La COP 27 a tourné à la farce

Tenue dans un Etat policier qui a tout fait pour isoler la COP de la réalité du pays, la 27e du nom entrera dans l’histoire comme une gigantesque farce. Non seulement les lobbyistes des énergies fossiles s’y sont infiltrés par centaines, mais c’est bien la première COP où la volonté de réduire les émissions mortifères de CO2, à la durée de vie dans l’atmosphère d’un siècle, reculait.

De l’action sur les causes au dédommagement des effets

Pas moyen d’obtenir un plan clair de désengagement des énergies fossiles, ni de la part des pays producteurs, ni de ceux qui refusent de baser leur développement sur les énergies renouvelables et la sobriété énergétique. Les grands pollueurs que sont aujourd’hui la Chine et dans une mesure moindre l’Inde ont tout fait pour focaliser le débat sur le financement, par les pays industrialisés historiquement responsable du réchauffement climatique, de la réparation de ses effets, prenant en otage les pays directement menacés par celui-ci.

Sous couvert de justice climatique, on a ainsi déplacé le curseur de la limitation des émissions au dédommagement de leurs effets. Et la réaffirmation de la cible de l’Accord de Paris n’a été obtenue que d’extrême justesse.

Autant dire que la fonte globale des glaces et du permafrost, l’augmentation du niveau des océans, les sécheresses, canicules, incendies massifs de forêts et inondations tout aussi massives vont continuer de plus belle. La recette est diabolique : le mode de développement carboné peut continuer, puisque ses conséquences économiques seront facturées aux pays industrialisés.

Les COP, indispensables révélateurs

Pourtant ce serait une grave erreur de renoncer à ces rencontres annuelles; elles permettent précisément de prendre la mesure de l’état des volontés politiques et d’attribuer clairement les responsabilités. Et nous avons eu de la chance ce mois de novembre 2022: Trump n’est pas encore de retour et Bolsonaro a été battu. Sinon les deux grands Etats d’Amérique, dont ces deux personnages représentent la face climatosceptique et climatodestructrice, auraient eu plaisir à joindre leur voix à celle de la Chine, de l’Inde et de l’Arabie saoudite.

Ces COP sont aussi toujours accompagnées de nombreux rapports et synthèses scientifiques,  contrastant de plus en plus fortement avec ce qui se dit et se décide lors de ces rencontres.

Sols, climat et biodiversité ont partie liée

Ainsi en mai, s’est tenue la COP de la convention sur la lutte contre la désertification, accompagnée de la publication d’un rapport de son secrétariat, « Perspectives territoriales mondiales ». Selon ce rapport, 40% des terres sont désormais dégradées, impactant la moitié de l’humanité alors que voici 5 ans seulement, leur part était de 25%. Il souligne le lien direct entre la dégradation des capacités productives des sols et des écosystèmes, et celle des conditions de vie des populations, conduites à s’entasser dans les bidonvilles, voire à migrer plus loin.

«À l’échelle mondiale, les systèmes alimentaires sont responsables de 80% de la déforestation et de 70% de l’utilisation de l’eau douce. Ils constituent aussi la principale cause de perte de biodiversité terrestre. La santé des sols et la biodiversité sous terre – la source de presque toutes nos calories alimentaires – ont été également largement négligées par la révolution agricole industrielle du siècle dernier » relève ce document.

Dans deux semaines se tiendra la COP de la convention sur la biodiversité, là aussi sur fond d’érosion accélérée de nos bases d’existence. En octobre a paru, comme tous les deux ans, le rapport «Planète Vivante» édité par la société zoologique de Londres et le WWF international. La perte de la biodiversité est suivie à travers de 32’000 populations représentatives de 5’230 espèces de vertébrés (mammifères, poissons, oiseaux, amphibiens et reptile). Entre 1970 et 2018 ces populations ont diminué de 69% et les populations des espèces des eaux douces ont décrû de 83%.

La réduction des effectifs précède la réduction du nombre des espèces. Sur 147’515 espèces suivies par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) 41’459 sont menacées, soit 13% des oiseaux, 27 % des mammifères, 34% des conifères et 41 % des amphibiens. Sur les 8 millions d’espèces vivantes connues, 1 million vont disparaître durant ces prochaines décennies.

Les liens sont évidents entre sols, climat et biodiversité, et ces 3 conventions dites de Rio l’avaient déjà souligné lors de leur adoption au début des années 1990.

