Mais Pourquoi? UDC, Images et Statistiques

Le peuple Suisse paiera probablement le tribut de l’alliance régulière entre la droite économique et l’UDC.

REMERCIEMENT: Merci à Pierre Dessemontet qui a largement contribué à ce billet, en particulier à travers la réalisation des quatres cartes ci-dessous. Je vous recommande chaudement la visite de son excellent blog sur ce même site. 

Ces prochaines semaines, je vous proposerai trois analyses sur la libre circulation des personnes, et sur les suites à donner à la votation.

Premièrement, je souhaiterais revenir sur les raisons de ce oui de justesse, et en particulier sur les avalanches de graphiques qui nous ont été montrés, et qui nous ont surpris. Je vous propose une analyse statistique qui permet d’isoler certaines autres causes, importantes, du cet échec de la classe politique.

Je vous proposerai ensuite deux analyses plus prospectives. D’abord je tenterai de clarifier un peu l’immense jungle des conséquences de la votation, en faisant un tour d’horizon et en expliquant de façon vulgarisée ce qui a été beaucoup dit de part et d’autre. En troisième, je vous proposerai une synthèse des solutions proposées avec une analyse des conséquences économiques de ces solutions.

Cause et effet

 

De nombreux analystes ont montré des phénomènes intéressants, notamment en expliquant le oui à l’initiative avec divers facteurs: niveau d’études, richesse, taille des districts, densité de population. L’un des graphiques les plus connus à ce sujet est probablement celui de Martin Grandjean, qui (comme d’autres) a montré sur un graphe simple le rapport entre taux d’étrangers et taux de oui.

Multiples causes

Il y a toutefois un principe important: ce oui est un phénomène complexe, qui est explicable par de nombreuses causes en même temps. Lorsque l’on fait face à ce genre de chose, il faut utiliser des techniques d’analyse qui tiennent compte de tous ses effets en même temps. Une technique qui permet cela s’appelle la "régression multiple". Elle permet de tester plusieurs causes en même temps, et voir s’il y a un rapport fort entre elles et quelque chose qu’on veut observer. C’est l’analyse que je vous propose ici.

J’ai donc analysé le oui au niveau des districts, avec comme facteurs explicatifs potentiels le taux d’étrangers du district, la densité de la population, les forces politiques des grands partis, et certaines données cantonales ou régionales. On peut constater un élément important : le facteur qui influence largement, et le plus fortement, le résultat de la votation est simple : il s’agit des forces politiques. Si beaucoup de facteurs sociodémographiques peuvent contribuer à expliquer le oui, les forces politiques en présence dans les districts sont celles qui ont le plus influencé le résultat.

Les résultats ont été analysés par districts. Cela permet d’avoir beaucoup de données, mais aussi de saisir au mieux la diversité régionale (au niveau d’un même canton, il peut y avoir beaucoup de différences, comme par exemple entre Payerne et Lausanne).

Résultat inattendu

C’est logique, plus le PS est fort dans un district, plus la population a eu tendance à dire non (le PS s’est opposé au texte). C’est aussi logique, et c’est l’effet le plus fort, plus l’UDC est présente dans un district, plus l’initiative a obtenu de voix. Par contre, il y a un résultat surprenant, et qui explique fortement le désastre de dimanche passé: il n’y a aucun effet des partis de droite économique sur le résultat. En d’autres termes, ces partis (PLR, PDC), malgré leur mot d’ordre, n’ont pas contribué à convaincre la population. On peut observer cela de façon graphique.

Force de l’impact

Dans le graphe ci-dessous, vous pouvez voir représentée graphiquement la force de l’impact des partis (et aussi du taux d’étrangers dans le district, qui est un facteur important). Un coefficient négatif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens à dire non. Un coefficient positif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens vers le oui.

Il faut noter que pour le PDC, le facteur est positif, mais il n’est pas statistiquement significatif. Cela veut dire que l’effet est probablement positif, mais que nous n’avons pas assez de données pour l’affirmer sans ambiguïté.

En version graphique

Comme il n’est pas évident de saisir ce que signifie une régression multiple, voici quelques graphes qui permettent d’observer le phénomène. On constate sur les deux graphes ci-dessous le rapport qu’il y a entre la droite économique et le taux de oui, et ensuite le rapport entre la force du PS et le taux de non.

Ci-dessous, on voit le rapport entre la force de l’UDC et le oui, puis une nouvelle fois le rapport entre le taux d’étrangers et le oui:

Cartes des districts

Afin de se faire une idée des régions concernées, Pierre Dessemontet a réalisé dans le cadre de cette analyse des cartes. La première montre le taux de oui et de non dans la votation par district. Les suivantes montrent les forces politiques. On peut constater que la carte de la votation ressemble beaucoup à la carte des forces politiques du PS ou de l’UDC mais pas du tout à celle du PLR. On peut considérer, toutefois, le Tessin comme une exception très particulière à cette règle. Pour l’UDC, cela s’explique notamment à travers la présence de la lega, un autre parti d’extrême droite.

Voici l’analyse du vote oui-non (rouge, oui, vert, non)

Voici une carte qui représente les forces du PLR (foncé = plus fort)

Et voici celle qui représent les forces du PS (foncé=plus fort):

Enfin, voici l’UDC  (foncé = plus fort):

L’alliance qui coûte cher à la droite

Le canton de Vaud est à cet égard intéressant, car l’UDC et le PLR y ont développé une forte alliance lors des élections et des votes politiques. On peut constater dans ce canton que même le PLR a eu un effet positif sur le résultat de l’initiative, poussant au OUI :

L'UDC et le PS ont convaincu

Bien sûr, chacun a des choses à se reprocher dans cette campagne. Toutefois, il semblerait que malgré tout, le PS a réussi à convaincre son électorat, au moins dans une certaine mesure (les sondages le montraient d’ailleurs clairement). Toutefois, la stratégie d’alliance de la droite avec l’extrême droite a probablement contribué à faire que la campagne de la droite n’était pas assez claire. Il est toujours plus facile de dire les choses après, mais il semble clair que si des moyens suffisants avaient aussi été mis en œuvre pour convaincre l’électorat de la droite classique, et si celle-ci s’était par le passé mieux démarquée de l’UDC, le résultat aurait été différent.

 

Mais Pourquoi? UDC, Images et Statistiques

Le peuple Suisse paiera probablement le tribut de l’alliance régulière entre la droite économique et l’UDC.

REMERCIEMENT: Merci à Pierre Dessemontet qui a largement contribué à ce billet, en particulier à travers la réalisation des quatres cartes ci-dessous. Je vous recommande chaudement la visite de son excellent blog sur ce même site. 

Ces prochaines semaines, je vous proposerai trois analyses sur la libre circulation des personnes, et sur les suites à donner à la votation.

Premièrement, je souhaiterais revenir sur les raisons de ce oui de justesse, et en particulier sur les avalanches de graphiques qui nous ont été montrés, et qui nous ont surpris. Je vous propose une analyse statistique qui permet d’isoler certaines autres causes, importantes, du cet échec de la classe politique.

Je vous proposerai ensuite deux analyses plus prospectives. D’abord je tenterai de clarifier un peu l’immense jungle des conséquences de la votation, en faisant un tour d’horizon et en expliquant de façon vulgarisée ce qui a été beaucoup dit de part et d’autre. En troisième, je vous proposerai une synthèse des solutions proposées avec une analyse des conséquences économiques de ces solutions.

