La prochaine crise financière est en train d’éclater

Le 10 mars 2023, les autorités de régulation américaines se sont empressées de saisir les actifs de la Silicon Valley Bank (SVB), à la suite d’une ruée sur cette banque, la 16ème plus grande institution bancaire du pays. SVB a fait faillite après que les déposants aient massivement et soudainement cherché à retirer leur argent, alors que l’inquiétude sur sa situation financière se répandait.

Il y a quatre similitudes entre la situation actuelle et la crise financière globale éclatée en 2008. Premièrement, les banques en difficulté font l’objet d’une ruée bancaire (bank run en anglais), c’est-à-dire qu’un nombre important et croissant de déposants se précipitent pour retirer leurs propres dépôts car ils craignent l’insolvabilité des banques. Deuxièmement, ces difficultés affectent rapidement le marché interbancaire, où les banques créancières cherchent à se faire rembourser par les banques débitrices, les premières craignant que les secondes ne soient elles aussi illiquides et insolvables. Cela induit un effet domino qui peut rapidement donner lieu à une crise bancaire, le marché interbancaire étant en fait gelé puisqu’aucune banque n’est disposée à fournir une ligne de crédit à une autre. Troisièmement, la contagion atteint également les marchés financiers, tant aux États-Unis que dans le reste de l’économie globale. La politique monétaire américaine représente enfin la quatrième similitude: dans les deux cas, les augmentations du taux d’intérêt directeur ont entraîné une série de problèmes de liquidité pour les institutions financières dans la mesure où plusieurs banques ont eu du mal à gagner suffisamment d’intérêts pour financer leurs propres paiements d’intérêts, à la fois sur le marché interbancaire et au-delà.

Il existe toutefois des différences entre la crise actuelle et celle éclatée en 2008. À l’époque, les crypto-actifs n’avaient pas encore fait leur apparition, et une large fraction des prêts accordés par les banques aux États-Unis étaient assortis d’une garantie physique, à savoir des biens immobiliers, que les banques créancières étaient pour une part en mesure de vendre sans trop de pertes pour leurs propres activités commerciales. En revanche, la crise qui nous occupe se démarque en tant que l’on observe également un certain nombre de problèmes de liquidité et de solvabilité quant aux crypto-actifs et aux institutions y liées, et qu’une part importante des prêts bancaires n’ont pas de garantie physique du fait qu’ils sont simplement basés sur la spéculation sur les marchés financiers. Le risque d’une nouvelle récession aux États-Unis est donc probable, d’autant plus compte tenu des multiples turbulences que traverse actuellement l’économie globale, parmi lesquelles les goulets d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement et les renchérissements qui ont réduit les perspectives de croissance économique réelle et les niveaux d’emploi dans le monde entier.

Face à la perspective d’une nouvelle crise financière, l’administration Biden a été contrainte d’annoncer un plan de sauvetage qui garantit que tous les déposants de la SVB ne perdront pas leur épargne dans cette banque. Cela devrait permettre d’éviter une ruée sur les banques, mais pourrait ne pas suffire à éviter une crise bancaire, dans la mesure où nombre d’autres banques aux États-Unis sont susceptibles de connaître des problèmes d’illiquidité ou même d’insolvabilité qui gèleraient le marché interbancaire, générant ainsi une crise bancaire systémique et, par extension, une crise financière mondiale.

Par ailleurs, les autorités de régulation américaines ont fermé la Signature Bank, basée à New York, afin d’éviter que la crise bancaire ne s’étende. Il s’agit toutefois d’un signal très clair qu’une crise bancaire majeure se profile aux États-Unis, dont les répercussions se feront rapidement sentir sur l’ensemble du secteur financier américain, en particulier en ce qui concerne les crypto-actifs, les entreprises technologiques et les sociétés financées par du capital-risque. L’effet domino ne saurait tarder à se produire, surtout si les interventions des régulateurs américains et de l’administration Biden ne suffisent pas à convaincre les institutions financières et les déposants que l’insolvabilité de la SVB et de la Signature Bank ne posera pas de problème majeur à l’ensemble du secteur bancaire et, au-delà, aux marchés financiers, tant aux États-Unis que dans l’économie globale, de plus à un moment où les crypto-actifs représentent une autre bombe à retardement.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.

78 réponses à “La prochaine crise financière est en train d’éclater

  1. Matière à action =>

    1) “La raison fondamentale du retour des crises, en dépit de toutes les expériences passées:
    l’incapacité à en tirer vraiment les leçons, à laisser les faits mettre en question des doctrines libérales erronées.”

    Paul Krugman, économiste nobelisé

    wwww.payot.ch/Detail/pourquoi_les_crises_reviennent_toujours-paul_r_krugman-9782020996037?cId=0

    2) BLABLA-BANQUE: LE DISCOURS DE L’INACTION

    “La réglementation des banques va tuer les investissements et la croissance » ; « Le remède sera pire que le mal ! » ; « Cela ne sert à rien » : voilà les trois grands arguments que les banques utilisent pour s’opposer à toute initiative de réforme ou d’encadrement de leur secteur en France, en Europe et dans le monde”

    La crise bancaire et financière de 2007-2008 avait offert une occasion de changer en profondeur le fonctionnement du secteur bancaire et financier. Pourtant, en dépit de la nécessité des réformes, elles ont provoqué une levée de boucliers de la part des banques et de leurs représentants. Au moyen d’un discours bien rôdé, le lobby bancaire est parvenu à convaincre citoyens et gouvernements que le renforcement de la réglementation mettrait en péril l’investissement des entreprises, l’emploi et la croissance… Quels sont donc les ressorts de ce discours aussi influent que paralysant ? Comment le lobby bancaire parvient-il à tisser sa toile jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir ? Un ouvrage critique qui décrypte le discours rhétorique du lobby bancaire en s’appuyant sur la grille de lecture du socio-économiste Albert O. Hirschman (l’argument de l’effet pervers, celui l’inanité et enfin de la mise en péril pour empêcher toute réforme) afin de rouvrir le débat aux citoyens, leur faire prendre conscience des débordements de la finance, pour mieux remédier aux excès et à la fragilité du secteur bancaire, et remettre la finance sous contrôle et au service de l’économie.”

    Prof. Jézabel Couppey-Soubeyran

    http://www.payot.ch/Detail/blablabanque-jezabel_couppey_soubeyran-9782841868018?cId=0

    http://www.youtube.com/watch?v=cgVvZairGQY

    3) 2 SIÈCLES DE RHÉTORIQUE RÉACTIONNAIRE

    http://www.fayard.fr/sciences-humaines/deux-siecles-de-rhetorique-reactionnaire-9782213026480

    4) BAISE TON PROCHAIN

    http://www.payot.ch/Detail/baise_ton_prochain-dany_robert_dufour-9782330127411

  2. Et revoilà! Les tests de solidité, les nouvelles obligations, les gendarmes financiers… tout cela n’aura pas rendu la confiance plus solide. L’argent produit en quelques clics est-il bien garanti? Les banquiers ne croient plus en leurs propres miracles, ils ont encore perdu la foi. Si je ne vais pas bien, cela doit être pire chez le voisin.
    Mais pour la Suisse, je m’interroge: pouvons-nous être encore indépendants avec une seule banque par trop systémique et même pas suisse. Quand on voit ce qu’il faut payer pour qu’elle accepte le paquet…

    1. Bonjour Gwaskell,

      Certaines classes d’actifs vont très probablement s’évaporer en Occident pour arroser l’Extrême-Orient. Selon mon analyse (et celles publiées durant des années sous la forme de “Voyage dans le temps et l’espace”, il n’est pas à exclure qu’une part non négligeable d’actifs finissent également dans le modèle financier atypique (bien plus stable) de la Finance Islamique. Rappelez-vous les alliances géopolitiques et stratégiques qui se jouent depuis quelques temps avec l’Arabie Saoudite, l’Iran, la Chine, la Russie et l’Inde (changement de paradigme monétaire mondial). Oui, effectivement, ce n’est pas joli-joli.

  3. Bonjour à tous,
    Je vous écris du Canada et je suis un conseiller sénior dans l’industrie de l’acier.
    Voici un bref survol de mes recherches et résultats.
    Lors de la crise financière de 2008, je cherchais à comprendre le fonctionnement du système monétaire et financier, mais à cette époque, la conciliation travail-famille ne me permettait pas de consacrer le temps nécessaire pour étudier cette question. Au fil des années, j’ai finalement eu plus de temps à ma disposition pour enfin me pencher sur ce problème complexe.
    J’avais remarqué depuis longtemps que les économistes et acteurs de la finance commentaient et dépeignaient le système monétaire et financier sans jamais proposer de solution aux problèmes fondamentaux que nous vivons depuis les 5 dernières décennies, alors que le système monétaire actuel est basé sur la croissance économique infinie, qui est impossible dans un monde fini!
    J’ai donc décidé d’en faire un passe-temps et, après 9 années de recherche, j’ai finalement abouti au concept d’enracinement des banques centrales.
    Je tiens à remercier très sincèrement le Dr et Professeur Sergio Rossi de l’Université de Fribourg en Suisse pour le soutien qu’il m’a accordé jour et nuit afin de répondre à mes innombrables questions.
    J’ai ainsi remonté jusqu’aux racines de l’histoire monétaire, de la civilisation sumérienne jusqu’à aujourd’hui, pour réaliser que les économies mondiales ont été stables pendant presque 5000 ans et qu’il y a eu dérapage complet à seulement deux reprises soit à l’époque Babylonienne et de l’Empire Romain.
    La fin du système de Bretton Woods en 1971 a eu un impact significatif sur l’économie mondiale et a conduit à des changements majeurs dans les relations économiques et commerciales entre les pays.
    Depuis les cinq dernières décennies, les populations ont été affligées par des récessions à répétition, le Covid-19 qui semble interminable, des économies mondiales déstabilisées par un contexte géopolitique explosif et aujourd’hui un nouveau défi pour l’humanité : les changements climatiques !
    Cela fait beaucoup pour les populations aux prises avec un système monétaire actuel voué à l’échec… d’ailleurs le billet du Dr et Professeur Rossi en est la preuve!
    Voici mon concept :
    Imaginez un arbre : le feuillage représente l’économie dans son ensemble, les branches secondaires représentent les banques commerciales et le tronc représente la banque centrale.
    Cela représente le système actuel mais un arbre sans racine ne vivra pas longtemps.
    Le fait de transiter la monnaie dans la population a un double effet de levier.
    1- Il est possible d’adosser le PIB à la dette.
    2- La population aura un fort sentiment d’appartenance au pays car elle fera partie de la monnaie.
    Pour ensuite ancrer la monnaie aux ressources naturelles, réserve d’or et des énergies renouvelables.
    L’interaction de ces différents modules d’enracinement représente des outils très puissants qui permettent de maintenir le fonctionnement de la monnaie circulaire dans une économie.
    -Cela signifie que la monnaie est soutenue par les richesses naturelles, les infrastructures et les ressources économiques du pays, plutôt que par une simple promesse ou garantie de l’État. Cela rend la monnaie plus solide et plus stable.
    – Que les banques centrales doivent travailler en étroite collaboration avec les gouvernements pour atteindre des objectifs économiques communs, mais elle doit également conserver une certaine indépendance pour éviter une influence politique excessive. Cet équilibre est crucial pour une politique économique saine et stable.
    – Utiliser des modèles économiques sophistiqués pour évaluer la situation économique, tels que des indicateurs macroéconomiques et des analyses statistiques. Cela permet une meilleure compréhension des tendances économiques et une meilleure prise de décision.
    – Être responsable de l’impact économique sur la population, elle doit donc soutenir les besoins de la population pour atteindre un bien-être économique élevé.
    – Créer de la monnaie en émettant des prêts aux banques commerciales, qui à leur tour émettent des prêts aux consommateurs et aux entreprises. Ce processus de création monétaire est contrôlé par les banques centrales à travers leurs politiques monétaires.
    – Réguler la liquidité du système financier en ajustant le taux d’intérêt qu’elles facturent aux banques commerciales pour les prêts, ainsi que les exigences de réserves qu’elles imposent. Cette régulation de la liquidité est un outil important pour maintenir la stabilité financière.
    – Elles ont pour mandat de maintenir la stabilité des prix, en contrôlant l’inflation. Elles utilisent différentes politiques monétaires pour atteindre cet objectif, telles que l’ajustement des taux d’intérêt et la régulation de la quantité de monnaie en circulation.
    – Elles réglementent les banques commerciales et les autres institutions financières pour assurer la stabilité financière. Elles fixent des exigences de réserves, surveillent la solvabilité des banques et imposent des limites aux prêts risqués.
    – Encourager l’investissement productif plutôt que la spéculation financière. Les investissements sont orientés vers des projets durables et à long terme plutôt que vers des bénéfices rapides.
    – Viser à prévenir les crises financières en promouvant la stabilité financière et en réduisant les risques systémiques.
    En revanche, le système monétaire actuel n’est pas conçu pour financer de manière efficace des projets durables à grande échelle. Les investisseurs privilégient souvent des projets à court terme qui offrent un rendement financier rapide, plutôt que des projets durables à long terme. De plus, le financement des projets durables est souvent considéré comme risqué et peut être difficile à obtenir dans le cadre du système monétaire actuel.
    En somme, l’enracinement des banques centrales pourrait offrir une solution efficace pour financer les projets durables nécessaires pour lutter contre les changements climatiques et la pauvreté dans le monde et ainsi plus équitable et plus résilient qui serve les intérêts du bien commun.
    Plusieurs gouverneurs de banque centrale de pays en grande difficulté économique ont reçu le concept d’enracinement mais tous ont restés silencieux préférant abandonner leur population agonisante pour ne pas déplaire à l’élite financière et aux soi-disantes monnaies fortes de cette planète.
    Pourtant, les gouvernements et les banques centrales ont le devoir de protéger le bien commun ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
    Nos dirigeants mondiaux ont la responsabilité d’intégrer une vision holistique viable à long terme, sinon…
    Il y a eu la tour de Babel dans l’histoire ancienne, aujourd’hui je considère que nous entrons dans l’ère de la Terre de Babel.
    Note: Mémoriser la dernière phrase du professeur Rossi sur les crypto-actifs.

    1. Bonjour,
      Merci pour vos explications.
      Une seule solution : interdiction des lobbies. Afin de promouvoir l’intérêt de tous et pas seulement de quelques uns. Ceci est valable dans tous les secteurs.

  4. Contre toute attentes, c’est le Bordel (avec un B majuscule) depuis que les accords de Glass-Steagall ont été rompus… A ceux qui espéraient que nous avions appris la leçon en 2008, mal leur en a pris, rien n’a changé et le court-termisme mortifère est toujours de mise.
    Marre des libéraux imbéciles et leur égoïsme à toute épreuve. Qu’ils arrêtent d’être sauvés par les états qu’ils endettent s’ils veulent conserver leur idéaux, c’est beaucoup trop facile de venir pleurer une fois qu’ils ont perdu leurs billes.

    1. “nous avions appris la leçon”
      Je ne me reconnais pas dans ce “nous”
      Il y a des décisions, pour lesquelles il n’y a aucune co-responsabilité.

  5. La crise économique, dont les racines sont multiples, a commencé à devenir palpable en automne 2019 déjà, juste avant le Covid, avec un ralentissement des ventes (automobiles notamment, mais aussi des problèmes sur la dette américaine dès septembre 2019).
    https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/article/guerre-et-covid-coup-froid-marche-automobile-mondial
    Le Covid a masqué ce ralentissement global en bloquant artificiellement les économies, tout en étatisant les pertes (chomage forcé, arrêt de la production, blocage des transports individuels, crédits 0%).
    Puis, la crise qui couvait a été encore masquée par la guerre en Ukraine (baisse forcée de la consommation d’énergie via les lois des pays, nouvelles productions à l’arrêt).
    La hausse des taux va progressivement produire ses effets.
    Les faillites vont se multiplier, surtout parmi les PME et les indépendants. On mettra tout cela sur le coup du Covid et de la guerre.
    La lutte contre l’inflation est un mensonge. Il s’agit tout simplement de reconstruire l’économie globale depuis le haut, en entraînant tous les acteurs et la population dans une marche forcée, sans possibilité de s’y opposer.

    1. Il faut certainement repenser de fond en comble notre lecture de la performance économique des Etats et enfin trouver un indicateur plus pertinent que le PIB.

      Dans l’exemple que vous citez, le ralentissement des ventes automobiles, on sait aujourd’hui que pour permettre un avenir viable à l’humanité et aux autres espèces du vivant, il faut changer de modalité de mobilité et réduire la taille du parc automobile dans une perspective de croissance des transports publics et de la mobilité douce. Nombre de jeunes dans notre pays n’ont même pas de permis de conduire.
      Or ceci est non seulement une bonne nouvelle mais une nécessité absolue si l’on veut préserver la vie sur Terre et son organisation civilisationnelle. Un indicateur pertinent de performance (économique, sociale, climatique) d’un pays en tiendrait compte, contrairement au PIB qui calcule “bêtement” la plus-value économique de court-terme des chaînes de production.

      1. Bonjour Jorick Aymon,
        Très pertinente intervention emprunte d’humanisme et de beaucoup de raison. Merci infiniment.

        Si cela vous intéresse, voici un extrait de mon intervention du 17 décembre 2020 à 13:00 (avec une référence à une autre de 2019)

        *****
        (…) Sous l’angle du capital naturel, pour le “Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat” sous l’égide de l’ONU, le lien entre le dérèglement climatique et l’exploitation des énergies fossiles est extrêmement probable, c’est-à-dire avéré à 95%. Et comme une évidence, il est tout naturel de poser le constat suivant : « le capital naturel a déjà été détruit ou endommagé de manière irréparable par le système économique ». Ceci me renvoi à mon intervention du 28 mai 2019 – à 21:26 – et dont le professeur S. Rossi a titré sa chronique : « Les limites de la croissance économique sont désormais évidentes ».

        Nos outils de mesure et notre grille de lecture sont devenus des reliques.