Du déni au refus

Le mécanisme du déni de ces enjeux malgré la nécessité constamment réaffirmée que « des changements fondamentaux dans la façon dont les sociétés produisent et consomment sont indispensables pour réaliser un développement durable à l’échelle mondiale » s’est passé en trois phases.

La première phase a été la contrition et l’autoflagellation sans suite. Le meilleur exemple en a été le cri du coeur de Jacques Chirac en 2002 au Sommet mondial du développement durable de Johannesburg: «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » – attitude dont il a n’a cessé d’être le parfait représentant.

La deuxième fut celle des engagements excellemment formulés mais que la plupart de ceux qui les prononcent n’ont aucune intention d’appliquer. On peut citer ici l’Agenda 2030 des Nations Unies, le droit à l’eau et à l’assainissement adopté en 2010 par l’Assemblée générale de l’ONU, ou encore les divers engagements pris en matière de biodiversité (Déclaration d’Aichi notamment).

Et le 3e stade est celui de la franche opposition. C’est la phase dans laquelle nous nous trouvons actuellement ; tant les Etats que les opinions publiques sont divisés et les partis populistes engrangent leurs voix aussi sur le thème « touche pas à mon mode de vie ».

Faire sa part quoi qu’il arrive

Que faire devant ce blocage, qu’on ressent fortement aussi chez nous dans les polémiques sur la circulation automobile, les produits carnés ou les éoliennes, par exemple ? Ce qui a changé en 30 ans, depuis l’entrée en vigueur des conventions de Rio, est la position de la technique et de l’économie. Comme Bertrand Piccard le souligne à juste titre, les solutions techniques et sociétales sont là, leur bilan écologique, économique et social est excellent. De plus en plus de personnes les appliquent, les proposent, s’y identifient.

Si nous roulions moins, avec un meilleur taux d’utilisation et des véhicules moins puissants, si nous ne mangions que de la viande d’herbivores se repaissant d’herbe de proximité, ce serait déjà une bonne avancée. Nous sommes libres de boycotter les produits nocifs et de promouvoir ce qui est bénéfique. Au niveau des collectivités locales, des acteurs économiques, le changement est en nos mains, quel que soit le spectacle que donnent les acteurs nationaux et globaux. Et « faire sa part » peut être aussi une façon de « sauver sa peau ».

 

 

 

René Longet

Licencié en lettres à l’Université de Genève, René Longet a mené en parallèle d’importants engagements, dans le domaine des ONG et du monde institutionnel, pour le vivre-ensemble ainsi qu'un développement durable. Passionné d’histoire et de géographie, il s’interroge sur l’étrange trajectoire de cette Humanité qui, capable du meilleur comme du pire, n’arrive pas encore bien à imaginer son destin commun.

29 réponses à “La COP 27 a tourné à la farce

  1. L’Histoire se répète toujours (au moins) deux fois. La première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce. Karl Marx

  2. Pas un mot sur la “mère de toutes les batailles”, la SURPOPULATION de notre globe. Toutes les mesures intelligentes visant à réduire la pollution sont contrecarrées – voire annulées – par la marée montante de la population. Non seulement la population de notre Terre (et de la Suisse) est sans commune mesure avec ce qu’elle était au début du XXe siècle, mais en plus ses besoins et sa consommation d’énergie également. La pertinente initiative ECOPOP a été balayée par le peuple, mais ce dernier ne veut pas – dans sa grande majorité – changer son mode de vie. On en est là ? On en est là !

      1. Il semble qu’un aspect de cette prospective vous ait échappé : A LA FIN DU SIECLE.

        En regardant les courbes, on commencera à observer une diminution au mieux dans 30 ans.

        D’ici là, les dégâts causés à la planètes seront bien plus avancés qu’aujourd’hui et en partie irréversibles.
        Cette baisse de la population arrivera trop tard.

        1. « La probabilité que la taille de la population mondiale commence à se réduire dans les vingt prochaines années est bien plus élevée que ce que nous avions prévu initialement »
          Qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans cette phrase?
          Ne vous en déplaise, un tel scénario est tout à fait réaliste.
          2022 semble déjà marquer un ralentissement important de la croissance de la population mondiale.
          Tout indique donc que la peur d’une hausse incontrôlée de la population est non seulement fausse, mais que c’est le contraire qui est en train de se produire: nous sommes sur le point de basculer dans la baisse de la population humaine sur terre, ce qui est inédit depuis des siècles.
          Quant aux dégâts irréversibles, ce sont ceux des partisans de votre idéologie, qui répètent du soir au matin qu’il y aurait trop d’être humain sur terre.
          Il n’y a pas trop d’êtres humains, mais trop de consommation frénétique organisée et de folies humaines (notamment l’armement – pour lequel les dépenses atteignent des sommets).
          Quand cette folie économique s’arrêtera – et elle s’arrêtera car l’humanité a vécu plus simplement durant des millénaires et que nous pouvons d’autant plus simplement le faire avec tous nos acquis scientifique – cette terre ne sera pas irrémédiablement détruite, mais tout à fait viable et paisible.
          Mais pour cela il faudrait au préalable renoncer à votre idéologie.