Cause et effet

 

De nombreux analystes ont montré des phénomènes intéressants, notamment en expliquant le oui à l’initiative avec divers facteurs: niveau d’études, richesse, taille des districts, densité de population. L’un des graphiques les plus connus à ce sujet est probablement celui de Martin Grandjean, qui (comme d’autres) a montré sur un graphe simple le rapport entre taux d’étrangers et taux de oui.

Multiples causes

Il y a toutefois un principe important: ce oui est un phénomène complexe, qui est explicable par de nombreuses causes en même temps. Lorsque l’on fait face à ce genre de chose, il faut utiliser des techniques d’analyse qui tiennent compte de tous ses effets en même temps. Une technique qui permet cela s’appelle la "régression multiple". Elle permet de tester plusieurs causes en même temps, et voir s’il y a un rapport fort entre elles et quelque chose qu’on veut observer. C’est l’analyse que je vous propose ici.

J’ai donc analysé le oui au niveau des districts, avec comme facteurs explicatifs potentiels le taux d’étrangers du district, la densité de la population, les forces politiques des grands partis, et certaines données cantonales ou régionales. On peut constater un élément important : le facteur qui influence largement, et le plus fortement, le résultat de la votation est simple : il s’agit des forces politiques. Si beaucoup de facteurs sociodémographiques peuvent contribuer à expliquer le oui, les forces politiques en présence dans les districts sont celles qui ont le plus influencé le résultat.

Les résultats ont été analysés par districts. Cela permet d’avoir beaucoup de données, mais aussi de saisir au mieux la diversité régionale (au niveau d’un même canton, il peut y avoir beaucoup de différences, comme par exemple entre Payerne et Lausanne).

Résultat inattendu

C’est logique, plus le PS est fort dans un district, plus la population a eu tendance à dire non (le PS s’est opposé au texte). C’est aussi logique, et c’est l’effet le plus fort, plus l’UDC est présente dans un district, plus l’initiative a obtenu de voix. Par contre, il y a un résultat surprenant, et qui explique fortement le désastre de dimanche passé: il n’y a aucun effet des partis de droite économique sur le résultat. En d’autres termes, ces partis (PLR, PDC), malgré leur mot d’ordre, n’ont pas contribué à convaincre la population. On peut observer cela de façon graphique.

Force de l’impact

Dans le graphe ci-dessous, vous pouvez voir représentée graphiquement la force de l’impact des partis (et aussi du taux d’étrangers dans le district, qui est un facteur important). Un coefficient négatif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens à dire non. Un coefficient positif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens vers le oui.

Il faut noter que pour le PDC, le facteur est positif, mais il n’est pas statistiquement significatif. Cela veut dire que l’effet est probablement positif, mais que nous n’avons pas assez de données pour l’affirmer sans ambiguïté.

En version graphique

Comme il n’est pas évident de saisir ce que signifie une régression multiple, voici quelques graphes qui permettent d’observer le phénomène. On constate sur les deux graphes ci-dessous le rapport qu’il y a entre la droite économique et le taux de oui, et ensuite le rapport entre la force du PS et le taux de non.

Ci-dessous, on voit le rapport entre la force de l’UDC et le oui, puis une nouvelle fois le rapport entre le taux d’étrangers et le oui:

Cartes des districts

Afin de se faire une idée des régions concernées, Pierre Dessemontet a réalisé dans le cadre de cette analyse des cartes. La première montre le taux de oui et de non dans la votation par district. Les suivantes montrent les forces politiques. On peut constater que la carte de la votation ressemble beaucoup à la carte des forces politiques du PS ou de l’UDC mais pas du tout à celle du PLR. On peut considérer, toutefois, le Tessin comme une exception très particulière à cette règle. Pour l’UDC, cela s’explique notamment à travers la présence de la lega, un autre parti d’extrême droite.

Voici l’analyse du vote oui-non (rouge, oui, vert, non)

Voici une carte qui représente les forces du PLR (foncé = plus fort)

Et voici celle qui représent les forces du PS (foncé=plus fort):

Enfin, voici l’UDC  (foncé = plus fort):

L’alliance qui coûte cher à la droite

Le canton de Vaud est à cet égard intéressant, car l’UDC et le PLR y ont développé une forte alliance lors des élections et des votes politiques. On peut constater dans ce canton que même le PLR a eu un effet positif sur le résultat de l’initiative, poussant au OUI :

L'UDC et le PS ont convaincu

Bien sûr, chacun a des choses à se reprocher dans cette campagne. Toutefois, il semblerait que malgré tout, le PS a réussi à convaincre son électorat, au moins dans une certaine mesure (les sondages le montraient d’ailleurs clairement). Toutefois, la stratégie d’alliance de la droite avec l’extrême droite a probablement contribué à faire que la campagne de la droite n’était pas assez claire. Il est toujours plus facile de dire les choses après, mais il semble clair que si des moyens suffisants avaient aussi été mis en œuvre pour convaincre l’électorat de la droite classique, et si celle-ci s’était par le passé mieux démarquée de l’UDC, le résultat aurait été différent.

 

Mais Pourquoi? UDC, Images et Statistiques

Le peuple Suisse paiera probablement le tribut de l’alliance régulière entre la droite économique et l’UDC.

REMERCIEMENT: Merci à Pierre Dessemontet qui a largement contribué à ce billet, en particulier à travers la réalisation des quatres cartes ci-dessous. Je vous recommande chaudement la visite de son excellent blog sur ce même site. 

Ces prochaines semaines, je vous proposerai trois analyses sur la libre circulation des personnes, et sur les suites à donner à la votation.

Premièrement, je souhaiterais revenir sur les raisons de ce oui de justesse, et en particulier sur les avalanches de graphiques qui nous ont été montrés, et qui nous ont surpris. Je vous propose une analyse statistique qui permet d’isoler certaines autres causes, importantes, du cet échec de la classe politique.

Je vous proposerai ensuite deux analyses plus prospectives. D’abord je tenterai de clarifier un peu l’immense jungle des conséquences de la votation, en faisant un tour d’horizon et en expliquant de façon vulgarisée ce qui a été beaucoup dit de part et d’autre. En troisième, je vous proposerai une synthèse des solutions proposées avec une analyse des conséquences économiques de ces solutions.

Cause et effet

 

De nombreux analystes ont montré des phénomènes intéressants, notamment en expliquant le oui à l’initiative avec divers facteurs: niveau d’études, richesse, taille des districts, densité de population. L’un des graphiques les plus connus à ce sujet est probablement celui de Martin Grandjean, qui (comme d’autres) a montré sur un graphe simple le rapport entre taux d’étrangers et taux de oui.

Multiples causes

Il y a toutefois un principe important: ce oui est un phénomène complexe, qui est explicable par de nombreuses causes en même temps. Lorsque l’on fait face à ce genre de chose, il faut utiliser des techniques d’analyse qui tiennent compte de tous ses effets en même temps. Une technique qui permet cela s’appelle la "régression multiple". Elle permet de tester plusieurs causes en même temps, et voir s’il y a un rapport fort entre elles et quelque chose qu’on veut observer. C’est l’analyse que je vous propose ici.

