en ligne pour apprendre à réagir face au harcèlement de rue, que l’on soit victime ou témoin.

 

À voir 

Formation Stand Up pour réagir face au harcèlement de rue

 

 

#STOPTABOU

Les problèmes liés à la santé mentale sont encore trop souvent minimisés, voire niés dans notre société. Ce tabou établit un silence autour de la souffrance psychique et isole celles et ceux qui sont concerné.e.s.

Les personnes qui ont des pensées suicidaires peuvent ressentir de la honte vis-à-vis de ce qu’elles traversent et cela les rend réticentes à se confier et à rechercher de l’aide. Cette peur d’être jugé.e ou stigmatisé.e vient du fait qu’à cause du tabou, beaucoup de personnes comprennent mal la problématique du suicide, peuvent avoir des préjugés sur la santé mentale et n’arrivent pas à avoir une réaction appropriée quand quelqu’un aborde ce sujet.

Combattre ces tabous est donc primordial pour sortir de l’isolement les personnes qui ont des pensées suicidaires, et ainsi promouvoir le dialogue et renforcer la prévention du suicide. Soyons là pour celles et ceux qui en ont besoin et rappelons-leur que peu importe ce qu’elles ressentent, elles doivent se sentir libres de le partager.

 

À lire :

Un témoignage sur le tabou de la dépression (Madmoizelle.com)

 

 

#STOPHARCÈLEMENT

En Suisse, environ trois enfants par classe sont exposé.e.s au harcèlement scolaire et les statistiques montrent que ce phénomène est en augmentation ces dernières années. C’est un phénomène silencieux qui impacte fortement la santé mentale et physique, à court et à long terme, pouvant entraîner de la dépression, des troubles anxieux voire même des pensées suicidaires.

Avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux, le harcèlement peut devenir viral et ne se limite plus à la sphère scolaire ou sociale. La distance avec la victime et l’impression d’anonymat peuvent procurer aux auteurs un sentiment d’impunité qui renforce encore le phénomène. À l’âge adulte aussi, de nombreuses personnes subissent du harcèlement ou du cyberharcèlement, que ce soit en rapport avec leur genre, leur orientation sexuelle, leur origine ou leur religion. Bien que les adultes puissent être mieux armés pour gérer ces situations, les conséquences peuvent être tout aussi dramatiques que pour les plus jeunes.

La lutte contre le harcèlement est donc essentielle pour renforcer la prévention du suicide. Tout le monde peut-être un jour concerné, en tant que victime, témoin ou même auteur. Il est ainsi urgent d’agir pour informer les jeunes et leur entourage, les sensibiliser aux signaux d’alerte et les conseiller sur comment réagir afin de désamorcer ces situations.

 

À lire :

Notre article “Harcèlement, mettre fin à la loi du silence

 

 

#STOPIDÉESREÇUES

Les idées reçues ont un impact sur le risque suicidaire de bien des manières différentes. D’une part, il existe des idées reçues à propos du suicide qui contribuent à aggraver des situations à risque. Elles constituent des obstacles à la prévention car elles empêchent les personnes qui souffrent et leur entourage d’en parler et de chercher de l’aide. Ces idées reçues participent au tabou autour du suicide et stigmatisent les personnes qui ont des pensées suicidaires en les enfermant d’autant plus dans leur isolement.

D’autre part, de nombreuses idées reçues qui peuvent affecter le bien-être et l’épanouissement personnel circulent dans notre société. C’est le cas par exemple des stéréotypes sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle, des injonctions sociétales sur la performance ou l’apparence, ou encore des préjugés racistes. Les personnes qui subissent ces préjugés ont des difficultés pour s’épanouir, car elles ne se sentent pas acceptées comme elles sont.

Pour renforcer la prévention du suicide, il est donc essentiel de déconstruire ces mythes et d’en comprendre les mécanismes.

 

À voir :

Les idées reçues sur le suicide (stopsuicide.ch)

 

 

La prévention au temps du coronavirus

Nous l’avons vu s’attaquer aux causes du suicide, à ses facteurs de risque, est nécessaire pour faire avancer la prévention. Dans la période instable que nous connaissons, ces facteurs de risque peuvent s’aggraver et s’accumuler, avec un risque important de détérioration de la santé mentale. Il est donc important de renforcer la prévention, tant au niveau institutionnel qu’individuel.

Les attentions et la bienveillance de chacun.e envers ses proches permettent de faire reculer le risque suicidaire. Devenons tous et toutes acteur.ice.s de la prévention en nous informant et en agissant auprès de notre entourage !

 

Ressources d’aide pour vous et vos proches, 24h/7j

143 – La Main Tendue

147 – Ligne Aide et Conseils Jeunes (Projuventute)

STOP SUICIDE

En 2000, un jeune collégien genevois se suicide. Face à cette tragédie des étudiant.e.x.s organisent une marche silencieuse et décident à l’issue de celle-ci de fonder l’association STOP SUICIDE. En réaction au silence institutionnel et au manque d’action pour prévenir le suicide des jeunes, ils et elles se sont donné.e.x.s pour mission de parler et faire parler du suicide.