Le renchérissement du coût de la vie peut être atténué

L’année 2023 a commencé sur le plan économique global comme l’année précédente avait terminé, à savoir avec des problèmes pour quantité de ménages et de petites ou moyennes entreprises liés au fort renchérissement de nombreux biens résultant des tensions géopolitiques à l’échelle mondiale. Ces dernières n’ont en fait qu’aggravé les difficultés d’approvisionnement observées suite aux confinements, dans le sillage de la pandémie de Covid-19.

Les principales banques centrales dans l’économie globale ont dès lors changé leur fusil d’épaule pour adopter des politiques monétaires restrictives (entendez une série d’augmentations de leurs taux d’intérêt directeurs), afin de juguler la hausse des prix sur le marché des biens et des services. En réalité, il s’agit d’une approche erronée car, en l’état, le renchérissement des prix à la consommation découle non pas d’une augmentation de la demande sur le marché des produits, mais bien d’une série de difficultés du côté de l’offre. Qui plus est, cette remontée des taux d’intérêt directeurs est susceptible d’exacerber ledit renchérissement, du fait que bien des entreprises vont répercuter la hausse des taux d’intérêt qu’elles devront payer aux banques sur les prix de vente de leurs propres produits, dans une spirale qui tire encore davantage ces prix vers le haut. Ce d’autant plus que ces entreprises seront également sujettes à payer des taux d’intérêt plus élevés sur les hypothèques qu’elles ont obtenues auprès des banques pour financer l’achat de leurs immeubles.

Dès lors, il serait judicieux que les banques centrales s’abstiennent d’augmenter davantage leurs taux d’intérêt directeurs et que le secteur public prenne la relève en mettant en œuvre une politique fiscale et budgétaire visant l’intérêt général, à savoir, la cohésion sociale et la stabilité économique pour le bien commun.

Le cas échéant, la politique fiscale devrait prélever un impôt «de guerre» sur les profits extravagants de bien des entreprises dans le domaine énergétique, étant donné que ces profits ne découlent aucunement de leur mérite mais des tensions géopolitiques ainsi que des activités de spéculation sur le marché des produits énergétiques. À cet égard, il faudrait également prélever un tel impôt sur les profits des institutions financières qui spéculent sur ce marché au détriment tant de la stabilité financière que de la qualité de vie de la population mondiale.

De cette manière, la politique budgétaire pourrait être financée à hauteur des dépenses publiques nécessaires afin d’aider les personnes les plus démunies à mener une vie digne de ce nom en 2023 – une année qui, sinon, risque de passer à postérité comme celle où le paradigme de la croissance économique a laissé définitivement place à l’évidence empirique de la paupérisation globale. Ce serait alors le début de la fin…

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.

30 réponses à “Le renchérissement du coût de la vie peut être atténué

  1. Grace à vos excellents articles j’arrive a mieux comprendre la situation présente.
    Les contribuables sont contraint de raisonner en terme financier et comprendre les enjeux légaux de la géopolitique actuelle et fermement rejetés les sornettes idéologique fournit par des medias corrompus.

  2. A partager:

    1) Les constats et réflexions de 2 économistes français, dont un Nobel 2014, à qui Macron a demandé en 2020 un rapport et qui font en 2022 le constat désabusé que rien n’a été fait, alors que “le dérèglement climatique et la lutte contre les inégalités sont des défis EXISTENTIELS”, Jean Tirol parle même de “délire” concernant l’inertie ou les décisions erronées …

    http://www.youtube.com/watch?v=dy2z0aFCytA

    2) Qui décille les yeux =>

    http://www.bbc.com/afrique/articles/cmjxv2yd0ggo
    http://www.payot.ch/Detail/megamenaces-nouriel_roubini-9782283037577?cId=0

    http://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/4452664-2023-l-annee-de-toutes-les-crises.html

    http://www.youtube.com/watch?v=EsS0VXPz2oc

    http://www.youtube.com/watch?v=xvRJCR8SDQg

    3) Et sinon, en Suisse: http://www.24heures.ch/la-bns-confirme-une-perte-de-132-milliards-en-2022-332983133181

  3. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023 (4) : Il ne leur aura fallu qu’un demi-siècle pour éteindre à nouveau les Lumières.

    En 50 ans, la doxa des économistes orthodoxes sera parvenue à fermer les volets sur l’ensemble des “sciences économiques et sociales” avec tous les moyens possibles et inimaginables, passant des mathématiques à la psychologie avec une légèreté déconcertante. N’hésitant une seule seconde à abuser des sophismes, de la théorie pavlovienne et des tomberaux de publications afin de finir le travail en assassinant la pluralité de la recherche dans “les sciences économiques”. En imposant ainsi leur religion, ils auront au moins eu le mérite à faire renaître de ses cendre la notion d’obscurantisme. Non seulement les fausses croyances auront eu raison des peuples, mais l’État lui-même se convertira en subordonné. À ce propos, je postais en son temps que les dernières crises “nous scotchent toujours à cet obscurantisme qui prévalait aux 16ème et 17ème siècles, alors même que le Clergé endossait le rôle de l’État d’aujourd’hui, et que les hétérodoxes à l’instar de Copernic et Galilée faisaient face aux doctrines de Ptolémée. Un obscurantisme qui, au 21ème siècle, à l’ère de la financiarisation, semble avoir re-gagné ses lettres de noblesse totalement perdues lors du passage au siècle des Lumières. Avons-nous tellement vite oublié les leçons de l’histoire? Toujours est-il si j’en reviens à Galilée – en 1610 – la Papauté lui avait interdit l’enseignement de ses travaux jugés “subversifs” par l’idéologie dominante et les lois de l’Église (l’inquisition) avant son transfert – en 1633 – devant son tribunal: “la Sacrée Congrégation du Saint-Office”. Le siècle des Lumières (1900) mettra un terme à des siècles d’obscurantisme et validera les travaux unanimement reconnus des “hétérodoxes” de l’époque que furent Galilée et Copernic”. Sauf qu’aujourd’hui le temps nous est amplement compté et nous n’aurons plus d’autres sursis, d’ailleurs nous le voyons tous les jours avec ce “sauve qui peut”: Les rats quittent le navire en s’accaparant la plus grosse part du butin.

    Revenons à présent sur la façon de penser l’économie de l’offre, si les lecteurs le veulent bien, “puisqu’elle navigue à l’envers de son fonctionnement réel. Dans l’économie réelle, c’est la demande anticipée par les entreprises qui détermine leur production et donc aussi le volume de travail et de biens d’équipement dont elles ont besoin dans le présent et à l’avenir: c’est la demande espérée qui engendre à la fois l’offre de produits, l’emploi et l’investissement. Si les entreprises ont besoin d’argent pour financer leur production et leurs investissements, elles pourront emprunter les fonds nécessaires d’autant plus aisément que leurs perspectives de ventes futures seront bonnes, c’est-à-dire dans une phase d’expansion et de confiance en l’avenir. Une banale évidence? Effectivement, mais c’est aussi un moyen de démontrer l’incongruité du modèle qui inspire nos élites dirigeantes depuis plus de 40 ans. En réalité, l’économie de l’offre prend en effet le circuit économique élémentaire, comme décrit ci-dessus, en sens exactement inverse. Elle raisonne comme si les entreprises employaient les gens tant que ceux-ci sont disponibles et non pas tant qu’elles peuvent vendre ce que ces gens produisent; comme si elles investissaient tant que l’on peut emprunter des fonds à des taux d’intérêt raisonnables, sans se soucier de la clientèle future qui sera nécessaire pour rentabiliser les investissements et rembourser la dette; comme si elles vendaient leurs biens ou services parce qu’elles les ont produits, et non pas parce qu’elles ont des acheteurs! Tout se passe donc comme si chaque offre engendrait sa propre demande”.

    Par quelle magie? Tout simplement par le truchement de l’alambic de la société des marchands et des marchés financiers parfaitement efficients selon cette logique schizophrénique des économistes et financiers orthodoxes. Or, la réalité est bien plus sombre dans le monde réel de nos économies globalisées et totalement financiarisées; nul besoin d’adhérer à la complosphère pour s’en convaincre. Est-il utile de préciser à nouveau que ce phénomène s’inscrit dans le (profit à) très court terme et ne tolère aucune marge de manœuvre comme déjà constaté à l’envi depuis trois ans, où nombre d’entreprises ont déjà augmenté les prix de leurs biens ou services dès le premier aléa majeur, puis ensuite au second (tensions persistantes sur les chaînes d’approvisionnement des matières premières et confinements durant la pandémie et rupture des chaînes d’approvisionnement énergétique et agricole avec le conflit géopolitique). Ou encore ses nombreuses multinationales qui se targuent d’avoir versés des “dividendes exemplaires” à leur pourvoyeur de fonds dans un contexte où le processus des rachats d’actions propres – financés grâce au levier de l’endettement à des taux proches de zéro – a été détourné de sa vocation originelle et, l’Homo-politicus s’en réjouit tel un sociopathe! Oui, en effet, le monde marche sur la tête. Le Professeur Sergio Rossi et moi-même, parmi tant d’autres hétérodoxes, n’avons eu de cesse à prêcher dans le désert sur le sujet, or l’économie de l’offre chère aux économistes et financiers mainstream – au détriment de l’économie réelle de la demande chère aux économistes et financiers hétérodoxes – révèle à présent et plus que jamais ses affres. Pourtant, une très large majorité semble toujours s’accommoder des obscurantismes tout en redécouvrant en 2022 – avec les tensions énergétiques par exemple – les préceptes du rapport Meadows paru en 1972 à la demande du Club de Rome et reprit en 2004 par de jeunes chercheurs américains: “The Limits to Growth”. Pincez-moi, car tous les jours j’hallucine!!!

  4. “Cet essai résulte d’une sidération. Celle qui m’a saisi lorsque je suis tombé sur un écrit aujourd’hui oublié, Recherches sur l’origine de la vertu morale de Bernard de Mandeville. C’est en 1714, à l’aube de la première révolution industrielle, que Mandeville, philosophe et médecin, a publié ce libelle sulfureux, en complément de sa fameuse Fable des abeilles. Cet écrit est le logiciel caché du capitalisme car ses idées ont infusé toute la pensée économique libérale moderne, d’Adam Smith à Friedrich Hayek. Fini l’amour du prochain ! Il faut confier le destin du monde aux “pires d’entre les hommes” (les pervers), ceux qui veulent toujours plus, quels que soient les moyens à employer. Eux seuls sauront faire en sorte que la richesse s’accroisse et ruisselle ensuite sur le reste des hommes. Et c’est là le véritable plan de Dieu dont il résultera un quasi-paradis sur terre. Pour ce faire, Mandeville a élaboré un art de gouverner – flatter les uns, stigmatiser les autres – qui se révélera bien plus retors et plus efficace que celui de Machiavel, parce que fondé sur l’instauration d’un nouveau régime, la libération des pulsions. On comprend pourquoi Mandeville fut de son vivant surnommé Man Devil (l’homme du Diable) et pourquoi son paradis ressemble à l’enfer. Trois siècles plus tard, il s’avère qu’aucune autre idée n’a autant transformé le monde. Nous sommes globalement plus riches. A ceci près que le ruissellement aurait tendance à couler à l’envers : les 196 d’individus les plus riches possèdent désormais autant que les 99 % restants. Mais on commence à comprendre le coût de ce pacte faustien : la destruction du monde. Peut-on encore obvier à ce devenir ?”

