L’élection au Conseil d’Etat Vaudois aura beaucoup d’enjeux, particulièrement autour du modèle unique de gouvernance que nous avons eu la chance d’expérimenter ces dernières années. Voici quelques uns des arguments qui à mon avis devraient être pris en considération et expliquent mon soutien à ces deux candidatures.
Le « Miracle Vaudois » n’est pas un miracle, mais le fruit d’un travail mené par le Conseil d’Etat à majorité de gauche, en dialogue avec l’ensemble des forces politiques. Alors que la conflictualité et la nervosité règnent à beaucoup d’endroits, le canton de Vaud a réussi par l’usage du compromis, à faire passer un nombre record de projets pour son futur dans tous les domaines. Ces réussites ont pu se faire tout en remboursant chaque année des centaines de millions de francs de dettes et pré-financements. Cela ne veut pas dire que tout va bien, loin de là, mais que ce gouvernement est allé dans la bonne direction. En cas de reprise de la majorité par la droite, elle risque fortement de se comporter comme dans d’autres pays ou cantons, ou au niveau fédéral, en proposant des projets extrêmes et conflictuels, faisant voler en éclat le fragile équilibre que nous vivons depuis 5 ans.
Jacques Nicolet fait semblant d’être un UDC « modéré et agrarien ». Pourtant, comme président de parti, il a publié un programme particulièrement extrême, critiquant les combats pour l’égalité des femmes et incitant au retour du devoir de correction (la gifle) et critiquant les crèches et garderies. Pour sa défense, Jacques Nicolet dit qu’il n’a rien à voir avec l’UDC Zurichoise, qu’il ne faut pas mélanger les niveaux cantonal et fédéral, tout en s’alliant avec Isabelle Chevalley. Pourtant, au parlement fédéral Jacques Nicolet et Isabelle Chevalley ne partagent que 44% des votes (Paul le Poulpe votant au hasard entre oui et non serait plus d’accord avec Mme Chevalley que Jacques Nicolet). Par contre, dans plus que 92% des cas Jacques Nicolet est d’accord avec Roger Köppel, nouvel idéologue de l’UDC Zurichoise Blochérienne.
Le pouvoir corrompt, et nous devons avouer que ce n’est pas l’appétit du pouvoir qui réveille ce qu’il y a de meilleur en nous. Nous avons alors cette tendance à pester contre les politiques lorsqu’ils font preuve d’opportunisme, d’individualisme et de mépris de leurs valeurs. Si nous élisons Isabelle Chevalley ou Jacques Nicolet, nous récompensons ces comportements purement opportunistes. Nous disons à nos politiques : mieux vaut mentir et se contorsionner que d’être claire et sincère pour obtenir la confiance du peuple. Voter pour Cesla Amarelle et Béatrice Métraux, c’est aussi récompenser deux politiciennes sincères et courageuses, plutôt que des personnes qui sont prêtes à dire tout et son contraire dans le simple but d’être élu. Une alliance doit être une vraie concordance de valeurs et de projet, pas une stratégie pour induire l’électorat à nous faire prendre le pouvoir.
Béatrice Métraux et Cesla Amaralle ont une capacité de travail avec l’ensemble du spectre politique qui est largement reconnue. La première a réussi à faire passer de nombreux projets, dont la loi sur le logement, avec une majorité de droite au Grand Conseil. Cesla Amarelle a des talents de compromis qui ont été très utiles, notamment comme artisane du travail du parlement sur l’immigration de masse, élaboré avec la droite. Elle dispose d’ailleurs d’un excellent réseau à Berne, et cela sera fondamental pour les prochains défis, comme l’évolution de la réforme de l’imposition des entreprises fédérale. A contrario, comme on a pu le constater dans l’instant politique de la RTS lundi, les politiciens influents et journalistes sur la scène fédérale ne savent même pas qui est Jacques Nicolet et on clairement dit que des trois candidats venant du Conseil National, Cesla Amarelle est celle qui a été la plus influente et travailleuse. Convaincre à Berne, sera un enjeu majeur de la prochaine législature.