          1. J’observe qu’en Suisse, de 1861 à 2021, il n’y a eu que 4 années où la population résidente à diminué: 1918 (grippe espagnole) et 1975-1976-1977 (crise, départ d’étrangers). La population suisse est passée d’environ 2,5 millions (1861) à près de 9 millions (2022), et je ne vois aucune amorce d’une baisse.
            Quant au monde entier, selon l’ONU (https://www.un.org/fr/global-issues/population#:~:text=Selon%20les%20projections,%20la%20population,individus%20vers%20l'an%202100), la population mondiale atteindra 8,5 milliards en 2030, 9,7 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100. La fameuse “transition démographique” ne s’est pas produite en Afrique où la population va s’accroître massivement durant ce siècle.

          2. L’allongement continu de l’espérance de vie projeté par l’ONU n’est pas en ligne avec ce qui est observé sur le terrain depuis plusieurs années.
            Les projections de l’ONU sont donc peu réalistes, comme le souligne l’article approfondi que je vous ai fourni. Au contraire, la population mondiale va baisser.
            Quant à la Suisse son attractivité économique est exceptionnelle dans le monde – l’accroissement de sa population n’est absolument pas résultat d’une natalité incontrôlée. C’est un mauvais exemple pour prédire l’accroissement de la population en Europe.
            La Suisse est simplement un îlot de prospérité dans une Europe en difficultés économiques.

          3. Non seulement j’ai bien lu cette phrase, mais je fais justement référence à la tendance actuelle en parlant de 30 ans avant une inflexion de la courbe (bien que je pense que la réalité se situera quelque part entre la tendance actuelle et la courbe de référence de l’ONU).

            Quant à l’ « idéologie » à laquelle vous faites allusion ce n’est pas « la mienne », il s’agit de l’aspiration de tout être humain à améliorer son sort et celui de ses proches. Ca peut aller de sécuriser simplement son champs et son bétail pour assurer son alimentation jusqu’aux délires de certains milliardaires. C’est juste une question de possibilités et d’ambition.

            Je vous rappelle que près de 50% de l’humanité ne possède pas de toilettes, quand des milliards d’êtres humains manquent des infrastructures nécessaires à une vie décente. Si l’on rajoute à tout cela les migrations dues aux changements climatiques ou aux aléas de la géopolitique, le besoin en matières premières et en énergie ne va cesser d’augmenter ces prochaines décennies pour (re-)construire les infrastructures nécessaires.

            Donc oui, l’augmentation de la population, même limitée à quelques générations, combinée aux besoin en infrastructures pour toutes ces personnes ne feront qu’alourdir le prélèvement des ressources sur la planète.

            Et ne nous faisons pas d’illusions : les classes moyennes occidentales et les classes moyennes émergentes dans des pays comme la Chine ou l’Inde n’ont aucune intention de renoncer à leurs confort. Ces besoins en infrastructures viendront donc se rajouter à la consommation déjà existante et ne la remplaceront pas.

            Certainement que les technologies utilisées seront plus « légères » en terme d’impact écologique, mais la multiplication des besoins en ressources, parfois vitales, va au mieux ralentir la courbe de consommation. Certainement pas l’infléchir.

            Vous pensez que la fête est finie pour les occidentaux. Peut-être.
            Mais pour tous ceux, majoritaires, qui n’y ont pas été conviés c’est maintenant qu’elle commence.

          4. Je suis assez largement d’accord avec ce commentaire. N’en reste pas moins que les solutions qui sont maintenant proposées et techniquement assez avancées pour réduire l’empreinte écologique des pays industrialisés (économie circulaire, agroécologie, sobriété énergétique, développement des transports publics, maisons positives, chimie propre, commerce équitable, finance durable, etc.) mais politiquement controversées pourraient montrer que le chemin du “développement” n’est pas univoque et qu’on peut vivre mieux (ce qui est le but du développement) avec une moindre destruction des bases de l’existence. Car sans eau, sans sol, sans air… on peut oublier la quête du confort et de la facilité qui fait une bonne partie de l’attractivité du monde consumériste (qui est en réalité un monde de consumation plus que de consommation).