    Baise ton prochain livre de Denis Robert Dufour

    1. Bonjour Isabelle,
      Puisque que vous citez le remarquable philosophe Dany Robert Dufour, je ne peux m’empêcher d’apporter, moi aussi, ma référence concernant son article sur la “Naissance du droit sado-masochiste” qui ne fait pas partie des “Droit de l’Homme” , mais qui dirige notre société vers une souffrance contre laquelle il n’y a pas d’anti-douleur, si l’on ne veut pas connaître la CAUSE de notre infortune, et avoir la volonté de l’éradiquer. http://www.dany-robert-dufour.fr/?p=1117
      La cause, je l’ai déjà dénoncée ici, est dans les computers de Wall Street sous la forme d’algorithmes stochastiques “simples, mais pas très simples”, comme disait Einstein, et qui dirigent le monde.
      Le cancer, c’est la pléonexie (greed) psychopathique (voir D. R. Dufour) des “Banquiers sans visage” américains qui ont contaminé le monde avec leur ultra-libéralisme “financiarisé” mafieux et criminel…. et qui pensaient que l’on ne pourrait jamais les démasquer. Or scientifiquement, c’est possible, si on le veut et on y met les moyens, car des têtes bien faites et … bien pleines … de matière grise, on n’en manque pas en Suisse et ailleurs.
      Commençons aussi par taxer la “black-economy” des jeux par une forte régulation des produits dérivés.
      Et si nos conseillers fédéraux pouvaient ne pas trop flirter avec les banquiers sans visage à Davos, le Peuple serait reconnaissant de leur action sociale.

  5. Matière à penser

    1) “Nous savons, mais nous ne croyons pas ce que nous savons.”

    JP Dupuy, philosophe

    ww.payot.ch/Detail/pour_un_catastrophisme_eclaire-jean_pierre_dupuy-9782020660464?cId=0

    2) “La raison fondamentale du retour des crises, en dépit de toutes les expériences passées: l’incapacité à en tirer vraiment les leçons, à laisser les faits mettre en question des doctrines libérales erronées. ”

    Paul Krugman, économiste nobelisé

    http://www.payot.ch/Detail/pourquoi_les_crises_reviennent_toujours-paul_r_krugman-9782020996037?cId=0

    3) “Nous avançons lentement mais sûrement vers la catastrophe.”

    Nouriel Roubini (économiste, celui qui a averti en 2006 de l’arrivée de la crise des subprimes, survenue en 2008)

    “Le célèbre économiste Nouriel Roubini soutient que nous nous dirigeons vers la pire catastrophe économique depuis la Seconde Guerre mondiale, à moins que nous n’anticipions et n’agissions pour nous défendre contre dix menaces à court et moyen terme. Cet ouvrage explore ces dix “mégamenaces” . Roubini révèle comment elles se chevauchent et se renforcent mutuellement. Il y a un lien entre l’accumulation des dettes et le piège de l’endettement, l’argent facile et les crises financières, l’intelligence artificielle et l’automatisation sur le lieu de travail, l’inflation et la stagflation, l’inégalité des revenus et le populisme, les pandémies et le changement climatique… Après avoir examiné chaque menace dans son propre chapitre, Roubini envisage les perspectives collectives pour y faire face. Il faut dorénavant mettre au rencart tous nos a priori et bâtir un monde différent. ”

    ww.payot.ch/Detail/megamenaces-nouriel_roubini-9782283037577?cId=0

    ww.bbc.com/afrique/articles/cmjxv2yd0ggo

    http://www.parismatch.com/actu/international/nouriel-roubini-dr-doom-nous-avancons-lentement-mais-surement-vers-la-catastrophe-220426

  6. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023 (5): Le “Hedge funds BNS” a joué et perdu, mais pour les contribuables suisses le pire reste à écrire.

    La double dynamique de libéralisation des échanges de biens et services, des mouvements de capitaux et de personnes, et d’intégration de nos économies depuis le début des années 1990, a contribué à accroître la concurrence fiscale sur notre planète. Certes, un secret de polichinelle. Or, dès la financiarisation exacerbée de nos économies “globalisées” (captation des richesses au sein d’un océan de serfs), la fiscalité est alors apparue comme l’un des derniers outils à la disposition des gouvernements pour stimuler l’activité économique en renforçant la compétitivité des entreprises et l’attractivité des territoires. Mais vu que la “Tricke down economics” est un leurre, cette politique est assimilée à la maxime qui postule à déshabiller Pierre pour habiller Paul; c’est-à-dire une injustice fiscale menée pour le plus grand profit d’une minorité au détriment d’un océan de serfs. Une dichotomie dans la taxation des flux par rapport aux biens. Une confusion malsaine entre crise des dépenses et crise des recettes. Or, un impôt “guerre” offrirait une dynamique à franchir le rubicon de la fiscalité; combattre efficacement l’arrogance insolente de la finance de marché, de la spéculation exacerbée dans plusieurs domaines, de la contrôler tout en lui faisant jouer un rôle direct dans la collecte de l’impôt et surtout de permettre le financement de la transition écologique/énergétique et sociale. Pourtant, si cet énième “oeuf de Colomb” ne séduira les laquais de la médiocratie néolibérale mais devrait ravir les esprits éclairés. Même une petite tête blonde saisira son intérêt si on la contraint à échanger son “bien qu’elle juge essentiel” – “son téléphone numérique?” – par des “cacahuètes”. Est-il utile de préciser que durant ces deux dernières décennies, notre bien commun fût déjà largement bradé jusqu’à probablement atteindre – dans la prochaine décennie – la valeur d’une peau de chagrin? Afin de bénéficier d’une révolution fiscale et ainsi saisir ses débouchés, la Suisse détient un précieux sésame lui permettant de renverser la table par voix démocratiques. Que les intéressés y pensent alors même que le “Hedge funds BNS” vient de faire état – sans surprise pour les initiés – d’une perte annuelle de 132 milliards de francs (143 milliards de dollars) pour l’exercice 2022, la plus grande perte de ses 115 ans d’histoire. Le chiffre provisoire de lundi est bien plus important que la précédente perte record de 23 milliards de francs enregistrée en 2015, et équivaut à un peu plus que le PIB annuel de Maroc.

    Selon la banque, l’essentiel de la perte, soit 131 milliards de francs, provenait de ses positions en devises – un terme large utilisé pour décrire les plus de 800 milliards de francs d’actions et d’obligations que la BNS a achetés au cours d’une longue campagne pour affaiblir le franc suisse. A titre indicatif, le montant est presque exactement le même que le Produit Intérieur Brut de la Suisse.

    Donc une perte hallucinante!!!

    La perte de 2022 signifie – comme chacun le sait – que le “Hedge funds BNS” ne distribuera pas son versement habituel à la Confédération et aux cantons, lesquels devront ressortir leurs pipettes afin de verser quelques gouttes d’huile supplémentaires dans le “frein à l’endettement”. En effet, si un manquo de 6 milliards de francs n’est pas une paille, il faut tout de même également savoir que si le “Hedge funds BNS” suivait des règles et une logique comptables similaires à celles de toute autre banque, elle aurait été anéantie avec une perte qui aurait effacé la totalité de ses fonds propres. Des fonds propres assurés via la contribution des banques suisses et de quelques fonds de prévoyance, en l’état. Mais dans le monde magique du seigneuriage où les banques centrales sont supposées pouvoir “imprimer leur sortie de tout”, la banque centrale ne perd jamais et la BNS continuera sa joyeuse existence comme si de rien n’était, car elle ne peut faire faillite. Néanmoins, elle peut sérieusement mettre en péril sa crédibilité sur la scène internationale avec des conséquences dommageables pour la Suisse.

    Moralité de l’histoire? La stratégie du “Hedge funds BNS”, par sa guerre des monnaies, couplée à l’autisme pathologique des homo-politicus, a contribué encore une fois à “déshabiller Pierre pour habiller Paul”, c’est-à-dire via le truchement des multinationales et grandes entreprises cotées qui auront profité majoritairement de cette politique non-conventionnelle pour diluer leurs profits sous la forme d’un versement des dividendes à leurs gros actionnaires. Ainsi, Paul restera bien habillé tandis que Pierre s’est fait déculotter. L’impôt de “guerre” serait ainsi une révolution fiscale, au-delà d’une nécessité.

  7. Tibère Adler, ancien directeur d’Avenir Suisse et aujourd’hui, SEO, directeur général de Heidi.News et du Temps, écrivait naguère dans ce journal (je le cite de mémoire) que les universités devraient produire moins de linguistes et d’égyptologues et plus d’informaticiens et de médecins. Linguiste et égyptologue de formation (entre autres), je n’ai jamais connu le chômage à ce double titre. En revanche, détenteur de l’équivalent de deux masters en informatique, dont le plus récent de l’EPFL, la première porte qui s’est ouverte à moi dès l’obtention de mes diplômes a été celle de l’Office Cantonal de l’Emploi, que je découvrais pour la première fois.

    Autrefois (au temps des “Trente Glorieuses”) le chômage était quasi inconnu ou alors associé à quelque maladie honteuse (comme le communisme), qui affectait en priorité les gens peu ou pas formés. Un ancien secrétaire d’Etat en charge de l’Emploi s’était distingué en son temps pour avoir défini les chômeurs ( (je garde le genre masculin non par choix idéologique mais pour ménager mes doigts et mon clavier) selon le ratio suivant: un tiers de drogués, un tiers d’alcooliques et un tiers de fainéants. Quant à l’économie, parent pauvre des études universitaires, elle ne faisait pas encore la Une des journaux. Depuis la crise pétrolière de 1974, qui a sonné le glas des Trente Glorieuses (qui n’avaient d’ailleurs de glorieux que le nom), l’économie a pris le devant de la scène et les crises n’ont pas cessé de se succéder. Est-ce un hasard?

    Autrefois, les diplômes étaient la condition “sine qua non” de l’accès à l’emploi. Aujourd’hui, les membres du corps intermédiaire, les doctorants et post-doctorants des universités doivent se battre contre la précarité. Quand ils postulent pour un emploi, on leur fait comprendre en sourdine qu’ils ont intérêt à laisser leurs belles études au vestiaire, car ce que demande le marché du travail, ce ne sont pas des têtes pensantes mais des chimpanzés dociles. Certains n’en vont-ils pas jusqu’à culpabiliser d’avoir sacrifié leurs plus belles années à d’aussi longues et difficiles études?