        Non seulement la croissance économique, mesurée par rapport à l’évolution du Produit intérieur brut (PIB), est devenue une obsession pour la plupart des économistes, des institutions financières et des politiciens, mais la nature même du « PIB est désormais obsolète » pour paraphraser l’économiste hétérodoxe, Joseph Stiglitz, car ce thermomètre reste imparfait eu égard aux nombreux agrégats déjà pervertis par l’idéologie dominante. Durant le WEF de Davos, en janvier 2016, la fronde de Joseph Stiglitz résonnera encore en prônant que les instruments de mesure de l’activité économique doivent urgemment évoluer. Pour ce qui a trait à l’économiste hétérodoxe Paul Krugman, lui aussi titulaire du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques (Nobel), il publiera une critique éloquente du PIB dans une tribune: « Le Viagra et la richesse nationale symbolise la problématique ambiguë d’un produit, le Viagra, qui donne du bonheur aux utilisateurs/consommateurs alors que sa présence dans les statistiques de production est quasiment absente ».Quant à la notion du PNB (Produit national brut), nos sociétés modernes et développées feraient bien de s’inspirer du Bouthan, avec son BNB (Bonheur national brut), cet indice qui sert à mesurer le bonheur et le bien-être de la population du pays et qui demeure inscrit dans la constitution promulguée le 18 juillet 2008 ; il se veut une définition du niveau de vie en des termes plus globaux que le PNB (…)
        *****

        Bien à vous

  6. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (51) : Haute trahison envers le peuple (perçu comme un actif et un coût)

    Bye bye CREDIT SUISSE et la théorie moderne du portefeuille développé par Harry Markowitz. Le cas “CREDIT SUISSE and Co” nous offre un cas d’école que les non-initiés feraient bien d’intégrer très rapidement sur le plan sociétal et social.

    En effet, certains doivent bien connaître la théorie financière développée en 1952 par Harry Markowitz qui expose comment des investisseurs “rationnels” (mais dont “de récents travaux récompensés” et issus de la recherche en sciences comportementales ont définitivement invalidés cette notion d'”homo oeconomicus” selon John Stuart Mill; pourtant toujours à la base du modèle néoclassique en économie avec, toutefois, une composante à géométrie variable -“The Behavioural Insights”- alors que l’approche même de Keynes sur les “Esprits animaux” date du début du siècle dernier) utilisent la diversification afin d’optimiser leur portefeuille; et surtout quel devrait être le prix d’un actif étant donné son risque par rapport au risque moyen du marché. Pour Markowitz, la frontière de l’efficience (un concept!) est un modèle d’allocations d’actifs visant à optimiser le couple rendement / risque* d’un portefeuille boursier. Pour lui, le concept de diversification du portefeuille est à la base des choix d’investissements mais ce n’est pas suffisant, il faut optimiser cette diversification. Les actifs doivent donc être sélectionnés de manière globale en tenant compte des différentes corrélations entre leurs variations. L’objectif étant de réduire le risque au maximum pour un niveau de rendement donné.

    En aparté, sur le plan sociétal et social, au sein de nos économies modernes et totalement financiarisées – cooptées sans concession à l’idéologie néolibérale – l’on peut aisément transposer cette approche *bénéfice/risque (couple rendement/risque) aux facteurs de productions (les actifs) et aux facteurs générateurs de coûts, comme par exemple dans le cadre de la gestion plus que discutable de la pandémie mondiale Covid-19 (les risques). Ainsi, l’approche du “portefeuille patrimonial” de nos l’homo-politicus envers leurs administrés considère indéniablement “la valeur statistique d’une vie humaine” (VSV).

    https://www.oecd.org/fr/env/outils-evaluation/env-valeur-vie-statistique.htm

    La valeur statistique d’une vie humaine se calcule par la somme d’argent qu’une société est prête à payer pour réduire l’exposition au risque de la valeur de chacun de ses membres. En gardant à l’esprit que toute valeur reste par essence relative. En effet, depuis les années 1970 (ère des monétarisme et de la pseudo efficience des marchés financiers sensés se réguler par les prix. Réf: Malkiel, Fama, Frieman) le nombre d’études réalisées sur la mesure de la “valeur statistique d’une vie humaine” (VSV) est impressionnant. Plusieurs valeurs ont été estimées, et ce, à l’aide de différentes méthodes. La difficulté des gouvernements à choisir une valeur provient naturellement de la grande variabilité dans les résultats obtenus. Il est tout aussi évident qu’un “actifs comme facteur de production” n’a pas la même (VSV) en Afrique, en France, en Suisse ou aux États-Unis, par exemple. L’analyse (bénéfice/risques ou avantages-coûts et encore rendement/risque) dans nos sociétés modernes totalement financiarisées est donc un outil très usité (néanmoins dangereux) pour l’évaluation des projets et des tâches des gouvernements qui, comme suffisamment démontrés par le passé, n’oeuvrent malheureusement plus dans l’Intérêt général et pour le bien commun avec une vision à moyen/long terme. Et ceci n’est encore que plus visible avec l’enchaînement de toutes les crises post 2008.

    Pour en revenir plus précisément à Harry Markowitz, si celui-ci a introduit la notion de frontière efficiente pour les actifs, à l’inverse, pour chaque niveau de risque, on peut aussi trouver un portefeuille maximisant le rendement attendu. Là ça devient plus intéressant sachant que la théorie moderne du portefeuille de Markowitz défend également l’idée que le portefeuille peut être constitué d’actifs sans risque, respectivement les emprunts souverains. Il s’agit donc des emprunts d’Etats à court terme mais dont un resserrement monétaire impacte directement la duration, et par analogie le risque. Sans compter les attaques spéculatives des fonds alternatifs sur ces titres, comme largement observé durant l’orthodoxie mortifère en Europe dès 2010…).Bye bye la théorie de Harry Markowitz!

    Ainsi, au sein des différents marchés totalement manipulés par les banques centrales et les banques commerciales/investissements (mais pas que !) depuis 2008, accouplés à l’échec pathologique des organismes de régulation et chapeautés au travers de l”‘autisme quasiment criminel” de nos gouvernements et autres technocrates – qui ont persisté à suivre les yeux fermés des modèles obsolètes depuis plusieurs décennies – les voici à présent trembler pitoyablement devant le présent et le futur. Ils le peuvent!!!

    Mais en Suisse, soyons rassurés, nos homo-politicus (tous confondus) ont réussi là un chef-d’oeuvre par l’accroissement du risque systémique avec une reconcentration de moult risques en UN seul. Après les sempiternelles balivernes: – “Plus d’argent pour la santé; pour la transition énergétique/climatique; pour les retraites; pour une réforme en profondeur de la LAmal; pour la formation de notre jeunesse; pour l’assurance chômage; pour nos agriculteurs, etc”; bref, tout un ensemble qui devrait participer normalement (comme les hétérodoxes le prêchent dans le désert depuis des décennies) au filet de sécurité d’une société avec des valeurs encore humaines. Pfffffffft, partit en fumée!!! Et autant dire que je reste un Capitaliste modéré!!! Alors, quand est-ce que “les sept sages” 🙈🙈🙈🙈🙈 et l’armée de Leprechauns siégeant au conseil des états et au national va-t-elle se lever d’un seul tenant pour informer leurs administrés, c’est-à-dire la population helvétique, que cette dernière garantit déjà – au travers de la BNS – la stratégie plus que discutable de cette institution mal pilotée? Tout à l’instar de la Finma, par ailleurs. Pourtant, beaucoup devraient aussi déjà savoir – comme administrés – que la protection des dépôts des épargnants à 100’000 francs par tête de pipe est absolument relative et qu’elle ne sera pas à la hauteur d’un réel Bail-in. Étant entendu que le “sauvetage du CREDIT SUISSE” demeure une version 2.0 d’un “Bail-out”, n’en déplaise aux homo-politicus.

    À présent, pour les fidèles lecteurs du blog de notre éminent hôte, le prof. et dr. en économie, Sergio Rossi, qui nous lisent depuis des années, savez-vous qui m’employait encore en 2007, lorsque je fus un whistleblower durant la crise du subprime US et avant la chute de Lehman Brothers: CREDIT SUISSE.

    PS: Un clin d’œil particulier à toi, mon très très cher et estimé Ami Sergio😉 Avec tous mes remerciements réitérés pour la grande profondeur, l’honnêteté sans faille et l’intégrité de toutes tes analyses (et recherches) visant toujours l’Intérêt général et le bien commun👏

    Avec mon soutien indéfectible. Ton Ami.

  7. Sur le long fil de la chronique précédente, rappelez-vous les intervenants/lecteurs, je vous ai parlé de la “Théorie du Coyotte suspendu”:

    Alors, sans surprise, ce matin, l’univers entier des obligations les plus risquées des prêteurs européens – ceux du niveau AT1 – a plongé après qu’UBS a accepté d’acheter la banque dans le cadre d’un accord historique imposé par le gouvernement visant à contenir une crise de confiance qui avait commencé à se propager à travers marchés financiers mondiaux.

    La “Théorie du coyotte suspendu” en un graph, ça donne ceci:

    https://cms.zerohedge.com/s3/files/inline-images/CS%20AT1.jpg?itok=eGCYpBnZ

    1. Comme le montre le tableau de présentation du Credit Suisse ci-dessous…

      https://cms.zerohedge.com/s3/files/inline-images/swiss%20bail%20in%20regime_0.jpg?itok=wIs2ojvi

      ….dans un scénario typique de dépréciation, les actionnaires sont les premiers touchés avant que les obligations AT1 ne subissent des pertes. Normal, imaginez que dans la hiérarchie des risques et leurs réalisations, l’on vienne préserver l’actionnariat avant les détenteurs obligataires, une hérésie. Sauf dans le cas d’école du “Bail-out” du CS (un bail-in mi-figue mi- raisin). La décision de déprécier la dette la plus risquée de la banque plutôt que celle de ses actionnaires a provoqué une réaction furieuse de la part de certains détenteurs d’obligations et pour cause. Réalisant le chaos et la fureur parmi les investisseurs AT1 qui pourraient déclencher la prochaine étape de la contagion du marché, les régulateurs européens se sont précipités pour “tenter de rassurer”. Ben oui, mais la crise de confiance dans la place financière helvétique reste doublement écornée à présent.

      https://cms.zerohedge.com/s3/files/inline-images/swiss%20bail%20in%20regime_0.jpg?itok=wIs2ojvi

  8. Votre article est très intéressant, effectivement on ne sait pas ce qui nous attend, Je ne suis pas un spécialiste de la finance mais je pense que le la BNS, la Finma, et le Conseil Fédéral nous racontent de gros bobards. Comme dit le proverbe les promesses rendent les fous joyeux. Je n’ai plus rien à l’UBS et au CS et je suis allé dans des banques plus sûres où le frais sont moins élevés et le service plus sympathique et meilleur. J’ai incité ma famille, amis et connaissances à faire de même. A bon entendeur……

  9. Il ne s’agit plus de bulles, mais il faudra introduire la notion de “mousse” !

    La mousse n’est rien d’autre qu’une quantité de bulles amalgamées les unes contre les autres !

    Et ce n’est pas parce que l’une d’entre elles éclate que les autres éclatent forcément !

    1. On en reparlera lorsque la “titrisation” des crypto-actifs (avec le vent comme collatéral), viendra sérieusement se rajouter sur l’eau du bain, Corto.

  10. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (52): Personne n’oubliera le jugement dernier

    Pour tous ceux qui ont la mémoire courte, rappelez-vous Qui a enfumé Qui en 2011.
    *****
    ♟2011 – “La banque suisse envisagerait d’émettre jusqu’à 30 milliards de dollars en obligations à conversion obligatoire ou « CoCo » dès l’année prochaine afin de renforcer ses fonds propres et d’anticiper les nouvelles règles bancaires, indique le quotidien qui cite ➡️des propos du directeur général de l’établissement, Brady Dougan⬅️➡️Ce type de produits a connu un franc succès suite aux déclarations des autorités suisses⬅️ rapportant que ces obligations permettraient de renforcer les fonds propres des banques”

    Source:

    https://www.agefi.fr/news/banque-assurance/credit-suisse-va-emettre-des-coco-bonds
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    ♟2011 – “(…) Le Credit Suisse a donné lundi aux autorités bancaires de rares bonnes nouvelles avec son intention d’émettre 6 milliards de francs suisses (6,2 milliards de dollars) d’obligations dites CoCo qui seront converties en actions si la banque rencontre des problèmes. Cette décision est un coup de pouce bienvenu pour le marché (…) ➡️Les régulateurs y ont placé leurs espoirs comme un moyen de constituer un capital bancaire indispensable et de protéger les contribuables⬅️(…)”

    Source:

    https://www.reuters.com/article/us-creditsuisse/credit-suisse-kick-starts-cocos-with-6-2-billion-bond-idINTRE71D3BC20110214?edition-redirect=in
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    ♟2011 – “(…) ➡️Bien que les régulateurs suisses considèrent les “CoCos” comme de bons instruments pour éviter les renflouements gouvernementaux des grandes institutions financières en cas de crise, certains banquiers ont exprimé des doutes quant à la faisabilité de créer un marché pour ces instruments⬅️ (…) “La réalisation d’une transaction de cette ampleur renforce notre conviction que le capital contingent peut être une source importante de capital pour le secteur bancaire”, a déclaré lundi le directeur général du Credit Suisse, Brady Dougan. ➡️”Nous pensons que cela dissipera les inquiétudes concernant l’attrait de ces instruments pour les investisseurs”, a-t-il déclaré⬅️

    (…) ➡️Ils (les “CoCos bonds”) seront également convertis si la FINMA détermine que le Credit Suisse Group a besoin du soutien du secteur public pour l’empêcher de devenir insolvable, en faillite ou incapable de payer un montant important de ses dettes, ou dans d’autres circonstances similaires⬅️(…)

    Source:

    https://www-cityam-com.cdn.ampproject.org/v/s/www.cityam.com/credit-suisse-38bn-convertible-bons-issue/?amp=1&amp_gsa=1&amp_js_v=a9&usqp=mq331AQIUAKwASCAAgM%3D#amp_tf=Source%C2%A0%3A%20%251%24s&aoh=16793516427220&referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com&ampshare=https%3A%2F%2Fwww.cityam.com%2Fcredit-suisse-38bn-convertible-bons-issue%2F
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    Les homo-politicus et la Finma vont devoir rendre des comptes au peuple. Et probablement au-delà.

  11. Rappel du phénomène du “Moral hazard” dont l’ensemble des contribuables ne sont que “les dindons de la farce” et les homo-politicus de vulgaires opportunistes (réf. Public Choice Theory). Un secret de polichinelle!

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    14.10.2022 “(…) Le groupe SIX, qui gère la bourse, publie des statistiques relatives à la valeur nominale des produits dérivés en particulier sur actions, pour la Suisse. On a pu y lire certaines semaines des chiffres ahurissants : la deuxième semaine d’octobre 2020, environ 27’000 fois le PIB suisse ; la dernière de mai 2021, 53’000 fois ce PIB et la deuxième de mars 2022, probablement de l’ordre de 3’750 fois le PIB de cette année. Comment se fait-il que les produits dérivés, censés être des contrats d’assurances contre les risques financiers, atteignent de tel volumes ? Comment croire que les besoins de couverture financière en Suisse se montent à plusieurs milliers de fois le PIB ou des dizaines voire des centaines de fois le PIB mondial? L’ordre de grandeur devrait être bien plus faible.

    Pour une famille, par exemple, le PIB correspondrait au salaire annuel. La valeur nominale des contrats d’assurance qu’elle a souscrit, sur son appartement, sa voiture… ainsi que celle d’une assurance vie, en l’occurrence ce qui sera perçu en cas d’incendie, d’accident, de décès, sont peut-être 5 à 10 fois plus grands que le salaire annuel, mais pas 30.000 fois! Par contre, si cette famille avait le droit d’acheter des assurances auto sur la voiture d’un voisin qui conduit mal, alors on pourrait imaginer qu’elle le fasse à grande échelle. En réalité, il ne s’agirait plus de contrats d’assurance, mais de paris sur l’accident de voiture du voisin, que la famille pourrait être d’ailleurs tentée de saboter pour être certaine que l’accident se produise. De tels paris sont bien sûr interdits pour les voitures, mais pas en finance où miser sur le défaut de telle ou telle entreprise est monnaie courante.

    Ainsi, les volumes astronomiques de produits dérivés en Suisse, correspondent fort probablement à de tels paris, dont les pertes sont assumées par le contribuable en dernière instance, à partir du moment où des institutions financières systémiques sont impliquées (…)”
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    Source: Marc Chesney est professeur à l’Université de Zurich après l’avoir été à HEC Paris, où il a aussi été doyen associé. Depuis de nombreuses années il développe une analyse critique du secteur financier. Le prof. Marc Chesney est également membre de
    Finance Watch.

    https://marcchesney.com/fr/media/14-10-2022-le-temps-credit-suisse/

  12. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (53): Nos alchimistes découvrent le prix du vide.

    (…) Larry Fink, le PDG de BlackRock (et hébergeur de Philipp Hildebrand, ancien président de la BNS) dans sa lettre annuelle adressée pour la première fois en même temps aux entreprises dont sa firme est actionnaire et aux investisseurs, a exprimé des inquiétudes. Loin des déclarations habituelles sur le capitalisme responsable et la prise en compte du climat par la gestion d’actifs, il s’est concentré sur les problèmes de liquidité des banques très exposées à l’endettement massif de leurs actifs. Comprendre les risques très élevés de faillite des institutions financières qui vont devoir faire face à la panique de leurs clients venus retirer simultanément et en masse leurs avoirs, alors que la banque ne sera pas en capacité de les leurs rendre parce qu’elle a trop prêté à des entreprises beaucoup trop endettées pour supporter une remontée des taux rapides. Cela concernerait jusqu’à 186 banques américaines (…)

    En même temps, ce n’est pas comme si le 15 décembre 2020, j’avais reposté cette analyse pour la énième fois depuis 2018 – dans la continuité du travail de recherche de l’économiste William Lazonick publié en 2014 (Profits Without Prosperity (…) “Alors même que nos économies modernes furent profondément meurtries lors de la conflagration de 2008, que les réponses monétaires de nos Banques Centrales (comme prêteur en dernier ressort) ne furent accompagnées des leviers budgétaires de gouvernements plus autistes les uns que les autres, faut-il être surpris de constater que les sociétés cotées les plus importantes au monde – anté pandémie – ont réussi à s’endetter durant la dernière décennie, à hauteur de 13.5 trillions de dollars pour racheter leurs propres actions, manipulant de fait et légalement le cours de leurs titres par effet mécanique, jouant ainsi au Casino Royal. Sans pour autant un réel ruissellement dans l’économie réelle. Et ceci dans une ère où les destinée de nombre d’entreprises sont déjà en mains de mégalomanes ayant largement privilégié l’ingénierie financière à la création de richesses au lieu d’investir intrinsèquement dans leur entité (…)”

    https://hbr.org/2014/09/profits-without-prosperity

  13. C’est bien de parler finances, mais ne pas oublier le contexte social, spécialement aux USA, très explosif !

    Ca peut très vite s’enflammer !