J’ai donc analysé le oui au niveau des districts, avec comme facteurs explicatifs potentiels le taux d’étrangers du district, la densité de la population, les forces politiques des grands partis, et certaines données cantonales ou régionales. On peut constater un élément important : le facteur qui influence largement, et le plus fortement, le résultat de la votation est simple : il s’agit des forces politiques. Si beaucoup de facteurs sociodémographiques peuvent contribuer à expliquer le oui, les forces politiques en présence dans les districts sont celles qui ont le plus influencé le résultat.

Les résultats ont été analysés par districts. Cela permet d’avoir beaucoup de données, mais aussi de saisir au mieux la diversité régionale (au niveau d’un même canton, il peut y avoir beaucoup de différences, comme par exemple entre Payerne et Lausanne).

Résultat inattendu

C’est logique, plus le PS est fort dans un district, plus la population a eu tendance à dire non (le PS s’est opposé au texte). C’est aussi logique, et c’est l’effet le plus fort, plus l’UDC est présente dans un district, plus l’initiative a obtenu de voix. Par contre, il y a un résultat surprenant, et qui explique fortement le désastre de dimanche passé: il n’y a aucun effet des partis de droite économique sur le résultat. En d’autres termes, ces partis (PLR, PDC), malgré leur mot d’ordre, n’ont pas contribué à convaincre la population. On peut observer cela de façon graphique.

Force de l’impact

Dans le graphe ci-dessous, vous pouvez voir représentée graphiquement la force de l’impact des partis (et aussi du taux d’étrangers dans le district, qui est un facteur important). Un coefficient négatif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens à dire non. Un coefficient positif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens vers le oui.

Il faut noter que pour le PDC, le facteur est positif, mais il n’est pas statistiquement significatif. Cela veut dire que l’effet est probablement positif, mais que nous n’avons pas assez de données pour l’affirmer sans ambiguïté.

En version graphique

Comme il n’est pas évident de saisir ce que signifie une régression multiple, voici quelques graphes qui permettent d’observer le phénomène. On constate sur les deux graphes ci-dessous le rapport qu’il y a entre la droite économique et le taux de oui, et ensuite le rapport entre la force du PS et le taux de non.

Ci-dessous, on voit le rapport entre la force de l’UDC et le oui, puis une nouvelle fois le rapport entre le taux d’étrangers et le oui:

Cartes des districts

Afin de se faire une idée des régions concernées, Pierre Dessemontet a réalisé dans le cadre de cette analyse des cartes. La première montre le taux de oui et de non dans la votation par district. Les suivantes montrent les forces politiques. On peut constater que la carte de la votation ressemble beaucoup à la carte des forces politiques du PS ou de l’UDC mais pas du tout à celle du PLR. On peut considérer, toutefois, le Tessin comme une exception très particulière à cette règle. Pour l’UDC, cela s’explique notamment à travers la présence de la lega, un autre parti d’extrême droite.

Voici l’analyse du vote oui-non (rouge, oui, vert, non)

Voici une carte qui représente les forces du PLR (foncé = plus fort)

Et voici celle qui représent les forces du PS (foncé=plus fort):

Enfin, voici l’UDC  (foncé = plus fort):

L’alliance qui coûte cher à la droite

Le canton de Vaud est à cet égard intéressant, car l’UDC et le PLR y ont développé une forte alliance lors des élections et des votes politiques. On peut constater dans ce canton que même le PLR a eu un effet positif sur le résultat de l’initiative, poussant au OUI :

L'UDC et le PS ont convaincu

Bien sûr, chacun a des choses à se reprocher dans cette campagne. Toutefois, il semblerait que malgré tout, le PS a réussi à convaincre son électorat, au moins dans une certaine mesure (les sondages le montraient d’ailleurs clairement). Toutefois, la stratégie d’alliance de la droite avec l’extrême droite a probablement contribué à faire que la campagne de la droite n’était pas assez claire. Il est toujours plus facile de dire les choses après, mais il semble clair que si des moyens suffisants avaient aussi été mis en œuvre pour convaincre l’électorat de la droite classique, et si celle-ci s’était par le passé mieux démarquée de l’UDC, le résultat aurait été différent.

 

Mais Pourquoi? UDC, Images et Statistiques

Le peuple Suisse paiera probablement le tribut de l’alliance régulière entre la droite économique et l’UDC.

REMERCIEMENT: Merci à Pierre Dessemontet qui a largement contribué à ce billet, en particulier à travers la réalisation des quatres cartes ci-dessous. Je vous recommande chaudement la visite de son excellent blog sur ce même site. 

Ces prochaines semaines, je vous proposerai trois analyses sur la libre circulation des personnes, et sur les suites à donner à la votation.

Premièrement, je souhaiterais revenir sur les raisons de ce oui de justesse, et en particulier sur les avalanches de graphiques qui nous ont été montrés, et qui nous ont surpris. Je vous propose une analyse statistique qui permet d’isoler certaines autres causes, importantes, du cet échec de la classe politique.

Je vous proposerai ensuite deux analyses plus prospectives. D’abord je tenterai de clarifier un peu l’immense jungle des conséquences de la votation, en faisant un tour d’horizon et en expliquant de façon vulgarisée ce qui a été beaucoup dit de part et d’autre. En troisième, je vous proposerai une synthèse des solutions proposées avec une analyse des conséquences économiques de ces solutions.

Cause et effet

 

De nombreux analystes ont montré des phénomènes intéressants, notamment en expliquant le oui à l’initiative avec divers facteurs: niveau d’études, richesse, taille des districts, densité de population. L’un des graphiques les plus connus à ce sujet est probablement celui de Martin Grandjean, qui (comme d’autres) a montré sur un graphe simple le rapport entre taux d’étrangers et taux de oui.

Multiples causes

Il y a toutefois un principe important: ce oui est un phénomène complexe, qui est explicable par de nombreuses causes en même temps. Lorsque l’on fait face à ce genre de chose, il faut utiliser des techniques d’analyse qui tiennent compte de tous ses effets en même temps. Une technique qui permet cela s’appelle la "régression multiple". Elle permet de tester plusieurs causes en même temps, et voir s’il y a un rapport fort entre elles et quelque chose qu’on veut observer. C’est l’analyse que je vous propose ici.

J’ai donc analysé le oui au niveau des districts, avec comme facteurs explicatifs potentiels le taux d’étrangers du district, la densité de la population, les forces politiques des grands partis, et certaines données cantonales ou régionales. On peut constater un élément important : le facteur qui influence largement, et le plus fortement, le résultat de la votation est simple : il s’agit des forces politiques. Si beaucoup de facteurs sociodémographiques peuvent contribuer à expliquer le oui, les forces politiques en présence dans les districts sont celles qui ont le plus influencé le résultat.

Les résultats ont été analysés par districts. Cela permet d’avoir beaucoup de données, mais aussi de saisir au mieux la diversité régionale (au niveau d’un même canton, il peut y avoir beaucoup de différences, comme par exemple entre Payerne et Lausanne).