    Alors qu’un membre du corps intermédiaire peut s’estimer heureux s’il touche un salaire de 4’000 francs, un Ronaldo, l’ex-attaquant du Real Madrid, qui se vante de n’avoir fréquenté l’école – et surtout l’école buissonnière – que pendant cinq ans, gagne une retraite de 89 millions d’euros par an, garantie à vie (selon les chiffres fournis par l’UEFA). Et l’offre des diplômés et sur-diplômés produits en quantité industrielle par les académies converties en “Knowledge Factories” par la Réforme de Bologne – par l'”université sauce bolognaise” disent les méchantes langues – est d’autant plus abondante que la demande se fait rare. On les décourage d’entreprendre une carrière académique, tous les postes étant déjà pourvus. Chien! Elle est bien gardée la science.

    Est-ce un hasard?

    En revanche, le complexe militaro-industriel, lui, fait florès comme jamais depuis 1945. La guerre qu’on croyait ne plus jamais revoir et qui frappe de nouveau à nos portes serait-elle alors, non plus tant le prolongement de la politique par d’autres moyens, selon le mot de Klausewitz, mais bien celui de l’économie?

    Comme disait Evelyn Waugh, “war is all commerce”.

    1. Cher L.D.,

      Vous venez de désigner du doigt ce qui menace, depuis des décennies, ce petit pays plein de matière grise, mais sans matière première, qui joue dans la cour des grands, sans tenir compte de la fragilité de ses os.
      Il a réussi à repousser ce danger d’année en année par une course en avant débridée et entrepreneuriale, qui a forcé des gens comme VOUS, à se reconvertir pendant que les patrons allaient chercher de la main d’oeuvre en France, en Allemagne et Italie, ou encore plus loin), pour VOUS remplacer, et à des “prix” cassés !
      (Je citerai un exemple parmi d’autres, celui de ma femme qui avait un salaire de 6000.-, qui a été remplacée, d’un jour à l’autre, par un jeune Espagnol, fraîchement diplômé et sans expérience, et payé 3000.- sfr par mois, une somme correspondant au double du salaire du poste de travail identique en Espagne !).
      On pourrait citer l’exemple d’autoroutes (ou de routes élargies) construites exclusivement pour le trafic frontalier, utilisées le matin dans un sens , et le soir dans l’autre !
      On pourrait aussi énumérer les bouchons aux frontières ou les arrivées tardives de frontaliers à leur poste de travail, …. à cause des bouchons !
      Pas besoin de militer pour l’UDC (que je combats) … pour faire cette constatation.
      Question chômage, ce qui s’est passé, il y a quelques années … va être élevé à la puissance x quand la menace va se préciser. Mais il ne faut pas faire peur aux gens, car c’est illégal dans ce pays, …. Donc je n’ai rien dit.
      Nous vivons dans une société qui est fière d’être “la plus démocratique au monde) :…”yenapointcommenous”.
      Mais en fait, elle est fondamentalement basée sur “l’extorsion de consentement” au travail, mais aussi dans la vie de tous les jours: on l’a vu lors de la crise du COVID, qui a été un révélateur, où on n’était pas très loin de la “vaccination expérimentale” obligatoire consentie, ou de force. Notre Macron national a failli commettre l’irréparable: on comprendra dans quelques années ce que je veux dire, car on ne peut pas le dire aujourd’hui, même si la Science nous apprend que le vaccin est mutagène.

      La précarisation des vies est le danger qui nous menace : les chômeurs sous les ponts, les petites tentes multicolores en ville devant les banques et les supermarchés, ce sont des images que l’on n’a pas encore vu en Suisse, mais qui font partie du panorama ailleurs. Les Gilets jaunes à croix suisse non plus. Notre police ne s’est pas encore armée comme celle de Macron qui vient d’acheter des tanks de ville pour se protéger des manifestants.

      Le grand danger , c’est la réévaluation stratosphérique possible du franc suisse à l’avenir, avec un dollar qui plonge dans des profondeurs abyssales. Probablement en novembre dernier, le dollar a quitté la parité avec le franc suisse définitivement selon mon analyse graphique des cours … je n’en dirai pas plus sur ce que je pense, et qui n’intéresse personne.

      Par contre, il faut de toute urgence, que l’on crée des observatoires du cours des devises dans les Universités, à la BNS et pourquoi pas au Palais Fédéral, pour comprendre la finalité des algorithmes magiques des “Banquiers sans visage” américains qui gouvernent notre vie et préparent notre mort.

  8. Toujours à partager, très éclairant =>

    1) MYTHOLOGIE ÉCONOMIQUE

    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Nos_mythologies_%C3%A9conomiques-477-1-1-0-1.html

    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Nouvelles_mythologies_%C3%A9conomiques-492-1-1-0-1.html

    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-La_raison_%C3%A9conomique_et_ses_monstres-687-1-1-0-1.html

    http://www.youtube.com/watch?v=Zpxapt5CK3I

    2) “Cette situation repose en grande partie sur l’illusion que provoque le système, à savoir qu’il est machinal, inévitable, plus fort que les individus. Mais le «système» n’existe pas. Le système traduit la victoire momentanée d’une dynamique. ”

    http://www.unige.ch/campus/numeros/102/invite

    3) “Les pouvoirs institués, publics comme privés, persistent en raison des mots d’ordre et procédés logiques qu’ils autorisent dans l’espace social. Cela porte le nom d’« idéologie ». La pensée critique consiste notamment à faire une halte sur les mots du pouvoir, comme capital et croissance, média, loi, censure, savoir, économie, Canada et engagement. « L’expertise consiste de plus en plus souvent à vendre son cerveau à des acteurs qui en tirent profit » écrit-il. Docteur en philosophie de l’université Paris-VIII et directeur de programme au Collège international de philosophie à Paris, il est régulièrement invité comme spécialiste à des émissions d’affaires publiques tant en France qu’au Canada. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Noir Canada, Faire l’économie de la haine, Médiocratie, Une escroquerie légalisée, Totalitarisme pervers… ”

    http://www.youtube.com/watch?v=x1XHFORuAE8

    Cf. aussi
    https://luxediteur.com/entretien-alain-deneault-a-montreal/

  9. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023: Master class

    Spéciale dédicace à mon très cher Ami!

    Hier, aux alentours de midi, attablés à une table gourmande et réputée au centre du Plateau suisse, mon très cher Ami et moi-même partagions notre annuel déjeuné convivial. Lors de nos généreux échanges, il me vint alors l’inspiration d’un autre “Voyage dans le temps et l’espace”. Mais rassurez-vous, nous n’avons aucunement gribouillé sur la nappe une courbe illustrant l’arbitrage entre le taux d’imposition et les recettes fiscales. Ne souhaitant réveiller l’horloge du temps avec cette bande dessinée de 1974 où Arthur Laffer – en présence de Donald Rumsfeld et Dick Cheney – sorti sa boîte de coloriage ayant fait date depuis, illustrant au Two Continents de Washington “le taux mange l’assiette”. Nous avons préféré élever nos esprits vers la philosophie. D’ailleurs, au sein de notre ère tourmentée, le mot “philosophie” a même fini par prendre un sens si vague qu’il n’a plus grand-chose à voir avec ses leçons et significations d’origine. En effet, il ne désigne plus “un savoir réfléchi”, autrement dit une “science” au sens le plus général du mot (Aristote), encore moins “l’examen rationnel de notions obtenues par abstraction” (Bacon) ou “l’étude de la sagesse” (Descartes), voire l’ambitieuse “connaissance la plus complètement unifiée” (Spencer) ou “la recherche des principes de la certitude” (Cournot). Loin de ces références historiques pourtant fondatrices, le terme “philosophie” renvoie désormais à n’importe quel modèle global de “représentation du monde”. Une normalité tout aussi anormal, une banalité!!!

    Pourtant, visionnaire, Adam Smith avait saisi un élément clé lorsqu’il soulignait qu’”une fois le problème économique réglé, on pourra s’atteler à l’essentiel de la République philosophique”, qui est la rencontre des questions premières qui se posent à l’humain, à savoir “la question du vivre ensemble”, “la question de l’amour” et “la question du rapport au sens”. Keynes, en 1931, parlait de son côté “de l’au-delà de l’économie” et allait jusqu’à inciter ses collègues à l’humilité en disant: “Si les économistes pouvaient parvenir à ce qu’on les considère comme des gens humbles, compétents, sur le même pied que les dentistes, ce serait merveilleux!”. Mais le monde d’après 1970 à semble-t-il définitivement enterré cette sagesse, donnant tord à Keynes, lui préférant l’orthodoxie.

    Quoique l’on pense, de la physique de Newton, celle qui analyse comment des forces opposées déterminent un équilibre, le courant principal de la science économique, le “mainstream”, n’a toujours pas fait son saut quantique. Ses chercheurs orthodoxes continuent de raisonner en supposant, parfois inconsciemment, que l’économie revient mécaniquement à l’optimum. Mais dès que les économistes hétérodoxes bâtissent des représentations larges, l’autre frange reprend l’hypothèse de la rationalité, or, par définition, l’homo-oeconomicus n’a rien de rationnel, la disciple des “sciences comportementales” l’ayant suffisamment démontré, tandis que l’économiste hétérodoxe de Cambridge parlait déjà en son temps de nos “Esprits animaux”. Même erreur dans la finance : les chercheurs “mainstream” font l’hypothèse d’une répartition des risques qui sous-estime la probabilité d’événements rares aux conséquences majeures, alors qu’ils ont découvert (tardivement) avec la crise du subprime les travaux de l’économiste hétérodoxe, Hyman Minsky. Quant à Robert Solow, il expliquait par exemple que “la prévision est hors de portée des économistes”. Bien évidemment, puisque la mécanique humaine est infiniment plus complexe que celle des vents et des nuages, avec des interactions tellement nombreuses qu’il est difficile de bâtir avec des certitudes une représentation à la fois vaste, réaliste et cohérente. Pourtant, les économistes “mainstream” n’ont eu de cesse à tenter de prouver leurs certitudes avec l’appui des “sciences dures”; une hérésie “intemporelle” doublée d’une tromperie!