  14. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 – Master class – “Ce sont les fous qui sont désormais à la tête de l’asile” (dixit Richard Thaler – économiste/chercheur)

    L’hostilité envers les prêteurs d’argent remonte à loin. Au Moyen Âge, en Europe, il était illégal de déposer son argent chez quelqu’un , “de même qu’il serait illégal de déposer son épée chez un fou, une jeune fille chez un libertin ou de la nourriture chez un glouton”. Les prêts ne sont peut-être plus interdits par la loi, mais les banquiers ont été et sont toujours des méchants commodes dans la culture populaire. Dans le film “It’s a Wonderful Life”, par exemple, le vieil homme Henry Potter s’est moqué du père de George Bailey qui vient de mourir en remarquant que “des idéaux sans bon sens peuvent ruiner cette ville”. Et il a dit à propos de George accordant un prêt à son ami Ernie, le chauffeur de taxi de Bedford Falls: “Vous voyez, si vous jouez au billard avec un employé ici, vous pouvez venir emprunter de l’argent.” La Silicon Valley Bank et la Signature Bank, aujourd’hui en faillite, de même que la marque Credit Suisse partie en fumée, ont-elles agi de manière sensée ou folle ? Ont-elles trop longtemps joué au billard avec de puissantes personnalités de Washington et de la Berne Fédérale dans l’espoir d’éviter la ruine, malgré leur manque de sen, ou ont-elles trouvé là des appuis indispensables pour continuer leur système de Ponzi (voir de “Cavalerie”).

    Ceci nous ramène directement aux idéologies, car derrière le masque de nos homo-politicus, étiqueté “‘Libéral” (au sens européen du terme et non anglo-saxon) se cache le véritable visage du Néo-Libéralisme. En effet, le Libéralisme était une doctrine déduite de la philosophie des Lumières, à la fois politique et économique, qui visait à imposer à l’Etat la distance nécessaire au respect des libertés et à l’avènement des émancipations démocratiques. Il a été le moteur de l’avènement et des progrès des démocraties occidentales jusqu’au début des années 1970. Quant au néolibéralisme, il est cet économisme total qui frappe chaque sphère de nos sociétés et chaque instant de notre époque. C’est un extrémisme. D’ailleurs, le fascisme se définit comme l’assujettissement de toutes les composantes de l’État à une idéologie totalitaire et nihiliste. En ce sens, le néolibéralisme s’assimile à un fascisme car l’économie a proprement assujetti les gouvernements des pays démocratiques mais aussi chaque parcelle de notre réflexion en dépit du bon sens. Un bon sens systématiquement écarté sur l’autel de la démocratie directe, si influente sur le système politique helvétique, mais noyé sous les clivages contreproductifs. Dans ce pays, malheureusement, certains ne votent plus pour des projets d’Intérêts général, préférant suivre aveuglément la direction pavlovienne de quelques partis politiques intimement cooptés. Toutefois, rassurons-nous, ce comportement n’est pas uniquement à l’apanage de la Suisse, loin s’en faut. Il est néanmoins affligeant que cette chance exceptionnelle en la démocratie directe reste gâchée par cette perte du goût dans la liberté de penser par soi-même. Maintenant que toutes les clés du château ont été offertes au néolibéralisme, nous ne devrions plus s’étonner que l’État demeure au service de l’économie et de la finance qui le traitent en subordonné et lui commandent jusqu’à la mise en péril du bien commun.

    Ainsi, en tant qu’idéologie dominante (“mainstream”) le néolibéralisme a été un brillant succès. À partir des années 1970, ses détracteurs keynésiens ont été écartés du milieu universitaire, des institutions publiques et des organisations financières comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale et exclus des médias. Des courtisans complaisants et des poseurs intellectuels tels que Milton Friedman ont été formés dans des endroits tels que l’Université de Chicago et ont reçu des plates-formes importantes et un financement d’entreprise généreux. Ils ont diffusé le mantra officiel des théories économiques marginales et discréditées popularisées par Friedrich Hayek et l’écrivain de troisième ordre Ayn Rand. Une fois que nous nous serions agenouillés devant les diktats du marché et que nous aurions levé les réglementations gouvernementales, réduit les impôts pour les riches, permis la circulation transfrontalière et la vélocité extraordinaire de l’argent, détruit la pluralité de la recherche dans les sciences économiques et signé des accords commerciaux (consensus de Washington) qui créeraient des emplois dans les ateliers clandestins en Chine (en Inde…) Le monde serait plus heureux, plus libre et plus riche.

    C ’était une arnaque (pour un océan de serfs). Mais ça a marché (pour une infime minorité)…

    https://www.truthdig.com/articles/neoliberalisms-dark-path-to-fascism/

  15. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (54): Le mouvement perpétuel de l’échec!

    À chaque crise financière, l’on retrouve le même processus et nous faisons le même constat: La banque est un jeu de confiance et une fois que cette confiance est ébranlée et que les clients perdent confiance dans une banque ou dans l’ensemble du système bancaire, il est très difficile d’éviter une spirale descendante qui peut finalement conduire à un désastre, c’est-à-dire à une ou plusieurs faillites bancaires. Assez souvent, les rumeurs de problèmes dans une banque suffisent à déclencher une panique bancaire, car les banques concernées entrent dans une boucle de rétroaction négative de problèmes (présumés e-o avérés) provoquant la panique, puis des retraits massifs, et provoquant encore plus de panique, plus de retraits, etc. Une fois que les banques sont prises dans cette spirale descendante, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elles ne rencontrent de véritables problèmes de liquidité, les obligeant à vendre des actifs (ou pseudo actifs à l’instar par exemple des “RMBS”; respectivement les “Residential Mortgage Backed Security” acceptés par les régulateurs dans les FP) souvent à perte comme ce fut le cas ces derniers jours aux USA et en Suisse. Ces pertes aggravent encore la position de la banque, provoquant plus de panique, plus de retraits. Bref, chacun connaît la suite.

    https://cdn.statcdn.com/Infographic/images/normal/29540.jpeg

    Enfin, si l’on rajoute à cette spirale infernale une confiance liquéfiée à l’aune des échecs des banques centrales, des régulateurs, des gouvernements – et pour cause – alors là, l’avenir des majorités reste encore plus compromis qu’il ne l’était auparavant. “- Jusqu’où pousser la résilience?”

    1. La grande erreur provient des taux à zéro en premier plan, ils ont (pas que les banques) abusés d’argent gratuit, tout à une fin et ensuite, ils ont anticipés une pseudo inflation alors que le système était en récession justement à cause des taux à zéro, c’est le serpent qui se bouffe la queue !

      Une fois de plus les diplômés de St-Gall ont été pigeonnés par les petit loups de Wall-Street, c’était tellement prévisible et je l’avais écrit, il y a des années !

      1. Pourtant, au “Filz de St-Gall” ça s’accouple comme des lapins dans une orgie sans bornes.

    2. Bonjour Raymond,
      Je partage totalement votre analyse et je me permets d’y ajouter ce petit commentaire concernant les conséquences du naufrage de Credit suisse sur les règles prudentielles et leurs limites.
      Il est à craindre que le rachat de CS par sa rivale UBS à prix cassé avec la bénédiction des autorités politiques, monétaires et de régulation (FINMA) ne soit qu’une solution temporaire pour éviter la panique bancaire.
      En effet, durcir les règles prudentielles comme d’aucuns le suggèrent, ne serait pas non plus une solution totalement efficace dans la mesure oû les autorités de régulation resteraient toujours handicapées par l’asymétrie d’information ( voir les éléments hors bilan dans le cas de CS et le shadow banking).
      C’est pourquoi la mise en place de règles prudentielles un tant soit peu efficaces ne saurait, à mes yeux, faire l’économie de la réflexion en amont sur la taille optimale d’une banque systémique. En clair, il serait hautement souhaitable de débarrasser la société et l’économie des banques systémiques dont les avantages liés aux économies d’échelles sont contrebalancés par les inconvénients inhérents à la menace permanente du risque systémique. Bien évidemment il s’agit là d’une hypothése dont la validité ne pourrait être tranchée que sur la base d’une analyse empirique.
      En tout cas, on voit mal comment le fait de créer une banque hypersystémique ( fusion forcée de CS et UBS ) puisse mettre un terme au problème d’aléa moral et au risque systémique. Par ailleurs, je crois qu’il existe trois autres banques systémiques ( BCZ,Postfinance et Groupe Raiffesein). Certes ces banques remplissent les conditions prudentielles et ne semblent pas être impliquées dans les scandales financiers à répétition comme ce fut le cas avec CS dont les dirigeants successifs avaient la fâcheuse tendance de se servir en priorité au lieu de servir leurs actionnaires, leurs employés et leurs clients ( ménages, entreprises et Etat).

      Cependant, il n’est pas exclu a priori que l’un des acteurs bancaires précités connaisse un sort similaire à celui de crédit suisse, à la suite des aléas défavorables exogènes ou endogènes (prise de risques inconsidérés par les dirigeants). Dans cette hypothèse faudrait -il continuer à mettre le fusil dans le dos d’UBS pour la contraindre à avaler une rivale à l’agonie pour qu’elle ne tombe pas entre les griffes des prédateurs étrangers.? Sachant que même la banque à trois clés n’est pas non plus à l’abri d’un désastre et ce d’autant plus si elle devient un monopole systémique.
      En résumé, le sauvetage public maquillé de CS ( la confédération a mis 6 milliards de francs sur la table, la BNS a apporté une garantie de 200 milliards de francs, sans parler d’autres garanties additionnelles cachées) ne fait que déplacer le problème dans le temps en donnant du temps au temps afin d’enrayer la panique bancaire. De surcroît un tel soutien public qui ne dit pas son nom, pourrait se révéler comme un cautère sur une jambe de bois dans la mesure où il comporte un défaut majeur, à savoir celui de ne pas traiter le mal systémique à la racine. Bref les autorités de régulation et la BNS risquent d’être condamnées à un destin sisyphien.
      Amicalement.
      PS : la crise bancaire qui vient d’éclater va sans doute compliquer la tâche de stabilisation de la politique monétaire. Les principales banques centrales ne disposent que de deux solutions: soit poursuivre la réduction de la taille de leur bilan via le resserrement monétaire, ce qui est incompatible avec la nécessité d’éviter le bank run et sa propagation à l’échelle planétaire. Sans parler de la dévalorisation des portefeuilles obligataires des banques. Soit revenir à l’assouplissement monétaire en injectant davantage de liquidités au risque d’alimenter les tensions inflationnistes, ce qui revient à sacrifier la stabilité des prix sur l’autel de la stabilité du systéme bancaire. La BCE semble avoir opté pour la première branche de l’alternative avec un argument sujet à cause : augmenter les taux d’intérêt directeurs pour rassurer les marchés que la situation est sous contrôle car les banques européennes sont solides en termes de ratio solvabilité.

      1. Bonjour cher Noel,

        Ô que voilà une splendide analyse que je partage totalement. Merci infiniment. En plein dans le mille Noel!!! Et en plus vous avez rajouté un élément déterminant et pas des moindres➡️ (“voir les éléments hors bilan dans le cas de CS et le shadow banking”)⬅️

        Pas uniquement dans le cas du CS, malheureusement.

        J’ai d’ailleurs déjà échangé mes terribles craintes – en privé – avec le professeur Sergio Rossi sur ces points.

        Amicalement

      2. La décision des autorités politiques suisses de sauver le deuxième fleuron bancaire (CS) en le fusionnant avec UBS constitue sans conteste l’amorce d’un mouvement de concentration dans le secteur bancaire helvétique. Cela va probablement poser de sérieux problèmes tant en termes de régulation que de concurrence.
        En effet, la gigabanque qui émerge de ce mariage forcé des deux grandes banques systémiques rivales pourrait affaiblir la discipline tarifaire traditionnellement associée à ce duopole systémique. Sachant que la nouveau monopole bancaire systémique issu de cette opération de sauvetage n’est pas non plus à l’abri d’un désastre.
        A cet égard, le président de la BNS ,Thomas Jordan vient d’admettre que le nouvel ensemble bancaire aura inévitablement non seulement une iincidence défavorable à la concurrence, mais aussi il nécessitera l’adaptation des règles prudentielles existantes et leur enrichissement via l’apprentissage par la BNS et la FINMA, vu que la nouvelle UBS va devenir la première banque mondiale en matière de gestion de la fortune privée.
        C’est pourquoi il n’est pas impossible que les autorités monétaires et de régulation tombent de Charybde en Scylla, car leur opération de sauvetage de CS n’élimine pas le risque d’instabilité du système bancaire, en réalité elle ne fait que retarder sa survenance en l’aggravant paradoxalement. En tout cas la fusion UBS/CS réalisée aux forceps ne semble pas faire l’unanimité comme en témoignent les craintes qu’elle a suscitées dans les milieux politiques, économiques et syndicaux. Au-delà de la hausse de coûts des services bancaires liée à la réduction de la concurrence et de l’impact négatif sur l’emplo en Suisse, à charge de cette concentration bancaire, il y a sans doute la crainte chez les adeptes des vertus du système néo-liberal avec un Etat squelettique et une politique budgétaire menottée par le frein à l’endettement, que le risque systémique finisse par aboutir à la nationalisation du secteur bancaire.

        1. Bonjour cher Noel,
          Effectivement, ce que vous écrivez est exacte mais les investisseurs ne sont plus dupes – cette fois – de la fragilité de la place financière helvétique. Un colosse aux pieds d’argile qui poussera les investisseurs étrangers vers d’autres places financières.

          Ceci étant, lorsque vous écrivez à raison que l'”opération de sauvetage de CS n’élimine pas le risque d’instabilité du système bancaire, en réalité elle ne fait que retarder sa survenance en l’aggravant”, vous posez le doigt sur ce qui s’est déjà produit post 2008 (avec le CS et dont le prix se matérialise en 2023).

          En effet, alors que tous les regards étaient braqués à l’époque sur le sauvetage de l’UBS, celui du Credit Suisse passa étrangement sous les radars (encore une fois, avec la complaisance et la duplicité des autorités helvétiques et surtout de la Finma, qui avait déjà dérogé aux règles prudentielles pour accepter le mécanisme des “Coco Bonds” émis par le CS comme levier de sauvetage. Là, c’est particulièrement grave!!! Par la suite, ces instruments “mutants” (Coco bonds) furent communément acceptés par les régulateurs comme des actifs de sûreté (de surcroît aisément liquide) pouvant faire partie de la composition du cousin de sécurité Tier1. Or, cette fois encore, en 2023, les autorités helvétiques et le gendarme des marchés financiers (Finma) ont à nouveau menti aux investisseurs, quitte à devoir triturer la loi pour parvenir à sauver le CS. La confiance est à présent profondément entamée et pour cause, et à raison!!!

          L’esprit helvétique me semble beaucoup trop ancré à l’idéologie néolibérale pour être contraint – un jour – à une nationalisation du secteur bancaire.

          Amicalement

  16. Quelle est la définition helvétique des relations incestueuses?

    Ne pourrait-elle pas commencer ainsi…

    Introduction: “Autorité de surveillance des marchés financiers” (FINMA) ; anciennement plus connue sous l’appellation “Commission Fédérale des Banques” (CFB)

    *****
    ♟2005/2006 – (DFF) “Lors de sa séance d’aujourd’hui, le Conseil fédéral a nommé Eugen Haltiner comme nouveau président de la Commission fédérale des banques (CFB). A ce poste, Eugen Haltiner assumera également la présidence de la Chambre des offres publiques d’acquisition et de la Chambre d’entraide internationale. Il succède à Kurt Hauri, qui remettra au 30 septembre 2005 son mandat de président de la CFB. Eugen Haltiner entrera en fonction le 1er février 2006 (…) Né en 1948, Eugen Haltiner est vice-président du département Business Banking de l’UBS. En prenant une retraite anticipée à fin janvier 2006, il abandonnera toutes les fonctions qu’il exerçait au sein de l’UBS. De cette façon, il remplira les conditions d’indépendance🤣 exigées par la loi pour le poste à plein temps de président de la CFB. Docteur en économie de l’Université de Genève depuis 1979, Eugen Haltiner a débuté sa carrière au sein de l’Union de Banques Suisses à Zurich. Après avoir travaillé dans le commerce, le négoce international, la banque de détail et le service à la clientèle privée, il a exercé de 1993 à 1998 la fonction de membre de la direction d’UBS Suisse. A la suite de la fusion de l’UBS et de la Société de banque suisse (SBS), il est devenu membre du groupe de gestion (Group Managing Board) de l’UBS. Ayant dirigé à ce titre le regroupement des services destinés aux particuliers et aux entreprises, il est resté à la tête de ce domaine d’activité jusqu’au début de l’année 2005”

    https://www.admin.ch/cp/f/[email protected]

    ♟”Il prend la tête de la Commission fédérale des banques au moment où le Conseil fédéral adresse son projet au Parlement. C’est presque fait exprès!”

    https://agefi.com/actualites/archives/arrivee-deugen-haltiner-pour-surveiller-les-marches-financiers

    ♟2010 – “Mark Branson est entré à la FINMA le 1er janvier 2010 comme chef de la surveillance des banques, en devenant en outre le directeur suppléant en 2013 avant d’en être nommé le directeur en avril 2014. Mark Branson remet son mandat de directeur de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) en 2021”

    “Il reprendra mi-2021 la fonction de président de la Bundesanstalt für Finanzdienstleistungsaufsicht (BaFin), l’autorité fédérale de supervision financière allemande (…)”

    https://www.finma.ch/fr/news/2021/03/20210322-mm-bnm/

    ♟2014 – “La FINMA sera présidée par un Britannique, ex-cadre d’UBS, Mark Branson, ancien cadre dirigeant de la première banque de Suisse, élu à la tête de l’autorité de surveillance des marchés financiers”

    https://www.bilan.ch/finance/la_finma_sera_dirigee_par_un_britannique_ex_cadre_d_ubs
    *****

  17. Comme un souvenir amer!

    *****
    RAYMOND – 12 janvier 2018 à 10 h 55 min –

    (…) au-delà des apparences, je m’interroge au travers d’un autre prisme en revenant sur quelques vieux démons. A cet effet, et bien que j’aurai pu reprendre certains travaux de Noam Chomsky, j’ai choisi pour cet angle une partie du travail de recherche historique issu du fascicule « Les médias en suisse », paru aux éditions LEP, qui offre un point de départ intéressant pour la réflexion: « Dans son ouvrage Psychologie des foules (1895), Gustave Le Bon (1841-1931) – un des précurseurs des théories des médias – affirme que les individus, lorsqu’ils sont en groupe, raisonnent de manière plus simpliste et sont facilement influençables. Selon lui, un meneur habile peut aisément mettre une foule dans un état proche de l’hypnose. Le Bon ne traite pas directement des médias, mais ses idées ont influencé les théories sur la communication, la propagande et la publicité. Lorsque les médias de masse en sont encore à leurs débuts, Gabriel Tarde (1843-1904) rend les médias responsables de la manipulation que Le Bon attribue au meneur et affirme que l’«âge des foules» sera remplacé par l’«âge des publics», qu’il définit comme une «foule à distance». Les premières études sur les médias en tant que tels et sur leur influence apparaissent dans les années 1920 et appréhendent généralement le phénomène de la propagande. Dans son ouvrage Public Opinion, paru en 1922, Walter Lippmann (1889-1974) étudie la manipulation par les médias et définit le concept de «fabrique du consentement». Il remarque que notre expérience du «monde réel» n’est que très limitée et que notre vision de la réalité se fonde avant tout sur ce que les médias nous en montrent. Toutefois, le prétendu pouvoir d’endoctrinement des médias n’est pas toujours perçu négativement. Harold Lasswell (1902-1978) défend ainsi que la propagande est utile aux démocraties, car elle permet aux citoyens d’adhérer à ce que les «spécialistes jugent bon pour eux ».