Résultat inattendu

C’est logique, plus le PS est fort dans un district, plus la population a eu tendance à dire non (le PS s’est opposé au texte). C’est aussi logique, et c’est l’effet le plus fort, plus l’UDC est présente dans un district, plus l’initiative a obtenu de voix. Par contre, il y a un résultat surprenant, et qui explique fortement le désastre de dimanche passé: il n’y a aucun effet des partis de droite économique sur le résultat. En d’autres termes, ces partis (PLR, PDC), malgré leur mot d’ordre, n’ont pas contribué à convaincre la population. On peut observer cela de façon graphique.

Force de l’impact

Dans le graphe ci-dessous, vous pouvez voir représentée graphiquement la force de l’impact des partis (et aussi du taux d’étrangers dans le district, qui est un facteur important). Un coefficient négatif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens à dire non. Un coefficient positif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens vers le oui.

Il faut noter que pour le PDC, le facteur est positif, mais il n’est pas statistiquement significatif. Cela veut dire que l’effet est probablement positif, mais que nous n’avons pas assez de données pour l’affirmer sans ambiguïté.

En version graphique

Comme il n’est pas évident de saisir ce que signifie une régression multiple, voici quelques graphes qui permettent d’observer le phénomène. On constate sur les deux graphes ci-dessous le rapport qu’il y a entre la droite économique et le taux de oui, et ensuite le rapport entre la force du PS et le taux de non.

Ci-dessous, on voit le rapport entre la force de l’UDC et le oui, puis une nouvelle fois le rapport entre le taux d’étrangers et le oui:

Cartes des districts

Afin de se faire une idée des régions concernées, Pierre Dessemontet a réalisé dans le cadre de cette analyse des cartes. La première montre le taux de oui et de non dans la votation par district. Les suivantes montrent les forces politiques. On peut constater que la carte de la votation ressemble beaucoup à la carte des forces politiques du PS ou de l’UDC mais pas du tout à celle du PLR. On peut considérer, toutefois, le Tessin comme une exception très particulière à cette règle. Pour l’UDC, cela s’explique notamment à travers la présence de la lega, un autre parti d’extrême droite.

Voici l’analyse du vote oui-non (rouge, oui, vert, non)

Voici une carte qui représente les forces du PLR (foncé = plus fort)

Et voici celle qui représent les forces du PS (foncé=plus fort):

Enfin, voici l’UDC  (foncé = plus fort):

L’alliance qui coûte cher à la droite

Le canton de Vaud est à cet égard intéressant, car l’UDC et le PLR y ont développé une forte alliance lors des élections et des votes politiques. On peut constater dans ce canton que même le PLR a eu un effet positif sur le résultat de l’initiative, poussant au OUI :

L'UDC et le PS ont convaincu

Bien sûr, chacun a des choses à se reprocher dans cette campagne. Toutefois, il semblerait que malgré tout, le PS a réussi à convaincre son électorat, au moins dans une certaine mesure (les sondages le montraient d’ailleurs clairement). Toutefois, la stratégie d’alliance de la droite avec l’extrême droite a probablement contribué à faire que la campagne de la droite n’était pas assez claire. Il est toujours plus facile de dire les choses après, mais il semble clair que si des moyens suffisants avaient aussi été mis en œuvre pour convaincre l’électorat de la droite classique, et si celle-ci s’était par le passé mieux démarquée de l’UDC, le résultat aurait été différent.

 

Mais Pourquoi? UDC, Images et Statistiques

Le peuple Suisse paiera probablement le tribut de l’alliance régulière entre la droite économique et l’UDC.

REMERCIEMENT: Merci à Pierre Dessemontet qui a largement contribué à ce billet, en particulier à travers la réalisation des quatres cartes ci-dessous. Je vous recommande chaudement la visite de son excellent blog sur ce même site. 

Ces prochaines semaines, je vous proposerai trois analyses sur la libre circulation des personnes, et sur les suites à donner à la votation.

Premièrement, je souhaiterais revenir sur les raisons de ce oui de justesse, et en particulier sur les avalanches de graphiques qui nous ont été montrés, et qui nous ont surpris. Je vous propose une analyse statistique qui permet d’isoler certaines autres causes, importantes, du cet échec de la classe politique.

Je vous proposerai ensuite deux analyses plus prospectives. D’abord je tenterai de clarifier un peu l’immense jungle des conséquences de la votation, en faisant un tour d’horizon et en expliquant de façon vulgarisée ce qui a été beaucoup dit de part et d’autre. En troisième, je vous proposerai une synthèse des solutions proposées avec une analyse des conséquences économiques de ces solutions.

Cause et effet

 

De nombreux analystes ont montré des phénomènes intéressants, notamment en expliquant le oui à l’initiative avec divers facteurs: niveau d’études, richesse, taille des districts, densité de population. L’un des graphiques les plus connus à ce sujet est probablement celui de Martin Grandjean, qui (comme d’autres) a montré sur un graphe simple le rapport entre taux d’étrangers et taux de oui.

Multiples causes

Il y a toutefois un principe important: ce oui est un phénomène complexe, qui est explicable par de nombreuses causes en même temps. Lorsque l’on fait face à ce genre de chose, il faut utiliser des techniques d’analyse qui tiennent compte de tous ses effets en même temps. Une technique qui permet cela s’appelle la "régression multiple". Elle permet de tester plusieurs causes en même temps, et voir s’il y a un rapport fort entre elles et quelque chose qu’on veut observer. C’est l’analyse que je vous propose ici.

J’ai donc analysé le oui au niveau des districts, avec comme facteurs explicatifs potentiels le taux d’étrangers du district, la densité de la population, les forces politiques des grands partis, et certaines données cantonales ou régionales. On peut constater un élément important : le facteur qui influence largement, et le plus fortement, le résultat de la votation est simple : il s’agit des forces politiques. Si beaucoup de facteurs sociodémographiques peuvent contribuer à expliquer le oui, les forces politiques en présence dans les districts sont celles qui ont le plus influencé le résultat.

Les résultats ont été analysés par districts. Cela permet d’avoir beaucoup de données, mais aussi de saisir au mieux la diversité régionale (au niveau d’un même canton, il peut y avoir beaucoup de différences, comme par exemple entre Payerne et Lausanne).

Résultat inattendu

C’est logique, plus le PS est fort dans un district, plus la population a eu tendance à dire non (le PS s’est opposé au texte). C’est aussi logique, et c’est l’effet le plus fort, plus l’UDC est présente dans un district, plus l’initiative a obtenu de voix. Par contre, il y a un résultat surprenant, et qui explique fortement le désastre de dimanche passé: il n’y a aucun effet des partis de droite économique sur le résultat. En d’autres termes, ces partis (PLR, PDC), malgré leur mot d’ordre, n’ont pas contribué à convaincre la population. On peut observer cela de façon graphique.

Force de l’impact

Dans le graphe ci-dessous, vous pouvez voir représentée graphiquement la force de l’impact des partis (et aussi du taux d’étrangers dans le district, qui est un facteur important). Un coefficient négatif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens à dire non. Un coefficient positif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens vers le oui.

Il faut noter que pour le PDC, le facteur est positif, mais il n’est pas statistiquement significatif. Cela veut dire que l’effet est probablement positif, mais que nous n’avons pas assez de données pour l’affirmer sans ambiguïté.