          5. “Vous pensez que la fête est finie pour les occidentaux. Peut-être.
            Mais pour tous ceux, majoritaires, qui n’y ont pas été conviés c’est maintenant qu’elle commence.”
            Je ne sais pas dans quel monde vous vivez, mais beaucoup de gens ne sont pas à la fête en ce moment, ici comme ailleurs.
            Quant au fait que les pauvres de beaucoup de pays en développement vont passer dans la classe moyenne, cela m’étonnerait beaucoup, vu la crise économique qui a commencé et qui va assurément s’étendre. C’est donc un phantasme.
            Beaucoup de gens vont s’appauvrir. Le niveau de vie d’un grand nombre de personnes va baisser et pas qu’en Occident. Et de toute manière, le pic pétrolier va impacter tout le monde: le pétrole dont a abusé l’Occident durant un siècle n’est plus disponible en aussi grande quantité.
            Les mêmes qui nous ont menés là, voient désormais dans la dépopulation la solution miracle à leur mauvaise gestion – et ils en font une publicité abondante. Or, ils n’ont ni caution morale, ni envie de changer les rapports de pouvoir pour dessiner un modèle honnête, approprié à la durabilité.
            La question, c’est donc de changer de paradigme (économique en premier lieu) sans eux, en revalorisant les métiers fondamentaux, notamment l’agriculture – et en démantelant aux monopoles obscènes des banques et des multinationales.
            D’ailleurs, beaucoup de gens modestes seraient tout à fait prêts à changer de modèle, si c’était pour vivre avec un peu moins de stress et de compétition. Mais on ne leur permettra pas!
            Enfin, je ne crois pas que ce soit l’accès à l’eau potable des pauvres qui détruira la planète. Vous connaissez la fable qui fait dire au loup rapace que l’agneau pollue son eau? C’est une bonne image de notre débat.
            https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Loup_et_l%27Agneau
            La version de Fénélon est aussi très adaptée:
            https://www.ruedesfables.net/le-loup-et-le-jeune-mouton/
            A méditer!

          6. “Je ne sais pas dans quel monde vous vivez”

            Durant ces 40 dernières années, j’ai vécu quelques temps à Lagos au Nigéria et j’ai eu l’occasion d’effectuer des missions professionnelles de quelques jours à plusieurs mois en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Japon, en Australie, à Hong Kong, à Singapour, à Taiwan, aux Etats-Unis et dans une bonne partie des pays européens. J’ai travaillé pour toutes sortes d’organisations allant de la start-up à la multinationale, de la PME à une ONG.

            Je me souviens de égouts à ciel ouvert ou des crottes humaines au bord des trottoirs et des routes de Lagos, des gigantesques champs d’ordures … à côté d’usines de retraitement des déchets inutilisées, des cadavres parfois humains qui restaient plusieurs jours à pourrir au bord des routes, des bouchons gigantesques provoqués par l’effondrement d’une route ou le blocages de la police en recherche de « subventions » et d’argent, de la prostitution sur les plages du Nigéria, des membres de l’ambassade d’URSS qui venaient à la plage en grosses voiture américaine et des employés de l’ambassade américaines qui venaient petites en voitures européennes. Je me souviens des contorsions comptables et informatiques qu’il a fallut mettre en place à Taiwan pour que le gouvernement américain garde le contrôle sur les livraisons de haute technologie à l’île. Je me souviens de ce collègue nigérian qui ne voulait pas sortir avec une jeune femme parce qu’il considérait qu’elle avait le teint trop sombre et de m’être fait refouler de télécabines à Hong Kong parce que des chinois ne voulaient pas partager l’espace avec un blanc. Je me souviens de cette description par un lobbyiste des techniques de blocage des livraisons de haute technologies par les Etats-Unis pour influencer des négociations en Israël. J’ai vu ces ONG réputées dans lesquelles les jeux de pouvoir et d’ambition sont aussi brutaux et acharnés que dans n’importe quelle multinationale. J’ai assisté à la naissance de l’internet grand public au tout débout des années 90 avec les premiers prototypes de Netscape. J’ai d’ailleurs participé à une conférence dans un fond de cour à Paris organisée par un cercle anarchiste dont le sujet portait sur les possibilités offertes par Internet de libérer l’humanité du joug des gouvernements et de l’oppression ; comme j’avais émis quelques doutes et avais douché un peu l’enthousiasme de l’assemblée, on m’a gentiment mis de côté. On connaît la suite. Il y en aurait tant d’autres à évoquer.

