Bonnes résolutions : du vœu pieux au changement

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Bonnes résolutions : du vœu pieux au changement

 

D’abord, bonne année 2017!

Je vous le souhaite sincèrement.

D’ailleurs, une bonne année, ça ressemble à quoi? Pour vous?

C’est souvent lors de ce passage du calendrier, que naturellement nous énonçons de bonnes, voir de périlleuses et impossibles résolutions.

Et en particulier dans le couple et (surtout) pour son conjoint !

Les bonnes résolutions sont une affaire délicate, nous pouvons être très naïfs et maladroits, lorsque nous croyions que cela ira mieux et que ce n’est pas le cas, c’est souvent pire!

Laisser naître des espoirs, des attentes positives est dangereux; c’est planter des graines de déception qui fleuriront ce printemps. Ce n’est pas suffisant et presque toujours inefficace. “J’espère vraiment que cette année je serai plus disponible à la maison”, “on doit absolument créer des temps privilégiés de rencontres en amoureux”, “je rêve d’avoir des soirées libres”, “on pourrait quand même faire l’amour au moins une fois par semaine…”, «  j’aimerais t’aider davantage dans les tâches domestiques », etc.

En consultation, je vois des couples être en mouvement, dans une dynamique de changement, corriger de mauvaises habitudes, se soutenir à éviter les pièges  de la misère familière du quotidien. Lorsqu’ils arrivent à engager des progrès, il y a une satisfaction, ça donne de l’énergie, l’estime de soi et de son couple remontent…

Et d’autres sont « indécrottablement » dans les mêmes réactions émotionnelles, les mêmes reproches et jugements, ils revisitent les mêmes failles, les mêmes chicanes frustrantes, pesantes et usantes.

Lorsque nous stagnons et n’évoluons pas, l’insatisfaction s’installe, nous coûte et nous fait perdre notre énergie, l’estime de soi et de son couple diminuent.

Alors, comment s’y prendre?

« Mais c’est dans ma nature, je ne peux pas agir autrement ! »

La prise de conscience: Si nature il y a,  nous fonctionnons fondamentalement de manière mécanique!?

Nous sommes dans nos conditionnements, il n’y a rien de naturel là dedans. “Je suis de nature plutôt …” ou “je suis comme ça…ça c’est moi…” n’existent pas. Beaucoup croient à une certaine spontanéité, en réalité, à 90%, ce ne sont que des automatismes. Ce que nous sommes capables d’être est à haut potentiel et probablement sans limites, le problème est notre identification à la petite idée que nous croyons être. Nos névroses et nos traits de caractère nous semble tellement authentiques ! Et surtout, fatigué, stressé, nous revenons à notre mode par défaut, le mode le plus économique: l’automatisme, le réflexe conditionné, la réaction sempiternelle et redondante.

Vous savoir autant programmés pourrait vous donner l’envie de vous libérer, d’oser sortir de la boîte, de risquer une attitude ou un comportement nouveau?

  • Un scorpion demande au crapaud, peux-tu stp me faire traverser l’étang sur ton dos, j’ai besoin d’aller de l’autre côté? Mais tu es fou, dit le batracien, tu vas me piquer et nous coulerons, je te connais bien! Mais non, bien sûr que non, insiste la bête armée de son dard et d’une sincérité maladive. Finalement le crapaud crédule et au grand coeur accepte, prend le scorpion sur son dos et traverse. Au milieu de l’étang, schhhlak!, le dard s’enfonce dans le dos tendre, et avant de couler, le crapaud glisse un “mais bon sang, pourquoi as-tu fait ça?” Le scorpion répond : “je n’ai pas pu m’en empêcher…”.

Si j’admets que je suis répétitif et finalement très inconscient de mes réactions, comment vais-je m’y prendre pour créer un petit changement? Espérer et attendre que cela se fasse sans moi, j’oublie! Dire à l’autre « mais j’y ai pensé ! » pour l’autre évidemment cela ne compte pas!

L’outil: mettre en mémoire vive ce qui nous tient à cœur, s’en rappeler.

De nombreuses personnes qui consultent m’ont dit: “Si je mettais en application un peu de tout ce que je connais qui ferait du bien à moi ou à mon couple… mais j’oublie tout le temps!” Pris dans le tourbillon de leur survie mécanique.

L’outil, le grand luxe et le moyen efficace, c’est de se rappeler de ce qui nous tient à coeur. Pour ne pas être gagné par notre nature mécanique, “je me rappelle que ce soir, lorsque je rentre du travail, je m’arrête un moment avec mon conjoint et je le/la regarde vraiment ». « J’anticipe et j’organise une petite soirée à deux jeudi prochain, je me rappelle de faire les téléphones pour l’organiser ». « Je me rappelle que le toucher affectif est très important pour mon conjoint, je vais m’y mettre davantage, puisque cela lui fait tant de bien ».

Se rappeler c’est mettre en mémoire vive ce que je veux changer le matin au réveil, ou sur le chemin de retour avant de retrouver mon conjoint-e”. Se rappeler, c’est aussi ce que nous appelons « s’engager », être présent à ce qui a été décidé, développer de la conscience sur l’objectif et évaluer ensemble l’avancée du changement, de façon amicale ! Reconnaître les petits pas effectués, s’encourager et se soutenir mutuellement.

Il est vrai que pour certains qui n’y arrivent pas, cela s’apprend, un stage ou quelques consultations peuvent aussi faciliter et raccourcir le temps d’apprentissage et la mise en place de quelques habilités relationnelles.

Par résistance au changement, nous avons tendance à reporter ou à éviter, donc à oublier…

  • Un vieil homme est à l’enterrement de son épouse de 58 ans de vie commune, il va retrouver le pasteur et avec une demi-larme à l’oeil lui déclare courageusement: “ma femme, je l’aimais tellement, j’ai failli le lui dire…”

Nous sommes très somnolants et loyaux à nos (mauvaises) habitudes et à nos croyances limitantes sur nous-mêmes. Toutefois, nous pourrions nous engager à être en mouvement, au moins un peu, pour soi, pour son couple. Au travail, nous le faisons aisément et sans résistance, également dans des situations et contextes nouveaux. Nous avons adapté et choisi de nouveaux comportements quelques millions de fois déjà avec succès. Comment nous rappeler de ce qui est important pour nous et d’effectuer de petits pas, amorcer le mouvement ? Cela s’apprend… et cela peut rapporter gros.

Rappelez-vous, bonne année 2017!

 

 

 

 

 

Stephen Vasey

Stephen Vasey est sociologue, travaille à Lausanne comme Gestalt-thérapeute en consultation individuelle et couple. Anime des séminaires sur la relation et la sexualité des couples, d’autres sur la colère saine. Auteur du livre « Laisser Faire l’Amour ». www.therapie-de-couple.ch