    Ces derniers ont d’ailleurs préféré abandonner le grand-angle pour le zoom, travaillant sur des sujets pointus, d’autant plus qu’ils sont fortement incités à le faire. Leurs progrès dans la carrière universitaire dépendent désormais largement de leurs publications. Comme en France où les publications sont très normées : textes de 60.000 à 80.000 signes avec si possible de savantes équations et/ou les résultats d’une base de données moulinée à l’ordinateur, acceptables par les plus prestigieuses revues académiques. En sélectionnant les candidats sur la base de leur nombre de publications pondéré par le prestige des revues qui les ont acceptées, les universités accèdent à une sorte de “nirvana” qui n’est autre qu’un trompe-oeil économique. Ainsi, ils recrutent des scientifiques “sur une base scientifique dans un marché transparent en concurrence pure et parfaite”. Fondamentalement, une vue de l’esprit qui annihile par effet de manche “la pluralité de la recherche dans les sciences économiques”. Avec de tels inconvénients, ce système élimine ce qui échappe aux équations, limitant trop souvent le raisonnement économique à quelques mots concrets parsemés sur une longue guirlande de formules mathématiques; poussant les chercheurs à se conformer aux attentes des revues et à se focaliser sur des sujets étroits, ceux qui peuvent rentrer dans l’enveloppe. Depuis des décennies, les hétérodoxes observent malheureusement les causes et conséquences sans pouvoirs faire reculer drastiquement les lignes de fracture, alors même qu’avec ce circuit métastasé, les grandes figures de la discipline – d’Adam Smith à John Maynard Keynes en passant par David Ricardo et Léon Walras – n’auraient jamais été considérés aujourd’hui comme des économistes.

    À ce jour, il n’y a plus de théorie générale, seulement des théories particulières et des concepts formatés dans un laboratoire économique qui – paradoxalement à l’échelle globale – s’apparente à un microcosme d’ayatollahs de la pensée dominante. Même cette “troisième guerre mondiale” (de nouvelle nature) se refuse à fournir sa réelle identification.

  10. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023 (6) : L’IA est attendue le 16

    Afin d’assurer le bon débarquement des extra-terrestres le 16 janvier prochain – non pas à Roswell au Nouveau-Mexique mais à Davos en Suisse – l’armée helvétique va déployer 5000 soldats. On peut dès lors aisément le comprendre puisque cette “démocratie à huit clos et autoproclamée” ne doit être perturbée sous aucun prétexte, tellement les enjeux sont vitaux dans notre monde d’aujourd’hui arrivé à un point d’inflexion critique. Cette matière grise exceptionnelle, ils nous la diffusent pourtant depuis 1971, année du premier rassemblement connu sous l’acronyme WEF (World Economic Forum).

    Cette réunion d’un nouveau type (2023) porte déjà le nom de “Cooperation in a Fragmented World” dont voici un extrait: “(…) Le double déclencheur de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine a secoué un système mondial déjà fragile. La croissance économique dans les plus grandes économies du monde stagne, tout en naviguant contre les vents contraires de la hausse des prix des aliments et de l’énergie. Pour la première fois depuis les années 1970, le monde est confronté à un déséquilibre précaire avec une croissance et une inflation allant dans des directions opposées. Cela s’accompagne d’une fragmentation géoéconomique accrue, des vulnérabilités du secteur financier, notamment des prix des actifs tendus et des niveaux d’endettement élevés, et d’une crise climatique qui devient incontrôlable, ce qui pourrait amplifier tout ralentissement de la croissance, en particulier dans les marchés émergents. À moins que ces risques systémiques et interconnectés ne soient pris en compte, la promesse d’une « décennie d’action » pourrait devenir une décennie d’incertitude et de fragilité (…)”

    https://www.weforum.org/events/world-economic-forum-annual-meeting-2023/about/meeting-overview

    Voilà qui demeure intéressant à plus d’un titre, surtout perçu sous via un autre prisme. Tout d’abord, selon la citation célèbre de Winston Churchill, “la démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres”; fondée sur un idéal exigeant où les citoyens éclairés devraient tous participer à la vie collective et débattre pacifiquement de la manière dont ils peuvent dépasser leurs intérêts contradictoires, la démocratie selon ces intelligences extra-terrestres ne peut se réaliser qu’en petit comité trié sur le volet. Ensuite, gardons bien à l’esprit, nous autres, pauvres mortels, que la schizophrénie reste une pathologie psychiatrique chronique complexe qui se traduit schématiquement par une perception perturbée de la réalité, des manifestations productives, comme des idées délirantes ou des hallucinations, et des manifestations passives, comme un isolement social et relationnel. En effet, ces grosses têtes ont une fâcheuse tendance à la schizophrénie puisque nous leur devons en partie, dès les années 1970 (4 graph’s)…

    Une démocratie ébranlée…

    https://cdn.statcdn.com/Infographic/images/normal/26345.jpeg

    50 années d’injustices économiques établies sur des leurres…

    https://i0.wp.com/michelsanti.fr/wp-content/uploads/2018/10/%C3%A9cart-productivit%C3%A9-salaires.png?resize=538%2C305&ssl=1

    Une croissance affolante de la financiarisation prédatrice à partir des années 70…

    http://iris-recherche.s3.amazonaws.com/uploads/attachment/file/Untitled12.png

    En terme d’inflation, mais que s’est-il donc passé au point de pivot des années 70? Je fais de l’ironie, bien évidemment.

    https://i0.wp.com/michelsanti.fr/wp-content/uploads/2022/02/FLc1qX1XoAM8x8i.png?resize=768%2C538&ssl=1

    Inutile de revenir sur la version initiale du rapport Meadows, paru en 1972 à la demande du Club de Rome, où de jeunes chercheurs américains rédigent “The Limits to Growth”, créant ainsi un scandale auprès de toute cette matière grise en suspension qui finalement n’accouchera que d’une souris en cinquante ans.

    Conclusion: Quel formidable héritage que cette “Intelligence Artificielle” nous a déjà laissé.

  11. Encore du grain à moudre à Davos, après vendredi 13:

    “A l’arrêt depuis février 2022, après l’invasion de l’Ukraine et les sanctions occidentales, le marché des changes russe est à nouveau opérationnel en traitant pour le moment que les opérations en devise chinoise”.

    – Oui et?

    – Finalement, rien de nouveau sous le soleil puisqu’il y a presque une année j’écrivais cette analyse!

    ****
    “(…) En 2009 – soit une année après la grande conflagration financière mondiale de 2008, débarquée des États-Unis, symbole par excellence des excès de la finance – le gouverneur de la Banque populaire de Chine, M Zhou Xiaochuan, était revenu à la charge contre l’”hégémonie du dollar” dans le cadre d’une conférence intitulée “Reform the international Monetary System”. Pour un nouvel ordre monétaire mondial. En 2018 – soit bien avant le choc sanitaire mondial aux conséquences économiques catastrophiques – Poutine et son homologue chinois Xi Jinping avaient réaffirmé leur volonté de se passer du dollar américain dans le cadre de leurs échanges commerciaux. Sans compter que l’Arabie saoudite eu récemment encore – en mars 2022 – envisagé d’accepter le Yuan pour ses exportations de pétrole. Enfin, si l’ancienne Libye de Kadhafi et l’ancien Irak de Saddam Hussein se sont cassé les dents sur les “pétrodollars” – que le Vénézuela qui était le 4ème pays le plus riche du monde dans les années 1950, paie son addiction à l’empire américain ces dernières années – une entente de la Chine, des producteurs arabes d’hydrocarbures et de la Russie pour se passer du billet vert serait fatale pour l’économie américaine grevée par sa dette exponentielle. Et par analogie lourde de conséquences pour l’Europe. Le “Petroyuan” n’est donc plus un risque que “nos économistes mainstream” ne peuvent feindre d’ignorer, ou plutôt le cacher encore longtemps à l’océan de serfs (…)”
    ****

  12. Il est une question qui me taraude depuis fort longtemps et qui rejoint cet article: si les banques créent de la monnaie en permanence, y compris dans une économie sans expansion notable, l’équilibre ne peut être atteint qu’en détruisant le surplus en bout de chaine sinon cela devient toxique. Mis à part acheter des valeurs en perdition, par stratégie (pouvoir) ou incompétence, détruire les économies en numéraire par l’inflation, quelles peuvent être les options?

    1. Excellente question qui me taraude aussi, avec la question subsidiaire : ” Comment des pays comme le nôtre ont-ils pu résister à une dévaluation du dollar de 4.25 fr suisse au temps de l’étalon-or à 0.9 frs aujourd’hui, … et bientôt 0.6 frs , … et être encore en bonne santé … avant une maladie qui pourrait être létale comme le chômage, surtout parce que nos places de travail en Suisse, on les partage bientôt avec le monde entier grâce à l’immigration, au télétravail, et aux robots.
      Et comment peut-on encore acheter des avions de combat à une puissance sado-libérale qui apparemment ne nous veut pas que du bien ?
      Nous avons une longue histoire de mercenariat, ceci explique peut-être cela. Et notre neutralité n’aura été que de courte durée.

  13. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023 (7): La question qui tue (1)

    “Mis à part acheter des valeurs en perdition, par stratégie (pouvoir) ou incompétence, détruire les économies en numéraire par l’inflation, quelles peuvent être les options?”

    ♟Introduction de principe:
    ****
    Raymond dit :
    décembre 18, 2019 à 12:54

    (…) Les taux de change ont été libéralisés en 1971, opérant une véritable transfiguration du système de taux de change fixe en taux de change flottant et il faudra attendre les années 1980 pour voir s’amorcer le mouvement de libéralisation des taux d’intérêt ; les États passant d’un mode de financement de leurs déficits par la planche à billet (l’émission de monnaie) à un financement sur les marchés financiers (par l’émission d’obligations). Dès lors, « sans l’intervention d’un prêteur en dernier ressort », le décor est planté, les taux d’intérêt en vigueur pour une économie sont déterminés par l’offre et la demande de titres obligataires. Comme le taux de change correspond au prix d’une devise et le taux d’intérêt est le prix qu’il en coûte pour emprunter, on peut dire que dans ce système (néo) libéralisé, le prix des actifs devient instable et est soumis à la spéculation des marchés financiers. Pour contrecarrer l’aléa des marchés, sans surprises, les institutions financières ont créé des produits financiers novateurs destinés à couvrir le risque lié à la variation de la valeur des actifs, ou encore en transformant des Dettes en (pseudo) Actifs par le truchement de la titrisation. Peut-on encore ignorer que l’économie de l’offre ne doit sa survie qu’avec l’aide du levier du Crédit ? La politique des réserves factionnaires n’a-t-elle pas joué un formidable effet d’aubaine pour la « Supply-side economics » ?

    Lorsque les banques commerciales offrent des crédits aux particuliers, aux entreprises et aux multinationales, la plus grande partie de la ligne de crédit est crée ex-nihilo, et seule une fraction de celle-ci est exigée comme sureté prudentielle (selon les termes des accords de Bâle) placée sous forme d’avoir en « monnaies de banque centrale » sur leur compte ouvert auprès de la Banque Centrale Nationale (BNS). Inutile de préciser que si l’emprunteur est défaillant, c’est bien la banque commerciale, elle-même, qui doit « stériliser » la monnaie qu’elle a créé « ex-nihilo » et cette destruction se fait au détriment de ses fonds propre qui sont, eux, de la monnaie de banque centrale qu’elle ne peut d’aucune maniere créer ex nihilo. A lire certains articles de la Constitution fédérale helvétique qui a prévalu à la création de la Banque Centrale Nationale (BNS), ne concèdent-t-ils pas – à la Banque Nationale Suisse – le pouvoir régalien de « battre monnaie » en menant une politique monétaire servant “l’Intérêt général” ? S’il est vrai que l’argent fiduciaire est fourni par des institutions privées, les billets par la BNS, les pièces par Swissmint, il importe de savoir que cette monnaie n’est obtenable que par le remboursement d’un montant en monnaie scripturale. Or, nous devons savoir que la monnaie fiduciaire ne représente que l’argent nécessaire aux petites transactions et qu’elle ne représente qu’une valeur infime de la masse monétaire totale.