            Voilà donc le monde dans lequel j’ai vécu et vis encore en partie. Le monde est divers et les passions humaines peuvent mener au pire comme au meilleur, parfois en même temps. Cela m’a amené à me méfier des grandes déclarations, des « y a qu’à » et des « y faut qu’on » et à considérer les notions de bien et de mal comme relativement abstraites.

          7. @ Olivier Caillet
            Vous avez sans doute raison de vous méfier des discours. Mais peut-être devriez-vous aussi vous méfiez des prévisions de l’ONU en matière de démographie? qui sont aussi des formes de discours savamment construits.
            L’humanité est ce qu’elle est, certes, et je suis loin de dire que nous allons au-devant de lendemains qui chantent.
            Mais tant que nous vouerons un tel culte à l’argent et au pouvoir, que l’on soit 1 milliard ou 8 milliards, il me semble que le résultat finira par être similaire – à savoir une forme d’auto-destruction.
            Et vous êtes libres de penser autrement, selon vos expériences.

      2. bien sur que la Terre subit de plein fouet la surpopulation humaine envahissant tous les biotopes et détruisant les espèces ! toutes autres considérations ne sont que contre vérités !!!

        1. Primo, votre ressenti est personnel et n’a rien affaire avec les chiffres, ni avec la vérité.
          Cela me rappelle le ressenti déplorable de ceux qui disaient que la “barque était pleine”.
          Ce qui détruit actuellement la planète, c’est le couple pollution/surconsommation/décharges et la fabrication de technologies toujours plus insidieuses dans leur pollution à long terme des écosystèmes.
          Cela ne dépend donc pas de la population sur la terre, mais de choix économiques et politiques, ainsi que des technologies que l’on utilise.
          Pour le reste, les statistiques montrent un possible écroulement de la démographie humain ces prochaines décennies (notamment via le taux de fécondité), qui n’est pas du tout corrélé avec vos phobies.
          Ces phobies sont un vieux motif récurent de certains cercles philosophiques, et quand on étudie ces idéologies, on ressent un certain dégoût pour ce que ces idéologie ont concrètement produit dans l’histoire humaine (stérilisations forcées, exterminations, génocides, etc.).
          Donc, je ne crois absolument pas que cela réponde aux vrais enjeux de notre époque – qui n’est pas de supprimer au plus vite une partie de l’humanité pour soulager la peur de certain, mais d’enfin commencer à vivre et travailler de manière équitable et durable.
          Et ce serait possible, si on s’y attelait vraiment.

          1. « qui n’est pas de supprimer au plus vite une partie de l’humanité pour soulager la peur de certain, mais d’enfin commencer à vivre et travailler de manière équitable et durable. »

            Pour compléter les phases évoquées par Monsieur Longet, je dirais qu’il y a une quatrième phase, cachée, que personne n’ose envisager : l’aspiration de certains au désastre.
            Il faut aussi envisager l’hypothèse que certaines parties de l’humanité, parmi les plus riches et les plus aisées qui pensent avoir les moyens économiques et techniques de se mettre en partie à l’abri des effets néfastes de la crise climatique, espèrent le désastre et envisagent sans sourcilier l’élimination physique et silencieuse de milliards d’êtres humains considérés comme surnuméraires.
            Un holocauste par le réchauffement climatique en quelque sorte.

            C’est ce que j’ai appelé le « syndrome de Néron » dans un précédent commentaire.

            Plusieurs ouvrages ont déjà abordé la crise climatique sous cet angle, dont « Criminels climatiques – Enquête sur les multinationales qui brûlent notre planète » de Mickael Correia aux éditions de la Découverte (dommage que les solutions qu’il propose ne soient pas à la hauteur de la lucidité de son constat).