    En ce qui concerne à présent la question « des spécialistes », comment ne pas être projeté à nouveau vers Walter Lippmann et à son colloque organisé à Paris du 26 au 30 août 1938 ? Un cercle d’influence auquel participent 26 économistes, entre autres, Hayek, Mises, Rueff, Rüstow, Röpke, et des intellectuels « libéraux ». S’il y fut discuté de la capacité du libéralisme à faire face aux problèmes de l’époque, c’est aussi une des premières fois où les participants s’interrogèrent pour savoir s’il convenait de conserver le mot « libéralisme » ou bien d’adopter celui de néo-libéralisme. Pour l’économiste français François Bilgert, le colloque Walter Lippmann « peut être considéré comme l’acte de naissance officiel du nouveau libéralisme ». Dans la continuité à démolir le modèle keynésien dès le début des années 1930 – et suite au colloque Lippmann – ce n’est qu’à la fin de la seconde guerre mondiale que la société du Mont-Pélerin sera fondée par Hayek et Mises (1947). La première réunion, à laquelle participent trente-six personnalités « libérales » a lieu à l’Hôtel du Parc au Mont-Pèlerin près de Vevey. Ce réservoir d’idées et de promotion du néo-libéralisme fut financé par des banquiers et patrons d’industrie helvétiques (ce même genre de groupes d’influences qui n’a d’ailleurs jamais cessé sa générosité, notamment, auprès des partis politiques suisses).

    Lors de cette réunion d’avril 1947, trois importantes publications des Etats-Unis (Fortune , Newsweek et The Reader’s Digest) y ont envoyé des délégués. Le Reader’s Digest venait d’ailleurs de publier une version résumée d’une œuvre clé de Hayek, « La route de la servitude ». On y trouve notamment le rayonnant passage: « C’est la soumission de l’homme aux forces impersonnelles du marché qui, dans le passé, a rendu possible le développement d’une civilisation qui sans cela n’aurait pu se développer ; c’est par la soumission que nous participons quotidiennement à construire quelque chose de plus grand que ce que nous tous pouvons comprendre pleinement ». Dès lors, en appréhendant la logique de Walter Lippman, je ne peux m’empêcher à percevoir dans le pragmatisme helvétique – érigé comme un temple et dont l’une de ses fondations n’est autre que le quatrième pouvoir – la « fabrication d’un consentement » face à la construction que sera l’ordre nouveau, c’est à dire le néo-libéralisme. Harold Lasswell n’a-t-il jamais défendu « que la propagande est utile aux démocraties car elle permet aux citoyens d’adhérer à ce que les spécialistes jugent bon pour eux » ? Les soi-disant spécialistes de la pensée dominante n’ont-ils jamais porté en eux l’incandescence qui affecte de plus en plus nos démocraties, au point d’en avoir corrompu le capitalisme et saccagé l’intérêt général ? Les tenants du « Public choice » – à raison – postulent que l’État, à l’instar de Dédale, s’est enfermé dans les méandres de sa propre construction (…)
    *****

  18. Eh oui, la confiance n’est pas un simple concept:

    Mardi, à un moment donné, les actions de la First Republic Bank (FRC) ont augmenté de plus de 50 %, sur la base du récit selon lequel Yellen a déclaré que l’administration Biden était prête à offrir plus de soutien aux banques. Ce n’est plus le cas car la plupart de ces gains ont été effacés à la suite d’un certain nombre de rapports tard dans la journée du mardi sur l’état des efforts de restructuration de la banque, car aucun acheteur n’a émergé.

    https://cms.zerohedge.com/s3/files/inline-images/2023-03-21_15-45-44.jpg?itok=gSFYy9Bn

  19. Attendons que la Pologne parte en sucette avec la Russie !

    Là, on aura un tableau complet de la situation européenne !

    1. La Pologne fait toujours 4,7 milliards d’euros en affaires avec la Russie et est le troisième exportateur vers la Russie en Europe.

  20. En retrouvant une de mes interventions/analyses au sein de mon “hémérothèque privée”, lisant ces extraits comme ça, il est vrai que c’est moche tout de même🙈

    *****

    RAYMOND
    2 avril 2018 à 14 h 25 min
    (…) il n’est pas inintéressant de savoir que « pas moins de 3’500 milliards de dollars ont été dépensés depuis 2010 par les entreprises US pour racheter en bourse leurs actions. En y rajoutant 2’000 milliards consentis à leurs actionnaires en guise de dividendes, ces 5’500 milliards de dollars sortis par les sociétés cotées américaines dépassent l’ensemble des programme de baisses de taux quantitatives de la Fed (…) A titre d’exemple, « les sociétés cotées à l’indice S&P 500 ont, entre 2003 et 2012, utilisé 54% de leurs bénéfices pour racheter leurs actions, et 37% de leurs bénéfices en dividendes au profit de leurs actionnaires ». Là aussi, nous sommes bien loin des investissements consacrés à la Recherche et au Développement (…)

    Comme le soulignait également une de mes connaissances, “il y a fort à parier que les réductions d’impôts substantielles décrétées par l’administration Trump n’offrent une manne supplémentaire qui sera recyclée dans ces rachats d’actions en lieu et place d’autoriser des investissements de la part de ces entreprises dans l’économie productive et dans la recherche”. C’est simple : les 500 sociétés figurant à l’indice S&P ont dépensé 170 milliards en rachats de leurs propres actions depuis décembre 2017, comme par exemple Cisco qui a annoncé encore – courant février 2018 – son intention d’utiliser 25 milliards (soit environ 14% de sa capitalisation boursière) sur ses 70 milliards de réserves afin d’acheter en bourse ses propres titres”. Dans ce marché de dupes, l’artifice fiscal du président américain ne fait que retarder un inéluctable. Rappelons au passage que la dette sur marge (Margin Debt) – correspondant au montant d’argent que les gens empruntent pour acheter des actions – sur le New York Stock Exchange (NYSE) atteignait des niveaux records en 2017, entre-autre, grâce à l’effet de levier induit par les mesures non conventionnelles des banques centrales.

    http://www.quiperdgagne.fr/wp-content/uploads/2017/03/margin-debt.png

    (Le link a été caviardé depuis, et pour cause!)

    Plus la « Margin Debt » augmente et perdure dans le temps, plus le « sell-off » dans les actions pourrait être important lors de la croisée des chemins. Il n’est pas inintéressant aussi de constater – avec ce graph’ de 2017 – que les « insiders » (propriétaires/patrons/cadres de sociétés) vendent à titre personnel les titres des sociétés qu’ils dirigent tandis que les sociétés elles-mêmes, en tant qu’entités, continuent à racheter un nombre considérable d’actions avec de l’argent emprunté (et au passage, cet effet de manche soutien les cours). Dans ce contexte, est-il nécessaire de préciser que ces initiés ont plus de connaissances sur le fonctionnement interne de l’entreprise que les actionnaires eux-mêmes ?

    http://www.quiperdgagne.fr/wp-content/uploads/2017/05/INSIDERS-1024×683.jpg

    (Ce link aussi a été aussi caviardé depuis et ne me demandez pas pourquoi)

    Si au sein de notre monde bipolaire, le brillant économiste que fut Hyman Minsky était encore parmi nous, ce phénomène systémique lui aurait sans doute procuré du grain supplémentaire à moudre (…)

    *****

    🤡Et après nos homo-politicus viendront encore la servir la messe en prêchant qu’il n’y a pas de véritable transfert qui s’opère du bas vers le haut🤡. Que ce genre de constat n’est que du “populisme”.

  21. La Chine vient d’investir plus de 40 milliards pour le développement de la 6G, en partenariat avec des israéliens !

    1. Et “Taïwan Semiconductor Manufacturing Company” (TSMC) fournit aujourd’hui plus de la moitié de la demande mondiale de semi-conducteurs. Et 85% des semi-conducteurs d’une taille inférieure à 7 nanomètres. Autant dire aussi que les États-Unis sont devenus autonome en la matière avec le protectorat offert à Taïwan. Ben oui, la crise bancaire n’arrête pas la crise géopolitique et climatique sur le fond d’une “guerre économique mondiale” qui n’est pourtant pas nouvelle.

  22. L’objectif des fonds “ETF” négociés en bourse est d’offrir une diversification plus étoffée que des investissements directs dans des actions individuelles d’entreprise dont le prix peut fluctuer plus rapidement. Par l’aspect indiciel, les “ETF” répliquent ainsi un large indice de référence boursier comme le MSCI World afin d’obtenir une très large exposition (et par analogie diversification) aux actions américaines à grande et moyenne capitalisation. Puis, à l’ère du temps, en privilégiant celles dont les notations environnementales, sociales et de bonne gouvernance (ESG), l’investisseur estime ainsi pondérer au mieux son risque. À présent, cherchons le souci:

    https://cms.zerohedge.com/s3/files/inline-images/es_0.png?itok=srFy1tbp

    Ben oui, là aussi les sorties de liquidités se comptent en plusieurs milliards de dollars.

  23. Evaluation des pertes US sur les taux obligataires = 600 milliards, une attaque en règle contre les banquiers suisses !

    Sachez qu’il n’y a pas que le CS, loin de là !

    Prochain épisode : Bulles des produits dérivés !!

  24. Qui décille les yeux:

    1) “IL EST TRÈS, TRÈS URGENT D’AGIR.”

    http://www.blick.ch/fr/news/suisse/un-expert-du-giec-actif-a-lepfz-la-suisse-a-deja-eu-un-avant-go-t-du-rechauffement-climatique-id18416606.html

    Voici comment: http://www.illustre.ch/magazine/contre-rechauffement-un-scenario-deconomie-guerre

    Et ce que disait JMJ en 2009: http://www.la-croix.com/Ethique/Sciences-Ethique/Sciences/Deux-tonnes-de-CO2-par-habitant-comment-faire-_NG_-2009-12-07-569882

    2) Hier LE GUIDE DE SURVIE: http://www.arte.tv/fr/videos/114071-000-A/climat-le-guide-de-survie-du-giec-pour-l-humanite/

    Aujourd’hui LA CRISE DE L’EAU : http://www.rts.ch/info/monde/13882642-les-penuries-deau-se-generalisent-avec-un-risque-imminent-de-crise-mondiale-alerte-lonu.html

    Avec en lien connexe LES GUERRES DE L’EAU QUI NOUS MENACENT: http://www.rts.ch/info/monde/11831717-ces-guerres-de-leau-qui-nous-menacent.html

    3) “Nous avançons lentement mais sûrement vers la catastrophe.”

    Nouriel Roubini, économiste, qui a averti en 2006 de l’arrivée de la crise des subprimes, survenue en 2008 …

    http://www.payot.ch/Detail/megamenaces-nouriel_roubini-9782283037577?cId=0

    http://www.bbc.com/afrique/articles/cmjxv2yd0ggo

    http://www.parismatch.com/actu/international/nouriel-roubini-dr-doom-nous-avancons-lentement-mais-surement-vers-la-catastrophe-220426

    4) Les réflexions de 2 économistes français, dont un Nobel, à qui Macron a demandé en 2020 un rapport et qui font en 2022 le constat que rien n’a été fait, alors que “la lutte contre le dérèglement climatique et la lutte contre les inégalités sont des défis EXISTENTIELS”; Jean Tirol parle même de “délire” concernant l’inertie et les décisions erronées …

    http://www.youtube.com/watch?v=dy2z0aFCytA

    5) Et sinon:

    http://www.bluewin.ch/fr/infos/sciences-technique/d-autres-surprises-climatiques-ne-sont-pas-exclure-1674516.html

    6) Enfin: 2% pour 2 degrés: https://institut-rousseau.fr/2-pour-2c-resume-executif/

  25. Source: Michel Santi – macroéconomiste et ancien conseiller de plusieurs banques centrales.

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    Le CREDIT SUISSE a été condamné à plus de 50 amendes pour un total de 11 milliards $ depuis 2000, soit une moyenne de 570 millions de dollars/an, soit 4 fois les 3,25 milliards $ qu’UBS vient de payer pour l’acquérir.

    Amendes infligées au Crédit Suisse par an :

    2022 : 700 millions $

    2021 : 280 millions $

    2018 : 90 millions $

    2017 : 5,4 milliards $

    2016 : 240 millions $

    2014 : 3,7 milliards $

    2012 : 120 millions $

    2009 : 536 millions $

    2003 : 275 millions $

    2002 : 350 millions $

    Question : le CS est-il délinquant ou est-ce là le prix à payer pour faire des affaires ?”

    https://michelsanti.fr/credit-suisse/cs-la-chronologie-infernale
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  26. Que personne ne s’en face, pendant ce temps, les gouvernements amis de van der Leyen sont en train de vendre les actifs des caisses de retraites à blackrock !

  27. Bien que je ne sois pas un augure, néanmoins, voici ce qui risque bien de se profiler à l’avenir. Une histoire économique !

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    RAYMOND
    25 septembre 2021 à 16 h 29 min

    Dans le monde d’après Covid-19, nos classes moyennes et nos retraités seront-ils majoritairement “chiliens” au sens d’un “mirage économique”?

    Quelques mois avant la pandémie, le Chili, présidé par Sebastian Piñera, était encore cité comme un exemple de stabilité économique et politique en Amérique latine. Un “modèle économique et social” dont la source remonte à la dictature Pinochet, ainsi qu’à la stratégie volontariste de libéralisation menée aux forceps par une troupe d’élites des “sciences économiques”. Et, si ce “miracle économique” a vu l’ascension des hauts revenus (accroissant les inégalités) dans un contexte prospère du fait de la nature de sa croissance, de la privatisation de pans entiers de son économie, néanmoins de vastes secteurs sont aussi apparus très vulnérables. Désormais, les classes moyennes basses qui veulent que leurs enfants fassent des études ont des budgets devenus trop justes, tandis que les familles ayant pris des crédits se retrouvent maintenant dans l’angoisse de l’endettement à cause d’un pouvoir d’achat ayant fini par décliner. Aujourd’hui, les contestations se cristallisent autour de l’éducation et des retraites, car si 10% du salaire des employés chiliens reste ponctionné pendant la vie active, beaucoup perçoivent une retraite inférieure au salaire minimum; d’autant que les dépenses sociales sont relativement faibles dans le pays.

    Durant ce choc extrême vécu par le peuple lors du renversement du président Allende par la junte du Général Pinochet (dictature militaire de 1973 à 1990), le Chili restera emblématique quant à son rôle de “laboratoire avancé du néolibéralisme”. En effet, c’est à cette aune que l’on mesure la participation des économistes latino-américains. Des diplômés de l’Université de Chicago et d’autres universités américaines, les “Chicago Boys” (Jorge Cauas, Sergio de Castro, José Piñera, Hernán Büchi, etc.) auront contrôlé le ministère des Finances pendant plus de onze ans, “le Plan” pendant plus de neuf ans, le ministère de l’Économie pendant cinq ans et demi, et, en général, les principaux postes clés à partir de 1975. Comme le dit J. Piñera – un “Chicago Boy” de Harvard – “ils ont pénétré des domaines traditionnellement hors des limites de la rationalité économique comme les relations du travail, la sécurité sociale, l’éducation, la santé, la gestion municipale et même la défense”. Les “Chicago Boys” auront ainsi prôné pour la première fois le modèle néolibéral. Dans le langage de l’économiste Friedrich von Hayek*, on pourrait dire qu’ils ont mené à bien une révolution “constructiviste” grâce à un despotisme technocratique. Entre 1973 et 1981, les “Chicago Boys”, pionniers de l’ultralibéralisme, ont entamé une série de “réformes” compatibles avec le décalogue de la première version du consensus de Washington, proposée à la fin des années 1980: liberté totale des prix; ouverture indiscriminée aux importations; libéralisation du marché financier aussi bien en termes de taux d’intérêt que d’allocation du crédit; large libéralisation des flux internationaux des capitaux; réduction de la taille du secteur public; privatisation des entreprises publiques traditionnelles; suppression de la majorité des droits syndicaux; réforme fiscale pour réduire les impôts directs et les rendre plus progressifs (toutefois sans trop atteindre le haut du perchoir); introduction des premiers systèmes de retraite par capitalisation.