En version graphique

Comme il n’est pas évident de saisir ce que signifie une régression multiple, voici quelques graphes qui permettent d’observer le phénomène. On constate sur les deux graphes ci-dessous le rapport qu’il y a entre la droite économique et le taux de oui, et ensuite le rapport entre la force du PS et le taux de non.

Ci-dessous, on voit le rapport entre la force de l’UDC et le oui, puis une nouvelle fois le rapport entre le taux d’étrangers et le oui:

Cartes des districts

Afin de se faire une idée des régions concernées, Pierre Dessemontet a réalisé dans le cadre de cette analyse des cartes. La première montre le taux de oui et de non dans la votation par district. Les suivantes montrent les forces politiques. On peut constater que la carte de la votation ressemble beaucoup à la carte des forces politiques du PS ou de l’UDC mais pas du tout à celle du PLR. On peut considérer, toutefois, le Tessin comme une exception très particulière à cette règle. Pour l’UDC, cela s’explique notamment à travers la présence de la lega, un autre parti d’extrême droite.

Voici l’analyse du vote oui-non (rouge, oui, vert, non)

Voici une carte qui représente les forces du PLR (foncé = plus fort)

Et voici celle qui représent les forces du PS (foncé=plus fort):

Enfin, voici l’UDC  (foncé = plus fort):

L’alliance qui coûte cher à la droite

Le canton de Vaud est à cet égard intéressant, car l’UDC et le PLR y ont développé une forte alliance lors des élections et des votes politiques. On peut constater dans ce canton que même le PLR a eu un effet positif sur le résultat de l’initiative, poussant au OUI :

L'UDC et le PS ont convaincu

Bien sûr, chacun a des choses à se reprocher dans cette campagne. Toutefois, il semblerait que malgré tout, le PS a réussi à convaincre son électorat, au moins dans une certaine mesure (les sondages le montraient d’ailleurs clairement). Toutefois, la stratégie d’alliance de la droite avec l’extrême droite a probablement contribué à faire que la campagne de la droite n’était pas assez claire. Il est toujours plus facile de dire les choses après, mais il semble clair que si des moyens suffisants avaient aussi été mis en œuvre pour convaincre l’électorat de la droite classique, et si celle-ci s’était par le passé mieux démarquée de l’UDC, le résultat aurait été différent.

 

Mais Pourquoi? UDC, Images et Statistiques

Le peuple Suisse paiera probablement le tribut de l’alliance régulière entre la droite économique et l’UDC.

REMERCIEMENT: Merci à Pierre Dessemontet qui a largement contribué à ce billet, en particulier à travers la réalisation des quatres cartes ci-dessous. Je vous recommande chaudement la visite de son excellent blog sur ce même site. 

Ces prochaines semaines, je vous proposerai trois analyses sur la libre circulation des personnes, et sur les suites à donner à la votation.

Premièrement, je souhaiterais revenir sur les raisons de ce oui de justesse, et en particulier sur les avalanches de graphiques qui nous ont été montrés, et qui nous ont surpris. Je vous propose une analyse statistique qui permet d’isoler certaines autres causes, importantes, du cet échec de la classe politique.

Je vous proposerai ensuite deux analyses plus prospectives. D’abord je tenterai de clarifier un peu l’immense jungle des conséquences de la votation, en faisant un tour d’horizon et en expliquant de façon vulgarisée ce qui a été beaucoup dit de part et d’autre. En troisième, je vous proposerai une synthèse des solutions proposées avec une analyse des conséquences économiques de ces solutions.

Cause et effet

 

De nombreux analystes ont montré des phénomènes intéressants, notamment en expliquant le oui à l’initiative avec divers facteurs: niveau d’études, richesse, taille des districts, densité de population. L’un des graphiques les plus connus à ce sujet est probablement celui de Martin Grandjean, qui (comme d’autres) a montré sur un graphe simple le rapport entre taux d’étrangers et taux de oui.

Multiples causes

Il y a toutefois un principe important: ce oui est un phénomène complexe, qui est explicable par de nombreuses causes en même temps. Lorsque l’on fait face à ce genre de chose, il faut utiliser des techniques d’analyse qui tiennent compte de tous ses effets en même temps. Une technique qui permet cela s’appelle la "régression multiple". Elle permet de tester plusieurs causes en même temps, et voir s’il y a un rapport fort entre elles et quelque chose qu’on veut observer. C’est l’analyse que je vous propose ici.

J’ai donc analysé le oui au niveau des districts, avec comme facteurs explicatifs potentiels le taux d’étrangers du district, la densité de la population, les forces politiques des grands partis, et certaines données cantonales ou régionales. On peut constater un élément important : le facteur qui influence largement, et le plus fortement, le résultat de la votation est simple : il s’agit des forces politiques. Si beaucoup de facteurs sociodémographiques peuvent contribuer à expliquer le oui, les forces politiques en présence dans les districts sont celles qui ont le plus influencé le résultat.

Les résultats ont été analysés par districts. Cela permet d’avoir beaucoup de données, mais aussi de saisir au mieux la diversité régionale (au niveau d’un même canton, il peut y avoir beaucoup de différences, comme par exemple entre Payerne et Lausanne).

Résultat inattendu

C’est logique, plus le PS est fort dans un district, plus la population a eu tendance à dire non (le PS s’est opposé au texte). C’est aussi logique, et c’est l’effet le plus fort, plus l’UDC est présente dans un district, plus l’initiative a obtenu de voix. Par contre, il y a un résultat surprenant, et qui explique fortement le désastre de dimanche passé: il n’y a aucun effet des partis de droite économique sur le résultat. En d’autres termes, ces partis (PLR, PDC), malgré leur mot d’ordre, n’ont pas contribué à convaincre la population. On peut observer cela de façon graphique.

Force de l’impact

Dans le graphe ci-dessous, vous pouvez voir représentée graphiquement la force de l’impact des partis (et aussi du taux d’étrangers dans le district, qui est un facteur important). Un coefficient négatif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens à dire non. Un coefficient positif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens vers le oui.

Il faut noter que pour le PDC, le facteur est positif, mais il n’est pas statistiquement significatif. Cela veut dire que l’effet est probablement positif, mais que nous n’avons pas assez de données pour l’affirmer sans ambiguïté.

En version graphique

Comme il n’est pas évident de saisir ce que signifie une régression multiple, voici quelques graphes qui permettent d’observer le phénomène. On constate sur les deux graphes ci-dessous le rapport qu’il y a entre la droite économique et le taux de oui, et ensuite le rapport entre la force du PS et le taux de non.

Ci-dessous, on voit le rapport entre la force de l’UDC et le oui, puis une nouvelle fois le rapport entre le taux d’étrangers et le oui:

Cartes des districts

Afin de se faire une idée des régions concernées, Pierre Dessemontet a réalisé dans le cadre de cette analyse des cartes. La première montre le taux de oui et de non dans la votation par district. Les suivantes montrent les forces politiques. On peut constater que la carte de la votation ressemble beaucoup à la carte des forces politiques du PS ou de l’UDC mais pas du tout à celle du PLR. On peut considérer, toutefois, le Tessin comme une exception très particulière à cette règle. Pour l’UDC, cela s’explique notamment à travers la présence de la lega, un autre parti d’extrême droite.