    C’est donc bien les banques privées qui créent et mettent en circulation l’ensemble de la masse monétaire. Avec tous les risques qui y sont assimilés. Ainsi, en s’appropriant le rôle principal de création monétaire, les banques commerciales se sont substituées à l’Etat dans son rôle régalien et sans aucune contrainte de responsabilité sociale. Même pire, en surfant sur la tendance du « Moral Hasard ». Comprenons bien que lorsqu’un crédit est accordé (c-à-d une promesse de remboursement futur basée sur un rapport de confiance), la banque commerciale augmente simplement son bilan du montant désiré. En d’autres termes, elle crée simplement une quantité d’argent supplémentaire qui n’est somme toute…qu’une écriture comptable : de l’argent scriptural. La banque commerciale enregistre les formalités de crédit (promesse de remboursement du capital dans le futur) comme un nouvel actif et elle ajoute le montant correspondant sur le compte de sa relation commerciale (au présent) donc au passif de la banque commerciale. Et c’est pareil pour tout achat : elle n’a pas besoin d’avoir la somme correspondante avant, elle « crée » cette somme à partir du « néant » par un jeu d’écriture. L’argent créé est mis en circulation dans le système économique (au présent) par le biais des dépenses de l’emprunteur qui consiste donc essentiellement en une dette (une hypothèque sur le futur). C’est pourquoi les dettes font les dépôts et non l’inverse (…)
    ****
    ♟Principe du sophisme de composition

    Dans le débat sur les finances publiques, des énoncés soi-disant de bon sens sont assenés comme des vérités incontestables alors qu’ils contiennent d’importantes erreurs de raisonnement sur le plan de l’analyse économique. L’idée selon laquelle ce qui est mauvais pour un ménage (l’endettement) l’est nécessairement pour une nation est, à cet égard, exemplaire. Car endettement de l’État et endettement des ménages sont deux choses distinctes. Donner à penser le contraire, outre de biaiser le débat en faveur de la concurrence fiscale, empêche de comprendre, d’une part, les processus dynamiques suivant lesquels les réalités économiques de l’endettement évoluent dans le capitalisme contemporain et, d’autre part, comment se construit une société solidarisée par l’action publique. Le principal indicateur du poids de l’endettement de l’État est celui de la dette publique. Il ne faut pas confondre cette notion avec celle de déficit budgétaire, lequel survient lorsqu’un solde négatif est enregistré au budget de l’État au cours d’un exercice financier annuel, c’est-à-dire quand ses recettes sont d’un montant inférieur à celui de ses dépenses. La dette publique, elle, rend compte de l’ensemble des emprunts contractés sur les marchés financiers par l’État (obligations, bons du Trésor, etc)

    L’exemple le plus célèbre d’un tel sophisme est le “paradoxe de l’épargne” mis en évidence par John Maynard Keynes : ce qui est jugé vertueux à l’échelle d’un individu (épargner) ne l’est pas nécessairement à celle d’une nation, parce que, à ce niveau, beaucoup d’épargne équivaut à peu de consommation et que peu de consommation déprime l’activité économique : la faible demande qu’anticipent les entreprises les incite à réduire davantage leur production. Les logiques d’ensemble ne sont donc pas réductibles aux logiques individuelles.

    C’est pourquoi on ne peut penser la dynamique de la dette publique comme celle des ménages qui dépensent plus dans le temps que ce qu’ils gagnent. La dette publique, loin d’être une question d’économie domestique ou de morale (l’irresponsabilité des dirigeants), est avant tout une question politique. Elle met en jeu un acteur économique à part entière – l’État – dont les marges de manœuvre et les contraintes sont d’ampleur et de nature distinctes de celles des autres acteurs économiques, comme les entreprises et les ménages. L’État est responsable de la conduite et de la gestion des politiques publiques (de la « macroéconomie »), dont l’éventail, large et varié (politiques fiscale, budgétaire, industrielle, de l’emploi, etc.), décrit un champ d’intervention qui n’a rien à voir avec les plans d’action limités des ménages et des entreprises. Non seulement un gouvernement dispose-t-il de nombreux leviers d’action, mais en les utilisant, il oriente l’évolution de l’économie (à court/moyen terme selon la durée du mandat, comme c’est le cas durant ces dernières décennies) au lieu d’adopter une vision à long terme.

    Ainsi, l’État a ceci de particulier qu’il participe lui-même à déterminer l’étendue de sa marge de manœuvre. Son endettement présent, lorsqu’il sert à stimuler l’économie, est la condition de son désendettement futur par l’activité économique accrue ainsi générée en théorie. Pour autant que sa stratégie de concurrence fiscale tienne la route. Celle-ci, bien menée, outre de lui procurer des recettes fiscales additionnelles, réduit le poids réel de sa dette, toujours évaluée relativement au niveau de la production nationale (le PIB). Or, malheureusement, à cause des mantras “mainstream”, nous constatons que les concessions fiscales accordées sur la base des théories économiques des orthodoxes ont plutôt créé une crise des recettes (qui se matérialise également dans les contraintes restrictives de la santé; du chômage; des retraites; des investissements publics comme la recherche et le développement; dans les plans de prévention des risques systémiques; dans la transition énergétique et climatique; etc). Une crise des recettes qui a surtout profité au grand Capital au lieu du facteur Travail. Et une crise des dépenses comme autant de mesures de sauvetages du secteur financier (crise systémique) en 2008/2009/2010. Puis, une crise des dépenses par l’orthodoxie budgétaire (frein à l’endettement) durant la crise des dettes souveraines de 2010 à 2019. C’est-à-dire un effet boule de neige des intérêts sur la dette qui a mécaniquement accru leur poids et que l’on a ensuite roulé dans le temps. La déflation a alors marqué au fer rouge une décennie, tandis que les mesures non conventionnelles des banques centrales – suivant les dogmes monétaristes – ont alimenter l’exubérance irrationnelles des marchés financiers et immobiliers par la Monnaie dont le corrolaire est de la Dette. Une dette qui, dans le contexte actuel a rajouté une crise des dépenses avec la pandémie (risque systémique) et une crise des recettes et des dépenses avec les conséquences économiques du Covid et maintenant le conflit géopolitique Russo-Ukrainien (crise énergétique et inflation galopante).

    Toutefois, les mêmes opportunistes soutenus par la financiarisation qui n’est malheureusement plus au service de l’économie réelle, ont tiré leur épingle du jeu sans surprise.

    ♟Nous voyons bien qu’aucun ménage n’a une telle capacité d’action sur sa dette ni ne dispose, par ailleurs, du pouvoir de percevoir taxes et impôts pour hausser ses revenus proportionnellement, dans le temps, à la perte de son pouvoir d’achat (ou de son patrimoine). Pour lui, la faillite personnelle est inéluctable s’il garde ses lunettes appartenant au monde 1.0.

    1. C’est quoi vos lunettes 2.0 pour le contribuable ou les ménages ? Et que permettent-elles de voir ?
      Est-ce que ça change la situation ?
      Notre société est construite pour que les riches s’enrichissent grâce au ” Divin Marché “. Et dans son triomphe, le néolibéralisme ne cache plus sa brutalité et sa rapacité aujourd’hui, que l’on soit aux USA, en Angleterre ou en Suisse: c’est la même idéologie sado-libérale qui reigne: la seule différence, c’est qu’il n’y a encore personne sous les ponts chez nous. On n’a pas encore trop souffert du néolibéralisme jusqu’à présent, car la machine tournait.
      Imaginons juste un instant qu’elle s’arrête ! On fait quoi ?

      1. “Le renchérissement du coût de la vie peut être atténué” ?
        Ne pourrait-on pas par exemple “abolir” ou “racourcir” les milliardaires pour réduire les inégalités qui se creusent : cela pourrait se faire au moyen d’une initiative en Suisse !
        Les “Banquiers sans visage” pourraient ressortir de l’ombre le temps d’un débat … intéressant.

        https://www.francetvinfo.fr/monde/ce-qu-il-faut-retenir-du-rapport-d-oxfam-qui-propose-d-abolir-les-milliardaires-pour-reduire-des-inegalites-qui-se-creusent_5605763.html?fbclid=IwAR0m7XN010Sd1w4EWfj2WyVrBRk6m6oSjy2IOiiCxgRiQzo_APbu89w9fQc#xtor=CS3-794

      2. Ma réponse est toujours en attente de modération, avec de nouveaux graph’s. Alors patience Bernard!

  14. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023 (8): Le World Economic Forum (WEF) fera-t-il pencher la balance vers une révolution fiscale afin de répondre à “la question qui tue” (2)?

    Depuis 2020, deux tiers des richesses mondiales produites ont été captées par les 1% les plus riches.

    Les milliardaires ont gagné 2,7 milliards de dollars par jour depuis 2020 grâce à l’intervention publique face au coronavirus.

    L’actionnariat – durant la pandémie – s’est enrichi de 1’500 milliards de $, soit le triple de ce qu’il avait gagné en deux ans sur le même laps de temps ayant précédé le Covid.

    Au total, les actionnaires ont gagné 50 fois plus que les salariés et travailleurs

    https://i0.wp.com/michelsanti.fr/wp-content/uploads/2022/04/FQ4vy3FWQAExEGE.png?w=592&ssl=

    Les faits sont incontestables: c’est les plus riches – voire les ultra-riches – qui se taillent la part du lion en termes de consommation et même de dilapidation d’énergie

    https://i0.wp.com/michelsanti.fr/wp-content/uploads/2021/11/inegalites.png?resize=768%2C670&ssl=1

    Le taux de pauvreté chez les jeunes adultes (18-29 ans) a augmenté de 50 % en 15 ans, entre 2002 et 2017. Mais la pauvreté n’épargne pas pour autant les plus âgés

    https://i0.wp.com/michelsanti.fr/wp-content/uploads/2020/08/taux-pauvrete.png?w=668&ssl=1

    Les classes moyennes occidentales ont payé le prix fort de la globalisation…et nos 1% les plus riches se sont davantage enrichis!

    https://michelsanti.fr/globalisation/les-effets-pervers-de-la-globalisation

    En 2020, le 1% les plus riches aux Etats-Unis possèdent 56% du marché boursier. Les 10% les plus riches possèdent 90%. Quant à la moitié des américains les plus pauvres, ils ont moins de 1% de la bourse.