    L’an passé – en pleine pandémie – des files d’attente interminables s’étiraient dès l’aube devant les établissements financiers: des Chiliens se pressaient pour réclamer une partie de leur épargne-retraite afin d’améliorer leur subsistance par anticipation, après une décision historique du Parlement donnant le feu vert aux retraits successifs de 10% de la totalité des fonds de pension à capitalisation individuelle et privée. Ces ponctions répétées remettent ainsi en question la pérennité de ce système de retraites mis en place pendant la dictature du Général Pinochet, sous l’influence des “Chicago Boys” – nourris à l’idéologie de Friedman – qui testaient là, au Chili, leurs théories néolibérales. On l’aura donc compris, même si certaines difficultés sont spécifiques à leur système de prévoyance, d’autres sont communes à la plupart des systèmes de retraite de par le monde avec, dans la foulée, des taux d’intérêt sur le capital – pour des placements dits “sans risques” – qui n’ont eu cesse de se contracter durant les décennies passées. Tandis qu’à l’opposé, “grâce” à la socialisation des errements financiers durant ces vingt ans écoulés, les performances boursières (et spéculatives) ont atteint des sommets inégalés. Une manne providentielle s’est ainsi offerte à tous les acteurs de ce genre de système de prévoyance financiarisé et dont les assurés restent otages. Le taux réel sur emprunt d’État chilien étant proche de 0% (négatif en Suisse) et la tendance est là pour durer. De même, la démographie s’approche rapidement du modèle européen en termes de natalité et d’espérance de vie.

    Pour la petite histoire, sachant que l’armée jouit encore d’un poids économique et politique non négligeable dans le pays, le gouvernement militaire n’a préservé son système de prévoyance par répartition que pour les personnels de l’armée, qui jouissent aujourd’hui de conditions de retraite jalousées du reste des salariés chiliens soumis au système par capitalisation.

    Enfin, et pour terminer, à l’heure où le pillage de l’ensemble des richesses se démocratise dans une résilience consternante, le peuple helvétique devrait garder à l’esprit que le pays compte non seulement 2000 caisses de pension, mais aussi que la gestion de ce “trésor de guerre” est externalisée pour un coût de 5% par an. Dans un tel contexte généralisé – considérant les aspects démographiques – toute promotion du réhaussement de l’âge légal de la retraite au motif de l’allongement de l’espérance de vie est un alibi. Au pire, un sophisme.
    *****

  28. Il est évident que cette mise en scène “Covid” était du pain bénit par rapport aux instabilités financières déjà présentent en 2019, en fait la cause de cette opération “covid” était purement économique et politique, afin de placer des urnes sans aucun contrôle dans les 4 coins des USA et voler les élections au profit des démocrates, aujourd’hui, ils ont été tellement loin dans leur logique, qu’ils ont matérialisés le mariage entre la Russie et la Chine et pas seulement. Ce sentiment d’ultra puissance ayant habitué les démocrates, de manière qu’à chaque scandale intérieur, ils déclenchent une guerre ou une affaire covid, pour opérer leurs manoeuvres de diversion finit tôt ou tard par affaiblir la première puissance mondiale, cette histoire de banques relève exactement de la même stratégie, à chaque fois que Hunter est en couverture de la presse, Biden déclenche une nouvelle calamité pour détourner l’attention et les USA ont toujours agit de la sorte et s’en sortent toujours !

    Mais là, avec ce crétin de super corrompu et sa clique, Pelosi, Podesta, Schiff etc., les USA ont franchis le Rubicon ! C’est fait et c’est irréversible !

        1. Vous parlez d’un démocrate et je contrebalance avec un républicain, Corto, puisque vous recherchez à réécrire l’histoire sur des clivages de politique politicienne. J’ai écris “qu’il n’y en a pas un pour racheter l’autre”, la politique reste la politique.

          Si vous le souhaitez, je peux remonter plus loin dans le temps et l’espace avec quelques extraits de mon intervention datée de 2014:

          “(…) Franklin Roosevelt eut dès lors les coudées franches pour mettre un terme à la force de chantage de Wall Street ; cette victoire sur la dictature financière prit le nom de Glass-Steagall Act (banking Act), cette loi votée en juin 1933 pour séparer les banques de dépôts et banques d’investissement. Le Gramm-Leach-Bliley Act Financial Services Modernization Act de 1999 est une loi américaine votée par le Congrès, dominé par ➡️ une majorité républicaine⬅️, et promulguée par➡️ l’administration Clinton (démocrate) le 12 novembre 1999 (même président Clinton ne fera usage de son droit de veto)⬅️ [Pourtant une époque en pleine globalisation financière/flux financiers et prémisse de la montée en puissance de la financiarisation de nos économies] – Elle met notamment en place des services de banques universelles, c’est-à-dire qui assurent aussi bien les services d’une banque de dépôt que d’une banque d’investissement et qu’une compagnie d’assurance.

          Le vote de cette loi a été l’objet d’un intense lobby des banques pour permettre la fusion de Citibank avec la compagnie d’assurances Travelers Group, afin de former le conglomérat Citigroup, l’un des plus importants groupes de services financiers au monde ➡️Cette loi abroge une partie des dispositions du Glass-Steagall Act de 1933 (Banking Act), qui établissait notamment l’incompatibilité entre les métiers de banque de dépôt et de banque d’investissement, distinguant ainsi deux métiers bancaires, d’une part les activités de prêts et de dépôts, et d’autre part les opérations sur titres et valeurs mobilières (spéculatives). La loi de 1999 ouvrit ainsi la concurrence entre les banques de dépôt, les banques d’investissement et les compagnies d’assurances⬅️”

          Dois-je poursuivre Corto, sur le “il n’y en a pas un pour racheter l’autre”?

          “(…) en cette année 2002. ➡️Des parlementaires républicains américains, dont les deux candidats à la présidentielle de 2008 John McCain et Ron Paul dénoncent la politique des GSE (Governement Sponsored Enterprises) Fannie Mae et Freddie Mac⬅️ consistant à cautionner ➡️sur demande des Démocrates les crédits immobiliers aux ménages insolvables, ceci malgré le danger de défaillance du système bancaire que cela représente⬅️ ➡️Les deux organismes à caution publique mandatent alors Joseph Stiglitz (conseiller économique sous l’administration Clinton – Démocrates) pour répondre à ces attaques. Celui-ci publie un rapport qui conclut à leur quasi absence de risque de défaillance⬅️

          Je vous le dis encore une fois, pas un seul homo-politicus pour racheter l’autre!!! En tous les cas, les faits sont là pour les subalternes [les homo-politicus] des marchés financiers. Mais faut-il être étonné pour autant? Alors que Ronald Reagan (Républicain) affirmait dans son discours d’investiture, le 20 janvier 1981 : “l’Etat n’est pas la solution à notre problème, l’Etat est notre problème”. Amusant depuis, non? Pourtant les larbins de la politique ont fait le job!
          —-
          J’aurais pu tout aussi bien prendre l’exemple tout récent du “Mozart de la finance” – en France – qui s’insurge à présent des volumes considérables des rachats d’actions propres des entreprises (ai-je dis des “entreprises zombies”?) alors que l’insurrection du peuple gronde (mais qui n’a rien à dire selon sa vision du pouvoir) sous le fond de la réforme des retraites aux forceps (art. 49.3). Le même financier – e-o président de la république française? – qui a implicitement favorisé “le mécanisme des rachats d’actions propres” en vantant les mérites de la pseudo théorie du ruissellement. Consternant.

  29. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (55) : Aujourd’hui, les 🐒🐒🐒 sont de sortie.

    On se rappellera encore longtemps des propos du directeur général du CS, Brady Dougan, lorsqu’il déclarait que la transaction (les Coco bonds) “renforce notre conviction que le capital contingent peut être une source importante de capital pour le secteur bancaire”. Se voulant rassurant, comme les autorités helvétiques. “Il faudrait un mauvais choc à la banque ou aux marchés pour déclencher la conversion. Les CoCos du Credit Suisse ne sont converties en actions que si le ratio Common Equity Tier 1 de la banque tombe en dessous de 7%”. Ce ratio s’élevait à 12,7 % fin 2010. On se rappellera aussi que “la Suisse a encouragé ses deux plus grandes banques UBS et Credit Suisse à émettre des obligations pour se conformer à des règles de capital plus strictes visant à les renforcer après la crise du crédit”. Encore une fois de plus, la Suisse s’est-elle accommodée pour “manipuler” les règles du jeu?

    Aujourd’hui, jeudi 23 mars 2023 – j’ai un problème de réflexion, plus précisément sur la probité de la place financière helvétique.

    En effet, alors qu’aujourd’hui “le gendarme helvétique des marchés financiers” (Finma) a fait savoir sa position de défense sur l’effacement des 16 milliards de francs suisses issus des instruments AT1 (respectivement, les “Coco Bonds”) – le directeur de la Finma, Urban Angehrn, a “naturellement” expliqué que sa décision possède les bases légales suffisantes. Ohhh ok! “Les instruments AT1 émis par Credit Suisse prévoient contractuellement d’être entièrement amortis [donc perdre toute leur valeur, NDLR] en cas de survenance de certains événements déclencheurs (viability event), notamment en cas ==>> d’octroi d’une aide publique exceptionnelle <> des fonds propres solides. Et plus elles en émettaient ==>> plus elles respectaient les nouvelles exigences réglementaires.

    Alors, dans ce contexte, il est tout de même amusant de constater que la Finma se targue de disposer des bases légales suffisantes, sachant par ailleurs que son directeur actuel – Urban Angehrn, dr. en mathématiques dipl. de Harvard – a exercé auprès du CS First Boston de 1999 à 2005 (Directeur Marketing Dérivés) et chez JP Morgan de 1994 à 1999 (VP Marketing Dérivés).

    Ne parlons même pplus du président de la BNS qui constate aujourd’hui que l’UBS XXL va poser problème. Nonnnn, sérieux?🤡

  30. La Suisse perçue dans le gotha de la finance international. Un petit florilège!

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    Mark Dowding, directeur des investissements chez RBC BlueBay, qui détenait des obligations AT1 du Credit Suisse, a déclaré que la Suisse “ressemblait davantage à une république bananière”.

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    “Si cela reste inchangé, comment pouvez-vous faire confiance à un titre de créance émis en Suisse, ou d’ailleurs en Europe , si les gouvernements peuvent simplement modifier les lois après coup”, a déclaré David Tepper, le milliardaire fondateur d’Appaloosa Management, au Financial Financial Times .

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    Cependant, comme l’écrit Louis-Vincent Gavekal de Gavekal Research , “à mesure que des livres sont écrits sur la disparition du Credit Suisse, des questions fondamentales devront être posées :

    ➡️La banque a-t-elle été condamnée lorsque la Suisse a renoncé à ses lois sur le secret bancaire il y a cinq ans ?

    ➡️La courbe des taux négative qui a prévalu en Suisse pendant plus d’une décennie a-t-elle poussé la banque à prendre des risques excessifs et à accepter des deals pourris (Greensill, Archegos, Wirecard) ?

    ➡️Sa gestion était-elle simplement médiocre par rapport à d’autres banques ?

    ➡️Les banques privées et les banques d’investissement sont-elles condamnées à faire bon ménage ?

    Quelles que soient les raisons, il est difficile de voir disparaître une institution légendaire sans ressentir une certaine compassion. Mais en prenant du recul, le Credit Suisse n’est peut-être pas la seule chose qui est morte aujourd’hui. Car au milieu du «sauvetage» de la banque suisse, l’idée selon laquelle on peut compter sur les Suisses pour être à la fois pointilleux et les «adeptes des règles» ultimes a également été soufflée hors de l’eau”

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    Autant dire qu’au niveau des régulateurs mondiaux, ça grince aussi sérieusement des dents. Évidemment, compte tenu du traitement plus qu’ambivalent des Coco bonds du CS. Combien de banques dans le monde disposent-elles aujourd’hui de ces instruments AT1 dans leur cousin de sécurité? Voilà la question qui inquiète les régulateurs!

  31. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (56): Rassurez-vous, à en croire nos homo-politicus & Co, nous sommes tous des idiots.

    Pour les hétérodoxes, l’économie pourrait s’assimiler à un conte et la finance à cet empereur – ou ce roi – écartant les évidences par son seul passage. Voyons la Fed, elle suppose tellement de choses sur les marchés qui sont tout simplement fausses que cela en devient pathétique au fil du temps, mais elle tient bon, elle s’accroche même si l’on sait que les marchés financiers ne se déplacent pas par incréments rationnels et prévisibles comme le suppose “l’hypothèse des marchés efficients”. Une hypothèse qui ne date pas d’hier pourtant et qui repose sur une vaste escroquerie dont quelques artisans des sciences économiques sont parvenus à véhiculer en prétendant être capables de “tisser la plus belle étoffe que l’on puisse imaginer, et qui possède une étonnante propriété” à l’instar des “Habits neufs de l’empereur” du conte de Hans Christian Andersen : “Les vêtements confectionnés avec cette étoffe seraient invisibles aux yeux de ceux qui ne convenaient pas à leurs fonctions ou qui étaient simplement idiots”. D’ailleurs, dans une récente tribune, James G. Rickards – avocat, économiste et banquier d’investissement américain avec 40 ans d’expérience dans les marchés de capitaux à Wall Street. Principal négociateur du sauvetage de Long-Term Capital Management LP (LTCM) par la Réserve fédérale américaine en 1998 – rappellera à juste titre que “la Fed se réfère à des modèles d’équilibre pour comprendre une économie qui n’est pas un système d’équilibre ; c’est un système dynamique complexe. Elle utilise notamment la courbe de Phillips pour comprendre la relation entre le chômage et l’inflation, alors qu’un demi-siècle de données indique qu’il n’y a pas de relation fixe. Pour ce faire, elle convient d’employer ce qu’on appelle la modélisation de la valeur à risque basée sur des événements normalement distribués lorsqu’il est clair que la distribution des degrés d’événements de risque est une courbe de puissance, et non une courbe normale ou en cloche. En raison de ces modèles défectueux, la Fed a imprimé des billions de dollars à partir de 2008 pour stimuler l’économie tout en produisant une reprise la plus faible de l’histoire”. Évidemment, ai-je envie de dire, puisque “le roi néglige toutes les affaires du royaume; ne dit-on pas de lui qu’il siège dans sa garde-robe”? C’est-à-dire que non seulement les marchés financiers ne sont plus au service de l’économie réelle, mais pire encore puisqu’ils spéculent sur son déclin.

    Autant dire que depuis Friedman, Fama, Malkiel et avec eux leur précieuse étoffe des sciences économiques, “le roi a tout de suite perçu le gain à retirer”. D’autant plus que l'”allégorie de l’horloge” contée par James G. Rickards est sans équivoque: “les modèles d’équilibre comme ceux utilisés par la Fed disent essentiellement que le monde tourne comme une horloge et qu’il est parfois déséquilibré. Et tout ce que vous avez à faire est de modifier la politique ou de manipuler une variable pour la ramener à l’équilibre. C’est comme réinitialiser une horloge!!! C’est une façon abrégée de décrire ce qu’est un modèle d’équilibre. Ils (les banques centrales, les régulateurs, les homo-politicus) traitent les marchés comme s’ils étaient une sorte de machine. C’est une approche mécaniste du XIXe siècle. Mais les approches traditionnelles qui s’appuient sur des modèles statiques n’ont que peu de rapport avec la réalité. Les marchés du XXIe siècle ne sont pas des machines et ils ne fonctionnent pas de cette façon mécanique. À l’heure actuelle, l’économie fait face à de graves vents contraires sous la forme d’instabilité géopolitique, d’inflation et de perturbations continues de la chaîne d’approvisionnement, ainsi qu’une crise de confiance”. En effet, les risques de récession sont très élevés mais pour ma part, j’ai déjà postulé que la récession aux États-Unis est bien présente depuis quasiment une année (si l’on considère des statistiques non manipulées).

    Cela fait maintenant plus de vingt-ans que plusieurs processions se jouent sous nos yeux et que les “économistes mainstream” ferment les leurs en cherchant à gagner du temps. Mais alors de quel temps s’agit-il. Celui qui drape les fonctionnaires de l’État et “les économistes mainstream” où l’on présuppose une honnêteté qui ne fait pas de doute et dont l’un, puis l’autre éprouvent le même embarras : “ils ne voient rien – là où il n’y a rien à voir – et se l’avouent”? Comme dans la parodie du conte de Hans Christian Handersen! Avertis des propriétés de l’étoffe si précieuse, se sont-ils au moins interrogés durant le temps passé: “-Serais-je donc sot, ou inapte ?” Sans doute que leur posture les a placé dans cette situation rendue impossible à présent: Se résoudre “de ne rien dire, c’est-à-dire de taire aux tisserands escrocs et au roi qu’ils n’ont rien vu”.

    Ou alors, s’agit-il du temps volé comme autant d’argent envolé avec la réalisation de cette hypothèque prise sur notre avenir? En mars 2018, j’attirais l’attention sur un phénomène bien connu: Les règles comptables et les nouvelles pratiques financières que nous nous sommes donnés. “Nous” est bien entendu une façon de parler car la rédaction des règles comptables en particulier a été abandonnée par les États à des organismes privés (le FASB pour les États-Unis, l’IASB pour le reste du monde). La comptabilité moderne a ainsi évolué en trois étapes : 1) au début du XIXe siècle, des bénéfices n’étaient comptabilisés que lorsqu’ils étaient véritablement apparus ; 2) au milieu du XIXe siècle, on faisait apparaître prématurément des bénéfices en “enkystant” le passif et, ceci, n’est-ce pas, pour ne pas décourager les petits investisseurs ; 3) dans les années 1980, on se mis à distribuer des bénéfices anticipés (« marking-to-market »). Résultat : on partage désormais entre soi la moindre ombre de bénéfice et s’il manque de l’argent pour des choses accessoires comme refinancer l’entreprise ou la recherche et le développement, eh bien, on l’emprunte ! Rappelons-nous, dans les années 1975, le cabinet d’études McKinsey s’attaqua à un problème d’envergure : les intérêts des investisseurs et des dirigeants des grosses entreprises n’étaient pas alignés : d’une certaine manière ce que les uns obtenaient dans le partage des bénéfices, les autres en étaient privés. Cet antagonisme larvé bénéficiait surtout aux salariés. Il y avait donc là un problème urgent à résoudre ! et McKinsey & Co le résolut. Les dirigeants des entreprises se verraient attribuer des options sur l’achat d’actions de leur compagnie au cours du jour où ces “stock-options” leur seraient attribuées. Si le cours de l’action grimpait, ils bénéficieraient de la hausse en fonction du nombre de leurs options. Les dirigeants, tout comme les actionnaires, auraient dorénavant les yeux fixés sur le cours des actions de l’entreprise, s’efforçant de booster son bilan de trimestre en trimestre par tous les moyens possibles et par la “comptabilité créative (imaginative !)” en particulier. Le court-termisme était désormais inscrit dans l’économie, McKinsey avait réussi!