Voici l’analyse du vote oui-non (rouge, oui, vert, non)

Voici une carte qui représente les forces du PLR (foncé = plus fort)

Et voici celle qui représent les forces du PS (foncé=plus fort):

Enfin, voici l’UDC  (foncé = plus fort):

L’alliance qui coûte cher à la droite

Le canton de Vaud est à cet égard intéressant, car l’UDC et le PLR y ont développé une forte alliance lors des élections et des votes politiques. On peut constater dans ce canton que même le PLR a eu un effet positif sur le résultat de l’initiative, poussant au OUI :

L'UDC et le PS ont convaincu

Bien sûr, chacun a des choses à se reprocher dans cette campagne. Toutefois, il semblerait que malgré tout, le PS a réussi à convaincre son électorat, au moins dans une certaine mesure (les sondages le montraient d’ailleurs clairement). Toutefois, la stratégie d’alliance de la droite avec l’extrême droite a probablement contribué à faire que la campagne de la droite n’était pas assez claire. Il est toujours plus facile de dire les choses après, mais il semble clair que si des moyens suffisants avaient aussi été mis en œuvre pour convaincre l’électorat de la droite classique, et si celle-ci s’était par le passé mieux démarquée de l’UDC, le résultat aurait été différent.

 

Mais Pourquoi? UDC, Images et Statistiques

Le peuple Suisse paiera probablement le tribut de l’alliance régulière entre la droite économique et l’UDC.

REMERCIEMENT: Merci à Pierre Dessemontet qui a largement contribué à ce billet, en particulier à travers la réalisation des quatres cartes ci-dessous. Je vous recommande chaudement la visite de son excellent blog sur ce même site. 

Ces prochaines semaines, je vous proposerai trois analyses sur la libre circulation des personnes, et sur les suites à donner à la votation.

Premièrement, je souhaiterais revenir sur les raisons de ce oui de justesse, et en particulier sur les avalanches de graphiques qui nous ont été montrés, et qui nous ont surpris. Je vous propose une analyse statistique qui permet d’isoler certaines autres causes, importantes, du cet échec de la classe politique.

Je vous proposerai ensuite deux analyses plus prospectives. D’abord je tenterai de clarifier un peu l’immense jungle des conséquences de la votation, en faisant un tour d’horizon et en expliquant de façon vulgarisée ce qui a été beaucoup dit de part et d’autre. En troisième, je vous proposerai une synthèse des solutions proposées avec une analyse des conséquences économiques de ces solutions.

Cause et effet

 

De nombreux analystes ont montré des phénomènes intéressants, notamment en expliquant le oui à l’initiative avec divers facteurs: niveau d’études, richesse, taille des districts, densité de population. L’un des graphiques les plus connus à ce sujet est probablement celui de Martin Grandjean, qui (comme d’autres) a montré sur un graphe simple le rapport entre taux d’étrangers et taux de oui.

Multiples causes

Il y a toutefois un principe important: ce oui est un phénomène complexe, qui est explicable par de nombreuses causes en même temps. Lorsque l’on fait face à ce genre de chose, il faut utiliser des techniques d’analyse qui tiennent compte de tous ses effets en même temps. Une technique qui permet cela s’appelle la "régression multiple". Elle permet de tester plusieurs causes en même temps, et voir s’il y a un rapport fort entre elles et quelque chose qu’on veut observer. C’est l’analyse que je vous propose ici.

J’ai donc analysé le oui au niveau des districts, avec comme facteurs explicatifs potentiels le taux d’étrangers du district, la densité de la population, les forces politiques des grands partis, et certaines données cantonales ou régionales. On peut constater un élément important : le facteur qui influence largement, et le plus fortement, le résultat de la votation est simple : il s’agit des forces politiques. Si beaucoup de facteurs sociodémographiques peuvent contribuer à expliquer le oui, les forces politiques en présence dans les districts sont celles qui ont le plus influencé le résultat.

Les résultats ont été analysés par districts. Cela permet d’avoir beaucoup de données, mais aussi de saisir au mieux la diversité régionale (au niveau d’un même canton, il peut y avoir beaucoup de différences, comme par exemple entre Payerne et Lausanne).

Résultat inattendu

C’est logique, plus le PS est fort dans un district, plus la population a eu tendance à dire non (le PS s’est opposé au texte). C’est aussi logique, et c’est l’effet le plus fort, plus l’UDC est présente dans un district, plus l’initiative a obtenu de voix. Par contre, il y a un résultat surprenant, et qui explique fortement le désastre de dimanche passé: il n’y a aucun effet des partis de droite économique sur le résultat. En d’autres termes, ces partis (PLR, PDC), malgré leur mot d’ordre, n’ont pas contribué à convaincre la population. On peut observer cela de façon graphique.

Force de l’impact

Dans le graphe ci-dessous, vous pouvez voir représentée graphiquement la force de l’impact des partis (et aussi du taux d’étrangers dans le district, qui est un facteur important). Un coefficient négatif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens à dire non. Un coefficient positif signifie que le facteur a contribué à pousser les gens vers le oui.

Il faut noter que pour le PDC, le facteur est positif, mais il n’est pas statistiquement significatif. Cela veut dire que l’effet est probablement positif, mais que nous n’avons pas assez de données pour l’affirmer sans ambiguïté.

En version graphique

Comme il n’est pas évident de saisir ce que signifie une régression multiple, voici quelques graphes qui permettent d’observer le phénomène. On constate sur les deux graphes ci-dessous le rapport qu’il y a entre la droite économique et le taux de oui, et ensuite le rapport entre la force du PS et le taux de non.

Ci-dessous, on voit le rapport entre la force de l’UDC et le oui, puis une nouvelle fois le rapport entre le taux d’étrangers et le oui:

Cartes des districts

Afin de se faire une idée des régions concernées, Pierre Dessemontet a réalisé dans le cadre de cette analyse des cartes. La première montre le taux de oui et de non dans la votation par district. Les suivantes montrent les forces politiques. On peut constater que la carte de la votation ressemble beaucoup à la carte des forces politiques du PS ou de l’UDC mais pas du tout à celle du PLR. On peut considérer, toutefois, le Tessin comme une exception très particulière à cette règle. Pour l’UDC, cela s’explique notamment à travers la présence de la lega, un autre parti d’extrême droite.

Voici l’analyse du vote oui-non (rouge, oui, vert, non)

Voici une carte qui représente les forces du PLR (foncé = plus fort)

Et voici celle qui représent les forces du PS (foncé=plus fort):

Enfin, voici l’UDC  (foncé = plus fort):

L’alliance qui coûte cher à la droite

Le canton de Vaud est à cet égard intéressant, car l’UDC et le PLR y ont développé une forte alliance lors des élections et des votes politiques. On peut constater dans ce canton que même le PLR a eu un effet positif sur le résultat de l’initiative, poussant au OUI :

L'UDC et le PS ont convaincu

Bien sûr, chacun a des choses à se reprocher dans cette campagne. Toutefois, il semblerait que malgré tout, le PS a réussi à convaincre son électorat, au moins dans une certaine mesure (les sondages le montraient d’ailleurs clairement). Toutefois, la stratégie d’alliance de la droite avec l’extrême droite a probablement contribué à faire que la campagne de la droite n’était pas assez claire. Il est toujours plus facile de dire les choses après, mais il semble clair que si des moyens suffisants avaient aussi été mis en œuvre pour convaincre l’électorat de la droite classique, et si celle-ci s’était par le passé mieux démarquée de l’UDC, le résultat aurait été différent.