    L’employé de McDonald’s aurait eu droit à une augmentation annuelle de salaire de 4’000 $ si son entreprise n’avait utilisé 21 milliards entre 2015 et 2017 pour racheter ses propres actions en bourse. Ceux de Starbucks 7’000 $ de plus, et ceux de Home Depot 18’000 $ de plus, etc… selon une analyse menée par la « National Employment Law Project » aux USA. C’est simple : les sociétés cotées US ont dépensé 60% de leurs profits entre 2015 et 2017 à ce petit jeu des « buybacks » pendant que les salaires de leurs responsables suprêmes étaient 127 fois plus élevés que leur salaire médian.

    Au cours des dix années écoulées ayant suivi la crise des années 2007-2008, nous avons donc assisté au sabotage en règle d’un pacte qui durait depuis le “New Deal” de Roosevelt et qui avait largement inspiré une Europe que l’on qualifiait autrefois de « sociale ». Ce même Franklin Delano Roosevelt qui mettait en 1938 en garde car – disait-il- “l’Histoire prouve que les dictatures ne prospèrent jamais sur des gouvernements qui réussissent”.

    Aux États-Unis, le revenu moyen était en baisse constante de 1968 à 2010

    La croissance de la productivité décline depuis les années 1960

    https://media0.gmgroup.be/Screen-Shot-2020-08-10-at-5.03.21-PM-1597093421.png

    Parallèlement, de plus en plus d’emplois dans le secteur de la production ont déjà cédé la place à des emplois souvent mal payés dans le secteur des services. Les clés du progrès diront les uns, dans un esprit Schumpetérien (par analogie à la destruction créatrice), tandis que d’autres diront qu’il est abusif d’assimiler progrès technique et progrès social, puisque la concurrence conduit toujours à une économie de main-d’œuvre et une baisse des salaires: les manifestations concrètes en sont l’esclavage et le machinisme, cette nouvelle forme de servitude dans le monde 2.0

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    Friedrich Hayek aurait pu, lui, ajouter que “le progrès technique, imprévisible, n’a pas à être encadré par l’État, au contraire, c’est la libre concurrence qui empêche un pouvoir totalitaire de s’en emparer”. Sauf qu’Hayek ne vivait pas au 21ème siècle, ni dans un monde globalisé où, comme aux USA, un dixième de l’économie se caractérise par des industries dans lesquelles 4 entreprises contrôlent plus des deux tiers du marché. Une tendance similaire également observée en Europe, quoique moins extrême. Ainsi, avec des positions cartellaires, et une telle disruption de l’économie, il devient de plus en plus difficile de détrôner les leaders de quelques marchés – propres à l’économie 2.0 – aux États-Unis, en Europe, mais aussi en Asie. Un régime totalitaire 2.0.

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    Toutefois, dans notre monde bipolaire, afin de corriger l’injustice fiscale, l’on se refuse toujours à appréhender ce levier fiscal comme un outil de stérilisation de la masse monétaire (la Dette ayant pour corollaire la Monnaie et vice-versa) en corrigeant les inégalités (parasite de la croissance) e-o d’un levier de répression financière (et fiscale) à l’encontre des fossoyeurs de l’économie réelle (les spéculateurs; les évadés fiscaux; les ultra-riches sans réelle valeur ajoutée). De la même manière que nous nous refusons à réformer (et annihiler) en profondeur les innovations de l’ingénierie financière (et judiciaire) contreproductive; les trusts ou autres paradis fiscaux; le laxisme des régulateurs et des politiques. Un syndrome de Stokholm affligeant avant de se frapper violemment contre le mur des lamentations, à tel point que nos homo-politicus ont eux-mêmes oublié les leçons du New Deal qui fut accompagné d’une nouvelle donne fiscale.

    “Après tout, les impôts sont les cotisations que nous payons pour jouir des privilèges de la participation à une société organisée” (FDR, Worcester, 1936).

  15. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023 (9): Quand la politique fiscale de l’autruche date de plusieurs siècles

    Les ultra-riches et “les grands Timoniers” de ce monde se sont pressés au WEF à Davos pour discuter du climat, des inégalités et de la “polycrisis” (terme issu de leur matière grise) utilisant le moyen de transport le plus inégal et le plus polluant : les jets privés. Bref, une situation particulière appelle des moyens particuliers, je le conçois.

    Par contre, ce que je peine à concevoir avec toutes ces “jacasseries mondialisées”, c’est bien une autre histoire qui n’a pourtant de cesse à se répéter depuis des siècles, c’est-à-dire qu’après les “récentes” et différentes révélations divulguées par le consortium de journalistes d’investigation (ICIJ) – “Pandora Papers” après “Offshore Leaks”; “LuxLeaks”; “SwissLeaks”; “Panama Papers”; “Paradise Papers”; “Implant Files” et “FinCEN Files” – rien n’a fondamentalement évolué depuis des siècles. Inutile donc à dire que les capitaux transférés dans des structures privilégiées – comme les trusts – sont autant de ressources qui n’alimentent pas les économies nationales, obligeant les États à accroître leur endettement public ou leurs impôts sur les classes moyennes, et moyennes supérieures, afin de maintenir leur niveau de dépenses publiques. Ou plus terrible encore, en tirant le frein à main de l’endettement public via l’orthodoxie budgétaire, même si cela impacte directement le bien commun, c-à-d la santé publique, les investissements vers la transition énergétique et climatique, etc. Sur le plan social, les ménages à très…très…hauts revenus (et hauts patrimoines) qui la pratiquent réduisent ainsi leur part dans le financement des biens collectifs. Autant dire également que sans un détricotement des assurances sociales (comme l’AVS par exemple), nos grands Timoniers n’atteindront leur objectif politique et les alibis de l’allongement de l’espérance de vie et la démographie seront encore des prétextes durables au transfert des richesses du bas vers le haut de la pyramide. Sur le plan économique, les entreprises qui n’utilisent pas l’évasion fiscale souffrent d’une distorsion de concurrence (faute à un système fiscal obsolète) et d’un déficit de compétitivité. Puis, sur le plan politique, les faibles résultats de l’action de certains États pour contrer l’évasion fiscale peuvent accroître le sentiment de défiance envers l’autorité publique. Le paradoxe de la balle dans le pied!!! Pourtant, ces pratiques restent toujours moyenâgeuses puisque certaines structures démocratisées de nos jours – à l’instar des Trusts par exemple – trouvent déjà leurs origines à partir du règne de Guillaume le Conquérant (1066 – 1087).

    Au fil des évolutions de ce type de mécanisme, l’histoire nous enseigne que “les chevaliers devant aller se battre en Terre Sainte étaient contraints de laisser leur fief à leurs enfants ou, si ceux-ci étaient mineurs, à des gardiens. Mais alors, comment être sûr que les héritiers ne se feraient pas spolier par les gardiens du fief ? C’est ainsi qu’apparaît un procédé juridique, ancêtre du trust, appelé use. Le chevalier dispose d’un droit sur le fief, on l’appelle le feofor. Il confie son fief à un ou plusieurs amis, dits feofees, avec pour consigne de l’entretenir et de le transmettre à l’héritier majeur, appelé le “cestui que use”. L’habitude se prend alors d’employer ce procédé afin d’effectuer des donations et ce faisant contourner l’imposition.

    Le manque à gagner étant déjà important pour le trésor royal, Henri VIII finit par interdire les uses en 1535. Les juristes anglais échafaudent alors un mécanisme similaire dénommé Trust. Dans ce système, un settlor cède ses droits à des trustees au bénéfice d’un beneficiary. Au XVIIe siècle les Rules of Perpetuity exigent que les beneficiaries soient des personnes vivantes ou susceptibles de naître rapidement et fixent la durée d’un trust à deux générations maximum. Cette limite est supprimée en 1601 par la reine Élisabeth Ière pour les trusts charitables, comme par exemple le National Trust, équivalent britannique des Monuments nationaux. Plus récemment, avec le glissement sémantique du trust, de mécanisme juridique à celui de montage économique et financier est dû à John D. Rockfeller. L’idée du fondateur de la Standard Oil Company fut de s’adresser directement aux petits actionnaires des sociétés concurrentes, en leur proposant de lui céder leur droit de vote. En tant que bénéficiaires, ils continuaient de toucher les dividendes ; et en tant que trustee, c’est Rockfeller qui en assurait la gestion. Dès lors, le trust est devenu synonyme de regroupement de sociétés. Dans le but de lutter contre les pratiques nuisant à la libre concurrence, le Congrès vote en 1890 le Sherman Anti-Trust Act, interdisant notamment les monopoles. Une importante campagne de presse est montée par des exploitants ruinés pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur la situation de la Standard Oil, enregistrant alors un chiffre d’affaire annuel de plus de 1 000 milliards de dollars au cours actuel. Le Département d’État engage en 1911 des poursuites contre la société de Rockfeller”.

    Au 21ème siècle, sommes-nous devenus à ce point débile pour laisser ces pratiques primitives essaimer leur fléau au travers de la dette? Ou de laisser les effets pervers du frein à l’endettement sacrifier notre pouvoir d’achat e-o raccourcir et paupériser les dernières années de notre vie consacrée au labeur? Tandis qu’une minorité spécule sur le devenir du monde avec des outils qui n’ont plus rien à voir avec la Méritocratie!!! Regardons du côté des économies avancées, comme les États-Unis, confrontés au “fiscal cliff”, où la Fed analysait l’idée farfelue, mais néanmoins réaliste, de frapper une pièce en platine de mille milliards de dollars (1 000 000 000 000 $) comme solution à sa énième crise du plafond de la dette. Un pays bien loin d’être un exemple en matière de protection sociale mais qui dispose d’une devise hégémonique.

    Enfin, selon le dernier comptage de l’université américaine Johns-Hopkins, alors que les Etats-Unis franchissaient le cap des 700 000 morts du Covid-19; l’équivalent de la population de Washington, la capitale fédérale, qui a succombé au virus depuis décembre 2019. Parallèlement, avant la divulgation des “Pandora Papers”, les analyses portant sur des gouvernements, pour la santé, en 2013 et dans 100 pays, la chercheuse Bernadette Ann-Marie O’Hare démontrera que les revenus perdus à cause de l’évasion fiscale des entreprises sont supérieurs aux dépenses de santé des gouvernements. Et si ces revenus étaient alloués au secteur de la santé, “les dépenses annuelles de santé des gouvernements pourraient passer de 8 dollars à 24 dollars par personne dans les pays à faibles revenus et de 54 dollars à 91 dollars dans les pays à revenus faibles intermédiaires, sans impacter le trésor public”. Toujours avant les chiffres analysés après la divulgation des “Pandora Papers”, le salaire annuel de 34 millions d’infirmiers, c’est ce que coûte chaque année aux Etats l’évasion fiscale au niveau mondial, soit 427 milliards de dollars. CQFD

    À mon tour de poser une question:

    Sans un “New Deal Fiscal” ambitieux, en l’absence de profondes et réelles réformes du système monétaire et financier international – et un nouvel ordre économique et social en Occident – par quel miracle allons-nous traverser (et enrayer) le mouvement perpétuel des crises s’annonçant déjà SYSTÉMIQUES?