    Et la technique du fil d’or aussi puisque “l’avenir a encore une fois été entièrement sacrifié au présent !”

    Hier et avant hier, nous voyons bien avec cette énième procession que “le roi paradait dans ses habits neufs” et que “chacun faisait semblant de voir”, et “chacun craignait que l’on ne remarque qu’il ne pouvait rien voir”, et tous s’extasiaient à la vue “des admirables habits neufs de l’empereur, jusqu’à ce qu’un petit enfant dans la foule s’exclame : – Mais il n’a pas d’habit du tout, le roi est nu!”

    Vous souhaitez vraiment la morale de l’histoire avec une bonne nouvelle? Si l’on peut l’appeler ainsi selon James G. Rickards: “Le taux cible actuel des fonds fédéraux se situe entre 4,75 % et 5 %. C’est ce à quoi la hausse des taux d’aujourd’hui l’a amené. Donc, si nous avons une récession cette année, la Fed a la poudre sèche pour la combattre. Mais alors le cycle recommence tout simplement. Le problème avec tout type de manipulation du marché (ce que les banquiers centraux appellent “politique) est qu’il n’y a aucun moyen d’y mettre fin sans conséquences imprévues et généralement négatives. Une fois que vous vous engagez sur la voie de la manipulation, cela nécessite de plus en plus de manipulations pour que le jeu continue. Bien sûr, la manipulation par les agences gouvernementales et les banques centrales commence toujours par de bonnes intentions. Ils essaient de sauver les banques ou de sauver le marché de résultats extrêmes ou de krachs. Mais cette volonté de sauver quelque chose ignore le fait que les faillites bancaires et les krachs boursiers sont parfois nécessaires et sains pour effacer les excès et les dysfonctionnements antérieurs. Un krach peut nettoyer la pourriture, remettre les pertes à leur place et permettre au système de repartir à zéro avec un bilan sain et une solide leçon de prudence”. Effectivement, je souscris à cet état de fait sans concession.

    Certes, si James G. Rickards ajoute avec raison qu'”au lieu de cela, les banquiers centraux montent au secours des banques corrompues ou mal gérées, cela sauve les mauvaises personnes (directeurs de banque et investisseurs incompétents et corrompus…) et nuit à l’investisseur ou au travailleur ordinaire qui regarde son portefeuille imploser, tandis que les directeurs de banque incompétents conservent leur emploi et de gros bonus”; toutefois, toute la chaîne des “criminels en cols blancs” est concernée (y compris évidemment l’homo-politicus) puisque la problématique des banques systémiques par leur taille et activité n’est toujours aucunement résolue. Pire encore ces derniers jours avec le “Swiss made” d’une banque à présent “Giga systématique”. Mais la Conseillère fédérale aux Finances, Keller-Sutter, reste droite dans ses bottes néo-libérales, satisfaite du job; et si le sauvetage du CS reste douloureux, il n’en demeure pas moins la meilleure option à ses yeux de politicienne. Amen!!! Tout à fait normal, aussi, pour l’optique du sieur Jordan – président de la Banque Nationale Suisse après le départ du spéculateur Hildebrand chez Blackrock – qui a vu sa rémunération augmenter après l’année catastrophique de l’institution dont il est au commande – qu’une bombe nucléaire à retardement vienne à présent hanter la Suisse pour quelques lustres. Ainsi, nos homo-politicus & Co n’ont toujours rien appris avec le temps, ni saisis les arcanes de la finance avec lesquelles “ils copulent” dans les salons feutrés, ni les enjeux économiques, sociaux et sociétaux à moyen/long terme – par anticipation – pour l’Intérêt général et le bien commun (ou peut-être faut-il se référencer à la “Public Choice Theory” pour trouver des réponses), ni même compris l’histoire économique et encore moins les contes pour enfants. Néanmoins, ces derniers sont toujours rémunérés une blinde comme valeur de confiance décorrélée de la méritocratie! Ah la célèbre maxime qui me revient en tête à l’instant et si réconfortante: “Gardons confiance en l’avenir!!!” D’ailleurs, l’anecdote me rappelle un autre sociopathe et futur papable ayant fini par se nicher (encore un?) à la Finma du temps des PPLI “Insurance Wrappers” – peu avant que le tsunami fiscal ne vienne renverser l’ordre établi du “secret bancaire”.

    Enfin et pour terminer mon interminable pamphlet, dans la presse quotidienne “mainstream”, j’ai pu lire une intervention de la ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, dire que son “département, la BNS et la Finma ont discuté de scénarios d’urgence dès janvier (2023)” (tu parles d’une anticipation!) et que “cela devait se faire en coulisses pour ne pas nuire à la confiance en Credit Suisse”. Très bien MAIS! “Début décembre 2022, Axel Lehmann du CS avait pourtant affirmé à la radio alémanique SRF que les sorties (d’argent) se sont stabilisées. A l’agence Bloomberg, il avait dit le même mois que les reflux d’argent avaient quasiment cessé”. Or, alors qu’une enquête devait être diligentée pour une éventuelle tromperie envers le marché et les investisseurs, “le gendarme des marchés financiers aura finalement décidé de clôre son examen des propos d’Axel Lehmann sur les reflux de liquidités de la banque”.

    Eh bien, si par effet de manche, cela ne pose aucune question d’Intérêt général à certains, alors je ne comprends plus rien à rien à la démocratie!

  32. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (57) : La blague à Toto ou un futur grand procès à l’encontre de “Svizzera Nostra”?

    Qui ne se souvient pas des blagues à Toto? “Toto sur un bateau…”. Bref, un peu de sérieux, je dois me ressaisir! “L’autorité de surveillance des marchés financiers FINMA étudie si (?) la direction de Credit Suisse peut être amenée à rendre des comptes. “Nous ne sommes pas une autorité pénale, mais nous explorons les possibilités correspondantes”, indique sa présidente Marlene Amstad…”

    https://www.rts.ch/info/economie/13893533-la-finma-reflechit-a-des-poursuites-contre-la-direction-de-credit-suisse.html

    Ô comme cette logorrhée de la FINMA est amusante alors qu’elle n’a jamais “nettoyé ses écuries d’Augias” depuis que ‘institution a succédé à la “CFB” (Commission fédérale des banques). Marlene, voyons, bien évidemment que ce serait la moindre des responsabilités, la Suisse est pourtant rôdée à devoir triturer ses lois pour faire le jeu de son “milieu bancaire” – même rétroactivement – qu’elle devrait pouvoir être imaginative sur ce coup là. Et tant que nous y sommes, une commission parlementaire serait également la bienvenue pour enquêter sur les relations incestueuses du “milieu des p’tits copains d’abord” de la Berne fédérale.

    Je suis tellement impatient d’assister au “grand procès de la Svizzera Nostra”. Dick Marty comme procureur?

    https://www.letemps.ch/economie/dick-marty-suisse-assise-un-paquet-dynamite

    1. 🦀La vilaine Credit Suisse, la vilaine Banque Nationale Suisse et les vilains homo-politicus🦀

      Ok très bien!!! Mais franchement, Marlene, tu ne crois pas que la FINMA a m**dé sur toute la ligne de la régulation bancaire en Suisse?

      Tu as bossé pour qui avant de venir – toi aussi – te planquer auprès du gendarme des marchés financiers ?

      🦀Marlene est l’ancienne directrice adjointe et responsable de la stratégie d’investissement et de l’analyse des marchés financiers à la Banque Nationale Suisse (BNS).

      🦀Travaillant à la Federal Reserve Bank de New York, elle a développé leur indicateur d’inflation sous-jacente🙈 (UIG) de la Fed NY , qui est publié mensuellement.

      🦀Ses postes précédents incluent la recherche quantitative au Credit Suisse🙈 et au Swiss Economic Institute/ETH Zurich.

      🦀Marlene occupe régulièrement des postes de visite auprès des banques centrales, plus récemment à la Banque du Japon. Elle est titulaire d’un doctorat en économétrie de l’Université de Saint-Gall et d’un master de l’Université de Berne.

      Ça devient franchement plus qu’agaçant ce panier de 🦀🦀🦀🦀 qui œuvre depuis tant d’années contre 🇨🇭 l’Intérêt général et le bien commun 🇨🇭

  33. Avec raison, pour Scott Miller – l’ambassadeur des États-Unis à Berne – “la Suisse traverse sa plus grande crise depuis la Seconde Guerre mondiale”.

    Et comme lors des grandes crises consécutives à l’obédience néolibérale, il est une fois encore fort à parier que la Suisse va tirer sur le frein à main de la politique budgétaire, dans le même timing du resserrement monétaire de la BNS, histoire de saigner encore plus le patient englué par la hausse des prix à la consommation. Enfin, si “elle” aura échappé au Coronavirus, “elle” n’en a pas pour autant disparue du paysage helvétique. “E.l.l.e” – quèsaco?

    https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2020/04/27/la-crise-immobiliere-est-proche-en-suisse/#comments

  34. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (58): L’Omerta de “Svizzera Nostra” & “der Filz” (le tissu feutré).

    Ou quand l’histoire se répète. Rappelez-vous!

    “(…) C’est un tournant visible”, déclare Hans-Jörg Rudloff, cadre supérieur chez Barclays Capital qui siège à plusieurs conseils d’administration suisses et est vice-président du géant pharmaceutique Novartis. “La Suisse avait la bonne réputation d’être très bien gérée, très ordonnée. Le fait qu’on ne puisse même pas faire faillite de manière ordonnée montre à quel point les compétences en gestion se sont détériorées (…)”

    “(…) La saga Swissair met en évidence les contradictions entre les aspirations mondiales des grandes entreprises suisses et les instincts de clocher et l’orgueil de ses dirigeants locaux. De nombreux Suisses pensent que les raisons de l’effondrement de Swissair résident dans le caractère clanique même de leur société – les relations commerciales et financières étroitement imbriquées et les liens politiques, sociaux et militaires partagés qui définissent la vie dans l’un des centres financiers les plus intimes du monde. À Zurich, 👉 l’élite s’appelle der Filz, ou “le feutre”, un tissu si serré les uns contre les autres que vous pouvez à peine distinguer les fibres individuelles👈 (beaucoup issus du vivier de St-Gall)”

    “(…) La hausse des prix du carburant et un dollar fort ont mis Swissair sous pression en 2000, et les spéculations sur les pertes sur les acquisitions étrangères et la santé du groupe se sont multipliées. 👉Christopher Chandiramani, analyste actions chez Credit Suisse Private Banking, a cité les inquiétudes chuchotées dans son commentaire sur le marché boursier début juillet, affirmant que Swissair devrait procéder à des dépréciations pour restructurer certaines de ses acquisitions. Quelques jours plus tard, il a été licencié – Credit Suisse a déclaré qu’il avait violé les règles bancaires en parlant à la presse. “J’étais un pion qu’il fallait sacrifier”, affirme Chandiramani, qui a poursuivi la banque et gagné 200 000 francs suisses dans le cadre d’un règlement à l’amiable (…)” Les dirigeants de Swissair, quant à eux, continuaient d’orienter les analystes vers une prévision de bénéfice d’environ 200 millions de francs suisses pour l’année. La figure était un ciel bleu pur. Swissair a fini par perdre près de 15 fois ce montant lorsque la stratégie d’expansion s’est effondrée👈 (…)

    Et dire que “der Filz” et sa clique, tout comme beaucoup d’homo-politicus du même sang se targuent d’aimer la Suisse et œuvrer pour l’Intérêt général, alors qu’ils sont une honte pour le Libéralisme de nos pères. Imaginez un peu “Salvatore Riina” (dit Tito Riina) avoir affirmé être au service de l’Italie. Une hérésie!

    https://www.institutionalinvestor.com/article/b15135clx5qycp/who-lost-swissair

  35. La blague à Toto:

    “Sergio Ermotti reprend du service à la tête d’UBS. La première banque suisse rappelle aux commandes son ancien directeur général, Sergio Ermotti, pour piloter la fusion avec Credit Suisse, décidée dans l’urgence afin d’éviter une crise de portée mondiale”

    🙈Quel choix emblématique (“et rassurant”) de reprendre Sergio Ermotti qui “ne sait même pas comment l’argent est créé”🙈

    https://youtu.be/2gkLUZL4Ugs

    1. Au fait, comment l’argent est-il créé? Quelqu’un me disait un jour: On ne demande pas aux économistes de nous expliquer comment faire des économies – n’importe quelle ménagère le sait – mais comment faire de l’argent.

      Après avoir vu cette vidéo, qu’a-t-on appris à cet égard?

      1. Mais pourtant c’est très simple Sub Sole: Elle illustre un “menteur” qui défend le schéma de Ponzi offert par le système des réserves fractionnaires aux banques commerciales, face à un scientifique à la renommée internationale qui le met face à ses contraditions. Lorsque les banques commerciales offrent des crédits aux particuliers, aux entreprises et aux multinationnales (exemple 9 CHF) la plus grande partie de la ligne de crédit est crée ex-nihilo (l’écriture comptable), et seule une fraction de celle-ci est exigée comme sureté prudentielle (selon les termes des accords de Bâle) placée sous forme d’avoir en “monnaies de banque centrale” (exemple 1 CHF) sur leur compte ouvert auprès de la BNS. Inutile de préciser que si l’emprunteur est défaillant, c’est bien la banque commerciale, elle-même, qui doit “stériliser” la monnaie qu’elle a créé “ex-nihilo” et cette destruction se fait au détriment de ses fonds propre qui sont, eux, de la monnaie de banque centrale (“la monnaie sonnante et trébuchante”) qu’elle ne peut d’aucune manière créer ex-nihilo (ligne d’écriture contre une promesse de remboursement). Pourtant, à lire certains articles de la Constitution fédérale helvétique qui a prévalu à la création de la BNS, ne concèdent-t-ils pas – à la Banque Nationale Suisse – le pouvoir régalien de “battre monnaie” en menant une politique monétaire servant l’intérêt général ? Or, s’il est vrai que l’argent fiduciaire est fourni par des institutions privées, les billets par la BNS, les pièces par Swissmint, il importe de savoir que cette monnaie (qui n’est qu’une simple ligne d’écriture comptable) n’est obtenable que par le remboursement d’un montant en monnaie scripturale (de “la monnaie sonnante et trébuchante”). Vous devez bien comprendre que la monnaie fiduciaire ne représente que l’argent nécessaire aux petites transactions et qu’elle ne représente qu’une valeur infime de la masse monétaire totale en circulation. C’est donc bien les banques privées qui créent et mettent en circulation l’ensemble de la masse monétaire avec tous les risques qui y sont assimilés. En conséquence, grâce à ce schéma de Ponzi, les banques commerciales perçoivent leurs revenus et les grosses pointures des bonus astronomiques et ont ainsi tout intérêt, pour eux-mêmes et leur entité, à générer des risques comme autant de probabilités de profits. Vu qu’elles ont également un pouvoir massif de destruction sur l’économie réelle, elles peuvent également jouer “l’effet de chantage au sauvetage” en s’assurant la garantie des contribuables (moral hazard effect).

        Ainsi, en s’appropriant le rôle principal de création monétaire, les banques commerciales se sont substituées à l’Etat dans son rôle régalien et sans aucune contrainte de responsabilité sociale (chômage, dénouement des systèmes de pension, paupérisation de l’économie réelle par accroissement des inégalités, compression salariale compétitive et productivité, etc). N’est-il pas nécessaire de bien comprendre que lorsqu’un crédit est accordé (c-à-d une promesse de remboursement futur basée sur un rapport de confiance), la banque commerciale augmente simplement son bilan du montant désiré? Qu’en d’autres termes, elle crée simplement une quantité d’argent supplémentaire qui n’est somme toute…qu’une écriture comptable: de l’argent scriptural? Que la banque commerciale enregistre les formalités de crédit (promesse de remboursement du capital) comme un nouvel actif et elle ajoute le montant correspondant sur le compte de sa relation commerciale, donc au passif de la banque commerciale? Et c’est pareil pour tout achat: – Elle n’a pas besoin d’avoir la somme correspondante avant, elle “crée” cette somme à partir du néant! Ainsi,l’argent créé et mis en circulation dans le système économique par le biais des dépenses de l’emprunteur (entreprises, états, particuliers…) qui consiste donc essentiellement en une dette. C’est pourquoi les dettes font les dépôts et non l’inverse.

        Et qui paie les pots cassés au final? Et qui s’en sort toujours au final? Vous voyez que le crime paie.

        1. Merci d’avoir pris la peine de me donner une réponse aussi exhaustive. Vos propos me sont d’autant plus utiles que si je ne doute pas des effets dévastateurs du schéma de Ponzi, comme je ne suis pas économiste, je dois me contenter du roman ou du cinéma pour éclairer ma lanterne: quand on nous faisait lire à l’école “La Petite Dorrit” (1857) de Charles Dickens, peu d’entre-nous étions conscients que l’escroquerie que le texte mentionne était déjà fondée sur un tel schéma. Quand la fiction dépasse la réalité…

          Sans doute avez-vous entendu parler d’une autre escroquerie qui fit long feu en son temps, dans la seconde moitié des années soixante, celle de l’IOS (Investors Overseas Services), cette société de vente de fonds dits “mutuels” fondée par Bernard Cornfeld, un ancien assistant social qui faisait miroiter les rendements miraculeux de fonds de pension bidons aux pauvres des rues de Harlem. Ce ponziste de première envergure avait même failli mis en péril le système bancaire suisse depuis ses bureaux du 119, rue de Lausanne, à Genève, et son château de Bella-Vista où, parmi son harem de “Play-Boy bunnies” il racolait de grands noms de ce monde pour promouvoir ses fonds de placements hollywoodiens, dont l’ex-vice-chancelier allemand Eric Mende et le fils du président Roosevelt, James, qu’il avait désigné comme son ambassadeur itinérant.