 

Le salaire de la peur

Après avoir fait s’envoler sa prospérité grâce au reste du monde, la Suisse choisit de s’écraser de ses propres ailes.
Le oui à l’initiative de l’UDC, auquel je ne m’attendais pas malgré la progression dans les sondages, est un signal fort qu’à force de jouer avec le feu, nous avons perdu le contrôle. Face à la politique de la peur menée par l’UDC, l’ensemble des autres acteurs aurait dû avoir un discours clair contre la vision de l’étranger qui causerait tous nos maux. Nous devrons assumer toutes les conséquences de ce choix du peuple suisse, mais certainement que nous n’en serions pas là si la majorité politique avait combattu clairement les problèmes tels que le dumping salarial et le travail au noir.

La peur est notre ennemi commun.
Alors que notre pays s’en sort bien dans une Europe particulièrement morose, nous arrivons encore à être contrôlés par la peur. Lorsque l’UDC en a fait son beurre électoral, nombreux sont ceux qui ont suivi, en l’utilisant constamment comme argument électoral. La peur, c’est rapide, c’est efficace, c’est convaincant. Mais l’abus de cette source de voix nous pousse à voter en voulant « donner un signal » plutôt qu’en choisissant une politique. Cela nous pousse à faire un « coup de gueule », plutôt que donner un avis.

Les solutions de demain.
Comment devons-nous nous relever de ce nouveau dimanche noir? Certainement pas en nous plaignant. Si nous voulons retourner cette situation, il faut agir, et montrer que ces actes ont plus d’effet que le rejet de l’autre. Bien sûr, nous verrons dans cinq ans que les conséquences de ce choix seront négatives, et nous pourrons observer cette nouvelle barrière à la prospérité, même si certains s’en sortiront. Mais il faudra aussi tirer les conséquences : si nous voulons continuer à profiter de ce que nous apportent nos relations internationales, nous devons répartir cette valeur équitablement. Des mesures comme le salaire minimum, les contrôles des conditions de travail, la lutte contre le travail au noir (et pas contre les travailleurs), doivent maintenant devenir une priorité. L’économie devrait porter elle aussi ces projets, pour qu’elle puisse bénéficier à nouveau pleinement des avantages de la libre circulation et de relations amicales avec les autres pays de ce monde.

Une prise de conscience.
Je n’ai jamais été un partisan de la politique du pire. Mais maintenant que nous constatons que nous avons choisi de suivre l’UDC qui a souhaité arrêter nettement notre manière de collaborer avec l’Union Européenne, beaucoup de choses sont à reconstruire. Mais ce sera maintenant aux opposants à l’initiative, unis sur ce thème, de montrer les conséquences de ce choix, et de créer pour le futur une vision nouvelle qui j’en suis sur pourrait à nouveau convaincre le peuple de remplacer sa peur par une émotion plus saine, l’espoir.

 

 

 

 

FAIF : Oui! C’est une question de temps!

On dit parfois que le temps, c’est de l’argent! Pour FAIF, on pourrait presque dire l’inverse: l’argent, c’est du temps. Les opposants prétendent que les coûts de ce fonds d’infrastructures sont faramineux. Comparons-les donc à ce que l’on gagne! Et puisque le transport est aussi une question de temps, au lieu de regarder en francs, regardons en minute: la comparaison est édifiante.

Les coûts

Il y a trois sources de financement supplémentaires pour FAIF, qui vont nous coûter quelque chose. D’abord, les Cantons vont devoir mettre la main à la poche pour 200 millions de francs. Pour estimer le coût pour une personne, je suis parti du principe que les cantons allaient utiliser leurs recettes fiscales pour payer cette somme. Pour une personne avec un revenu médian (c’est-à-dire qui gagne 6'000 francs brut par mois), la part d’impôt que cela lui coûtera est d’environ 2 francs par mois. Evidemment, c’est encore moins cher s’il s’agit d’un ménage avec un couple ou avec des enfants, et plus cher pour les très hauts revenus.

La TVA devrait théoriquement baisser de 0.1%, mais avec FAIF, cette part sera maintenue. Il est difficile d’estimer exactement ce que coûte 0.1% de TVA car cela dépend beaucoup de ce que l’on consomme. Toutefois, si la personne qui gagne 6'000 francs de revenu dépense pour 4'000 francs dans des biens imposables en TVA, cela lui coûterait 4 francs par mois.

Enfin, certaines personnes qui déclaraient de très hauts frais de transports (plus de 3'000 francs) ne pourront plus déduire ce qui dépasse 3'000 francs. Cela ne change rien pour une majorité écrasante de la population. En effet, cela ne concerne que l’Impôt Fédéral Direct, et il faut avoir un revenu élevé pour en payer une grande quantité. Aussi, seuls 20% environ de la population déduit ses frais de transport déclarent aujourd’hui plus de 3'000 Francs. En somme, cela concerne peu de monde, et même si vous êtes concernés, il faut avoir un très haut revenu pour que cela ait un gros impact sur votre facture d’impôt fédéral direct.

Donc au total, 6 francs par mois de coût. Si l’on convertit cela au salaire horaire que touche une personne avec un revenu médian, c’est l’équivalent de 9 minutes et 40 secondes de travail (ou environ 30 secondes par jour).

Ce que l’on gagne

Ce que rapporte FAIF, par contre, est incommensurable. Pensez-donc: des dizaines de projets, donc énormément concernent la Suisse Romande qui est aujourd’hui particulièrement en retard. C’est un investissement régulier, qui a donc tous les avantages des grands investissements: chaque franc qui est dépensé crée de l’emploi, au total, on parle de milliers de places de travail (qui génèreront d’ailleurs des recettes fiscales). Aussi, un bon réseau de transport est un avantage énorme pour les entreprises et permet aux commerces d’être plus rentables. Des infrastructures mal entretenues coûtent finalement plus chères et rendent les gens malheureux, voire exaspérés.

Allez donc voir sur le site de la confédération la carte interactive si vous voulez vous faire une idée des projets à travers la Suisse. Ces projets visent à augmenter massivement les cadences, c’est-à-dire le nombre de train par heure, mais aussi la capacité (nombre de passagers qu’il est possible de transporter sans trains bondés). De plus, cela réduira les retards et accélérera plusieurs temps de parcours. Enfin, il ne faut pas oublier que plus un réseau de transports publics est efficace, plus les gens l’utilisent au détriment de la voiture. Même les automobilistes y gagnent: moins de voitures sur les routes, cela veut dire des trajets plus rapides et agréables pour eux aussi.

Un trajet en voiture qui est une minute plus rapide par trajet, c’est 40 minutes économisées par mois. Un train qui passe tous les quarts d’heures au lieu de 30 minutes, c’est en moyenne 5 heures par mois de gagnées. Un train qui gagne 2 minutes par trajet, c’est 1 heure 20 de gagnée par mois. Bref  les gains concernent tout le monde et sont bien plus élevées que les 9 petites minutes de travail calculées ci-dessus.