          2. ERRATUM.

            Je faisais référence à l’essai de Mark Alizart : “Le coup d’Etat climatique” (chez Alpha – Essai)

            EXTRAIT :

            « (…) chaque nouvelle canicule liée au réchauffement climatique qui s’abat sur une région agricole profite à autant d’industriels fabriquant des semences résistantes à la sécheresse que les paysans doivent leur acheter. Chaque émeute de la faim causée par les mêmes canicules profite aux vendeurs de canons qui arment le dirigeants pour se défendre de leur propre population.
            La « fin du monde », cela veut dire en réalité qu’il y aura de plus en plus de situations de ce genre, où les prêteurs en dernier ressort se verront sollicités pour combler les vides laissés par la dévastation. La crise écologique, c’est l’aubaine faite au « capitalisme du désastre » d’étendre son emprise sur la terre entière. Ici, le dernier debout à la table du monde raflera la mise de tous les autres joueurs, comme au poker. Pour celui qui sera épargné par les avanies climatiques, la crise écologique constituera même une fenêtre d’opportunités économiques sans précédent dans l’histoire. (…)

            Bref, l fin du monde pourrait permettre à certains de s’enrichir et à d’autres (quand ce ne sont pas les mêmes) de régner sans partage sur le bout de terre qu’il reste, tant il est vrai que le travail de sape de la démocratie est déjà bien entamé dans de nombreux pays – Etats-Unis, Russie, Chine, Turquie, Brésil, Italie, Hongrie, etc. – et que la seul chose qui l’empêche de complètement aboutir est précisément le regard réprobateur d’une société civile qui pèse encore (un peu) dans les urnes et sur l’opinion. Il n’y a rien d’invraisemblable à imaginer que ceux-là ne fassent rien pour empêcher le désastre sciemment, pour reprendre le mot de Greta Thunberg. La crise écologique est l’arme d’un crime parfait : un coup d’Etat ne nécessitant de tirer aucun coup de feu et dont les vrais bénéficiaires peuvent, de surcroît, prétendre ne pas être les auteurs puisque les responsables de la crise écologique sont d’ores et déjà désignés par tous comme étant le « libéralisme » et la « modernité ».(…)

            Quand un tiers de l’humanité aura péri de la faim, de la soif, de la chaleur, de la noyade ou des balles, la pression sur les écosystèmes aura si substantiellement baissé que certains pensent sans doute que le « buisness » pourra reprendre « as usual ». (…)

            Notre monde n’est pas pour rien le théâtre d’une course frénétique aux armements et aux réserves de matières premières dont les Etats-Unis et la Russie donnent l’exemple, mais aussi les pays du Golfe et la Chine. Nous vivons une veillée d’arme, la dernière nuit avant une bataille sans précédent : le dépeçage le plus complet et le plus radical de toutes les ressources de la Terre qui ait jamais été entrepris. »

    1. La surpopulation actuelle (relative d’ailleurs si on regarde globalement le taux d’occupation des sols sur notre planète, la situation n’est pas partout ce qu’elle est dans certains pays européens) est le résultat d’un taux de fécondité qui est resté trop longtemps à un niveau relativement élevé alors que les progrès de la science et surtout de la médecine conduisaient à une forte augmentation de l’espérance de vie. On pourrait dire que ce n’est pas de trop de bébés humains dont souffre notre planète mais de trop de vieux (dont je fais partie)! Car ce problème de surnatalité est D’ORES ET DEJA du passé, dans beaucoup de pays le taux de fécondité est descendu nettement en-dessous de ce qu’il faudrait pour juste maintenir le niveau de population et cette tendance s’étend progressivement au monde entier. La population mondiale va donc passer par un pic, qui ne pourra être évité à moins de décider d’euthanasie les “vieux” à partir d’un certain âge (!), pour ensuite rapidement baisser. Et cela va s’accompagner d’une inversion problématique de la pyramide des âges qui se constate déjà dans certains pays (la Chine est en train de payer cher sa politique “dénataliste” du siècle passé). Au siècle prochain, ce n’est plus “l’explosion démographique” mais “l’effondrement démographique” qui va devenir LE grand problème de l’Humanité!

      1. D’accord avec vous sur la démographie.
        Cependant, le vrai défi, c’est de vivre ensemble de manière durable et pacifique – peu importe le nombre d’humains sur la terre!
        C’est un changement complet de philosophie qui nous est nécessaire.

  3. D’où l’importance de la recherche et de l’adaptation qui s’en suit.
    Il y a l’Europe et quelques autres pays et c’est tout, le reste pour le climat, c’est l’indifférence. Ce qui est symbolique, c’est Lula, si il veut protéger l’Amazonie, pour le reste, il se défausse.

    L’Europe a une chance, cette guerre oblige à revoir notre fonctionnement malgré nous. L’indépendance stratégique est devenu une priorité, ce qui implique de remplacer les énergies carbonées, et de produire plus locale.
    Il faut profiter parce que le pétrole est abondant. Pour ce siècle il y en a assez et probablement pour un bout de temps dans le siècle suivant.
    L’instabilité mondiale est une opportunité pour revoir le système du commerce et se focaliser sur notre indépendance. Il faut choisir le local européen, et réserver le commerce extérieur d’importations aux alliés ou à des pays modestes pour ne pas les enfoncer dans la crise.