          A Bella-Vista et ailleurs dans les locaux d’IOS on rencontrait les personnalités en apparence les plus respectables, dont de célèbres avocats de la place, une future rédactrice-en-chef de feu le Journal de Genève et un certain Jean Ziegler – autant de gens de gauche ou prétendus tels attirés par le credo du “capitalisme à conscience sociale” qu’affichait Bernie Cornfeld pour mieux gruger ses clients, en majorité de modestes retraités allemands qui se sont vus floués jusqu’à leurs derniers pfennigs quand IOS a fait faillite.

          Comme journaliste, j’avais eu l’occasion d’observer de près cette faune, tout en gardant mes distances avec elle. Je ne désespère pourtant pas de raconter un jour une version de “La Petite Dorrit” revue et corrigée selon les normes cornfeldiennes du schéma de Ponzi. Et vos remarques m’y encouragent d’ailleurs.

          Merci encore pour vos explications.

  36. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (59): Mais quand vont-ils revenir à la raison?

    Comme nous le savons déjà avec la disruption de nos économies avancées, le monde d’avant était déjà condamné à voir certains emplois réduit à une peau de chagrin, alors même que les crises successives et de plus en plus rapprochées et violentes ces trente dernières années ne font qu’accélérer un processus inéluctable. Pourtant, à l’instar des crises bancaires et financières (déjà), nos gouvernements se refusent à voir la réalité en face, voir pire lorsqu’ils semblent vouloir délibérément écarter les probabilités non négligeables des risques à l’échelle globale, avant de venir percuter le mur des réalités.

    Étant donné que les crises bancaires et financières contribuent déjà au rouleau compresseur des pertes d’emplois, pourquoi ne pas s’arrêter un instant sur cet extrait de mon “Voyage dans le temps et l’espace” daté de 2018: “Pour les néolibéraux, le marché du travail devrait fonctionner exactement comme les autres marchés : ajustement de l’offre et de la demande par les prix. Or le travail est encadré par la lourdeur des législations (salaire minimum, obtention d’un permis de travail, filet social obligatoire, indemnités de licenciement, restrictions sur les mises à pied et délais d’avis, limitations des heures d’ouvertures des commerces, assurance-chômage et autres indemnités) qui augmentent considérablement le coût de la main d’œuvre et qui fausse le marché, toujours selon doctrine néolibérale.

    Les marxistes, quant à eux, nous apportent un élément de réponse avec la théorie de la destruction du Travail par le Capital : la tendance du capitalisme est de remplacer la main-d’œuvre par le capital pour augmenter le profit. Ceci se fait forcément au détriment de l’emploi. Par conséquent, l’existence du chômage est une bonne chose pour les “patrons” car elle engendre la baisse du coût du travail. D’ailleurs, Karl Marx ne parlait-il déjà pas de “l’armée de réserve de travailleurs”, développé dans le chapitre 25 de son ouvrage “Das Kapital”?

    Arrêtons-nous à présent sur Jean Charles Léonard Simonde de Sismondi. Cet économiste suisse, d’abord influencé par Adam Smith, embrassa la cause libérale et fréquenta les salons de Madame de Staël au sein du Groupe de Coppet (avant que ses théories n’entachent la constellation de Coppet). Son adhésion au libéralisme économique de Ricardo et Smith prendra fin en 1819 avec la publication des Nouveaux principes d’économie politique. Pour la première fois, un économiste évoque une nécessaire redistribution des richesses (au sens du Progrès). Selon lui, loin d’assurer le bien-être de tous, le libéralisme économique accroît la misère des travailleurs parce que la concurrence exerce une pression à la baisse sur les coûts de production, et donc sur les salaires également, puis, le rythme élevé du progrès technique fait que les anciens résistent en bradant les prix et donc les salaires. Ajouter de la valeur c’est ajouter du capital fixe, des machines, des entrepôts, des forces aveugles de la nature qui ont été redirigées par l’intelligence et l’habileté qui sont autant de richesse future. Ce capital ne produit que s’il est fécondé par le travail, qui le met en mouvement. Sismondi ajoutera que le surplus et le profit sont accaparés par les riches, qui sont propriétaires du capital et de ce fait peuvent décider seul du partage de la valeur ajoutée, et de la richesse. En ce sens où de nos jours la vélocité de circulation du capital n’a plus rien de comparable au facteur travail pour fructifier, le travail (comme facteur de production) tend à disparaître .

    Le macroéconomiste de Cambridge, John Maynard Keynes, n’avait-il pas prédit, dès 1938, en estimant qu’avec l’augmentation de la productivité due aux machines, “il suffirait en l’an 2000 que chacun s’astreigne à trois heures de travail productif par jour pour que chacun subvienne à ses besoins”. Pourtant on travaille toujours au moins 35 heures par semaine dans nos sociétés modernes, et la valeur-travail se porterait plutôt bien selon certains avis bien tranchés – alors qu’on devrait dire que la valeur-travail s’accroche autant que faire ce peu. Pourquoi donc s’inquiéter ? Si l’Histoire a pour l’instant démenti le pronostic de John M. Keynes, c’est que tout n’était pas aussi simple. Tout d’abord, si l’évolution technique détruit des emplois, elle en fabrique en contrepartie selon le précepte schumpétérien de la “destruction créatrice”. Or, bien que l’économie digitale va temporairement pulvériser des pans entiers de l’économie marchande, en parallèle du progrès technologique et de l’innovation disruptive, que la nouvelle génération silencieuse (Z) et la génération (X) vivent déjà – à leur manière – une mise à la marge du monde du travail ; ce dernier n’arrêtant pas de se complexifier et le travail de se diviser, alimentant ainsi la “machine capitaliste” d’emplois de plus en plus précaires, pour ne pas dire des “Jobs à la c.n” en paraphrasant l’anthropologue américain David Graeber, alors oui…il y a en effet de quoi véritablement s’inquiéter sur les défis de demain laissés aux mains de la “science politique”.

    Tout ça pour en venir où?

    Simplement à la notion des risques que “nos sages” n’ont su anticiper avec rationalité. Que se risque soit économique, financier, bancaire, climatique, pandémique, énergétique, géopolitique, démographique (…) ou celui consécutif au “progrès” dans la guerre qui oppose plus que jamais le Capital au facteur Travail! N’en déplaise “aux sages ignorants”, le risque zéro n’existe pas, même en ouvrant les yeux! Toutefois, par anticipation rationnelle, l’on peut s’y préparer au mieux et, là, “les sages” ont une lourde responsabilité en la matière. À cet effet, d’ailleurs, “la banque qui dirige le monde” – Goldman Sachs – n’a pas perdu le nord lorsqu’elle vient de mettre en évidence (dans son rapport) que 300 millions d’emplois à temps plein dans le monde sont menacés par les avancées de l’intelligence artificielle. Aux États-Unis et en Europe, l’intelligence artificielle pourrait à elle seule remplacer un quart des tâches de travail. Certes, en contrepartie, l’IA entraînerait aussi la création de nouveaux emplois et un boost de la productivité sur l’autel de ce que certains appellent déjà l”’intelligence artificielle générative” en créant du contenu identique à du contenu créé par un humain.

    Voilà-voilà, à l’heure où la notion de productivité reste elle aussi dévoyée par le néolibéralisme. Gardons au moins à l’esprit que la “notion du temps” n’aura jamais la même valeur sur l’échelle du Capital que celle du facteur Travail. Bien entendu, vous l’aurez compris, du moins je l’espère, que je fais référence au Travail suffisamment rémunérateur pour que chacun puisse subvenir décemment à ses besoins rationnels. OUI, le Travail disparaît et c’est un fait. OUI, certes, nous pouvons voir ce phénomène comme un risque supplémentaire mais si il est appréhendé de la bonne manière sur le plan de l’Intérêt général et du bien commun, il peut également devenir une opportunité, voir un effet d’aubaine pour une très large majorité. Encore faudrait-il que “les fous ne soient plus à la tête de l’asile”.

  37. Le professeur Rossi nous présente dans ce billet une analyse excellente de la crise bancaire actuelle. Celle-ci ne semble pas avoir fini de déployer ses conséquences déstabilisantes, et ce malgré les discours rassérenants des autorités politiques, monétaires et de régulation, mais sous-estimant, à mon sens, les paniques autoréalisatrices. En effet, les mouvements de panique généralisés peuvent facilement transformer les pires scénarios en réalité .
    C’est pourquoi il est à craindre que la faillite des banques régionales américaines non supervisées et non régulées par la The Federal Deposit Insurance Corporation, à cause de l’assouplissement de la réglementation bancaire sous l’Administration Trump, ne provoque un effet domino à l’échelle planétaire. Même s’il est incontestable qu’il y a eu un apprentissage depuis la crise de 2008, et que ce dernier a débouché sur la mise en place des mécanismes de régulation. Mais ceux-ci pourraient se révéler insuffisants ou inadaptés, comme c’est le cas en Suisse où le régulateur ne semble pas être vraiment à la hauteur du régulé, en l’occurrence les deux géants bancaires systémiques (UBS et CS).
    Je me propose dans ce commentaire de démontrer que la crise financière est souvent perçue et analysée comme la conséquence d’une petite cause ou un effet papillon. Dans cette optique, il n’est pas saugrenu de hasarder l’hypothèse selon laquelle les autorités monétaires ne semblent pas maîtriser les effets de leurs actions sur leur environnement, et ce d’autant plus dans un contexte d’inflation et d’endettement généralisé (endettement public et privé). Autrement dit, les banques centrales sont handicapées par l’incertitude qui les pousse à marcher sur des œufs, et donc à faire preuve de prudence et de conservatisme, à tout le moins dans le dosage de leurs instruments.
    Par ailleurs, cette stratégie qui est suivie par les banques centrales dans leur croisade contre les tensions inflationnistes, via une hausse graduelle des taux d’intérêt, ne semble pas intégrer la dynamique chaotique qui pourrait leur créer de sérieux problèmes en les plaçant face à un dilemme inédit : la stabilité des prix ou la stabilité du système financier. Nous entendons par dynamique chaotique la sensibilité du systéme bancaire aux petits événements (ou petites causses) auxquels on ne prête pas d’ordinaire une grande attention en matière de pilotage de la politique monétaire. Dans le cas d’espèce, il suffit de songer à la hausse des taux d’intérêt directeurs sur les portefeuilles obligataires des banques, notamment en cas de bank runs qu’on croyait à tort appartenir à l’histoire monétaire ancienne.
    Comme on peut le constater il ne s’agit pas d’une resucée du vieil argument de l’ignorance avancé par Milton Friedman pour prôner la passivité et la rigidité de la politique monétaire, en soumettant celle-ci à une règle prédéterminée, c’est-à-dire c’est la fameuse règle de k% assignée à l’évolution de la masse monétaire et ayant prévalu pendant longtemps au sein de la Banque nationale suisse. Plus précisément, il est intéressant, me semble-t-il, d’expliquer pourquoi le resserrement monétaire entrepris par les banques centrales sous la forme d’un relèvement graduel de leurs taux directeurs de quelques points de base et dépassant rarement le seuil de 50 centimes, a-t-il déclenché une crise bancaire qu’on se garde de qualifier de systémique pour l’instant? Et pourquoi cette petite cause a-t-elle été fatale à Crédit Suisse, même en tenant compte du fait que cette banque souffrait d’une maladie chronique en matière de gouvernance ?
    Néanmoins, toute explication en termes de chaos devrait être nuancée dans le cas de l’économie qui reste une science humaine où les raisonnements mécanistes empruntés aux sciences physiques pourraient se révéler inappropriés. En effet, les acteurs économiques en chair et en os sont sensibles au contexte dans lequel ils agissent et leurs croyances peuvent engendrer des événements lourds de conséquences sur leur situation et sur leur environnement (prophéties autoréalisatrices). Ils sont également capables de faire preuve d’anticipation en se projetant dans l’avenir, contrairement aux atomes dont traitent les sciences physiques.
    En un mot comme en cent, nous ne devrions pas perdre de vue la prise en compte du contexte dans lequel le micro-événement générateur de la dynamique chaotique survient. A titre d’exemple et pour illustrer notre propos rappelons que d’aucuns attribuent la Grande dépression provoquée par le krach boursier de 1929, parmi les multiples causes, au décès du gouverneur de la FED de New York d’alors. Ce dernier aurait été sans doute favorable à une politique monétaire expansionniste pour éteindre l’incendie financier dû à une foultitude de facteurs ( endettement, spéculation, fortes inégalités, insuffisance de la demande,..). Ce personnage (Benjamin Strong) à la tête de la FED aurait sans doute mis en œuvre une politique monétaire adéquate pour éviter la contraction de la masse monétaire, la faillite en chaîne des banques et la ruine des débiteurs endettés jusqu’au cou et ayant communiqué leur détresse aux créanciers.
    De l’avis même des monétaristes pur jus comme Milton Friedman, Anna Schawartz ou Allan Meltzer, la FED n’a pas fait correctement son job à l’époque pour neutraliser les conséquences du choc initial (krach boursier) sur l’économie réelle. Mais, en vérité, cette expérience s’est révélée extrêmement féconde non seulement à cause de la révolution keynésienne, née de la rationalisation de ce contexte de crise, mais aussi à cause des politiques de stabilisation qu’elle a inspirées pour sauver la mise au capitalisme. Ainsi, il n’est pas absurde d’affirmer que la mise en place d’ une politique monétaire non conventionnelle (quantitative easing) par le gouverneur Ben Bernanke fut sans doute inspirée par l’héritage intellectuel de Keynes et l’analyse empirique des monétaristes, notamment l’ouvrage de Milton Friedman et Anna Schwartz (A monetary History of the United of the United States, 1867-1960).
    Il est indéniable qu’ une telle politique monétaire ultra-accommodante menée par la FED a réussi à contrecarrer les effets dépressifs de la crise financière de 2008 sur l’économie réelle, sachant que la crise en question est due en grande partie à la financiarisation à outrance de l’économie et à l’abolition de nombreuses dispositions de la régulation bancaire héritée de l’Administration Roosevelt. Mais le revers de la médaille de cette politique, c’est qu’elle a contribué à nourrir les bulles spéculatives sur les marchés financiers et immobiliers avec comme corollaire l’accentuation des inégalités patrimoniales. Sans évoquer les difficultés que l’assouplissement quantitatif a créées pour la normalisation de la politique monétaire en nous apprenant qu’il existe une quasi-irréversibilité dans le processus de la création monétaire, notamment lorsque la banque centrale tente de détruire la monnaie mise en circulation, via la vente des obligations des banques mises en pension chez elle pour absorber les liquidités jugées trop abondantes et responsables des pressions inflationnistes.
    Après cette digression d’ordre méthodologique et historique, venons-en au sujet qui nous occupe. Auparavant, notons que la plupart des idées développées par notre hôte le professeur Rossi se trouvent au cœur des analyses et des débats actuels concernant la crise bancaire américaine dont les premiers effets néfastes ont affecté le systéme bancaire suisse en particulier. Et maintenant la zone euro avec l’effondrement de l’ensemble du marché des obligations COCO en Europe (Bravo la BNS !). Sans parler des interrogations sur la santé chancelante des banques comme Deutsche Bank. Alors que les dirigeants de la BCE n’ont de cesse de répéter jusqu’à plus soif que les banques européennes sont solides et que la crise bancaire actuelle n’a rien de systémique. Par conséquent il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure. Espérons que la méthode Coué qui certes ne mange pas de pain, éloigne le spectre de la crise bancaire généralisée et qu’elle n’ajoute pas l’insulte à l’injure.
    Comme chacun le sait, la première victime collatérale de la crise bancaire américaine fut le Crédit Suisse en dehors des Etats-Unis et son sauvetage au forceps par les autorités politiques, monétaires et de régulation (BNS, DFF, et FINMA). A priori il ne semble pas y avoir une connexion entre le Crédit Suisse et les banques régionales américaines en situation de banqueroute; alors que la banque helvétique en tant banque systémique empruntait à court terme et à long terme dans le monde entier ( y compris aux Etats-Unis). Alors, comment établir le lien entre les deux événements indépendants et quasi concomitants, à savoir la faillite de SVB et celle de Crédit Suisse, sans faire appel à l’argument psychologique en l’occurrence le mouvement de panique et son corollaire la contagion? Bien évidemment comme toujours la causalité est plurielle et c’est dans ce contexte qu’il conviendrait d’expliquer la chute de Crédit suisse.
    Parmi les explications avancées par les analystes et fins connaisseurs du monde de la finance, il y en a une qui a particulièrement retenu mon attention. Elle nous dit en substance que la faillite de CS a été accélérée par une déclaration maladroite de son principal actionnaire, en l’occurrence Saudi National Bank. Ce dernier s’est montré en effet hostile à l’idée de participer à l’augmentation de capital de la banque systémique helvétique, certes en proie à des difficultés depuis plusieurs années, et ce en dépit de la volonté affichée par ses derniers dirigeants de nettoyer les écuries d’Augias, afin de gagner la confiance des investisseurs et donc de restaurer une réputation fortement abimée de manière quasi-irréversible.
    Quoi qu’il en soit, il semblerait que ce soit cette communication maladroite qui aurait déclenché le mouvement des retraits massifs des dépôts chez Crédit Suisse, après l’échec d’une tentative de l’augmentation du capital, semble-t-il. Sur ce point précis, nous sommes enclins à conjecturer que cette communication malencontreuse n’aurait eu probablement aucun impact sur les déposants de CS , s’il n’ y avait pas eu antérieurement la ruée sur les banques américaines régionales non couvertes par l’assurance-dépôts et confrontées à une crise d’insolvabilité et d’illiquidité, laquelle est due en grande partie à la hausse répétée des taux d’intérêt directeurs de la FED, mais dont les effets cumulés ont fini par dégrader la situation de liquidité des banques en question.
    C’est pourquoi cette explication ne semble pas convaincante dans la mesure où elle négligerait le contexte anxiogène avec l’enchainement de ses multiples causes. Alors que c’est seulement dans ce cadre qu’il conviendrait de justifier le naufrage de CS comme le résultat d’un effet papillon, lequel ne saurait être réduit à une déclaration inopportune d’un investisseur influent. En effet, si l’on limite l’ explication au comportement du principal actionnaire, l’ argument perdra sa pertinence, dans la mesure où la cause initiale qui est supposée avoir déclenché la faillite est elle-même la conséquence d’une série de causes qui se sont intervenues en amont. A cet égard, il est utile de rappeler très brièvement la séquence d’événements en tant qu’enchaînements des causes qui ont participé à la débâcle du fleuron bancaire suisse, ce qui permet par là même de préciser l’idée du chaos comme élément d’explication en vertu de la sensibilité aux conditions initiales.
    Au commencement fut le cycle des hausses graduelles des taux d’intérêt directeurs initié par la Fed. Cette politique monétaire restrictive vise un double objectif : d’une part lutter contre les pressions inflationnistes, lesquelles ne sont pas nécessairement toutes d’essence monétaire, comme l’a expliqué récemment le professeur Rossi dans une de ses chroniques. D’autre part, réduire la taille du bilan de la FED qui s’est dilaté dans des proportions démentielles à la faveur des crises financière et sanitaire. Mais comment un relèvement des taux d’intérêts directeurs de quelques points de base par la banque centrale américaine peut-il provoquer une tempête bancaire en Suisse ?
    La Suisse est un petit pays doté d’un marché financier de dimension internationale avec jusqu’à une date récente deux banques systémiques (UBS et CS). Par conséquent elle est reliée au marché financier américain et à d’autres places financières étrangères notamment européennes et asiatiques. C’est pourquoi la politique monétaire américaine peut avoir un impact direct ou indirect sur la place financière suisse. Le lien direct semble évident et de ce fait il n’est pas nécessaire de s’y appesantir : par exemple une hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis peut provoquer une sortie de capitaux et induire une dépréciation du franc face au dollar, en rendant ainsi les placements dans les actifs américains plus attrayants que les actifs suisses, toutes choses égales par ailleurs.
    Mais c’est en explicitant le lien indirect qu’il est possible d’établir une corrélation entre la faillite de CS et celle de SVB, sachant que nous avons émis l’hypothèse au départ qu’il n’existe pas, a priori, de connexion entre ces deux banques. La hausse des taux d’intérêt a induit indiscutablement une dévalorisation des portefeuilles obligataires des banques régionales américaines non couvertes par l’assurance-dépôts comme la Silicon Valley Bank. Or, une augmentation des taux d’intérêt est en général bonne pour les banques généralistes ou universelles, mais elle est mauvaise pour les banques qui empruntent court et prêtent long, ce qui est normalement l’activité de base de toute banque, pourvu que celle-ci ne développe pas une appétence irrépressible pour le risque, en ne respectant pas les ratios de solvabilité et de liquidité. Cette contrainte prudentielle n’est pas respectée en général et peut donner lieu à des stratégies de contournement (éléments hors bilan ou shadow banking), a fortiori lorsque les banques ne font pas l’objet d’une supervision et d’une régulation par la puissance publique.
    En outre, le relèvement des taux d’intérêt est de nature à inciter les clients de telles banques de détails ( collecte des dépôts et octroi des crédits) à retirer leurs avoirs pour acheter des bons de trésor mieux rémunérateurs que les dépôts à vue. Pour honorer leurs engagements les banques ayant transformé une partie importante des dépots de leurs clients en placements obligataires ( dans les bons du Trésor américains à 10 ans par exemple), sont contraintes de vendre à perte, vu qu’il existe une relation inverse entre la valeur d’une obligation et le taux d’intérêt : V = C/r où V= valeur de l’obligation, C= coupon et r= taux d’intérêt. Notons en passant que cette formule se démontre rigoureusement sous l’hypothèse que l’obligation est de type rente perpétuelle.
    Comme on peut le constater, sans chausser les lunettes d’un mathématicien, une hausse des taux d’intérêt se traduit par une baisse du cours de l’obligation. Par conséquent les banques illiquides se trouvant confrontées aux retraits massifs et simultanés de leurs clients, s’exposent à des moins-values, si d’aventure elles liquident dans l’urgence leurs actifs obligataires afin de se procurer des liquidités et donc de pouvoir honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs clients-déposants.
    Dans ces conditions, il n’est guère surprenant que les pertes accumulées conduisent inéluctablement à la faillite. Ainsi, une série de petites hausses des taux d’intérêt décidées par la FED, prudente dans le dosage de son instrument à cause de l’incertitude de ses actions sur la croissance et l’emploi, ont provoqué une ruée bancaire sur les banques régionales américaines illiquides et dérégulées. Comme le systéme bancaire très sensible à ce genre d’événement, la crainte ressentie par les déposants fondée ou non de perdre leurs avoirs s’est propagée aux banques non américaines. C’est ainsi que Crédit Suisse quoique jouissant d’une assurance-dépôts, s’est trouvé dans la même situation que SVB, c’est-à-dire faisant face à des retraits massifs de ses clients, sachant que cet établissement bancaire battait de l’aile, à cause d’une série de scandales financiers liés à une mauvaise gouvernance, mais aussi à cause des failles dans la régulation publique.
    En conclusion, on ne saurait attribuer la faillite de CS à la seule communication maladroite de son principal actionnaire, mais en vérité celle-ci est intervenue comme un maillon fort dommageable à la confiance dans la chaîne des causalités, lesquelles ont abouti à la faillite de la banque en question. C’est pourquoi il n’est pas déraisonnable d’imputer cette banqueroute à la politique monétaire restrictive de la FED ou le quantitative teghtening. En tout état de cause, le resserrement monétaire mis en œuvre dans un contexte d’inflation et d’endettement des Etats et des acteurs privés ( ménages, entreprises) est de nature à fragiliser le système bancaire en accentuant le phénomène d’illiquidité.
    Ainsi, en voulant lutter contre les pressions inflationnistes à cause des tensions sur le marché du travail et sur le marché immobiliers (hausse des loyers) la FED a provoqué une crise bancaire qui va probablement la contraindre à faire une pause dans la poursuite de son resserrement quantitatif. En tout cas, la politique monétaire américaine envoie des signaux contradictoires qui finiraient par nuire à sa cohérence et donc à sa crédibiité, car la FED ne peut pas mettre des liquidités à disposition des banques en difficultés et en même temps elle affiche sa détermination face à l’inflation en augmentant les taux directeurs d’intérêt.
    Le principal enseignement qu’on peut tirer de cette crise bancaire est que le resserrement monétaire ou le quantitative teghtening n’a pas les mêmes effets que l’assouplissement monétaire. Car la quantité de monnaie qui avait été injectée dans l’économie par le biais d’une politique monétaire non conventionnelle ne saurait être retirée intégralement du circuit économique, via la politique monétaire restrictive consistant en la vente des obligations mises en pension à la banque centrale aux banques privées. La raison en est que la quantité de monnaie injectée dans la période subséquente à la crise financière de 2008 et pendant la pandémie a été transformée par les banques commerciales en partie en octroi des crédits aux ménages, aux entreprises et aux collectivités publiques et/ou en achats d’obligations, si bien qu’une hausse des taux d’intérêt engendre une crise d’illiquidité dont la dévalorisation des portefeuilles obligataires des banques est la manifestation symptomatique. Il semblerait qu’il existe une asymétrie entre les mesures monétaires expansives et les mesures restrictives quant à leurs conséquences sur la situation financière des banques. Pour toutes ces raisons la normalisation de la politique monétaire s’annonce ardue et tout particulièrement dans un contexte inflationniste.