Même pour les gens qui gagnent beaucoup plus, cela reste avantageux. Nous n’avons plus le temps de dire non: un oui à FAIF n’a que des avantages, car les coûts en termes de temps de travail sont largement compensés par le temps gagné par les personnes et les entreprises. S’il est vrai que nous sommes attachés à notre pouvoir d’achat, rappelons-nous que le plus important est bien le pouvoir de faire.

1 Défaite, 12 Victoires ?

Le peuple a dit non à 1 :12. Les arguments contre l’initiative étaient notamment les suivants :

a)      Les bas salaires ne changeraient pas,

b)      Les hauts salaires ne changeraient pas, car on peut contourner la loi et en plus cela coûterait cher à l’état et aux assurances sociales

c)       Cela ferait du mal à l’économie

d)      Si le peuple accepte l’initiative, des entreprises menacent de partir

Voici douze propositions qui répondent à ces arguments, et qui peuvent donner un peu d’espoir à celles et ceux qui, comme les initiants d’1 :12, aspirent à une société plus juste. Il reste beaucoup de choses que l’on peut faire dans ce sens, et si l’échec de l’initiative 1 :12 n’est pas agréable pour la gauche, nous pouvons avoir espoir que d’autres mesures pourront atteindre les mêmes buts, peut-être même mieux.

A)     Concernant les bas salaires et les plus défavorisés :

1)      Salaire Minimum 

L’instauration d’un salaire minimum est fondamentale, car elle touche aux personnes précarisées qui travaillent. Il n’est pas acceptable que dans notre société, quelqu’un qui travaille à 100% n’ait pas les moyens de vivre décemment. Une mesure comme celle-ci est facile à appliquer

2)      Soutenir l’économie sociale et solidaire

Il existe beaucoup de potentiel dans l’économie sociale et solidaire, qui n’est pas encore exploité. On pourrait par exemple développer le financement du microcrédit pour soutenir les personnes en difficulté dans la création d’entreprises. On dit que les banques ne prêtent qu’aux riches, mais ça pourrait changer. Aussi, il faut soutenir l’économie réelle, particulièrement lorsqu’elle aide à l’insertion.

3)      Stopper la spéculation sur les biens alimentaires et autres sources de revenus non éthiques

La spéculation sur les biens alimentaires permet à certaines personnes de gagner beaucoup d’argent au détriment de personnes très défavorisées, ayant parfois des conséquences désastreuses comme des crises alimentaires. Les activités financières doivent être encadrées pour éviter qu’elles ne causent la ruine des plus faibles.

B)      Concernant les abus des hauts revenus

4)      Instaurer des cotisations sociales sur les dividendes

On a accusé l’initiative 1 :12 de causer des pertes pour l’AVS. C’est parce que les gains que les actionnaires font lorsqu’ils ne payent pas assez de salaires ne sont pas soumis aux cotisations sociales. Nous pourrions mettre les salariés et les actionnaires sur pied d’égalité en soumettant aussi les revenus des actionnaires aux cotisations sociales. Finalement, n’est-il pas injuste de taxer davantage quelqu’un qui gagne de l’argent en travaillant que quelqu’un qui gagne de l’argent sans travailler ?

5)      Supprimer les forfaits fiscaux et autres privilèges injustes pour les riches

Aujourd’hui, les personnes les plus riches ne sont pas à la même enseigne que les autres. Par exemple, il y a la pratique des forfaits fiscaux qui font que des riches étrangers qui gagnent beaucoup plus que d’autres payent toutefois moins d’impôt. Aussi, entre riches et pauvres, il n’y a pas toujours les mêmes règles qui s’appliquent en matière de déductions fiscales.

6)      Taxer les transactions financières

De nombreuses personnes sur les marchés financiers font de nombreuses transactions par jour (parfois par seconde), en gagnant ainsi des sommes considérables sans produire de valeur. Taxer, faiblement, les transactions financières est une solution intelligente pour dissuader ces comportements purement spéculatifs, sans réduire l’intérêt des véritables investisseurs.

C)      Concernant le développement de l’économie

7)      Soutenir les entreprises qui ont un véritable ancrage local

Les entreprises qui peuvent menacer de partir du jour au lendemain constituent un gros risque pour nos recettes fiscales, mais aussi pour l’emploi. En plus, elles n’ont pas tendance à beaucoup engager de main d’œuvre locale en comparaison des autres. Il faut favoriser le développement et la création d’entreprises qui s’engagent à rester durablement et qui investissent suffisamment pour ne pas pouvoir partir sans que cela ne représentent un grand coût pour elles.

8)      Innover le financement des entreprises

C’est une excellente chose de soutenir l’innovation, notamment technologique, mais l’innovation peut aussi se trouver dans la manière d’organiser l’économie. Il faudrait d’avantage promouvoir le crowdfunding (financement par les foules), et le développement de sociétés coopératives.

9)      Soutenir les familles

Les familles, dans toutes leurs diversités (notamment les familles monoparentales et celles dont les deux parents travaillent) ont besoin de soutien. Mais ce soutien ne doit pas se faire sur la fiscalité, mais à travers des aides directes, comme les allocations familiales qui doivent être augmentées. Par contre, lorsque la fiscalité est injuste, elle doit être corrigée. Aujourd’hui, l’imposition de la famille profite toujours aux ménages dont un seul des deux membres travaille. Il faudrait, par exemple, en venir à l’imposition individuelle qui assurerait que la fiscalité ne dépende pas de nos choix de couple.

D)     Concernant la démocratisation de la société

10)   Transparence du financement des partis

On a pu constater que certains partis défendaient très ardemment les grandes entreprises qui versaient des salaires mirobolants.  La Suisse est continuellement épinglée pour l’opacité du financement des partis politiques. Aujourd’hui, il est impossible de savoir qui finance les partis, et quels sont leurs véritables liens d’intérêt. Le premier pas vers une meilleure démocratie serait de permettre aux électeurs de savoir qui finance leurs élus.

11)   Démocratiser les entreprises

On voit bien à quel point les entreprises défendent souvent des politiques qui vont à l’encontre de l’intérêt de leurs salarié-e-s, par exemple en s’opposant à toute politique visant à garantir des salaires décents. Il est temps de renforcer le pouvoir de représentation des employés au sein des entreprises, car ils ne sont pas suffisamment écoutés. J’avais d’ailleurs déjà proposé d’instaurer un système qui ferait que chaque année, petit à petit, la gouvernance des entreprises passe aux mains de leurs salarié-e-s.

12)   Arrêter le dumping fiscal et la concurrence fiscale abusive.

Aujourd’hui, une des raisons pour lesquelles la société n’est pas démocratique, est que les entreprises ont tendance à dicter leur volonté, notamment fiscale. La concurrence fiscale entre les cantons et entre les pays permet à ces sociétés de ne payer que très peu d’impôts, tout en profitant des infrastructures publiques et du pouvoir d’achat de la population. Il faut donc empêcher aux cantons et aux paradis fiscaux de permettre aux entreprises d’abuser de le pouvoir de délocalisation, en  harmonisant mieux la fiscalité.

Ce ne sont que douze idées plutôt de nature économique, mais elles montrent qu’un échec n’est pas un arrêt. Petit à petit, nous pourrons renforcer la démocratie de notre pays et pourquoi pas de notre monde, en instaurant plus d’équité, et sans que cela n’empêche le progrès.