    Une indépendance européenne peut amener à être suivi par d’autres régions du monde et mettre fin à un système ou un pays du charbon est l’usine du monde.

    Quant aux Verts, c’est tragique. Le mélange de l’écologie qui n’est ni de gauche, ni de droite, avec la gauche radicale génère une forte opposition. L’écologie doit appartenir à tous.

    La gauche radicale est l’ennemi de l’écologie universelle. Les manifestations provocatrices sont un fléau au vu des sondages. Les gens doivent être convaincu, la provocation les poussent à une réaction opposée.

    L’important est de comprendre que pour des raisons stratégiques, la decarbonisation de l’Europe est d’abord une nécessité stratégique avant d’être écologique.
    D’où l’importance de l’Etat qui doit être proactif dans la géothermie au lieu de laisser gentiment le privé s’en occuper. L’Etat peut accélérer le rythme de ce genre d’énergie et doit donc le faire.

  4. Bonjour Monsieur,

    Merci pour ce résumé d’une triste réalité.

    Mais quoi !
    Tant que les seigneurs Cupidité, Consommation, Bénéfices et Court-Terme règneront en maîtres, influençant gouvernements, politiques, idéologies, projets, vies quotidiennes et comportements, les personnes voulant changements et inflexions seront-elles statistiquement assez nombreuses et efficientes pour modifier quoi que ce soit ?

    N’irons-nous pas au mur car nos systèmes ne veulent pas le voir ?
    Quelles figures émergent aujourd’hui avec assez de poids, de crédibilité et de charisme pour aller au-delà d’un éveil des consciences et des bonnes résolutions ( louables mais presque toujours inefficaces ) ? Pour galvaniser les bonnes volontés ?

    Chez ceux qui veulent que rien ne change, pour “sauver leur peau”, beaucoup songent surtout à prendre leur part …..du gâteau.. !

    Constat d’un homme qui tente de “faire sa part” et qui mesure combien il est pathétique face au rouleau-compresseur des intérêts,

    Vous remerciant de vos engagements,

  5. “Nous libres de boycotter”, oui, et c’est sans doute un des pouvoirs les plus efficaces pour affaiblir et finalement rendre obsolètes les puissances méprisant les plus élémentaires lois du Vivant au profit du dieu Veau d’Or….
    Mais….malheureusement certains sont en mauvaise position pour l’appliquer, que pouvons-nous faire?

    1. Boycotter peut se faire à titre personnel ou d’une manière organisée, sur le modèle de la fameuse marche du sel de Gandhi… mais pour cela il faut une organisation, un mouvement large qui mette des actions de ce type sur pied. Par exemple on pourrait imaginer un boycott du plastique non recyclable, de l’huile de palme produite sur le dos de la forêt tropicale, ou autres. A titre personnel, c’est déjà un appel à bien réfléchir ce qu’on achète au quotidien, et de réfléchir aussi aux marges de manoeuvre qu’on peut avoir quand on a peu de moyens financiers. La qualité durable n’est pas forcément plus chère. C’est aussi une façon de ne pas se sentir impuissant.e.

  6. “Faire sa part quoi qu’il arrive”
    C’est une bonne idée en effet, comment n’y avoir pas pensé avant ? Mais avez-vous expérimenté cette voie du minimalisme ?
    Êtes-vous une personne qui est vraiment exemplaire, qui peut parler en connaissance de cause, qui a vécu ce que cela signifie vraiment de s’autolimiter d’une manière volontaire et libre et altruiste pour le bien de la planète ?
    Êtes-vous un modèle de sobriété ? (à l’instar de Pierre Rabhi)
    Avez-vous déjà calculé votre empreinte carbone? (est-elle en dessous de 2 planètes)?
    Avez-vous limité vos enfants ? (faire un enfant de moins est de loin la meilleure façon d’économiser du CO2 selon une étude de l’Environmental Research Letters).
    Pouvez-vous résister aux pressions de votre striatum et aux pression de votre famille (voyages en avions, iPhone, et habits à la mode), difficile, car c’est simplement pour vous et pour eux un moyen d’appartenir à une classe sociale, si ce n’est d’appartenir tout court.
    Et si votre travail, vous fait gagner beaucoup d’argent, qu’en faites-vous ? L’enterrez-vous en terre dans votre jardin, car c’est là un bon moyen de piéger le carbone, ou le faites-vous fructifier ?
    Alors si vous avez été un modèle de frugalité et de renoncement, un grand BRAVO à vous, car peu de figures publics qui s’expriment sur ce sujet peuvent en dire autant. Généralement, c’est plutôt “faites-ce que je dis et pas ce que je fais (cf. Nicolas Hulot).
    P.S. : Vous vous rappelez du philanthrope Bill Gates, celui qui a l’empreinte la plus élevée du monde. Sa maison principale fait juste 4’474 m2 (qui vient de nous écrire son livre : “Climat Comment éviter un désastre”. Là on touche la caricature de l’hypocrisie paroxystique, vous ne trouvez pas ?
    Les solutions existent, mais ILS n’en veulent pas, car pas assez profitables!
    Combien de grammes de CO2 ma réponse ? Sans doute trop.

