Pauvres États-Unis!

Si la longue campagne électorale des deux candidats à la présidence des États-Unis a été d’un niveau pitoyable, des deux côtés du spectre politique, le pire est encore à venir. Il est vrai que la présidence Obama en a déçu plus d’un, mais, par rapport à son prédécesseur, le bilan que Obama peut tirer au terme de sa présidence n’est pas aussi mauvais à l’égard des ravages provoqués par la crise financière globale éclatée il y a désormais huit années et dont les conséquences se font encore ressentir négativement dans le monde occidental (voire au-delà).

Le prochain président des États-Unis n’aura visiblement pas le niveau intellectuel ni les capacités analytiques pour faire face aux nombreux défis auxquels la société américaine est confrontée et devra dès lors faire appel aux conseillers économiques formés dans les meilleures universités au plan national. Ceux-ci n’auront toutefois aucune idée des origines structurelles des problèmes observés sur le plan socio-économique, étant donné que la pensée dominante en économie se résume à des slogans identifiant tel ou tel autre comportement comme le responsable ultime de ces problèmes.

Les grandes institutions financières américaines auront alors le champ libre pour soudoyer les derniers «mohicans» qui connaissent l’histoire de la pensée économique et qui savent dès lors que la réglementation des comportements ne sert à rien si elle intervient dans un système qui est désordonné sur le plan structurel, tel le système bancaire national, qui confond monnaie et crédit permettant aux banques de prêter, pour des opérations purement financières, des sommes créées ex nihilo et, de ce fait, dépourvues de tout pouvoir d’achat, que seule la production peut logiquement former dans l’ensemble du système économique.

Le peuple américain aurait mérité d’avoir un président bien meilleur que celui qu’il a dû choisir parmi les deux candidats à la présidence. Les États-Unis ne représentent désormais plus une exception: leurs politiciens sont du même moule que ceux du reste du monde et c’est l’une des raisons expliquant la situation atterrante au niveau mondial.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.