FAIF : Oui! C’est une question de temps!

On dit parfois que le temps, c’est de l’argent! Pour FAIF, on pourrait presque dire l’inverse: l’argent, c’est du temps. Les opposants prétendent que les coûts de ce fonds d’infrastructures sont faramineux. Comparons-les donc à ce que l’on gagne! Et puisque le transport est aussi une question de temps, au lieu de regarder en francs, regardons en minute: la comparaison est édifiante.

Les coûts

Il y a trois sources de financement supplémentaires pour FAIF, qui vont nous coûter quelque chose. D’abord, les Cantons vont devoir mettre la main à la poche pour 200 millions de francs. Pour estimer le coût pour une personne, je suis parti du principe que les cantons allaient utiliser leurs recettes fiscales pour payer cette somme. Pour une personne avec un revenu médian (c’est-à-dire qui gagne 6'000 francs brut par mois), la part d’impôt que cela lui coûtera est d’environ 2 francs par mois. Evidemment, c’est encore moins cher s’il s’agit d’un ménage avec un couple ou avec des enfants, et plus cher pour les très hauts revenus.

La TVA devrait théoriquement baisser de 0.1%, mais avec FAIF, cette part sera maintenue. Il est difficile d’estimer exactement ce que coûte 0.1% de TVA car cela dépend beaucoup de ce que l’on consomme. Toutefois, si la personne qui gagne 6'000 francs de revenu dépense pour 4'000 francs dans des biens imposables en TVA, cela lui coûterait 4 francs par mois.

Enfin, certaines personnes qui déclaraient de très hauts frais de transports (plus de 3'000 francs) ne pourront plus déduire ce qui dépasse 3'000 francs. Cela ne change rien pour une majorité écrasante de la population. En effet, cela ne concerne que l’Impôt Fédéral Direct, et il faut avoir un revenu élevé pour en payer une grande quantité. Aussi, seuls 20% environ de la population déduit ses frais de transport déclarent aujourd’hui plus de 3'000 Francs. En somme, cela concerne peu de monde, et même si vous êtes concernés, il faut avoir un très haut revenu pour que cela ait un gros impact sur votre facture d’impôt fédéral direct.

Donc au total, 6 francs par mois de coût. Si l’on convertit cela au salaire horaire que touche une personne avec un revenu médian, c’est l’équivalent de 9 minutes et 40 secondes de travail (ou environ 30 secondes par jour).

Ce que l’on gagne

Ce que rapporte FAIF, par contre, est incommensurable. Pensez-donc: des dizaines de projets, donc énormément concernent la Suisse Romande qui est aujourd’hui particulièrement en retard. C’est un investissement régulier, qui a donc tous les avantages des grands investissements: chaque franc qui est dépensé crée de l’emploi, au total, on parle de milliers de places de travail (qui génèreront d’ailleurs des recettes fiscales). Aussi, un bon réseau de transport est un avantage énorme pour les entreprises et permet aux commerces d’être plus rentables. Des infrastructures mal entretenues coûtent finalement plus chères et rendent les gens malheureux, voire exaspérés.

Allez donc voir sur le site de la confédération la carte interactive si vous voulez vous faire une idée des projets à travers la Suisse. Ces projets visent à augmenter massivement les cadences, c’est-à-dire le nombre de train par heure, mais aussi la capacité (nombre de passagers qu’il est possible de transporter sans trains bondés). De plus, cela réduira les retards et accélérera plusieurs temps de parcours. Enfin, il ne faut pas oublier que plus un réseau de transports publics est efficace, plus les gens l’utilisent au détriment de la voiture. Même les automobilistes y gagnent: moins de voitures sur les routes, cela veut dire des trajets plus rapides et agréables pour eux aussi.

Un trajet en voiture qui est une minute plus rapide par trajet, c’est 40 minutes économisées par mois. Un train qui passe tous les quarts d’heures au lieu de 30 minutes, c’est en moyenne 5 heures par mois de gagnées. Un train qui gagne 2 minutes par trajet, c’est 1 heure 20 de gagnée par mois. Bref  les gains concernent tout le monde et sont bien plus élevées que les 9 petites minutes de travail calculées ci-dessus.

Même pour les gens qui gagnent beaucoup plus, cela reste avantageux. Nous n’avons plus le temps de dire non: un oui à FAIF n’a que des avantages, car les coûts en termes de temps de travail sont largement compensés par le temps gagné par les personnes et les entreprises. S’il est vrai que nous sommes attachés à notre pouvoir d’achat, rappelons-nous que le plus important est bien le pouvoir de faire.

Samuel Bendahan

Conseiller national socialiste vaudois et Docteur en sciences économiques, Samuel Bendahan enseigne à HEC Lausanne (UNIL) et à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), au Collège des humanités et y fait de la recherche. Il est également président de BSC Association, une entreprise organisée sous forme d'association à but non lucratif.