  16. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023 (10): Notre monde trépasse, réfléchissons au-delà de l’Homo-politicus.

    Si notre planète se trouve sur le point de rendre les armes à des forces extérieures qui lui échappent, comptant sur une prise de conscience collective pour sa survie, la majorité de ses locataires ferait aussi bien de réfléchir à sa propre sélection darwinienne, celle menée par le Capital vs le Travail. Jean Charles Léonard Simonde de Sismondi, économiste suisse, d’abord influencé par Adam Smith, embrassa la cause libérale et fréquenta les salons de Madame de Staël au sein du Groupe de Coppet (avant que ses théories n’entachent la constellation de Coppet). Son adhésion au libéralisme économique de Ricardo et Smith prendra pourtant fin en 1819 avec la publication des “Nouveaux principes d’économie politique”. Pour la première fois, avant l’économiste britannique, John Maynard Keynes, un économiste évoque “une nécessaire redistribution des richesses”. Selon lui, loin d’assurer le bien-être de tous, “le libéralisme économique accroît la misère des travailleurs parce que la concurrence exerce une pression à la baisse sur les coûts de production, et donc sur les salaires également, puis, le rythme élevé du progrès technique fait que les anciens résistent en bradant les prix et donc les salaires. Ajouter de la valeur c’est ajouter du capital fixe, des machines, des entrepôts, des forces aveugles de la nature qui ont été redirigées par l’intelligence et l’habileté qui sont autant de richesse future. Ce capital ne produit que s’il est fécondé par le travail, qui le met en mouvement”. Sismondi ajoutera que “le surplus et le profit sont accaparés par les riches, qui sont propriétaires du capital et de ce fait peuvent décider seul du partage de la valeur ajoutée, et de la richesse”. En ce sens où de nos jours la vélocité de circulation du Capital n’a plus rien de comparable au facteur Travail pour fructifier, le travail – comme facteur de production – tend à disparaître. Sismondi n’était pas “le messager boiteux” mais un visionnaire.

    De la même manière que l’Homo-politicus, les régulateurs “modernes” repoussent la grande transformation du secteur financier aux calendes grecques. Ainsi, pour l’exemple, rappelons à nos régulateurs “modernes” qu’au 18ème siècle, l’Angleterre a posé les bases qui lui ont permis ensuite (avant son récent déclin) de devenir un leader mondial dans le secteur de l’assurance en distinguant les contrats d’assurance utiles des contrats superflus. C’est l’histoire de la doctrine de “l’intérêt économique légitime”. L’assurance-vie (vhc de placement financier) a été inventée au 15ème siècle. Dès le départ, elle a été utilisée comme un moyen de parier sur la vie, suscitant la fureur des autorités catholiques. En 1419, le Sénat de Venise interdit tout pari sur la vie du Pape. Dans la majeure partie des pays européens, le jeu faisait l’objet d’une interdiction globale, qui englobait aussi l’assurance-vie. Il n’y avait que quelques exceptions. Les marchands étaient par exemple autorisés à assurer leurs esclaves, et ce afin de favoriser le commerce colonial. Néanmoins, en Angleterre, l’assurance-vie n’a jamais été interdite, en partie parce qu’elle y était moins développée, en partie à cause de l’anglicanisme, et en partie à cause de la tradition de Common Law.

    Au 18ème siècle, l’Angleterre est donc devenue le pays de tous les paris. En 1771, une vague de spéculation éclate à propos d’un soldat-diplomate français, le Chevalier d’Eon : était-ce bien un homme ? Depuis la fin de l’année 1770, la rumeur voulait que le Chevalier soit en fait une femme déguisée. Le Chevalier refusant d’être examiné, deux actions en justice furent introduites par les brokers, pour déterminer si le témoignage d’un proche pouvait constituer un témoignage suffisant. Les parieurs ont été déboutés par le tribunal. De façon générale, l’immoralité des paris devînt de plus en plus manifeste. En voici un bel exemple : “En 1750, un homme s’effondre devant la porte d’un club privé, avant d’être porté à l’intérieur. Les membres du club se sont immédiatement mis à parier sur la survie de l’homme. Quand le chirurgien est arrivé, prêt à opérer une saignée, ceux qui avaient parié sur la mort se sont interposés, estimant que son intervention pourrait affecter l’équité du pari” (Clark,1999). Confronté à de tels scandales, le Parlement Britannique a dû réagir, mais sans freiner le développement du marché de l’assurance, qui constitue une étape essentielle vers une économie capitaliste avancée. Cette réaction, c’est la Loi sur le Pari de 1774 (“the Gambling Act”), qui introduit la “doctrine de l’intérêt assurable” : les contrats d’assurance qui n’ont pas pour but de protéger un intérêt économique légitime sont déclarés nuls.

    Cette mesure permettait aussi de lutter contre le problème de “l’aléa moral”: Lequel correspond à la situation dans laquelle un assuré a plus intérêt à percevoir la prime d’assurance qu’à prévenir le dommage contre lequel il s’assure. Pourtant, durant ces dernières décennies, “l’aléa moral” est devenu un “business model”; d’ailleurs UBS et CREDIT SUISSE sont de parfaits exemples!!! Ceci devrait également attirer sérieusement l’attention de nos régulateurs “modernes” sur l’usage abusif des produits financiers dérivés pour lesquels leur vocation originelle (d’assurance) a été détournée au profit de la spéculation prédatrice contre l’économie réelle. De la même manière que les véhicules d’investissement au travers de l’assurance-vie par placement privé (PPLI) restent “une solution de niche fiscale” conçue pour les particuliers très fortunés dans les tranches d’imposition élevées qui disposent de quelques millions de dollars à engager. Tout comme les “Insurance wrappers” sont-elles des instruments de soustraction fiscale. De la même manière que la Loi sur le Pari de 1774 (“the Gambling Act”) qui a introduit la “doctrine de l’intérêt assurable”, ce genre de contrats d’assurance n’ont pas pour but – en 2023 – de protéger un intérêt économique légitime, par conséquent ils seraient déclarés nuls en suivant la lettre et l’esprit de la loi sur le Pari de 1774. Finalement, nous voyons bien que nous avons régressé dans le “temps et l’espace”.

    D’ailleurs, l’extrême richesse au 21ème siècles n’est ni synonyme de progrès et encore moins d’intelligence. Suffit-il de se souvenir, il y a quelques années, des propos emblématiques de deux milliardaires. Bud Konheim s’est exclamé que les pauvres devraient “arrêter de se plaindre” de leur condition, tandis que le milliardaire Kevin O’Leary déclarait que les inégalités sont une “nouvelle fantastique”, puisqu’elles motivent “le pauvre à regarder en haut vers les 1% et à se dire : je veux faire partie de ces gens”. Le progrès sociétal n’est-il pas – alors que la croissance est bornée depuis les années 1970 – de permettre à tout un chacun de vivre décemment des revenus du travail ou d’un revenu de remplacement, de lui permettre de prendre une retraite décente avant que son âge avancé ne lui permette plus de jouir pleinement de la vie. De garantir à tout un chacun l’accès aux soins de santé à des coûts non prohibitifs et offrir des services publics de qualités. D’apporter à nos jeunes des perspectives de vie motivantes avec des loyers abordables, etc. Le progrès n’est-il pas de consommer moins en vivant mieux, d’accorder un sursis à notre planète comme leg à nos enfants et petits-enfants au lieu d’un “ensauvagement de nos sociétés”, résultat, entre-autre, d’une extrême concentration des richesses dans les poches d’une extrême minorité.

  17. *****************
    Dans une lettre adressée aux dirigeants mondiaux lors du “Forum de Davos” – WEF – plus de 200 millionnaires demandent à être plus taxés. Cette lettre, signée par des millionnaires provenant de 13 pays différents, est un appel aux dirigeants mondiaux (les Homo-politicus) pour la mise en place d’un impôt sur les plus fortunés:

    >>>> “Vous, nos représentants dans le monde, devez nous taxer, nous les ultra-riches, et vous devez commencer maintenant”, écrivent les millionnaires dans leur lettre. “Taxez les ultra-riches et faites-le maintenant. C’est une économie simple et de bon sens”, poursuivent-ils, évoquant “un investissement pour notre bien commun et un avenir meilleur”. “En tant que millionnaires, nous voulons faire cet investissement”<<<<

    https://costofextremewealth.com/
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  18. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023 (11): Les œillères de nos Homo-politicus contribuent-elles à cautionner un “crime contre l’humanité”?

    D’un point de vue qui n’engage que moi-même, la question mérite d’être posée à nos gouvernements, puisque la théorie des choix publics (Public Choice) ne suffit plus à révéler une pathologie. Dans une tribune publiée le lundi 15 août 2011 (OUI… le 15 août 2011) par le New York Times, le patron du fonds Berkshire Hathaway (Warren Buffet) suggérait une hausse d’impôts pour les contribuables dont les revenus dépassent un million de dollars par an, et une hausse encore plus forte pour ceux qui gagnent plus de 10 millions:

    “Nos dirigeants ont appelé à un sacrifice partagé. Mais (…) ils m’ont épargné. J’ai vérifié auprès de mes amis méga-riches pour savoir à quels sacrifices ils s’attendaient. Eux non plus n’ont pas été touchés”, écrit celui qui avait lancé avec Bill Gates le “Giving Pledge”, un regroupement de milliardaires promettant de verser la moitié de leur fortune à des œuvres philanthropiques. “Pendant que les pauvres et les classes moyennes combattent pour nous en Afghanistan, et pendant que de nombreux Américains luttent pour joindre les deux bouts, nous, les méga-riches, continuons à bénéficier d’exemptions fiscales extraordinaires”.

    Warren Buffet ne plaisantait non plus en 2006. Il nous avait déjà prévenu – avant l’éclatement de crise financière du subprime ayant emporté la banque d’investissement américaine, Lehman Brothers, le 15 septembre 2008 – que les riches étaient en train de gagner!!! Dans une interview accordée le 26 novembre 2006 au New York Times …

    https://www.nytimes.com/2006/11/26/business/yourmoney/26every.html?_r=1&adxnnl=1&adxnnlx=1392987663-rchqH3e8ouhHFF7h9JoYzA

    …il avait reconnu qu’une “lutte des classes” faisait rage, tout en précisant : “c’est ma classe, les riches, qui a déclaré cette guerre et c’est elle qui est en train de la remporter” ! … avant de confirmer le 15 novembre 2011…

    https://www.businesswire.com/news/home/20111115006090/en#.UwdOP_l5OSq

    …que cette guerre avait bel et bien été gagnée : “they won” – ils ont gagné!