    1. Je ne suis ni Bill Gates ni Nicolas Hulot, mais engagé depuis très longtemps pour la durabilité, cela veut dire: chercher de meilleurs équilibres entre l’Homme et la Nature, entre les humains et en soi-même. Je ne cherche pas à être un modèle de renoncement, car la surconsommation, le gaspillage, la course aux signes extérieurs de richesse ne m’intéresse pas, je ne suis donc pas non plus une sorte de moine pénitent.Mon stratium à moi ne me pousse pas trop dans la mauvaise direction… Les vraies richesses sont les liens, la santé, la terre et le temps…

    2. Bonsoir ,

      Lorsque la bonne fortune vous vient, il existe une voie pour ne pas enterrer son capital ou le faire fructifier……le partager !
      La philanthropie, si elle ne se perd pas en combines fiscales, en placements ou chez des consultants qui ont flairé le marché, peut offrir un moyen juridique et technique pour aider des projets et des personnes que l’univers de la rentabilité ne regarde même pas.

      Une anecdote, dans un autre domaine.
      Prenez une ville du sud de la France, célèbre pour son avionneur.
      Prenez des citoyennes et des citoyens à qui l’on demande des économies d’énergie.
      Regardez les bureaux d’entreprises ( lors même qu’ils sont vides et que c’est un dimanche), les enseignes commerciales et les magasins éclairés la nuit et le dimanche ( au nom de la “visibilité” de la marque ou de leurs bonnes affaires ), les panneaux publicitaires tout aussi lumineux……
      Comment demander l’exemplarité s’il n’y a pas équité de traitement ?. Comment créer de la crédibilité ?.

      Il y a ceux qui adoptent une sobriété bienvenue, structurée par une réflexion sur la vie ou par un tempérament propice. Ils feront ce qu’ils peuvent.
      Les autres, soumis à pulsions,place dans la hiérarchie sociale ou conformisme passif…. sont-ils frappés par l’exemplarité du monde du commerce ? Au point de changer ?

      Vous remerciant pour ces partages,

  7. Merci !
    Et j’ajouterai pour souligner la farce de la Cop 27 que la COP28, elle sera organisée par les Emirats arabes unis du 6 au 17 novembre 2023.
    Oui, soyons actifs !

  8. S’il faut rester positif, on constatera que la COP a toujours été une farce, avec ses promesses qu’aucun gouvernement n’a l’intention de tenir. Mais maintenant, les masques tombent: plutôt que de chercher à réduire les émissions de gaz à effet de serre (ce qui n’intéresse aucun gouvernement), on prend prétexte de l’écologie pour parler d’argent. Lorsque l’humanité aura disparu, qui versera de l’argent à qui?
    L’urgence? quelle urgence?
    Finalement, les camps se dessinent… Le débat gagne en clarté. Je crains que le camp de ceux qui sont résolus à bouger n’apparaisse que comme un tout petit troupeau. Encore faudrait-il tracer une voie pratique qui permette de se déterminer. L’écologie politique s’est beaucoup dispersée plutôt que d’investir résolument cette problématique.

  9. Pas besoin de consommer des produits animaliers. Depuis 10 ans végan et je ne suis jamais aussi bien porté malgré les cris de mon vieux médecin de famille quand j’ai commencé timidement au début. 80% de la déforestation liée à l’alimentation ? 70 % de la consommation d’eau potable ? Et dire que la plupart des gens critique sans vergogne mon régime alimentaire… et que c’est à cause de leur mode de vie que l’on va droit dans le mur.

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