      1. Bonjour Raymond,
        Un grand merci pour le partage de cet article qui nous apporte un éclairage statistique et factuel sur la politique monétaire agressive menée par la FED. Celle-ci ne semble pas avoir tenu compte de l’impact de sa stratégie graduelle de lutte contre l’inflation sur la stabilité du systéme financier.
        En outre l’article en question nous rappelle que les délais de la politique monetaire sont longs et variables. En effet, selon les estimations empiriques la politique monetaire ne commence à exercer ses effets sur l’économie réelle qu’au bout de 18 mois, et dans le meilleur des cas au bout d’un an. Or, entre le moment de la mise en œuvre de la politique monétaire et celui de la manifestation de ses premiers effets, il existe une forte probabilité que de nombreux événements favorables ou défavorables surviennent. Cela pourrait rendre caduque la stratégie initiale. D’oû la nécessité de concevoir la politique monétaire selon le principe de contrôle optimal et la tricherie sous-jacente à ce mécanisme pourrait être atténuée par les forces de réputation, du fait de l’interaction répétée entre les autorités monétaires et le secteur privé.
        Cette constatation renvoie au fameux débat sur le choix entre les règles et la discrétion. Si l’on est keynésien de tendance Yale ou un économiste des eaux salées comme Willem Buiter ou Paul Krugman, la banque centrale ne devrait pas se priver de l’information nouvellement acquise pour apporter les adaptations nécessaires à sa politique. Or, la FED vient d’annoncer une fermeté face à l’inflation qui ressemble de plus en plus à la fermeture à la nécessité de faire une pause dans la poursuite de son resserrement quantitatif (QT). Je crois qu’on est en plein poker menteur, car on voit mal la cohérence de la poursuite d’une politique monétaire qui tire à hue et à dia ( injection des liquidités et hausse des taux d’intérêt) sans brouiller le message envoyé aux acteurs économiques. Pour cette raison, il y a fort à parier que la FED sera amenée à changer son fusil d’épaule, en invoquant,par exemple, le frémissement de la décélération de l’inflation sous-jacente qui est bien visible dans les dernières statistiques.
        Amicalement.

  38. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (60): Les zélites font mumuse avec les règles du jeu de la roue de fortune. Est-ce là le Libéralisme? NON.

    Si les États-Unis ont imprimé des milliards de dollars à partir du néant au cours de la pandémie mondiale – à l’instar d’autres nations – et a creusé l’écart d’inégalité des richesses, la Fed a néanmoins poursuivi dans le quazi même timing avec un cycle de hausse des taux d’intérêt le plus drastique et le plus rapide de l’histoire de cette banque centrale. À présent que certaines banques ont temporairement échoué au jeu de société, alors même que Silicon Valley Bank eu passé son audit KPMG avec brio en obtenant une notation/dette “A” par Moody’s il y a quelques semaines à peine – que les dirigeants se sont frénétiquement payés des bonus en vendant leurs actions dans les heures et les jours ayant précédé la faillite de la Silicon Valley Bank, et ça passe toujours comme une règle du jeu acceptable pour les autorités. Mieux encore puisque la FDIC (assurance des dépôts) dont 98% des dépôts dans SVB n’étaient pas assurés, ont été finalement couverts par l’assurance. Génial, le crime paie puisque cela signifie qu’autrement tous les comptes avec des soldes supérieurs à 250 000 $ étaient confrontés à la perte de leurs fonds. Ben oui, c’est le propre du Capitalisme. Mais les “médias mainstream” ont eu cette fâcheuse tendance à oublier que la Silicon Valley Bank – c’est là que les zélites placent également leurs paris sur les “licornes de la Silicon Valley”! Donc, il fallait à tous prix leur éviter un carnage en préservant la ligne de conduite de la ploutocratie.

    Lors de la réunion convoquée à la hâte entre la FDIC, la Fed et le Trésor américain, il a été décidé que tous les dépôts seraient couverts, assurés ou non. Crise évitée, n’est-ce pas? Faux. Il s’est avéré que seules les banques SVB et Signature seraient couvertes ; si d’autres banques échouent, alors il faudra laisser les “zélites jouer encore à la roue de la fortune”. Dans un aveu étonnant de Yellen, lorsque le représentant James Lankford lui a demandé de but en blanc si une banque communautaire de son État d’origine, l’Oklahoma, connaissait le même aléa majeur, à savoir,”les déposants non assurés seraient-ils traités de la même manière que les licornes de la Silicon Valley”? Yellen a dû lui dire la vérité: “une banque n’obtient ce traitement que si une super-majorité du conseil d’administration de la Fed, et moi-même, en consultation avec le président Powell, concluons que le fait de ne pas protéger les déposants non assurés créerait un risque systémique pour le système bancaire”. Bref…”pas forcément”!

    Ainsi, chacun l’aura compris, même en Europe avec le sauvetage du CREDIT SUISSE, bien que le départ du coup de feu soit quelque peu différent, il n’en demeure pas moins que nous retrouvons là encore quelques similitudes de comportement chez “nos fanatiques de la ploutocratie helvétique”. Ces “zélites jouant eux aussi à la roue de la fortune avec des règles à la géométrie variable”, tandis que les otages du néolibéralisme attendent bien sagement leur sort. Faut-il être surpris que quelques jours après la reprise de la banque CREDIT SUISSE par sa consoeure UBS, “le Département Fédéral des Finances de Karin Keller-Sutter refusait catégoriquement de donner l’accès aux documents concernés par l’opération, demandé via la loi sur la transparence”? Un peu de sérieux svp, vous vous attendiez à quoi d’autre venant des “grands Timoniers 2.0”; rappelez-vous simplement que le néo-libéralisme embrasse le phénomène du “Crony capitalism” – il n’est en rien comparable au Libéralisme – et en ce sens s’apparente à un fascisme. D’ailleurs, derrière le “masque libéral”, il n’aura pas fallu attendre très longtemps pour apercevoir le ministère tenir le crachoir de l’austérité en prévoyant de diminuer “temporairement les contributions à l’assurance chômage durant cinq ans et une baisse possible, entre-autres, de 200 millions de francs de la redistribution de l’Impôt fédéral direct aux cantons pour financer les crèches”. Alors, si j’ai bien compris, “nos zélites de la roue de la fortune” font encore une fois des économies budgétaires dites rationnelles. Bon, je veux bien l’entendre (encore que…dans le contexte actuel) MAIS alors voici un constat avec une énième question qui fâche par un “Voyage dans le temps et l’espace”. Oui, en effet les “zélites”, en tant qu’hétérodoxe, je sais encore regarder dans le rétroviseur de l’histoire économique et financière:

    “Le 24 février 2008, le peuple acceptait à une courte majorité la réforme de l’imposition des entreprises. Ce paquet de mesures visait essentiellement à réduire la pression fiscale pesant sur les PME suisses afin de faciliter leur développement et l’emploi. Dans ce cadre, la réforme a introduit le principe de l’apport en capital qui permet au propriétaire d’une entreprise de retirer les capitaux qu’il a injectés dans son entreprise sans être imposé. Lors de l’entrée en vigueur de la réforme, au 1er janvier 2011, un élément imprévu, et qui n’avait jamais été discuté avant le vote populaire, est apparu dans la circulaire publiée par l’administration fiscale fédérale. Le texte autorisait explicitement le versement des dividendes à partir de réserves issues d’apports en capital.Ce nouveau type de dividende était donc totalement exonéré d’impôts. En effet, les entreprises ayant pu faire reconnaître la constitution de telles réserves depuis 1997 (acquises essentiellement lors d’augmentations de capital) avaient désormais la possibilité de verser des dividendes non taxés à leurs actionnaires (sans réel bénéfice pour l’économie réelle). Ainsi, à partir de 2011, ce sont plus de 140 entreprises suisses cotées qui ont recouru à ce dispositif et les estimations indiquent qu’en moyenne 10 milliards de francs suisses de dividendes nets d’impôts ont été versés chaque année depuis 2011et, que les entreprises concernées disposaient, en moyenne, de réserves pour payer 7 ans de dividendes non taxés”. Alors, bien que les règles budgétaires (ou l’appréhension morale de ces dernières) sont-elles toujours à géométrie variable, néanmoins la finalité reste la même. Ne pensez-vous pas que nous avons là passablement de signes de la “version moderne d’une économie planifiée”?

    https://static.latribune.fr/article_body/1701530/ooo.jpg

    En conclusion, si personne ne voit toujours aucune similitude entre le comportement des “banquiers coquins” et les “zélites de la roue de la fortune” – en Suisse et ailleurs – alors je consens à être mis au pilori de la place publique. Ceci étant souligné, James McGill Buchanan n’a-t-il jamais fait ce constat, lui aussi? “Good games depends more on good rules than they depend on good players”. En d’autres termes, “si vous voulez améliorer la qualité de l’action publique, améliorez les règles du jeu et non pas les joueurs”.

    Enfin, en conclusion, par abstraction de “la novlangue du pouvoir” et au travers de la lunette copernicienne, l’on prend mieux la mesure consistant aux gouvernements de faire passer inexorablement les “Fat cats” pour des enfants de chœur. Pathétique.

  39. WHAT? “L’analyse du sauvetage de Credit Suisse demandé par le Département des finances a été confiée à Manuel Ammann, un professeur de l’Université de Saint-Gall. La Wochenzeitung révèle qu’il est aussi à la tête d’un institut sponsorisé par Credit Suisse”🙊

    Par pitié les “zélites”, arrêtez toute cette pornographie incestueuse, ça devient franchement rebutant!

  40. La semaine dernière, Nassim Nicolas Taleb – ancien trader de produits dérivés et théoricien des risques à la renommée internationale – professeur d’ingénierie du risque à l’Institut polytechnique de l’université de New York, dénonçait à juste titre un “paradoxe du monde d’après”; à savoir que si les investisseurs en capital-risque de la Silicon Valley Bank ont pris des risques démesurés, ils ont aussi provoqué une panique bancaire lorsqu’ils ont remarqué que l’institution était au bord de l’insolvabilité. Mais surtout, ILS ont supplié le gouvernement de les renflouer lorsqu’ils ont réalisé qu’ils seraient incapables de retirer leur dépôts non assurés à temps: “Ils sont tous ➡️des libertariens jusqu’à ce qu’ils soient frappés par des taux d’intérêt plus élevés⬅️, nous dit Taleb. Avant de renchérir que “les renflouements de 2008-9 étaient déjà un cas flagrant de socialisme d’entreprise et une récompense pour une industrie dont les dirigeants sont arrêtés par les contribuables”.

    “(…) Rappelez-vous que les renflouements viennent avec de l’argent imprimé qui dégonfle ➡️effectivement les salaires de la classe moyenne⬅️”. Ça comme à entrer dans les cerveaux ou toujours pas?

    Et, bien que les risques du “Debit Suisse” soient de nature différente, son sauvetage provient de la même racine dès l’instant que le phénomène du “moral hazard” s’est totalement démocratisé chez les “too big to fail” et que la notion “too politically connected to fail” ne leur est plus du tout étrangère. Autant dire que ce paradoxe nous apporte un élément de taille sur l’orientation de la scène politique qui a terminé sa mue. Alors, pourquoi une partie du secteur bancaire se priverait-elle de l’hyper concentration des risques en liquidant le nombre d’entités bancaires au fil du temps? La réponse est dans la question.

    https://michelsanti.fr/crise-financiere/banques-une-espece-en-voie-de-disparition

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