Isabelle Chevalley, selon son propre profil Smartvote (Jacques Nicolet ne l’a pas rempli), n’est pas favorable à l’investissement dans les structures de prise en charge extra-familiales (centres de jours, places d’accueil, …). Elle souhaite en plus réduire les subsides pour l’assurance maladie. A titre d’exemple, il s’agit de deux positions sur des sujets clés, en claire opposition avec le paquet RIE3 vaudois, plébiscité par 87% des Vaudoises et Vaudois. Les deux candidats de droite disent vouloir maintenir ce paquet, mais en même temps ont dit à plusieurs reprises dans la campagne vouloir briser une des mesures de ce compromis, en baissant les impôts des riches malgré l’accord voté au grand conseil sur la fiscalité des personnes physiques. Pour rappel, le compromis propose une baisse de l’imposition des entreprises, la suppression des statuts spéciaux, et une hausse du pouvoir d’achat de la classe moyenne, et notamment une hausse des déductions fiscales. En baissant le point d’impôt, cela remettrait le canton en difficultés financière au lieu d’aider la classe moyenne comme le compromis vaudois le propose.
De plus, la candidate se dit « verte ». Mais contrairement au PS et aux Verts, elle est favorable à l’extraction d’hydrocarbures dans le canton, au gaz de Schiste et à l’exploitation de carrières dommageables à l’environnement, toujours selon son propre profil Smartvote. Ici l’étiquette verte est en réalité une tentative de prise artificielle de voix, la couche de camouflage d’une vraie néolibérale.
Avec une vision de régression en opposition nette avec les valeurs du milieu de l’enseignement, imaginez-vous vraiment un UDC en ligne avec Roger Köppel prendre en charge l’école ? Des dérapages importants ont été constatés récemment, par exemple dans le Valais, lorsqu’ils ont essayé avec Oskar Freysinger : en 4 ans, ils ont compris l’erreur de porter un UDC au gouvernement. Pour collaborer avec eux, le milieu de l’enseignement ont besoin de personnes sincères et franches, ainsi qu’à l’écoute, plutôt que de personnes avec peu d’intérêt pour leur travail, ou prêtes à changer d’avis du jour au lendemain en fonction de son simple intérêt personnel, voire qui passent leur temps à expliquer que ce n’est pas ce qu’elles ont voulu dire. Cesla Amarelle et Béatrice Métraux ont une vision progressiste et ouverte de l’enseignement, voulant renforcer toutes les voies possibles, et intégrer la formation continue, plutôt que de mettre les choix de formation en opposition. Cesla Amaralle a une expérience claire dans le dialogue direct qui lui permettra, si elle est élue et reprend ce département, d’être sincèrement à l’écoute, mais aussi d’agir là où il faut.
Tout le monde a salué les succès du gouvernement sortant, à majorité de gauche, même si évidemment rien n’est parfait. Si, lorsqu’une majorité travaille bien et obtient de nombreux succès concrets y compris devant le peuple, pensez-vous que c’est un bon signal de punir cette majorité ? Cela inciterait notre futur gouvernement à être dans la posture et la démagogie plutôt que dans le compromis et les actes concrets.
Avancer dans le bonne direction
Si nous élisons Cesla Amarelle et Béatrice Métraux, nous continuerons sur la même voie que la législature qui s’achève, avec un parlement à peu près équivalent et un gouvernement équivalent. Il y a encore beaucoup de travail, mais en continuant dans la même direction que le précédent gouvernement a pu tracer, et avec l’obligation de construire des compromis, tenant compte de toutes les forces en présence, nous assurons que pendant les cinq prochaines années, seront faites des avancées significatives dans l’ensemble des domaines en charge des pouvoirs publics, pour le bonheur de plus en plus d’habitants de notre canton.
Déclaration d’intérêts : en tant que membre du parti socialiste particulièrement intéressé à cette élection je ne prétends pas à l’impartialité, mais j’ai fait de mon mieux pour exposer des arguments factuels et vérifiables à l’intention de personnes qui ne partagent pas forcément mon avis.