    Par ailleurs, en parallèle, la revue “The Lancet” évoquait en 2016 les conséquences de la crise financière de 2008 sur l’augmentation des cancers. La hausse du chômage et les coupes budgétaires dans le secteur de la santé (orthodoxie budgétaire; austérité; frein à l’endettement) consécutives à la crise financière de 2097/2008, auraient contribué à une surmortalité par cancer de plus d’un demi-million de personnes dans le monde. Selon cette étude parue le 25 mai 2016 dans la revue The Lancet. Rappelons que cette dernière ne comptabilisant pas les suicides et autres pathologies létales consécutives à la crise financière de 2007/2008, viendrait alors gonfler ces chiffres déjà effrayant. Sans compter que ces chiffres seraient encore plus affligeants si l’on considérait une étude plus poussée jusqu’en 2023 (crise financière 2008-2010; crise des dettes souveraines 2010-2020; crise sanitaire 2020-2022 (…) ; crise géopolitique et ses conséquences 2022- (…)

    https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(16)00577-8/fulltext

    Pour leurs travaux, les chercheurs américains et britanniques ont utilisé des données de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

    De là à prétendre que nos Homo-politicus – par leur attentisme pathologique et leur adhésion schizophrénique à une idéologie dominante – sont à leur manière des “criminels notoires”, il n’y a plus qu’un pas à franchir. Enfin, en paraphrasant une maxime de l’économiste et professeur américain, Richard Thaler, titulaire du prix de la banque de Suède en mémoire à Alfred Nobel – théoricien de l’économie comportementale – l’on peut dès lors penser qu’aujourd’hui: “les fous sont à la tête de l’asile”.

  19. Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023 (12) : Le bal des idiots utiles♟

    “Une étude parue la semaine dernière dans la revue Science a mis le feu aux poudres. Elle y révèle que le groupe pétrolier américain ExxonMobil disposait dès les années 1980 de prédictions sur le réchauffement climatique d’une justesse remarquable, réalisées par ses propres scientifiques, et qui se sont révélées être précisément ce qui s’est produit plusieurs décennies plus tard. Or l’entreprise a pendant des années publiquement jeté le doute sur l’état des connaissances scientifiques en la matière, a également souligné cette publication. Un sujet que le secrétaire général de l’ONU a dénoncé ce mercredi 18 janvier 2023 à Davos, lors du Forum économique mondial (WEF): « Certains producteurs d’énergies fossiles étaient parfaitement conscients dans les années 1970 que leur produit phare allait faire brûler la planète. Mais comme l’industrie du tabac, ils ont fait peu de cas de leur propre science. Certains géants pétroliers ont colporté le grand mensonge ». Non, sans blagues? Finalement, tout comme nos Homo-politicus au service des ayatollahs du néo-libéralisme”.(AFP)

    Encore un autre point de pivot qui marqua au fer rouge les années 1970. Est-ce à dire que cet énième virage entreprit durant cette période des monétaristes convaincus, doit-être imputable aux seuls lobbies de l’or noir? Voyons, un peu de sérieux nos Homo-politicus, car nous savons bien que le rapport Meadows créa un scandale auprès de la doxa néo-libérale des années 1970, même rapport demandé à l’initiative du Club de Rome et que durant cinquante ans, il fit l’objet d’une “manipulation politique” sans bornes. Faut-il être fou ou tellement déconnecté des réalités pour l’ignorer? Rappelons encore une fois que Dennis Meadows est l’un des auteurs du fameux livre de 1972 “Les limites à la croissance dans un monde fini”. Partant de l’idée de bon sens que la croissance indéfinie est impossible dans un monde fini, les auteurs, un groupe de scientifiques du M.I.T. américain, utilisaient une modélisation des interactions entre ressources, technologie, pollution et population au niveau du monde entier pour tenter de caractériser des « avenirs possibles » du système économique, de la population humaine et de la planète. Leurs résultats les amenèrent à alerter le monde sur le risque qu’en continuant un développement économique sans limite, l’humanité risquait d’épuiser les ressources de la planète et même de dépasser la capacité de la nature à se renouveler elle-même. L’étude de 1972 a décrit plusieurs scénarios d’évolution possible de l’économie, de la population et des ressources mondiales, chaque scénario correspondant à des choix différents que l’humanité pouvait collectivement faire à partir de 1972. Leur scénario “On continue comme avant” , qui correspond grosso modo à ce qui s’est passé par la suite, prédisait que l’approche des limites de la planète commencerait à exercer un fort impact sur la croissance à partir des environs de l’année 2010, impact qui irait ensuite croissant, finissant par déboucher d’ici 2050 au plus tard sur un effondrement, c’est-à-dire une baisse précipitée du niveau de vie et peut-être de la population mondiale, dans une situation d’épuisement des ressources et de l’environnement naturel.

    ♟L’Idiot utile pense servir une cause juste (ai-je dis une idéologie au sens large?) mais par manque de discernement sur une nouvelle approche dogmatique et économique (ai-je dit le néo-libéralisme?) il sert en fait une cause qu’il ignore et qui peut contredire ses convictions profondes. Il est naïf, n’ayant pas su percevoir la réalité de cette cause (ai-je dis ne voulant mordre la main qui le nourrit?) ou trop pressé (à satisfaire ses intérêts dénoncés dans la “Public Choice Theory”?) n’ayant pas encore les éléments qui lui permettraient de bien analyser les conséquences de la “religion économique et politique” qu’il soutient. Plus généralement, il faut rappeler qu’on attribue l’expression à Lénine, qui appelait ainsi cyniquement les intellectuels occidentaux avec lesquels il voulait s’allier, ceux qu’il voulait manipuler parce qu’ils n’avaient pas compris la réalité de la cause défendue, tout en se félicitant de leur “utilité”, par le soutien qu’ils apportaient aux communistes. Aujourd’hui, paradoxalement, nous ne pouvons plus nier que le néo-libéralisme est une version 2.0 du fascisme. Un extrémisme!

  20. Matière à réflexion!

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    La crise a commencé dans les années 1990 – 30 avril 2018 – by Prof. Sergio Rossi

    “(…) Les années 1990 coiffent une période cruciale pour comprendre la trajectoire que l’économie globale a suivie jusqu’à présent. Dans cette période historique, les processus de libéralisation, dérèglementation et globalisation de l’économie et de la finance devinrent prépondérants dans le monde entier. On imposa ainsi à la population mondiale un régime de croissance économique basée sur la finance de marché, au lieu de la production de biens et services, en tant que source de profits pour les entreprises. Si ces profits étaient investis pour produire et augmenter le niveau d’emploi, il n’y aurait rien de mal – pour autant que l’on respecte les droits environnementaux et qu’il y ait des conditions de travail absolument correctes, entendez des rémunérations et des horaires de travail permettant à tout un chacun de vivre dignement. Si, par contre, comme cela est le cas de manière assez générale, les profits sont placés sur les marchés financiers afin d’y gagner des rendements dépassant le taux de croissance économique, alors le système capitaliste est voué à la crise; une crise de surproduction induite par la financiarisation de l’économie dans son ensemble (…)”
    ***********************
    Résultat à fin 2022!

    https://cms.zerohedge.com/s3/files/inline-images/inequality-income2-21_3.jpg?itok=_r44vhPF

    Qui osera encore prétendre que les crises économiques et financières ne sont pas génératrices d’inégalités?

    Qui osera encore prétendre à cette absurdité postulant que les 10% sont nécessaires aux 90% restant? Alors que c’est précisément l’inverse.

  21. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023 (13) : La Confédération helvétique serait-elle – après le “Hedge funds BNS” – un fond alternatif disposé à prendre tous les risques pour ses administrés?

    En effet, après avoir été contrainte de placer en bière le secret bancaire suisse, dans la continuité de la grande conflagration de 2008 (crise financière mondiale) et, pour avoir ignoré les mises en garde de l’Ambassadeur de Suisse à Washington aux États-Unis, Felix Schnyder, dès 1967 – “il n’est pas à exclure que la question du secret bancaire pourrait devenir avec le temps un enjeu politique majeur des rapports entre les deux pays” – la Suisse continue à jouer avec le feu et sur d’autres fronts.

    https://www.dodis.ch/fr/la-politique-etrangere-suisse-de-1967-1969-le-nouveau-volume-est-paru

    ” (…) Alors que la sécurité alimentaire et énergétique de millions de personnes est gravement menacée en raison de l’augmentation des prix de la nourriture et des matières premières, les négociants enregistrent des bénéfices records. Les perturbations causées sur les marchés par la pandémie et l’invasion russe de l’Ukraine leur ont permis de multiplier leurs profits.

    Cela se reflète également dans leur poids dans l’économie suisse : désormais 8 % du PIB, soit presque autant que la place financière. La Suisse renonce à réglementer efficacement ce secteur à haut risque et à imposer ses bénéfices de guerre (…)

    (…) L’heure de gloire du charbon? Un grand retour pour cette matière première climaticide, et la Suisse, plaque tournante de ce négoce, en profite allègrement. Selon les estimations de l’ONG Public Eye, 40 % du commerce mondial de charbon est négocié depuis la Suisse. Mais qui profite en fin de compte de cette manne financière ? La discrétion fait partie intégrante du modèle d’affaires des négociants. L’identité des propriétaires est un secret aussi bien gardé que les éventuels liens entretenus avec des proches du Kremlin (…)” Source ci-dessous

    https://www.publiceye.ch/fr/thematiques/negoce-agricole/les-negociants-en-matieres-premieres-ne-connaissent-pas-la-crise

  22. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison 2023 (14): De nos jours, le Libéralisme est devenu un sophisme

    Libéralisme, mais où es-tu donc passé, telle devrait être la question. Certes, le libéralisme était cette doctrine déduite de la philosophie des Lumières, à la fois politique et économique, qui visait à imposer à l’Etat la distance nécessaire au respect des libertés et à l’avènement des émancipations démocratiques. Il a été le moteur de l’avènement et des progrès des démocraties occidentales.

    Le néo-libéralisme, quant à lui, est cet économisme total qui frappe chaque sphère de nos sociétés et chaque instant de notre époque. C’est un extrémisme. Si le fascisme se définit comme l’assujettissement de toutes les composantes de l’État à une idéologie totalitaire et nihiliste; de fait nous pouvons alors sans autre prétendre que le néo-libéralisme est un fascisme, car l’économie a proprement assujetti les gouvernements des pays démocratiques mais aussi chaque parcelle de notre réflexion. L’État est maintenant au service de l’économie et de la finance qui le traitent en subordonné et lui commandent jusqu’à la mise en péril du bien commun et de l’Intérêt général.

    D’ailleurs, à constater l’historique des taux marginaux d’imposition sur le revenu des plus nantis aux États-Unis – de 1913 à 2022 – comment croire encore que le Libéralisme – selon les pères fondateurs – est toujours vivant.

    https://www.taxpolicycenter.org/statistics/historical-highest-marginal-income-tax-rates

    R.I.P

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