Hasard du calendrier, la journée de mercredi a été marquée par deux événements importants.
D’une part, la Constitution fédérale a fêté son 170e anniversaire. Adoptée le 12 septembre 1848, elle a jeté les bases de notre Etat fédéral actuel. Sa dernière révision date de 1999. Si nous célébrons chaque 1er août un mythe – celui du Serment du Grütli –, nous devrions aussi être en mesure de commémorer chaque 12 septembre un fait historique dont la véracité et la portée ne peuvent, elles, être contestées.
D’autre part, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a délivré son dernier discours « sur l’état de l’Union » à Strasbourg devant le Parlement européen. Selon lui, « l’heure de la souveraineté européenne a sonné ». Fort d’un bilan économique positif, l’Union européenne (UE) se doit de renforcer ses capacités de gestion des frontières, établir un partenariat solide avec le continent africain et œuvrer à offrir à ses citoyen∙ne∙s des perspectives d’avenir, particulièrement en matière d’emplois. Ce discours marque le début d’une période de neuf mois incertaine et à haut risque pour l’Europe : la Commission Juncker se prépare à passer le flambeau, les élections européennes des 23-26 mai 2019 se profilent, le Brexit n’est pas encore réglé, les tensions géopolitiques ne faiblissent pas.
En Suisse, nous ne réalisons pas ou très peu à quel point nous évoluons dans une bulle, croyant que nos relations avec notre voisin européen sont d’une telle importance que toutes les capitales et l’entier de « Bruxelles » s’en préoccupent. L’absence de regards externes est criante. Mon séjour à Bruxelles, la semaine dernière, n’a fait que renforcer ce constat en moi. Rencontrer et échanger, sur place, avec les actrices et acteurs impliqué∙e∙s dans le dossier des relations Suisse-UE et ainsi aborder ce dossier sous un autre angle, depuis l’étranger, m’a obligé de le remettre en perspective. J’en profite pour saluer ici le travail des correspondant∙e∙s des médias suisses installé∙e∙s dans la capitale belge. Hormis celles et ceux de la Radio Télévision Suisse, ils se font toutefois rares, notamment du côté de la presse romande. Nous devons pourtant cultiver ces ponts avec l’externe et informer, expliquer, débattre à l’interne.
Dès lors, lorsque nous parlons d’Europe en Suisse, ne négligeons pas cette actualité européenne – qui n’est pas sans importance pour le développement futur des relations Suisse-UE – ni cette date du 12 septembre. La Suisse est européenne et cela n’est pas un mythe. C’est un fait.
(c) Image
Bah, Juncker n’a fait que brader l’Europe en buvant des canons.
L’heure de vérité sonne et il sonne le glas, trop tard, M. Juncker.
L’Europe aura fort à faire, s’il n’est pas trop tard, pour redresser la barre, car ni la réussite économique, ni la politique ne sont au rendez-vous, contrairement à ce que vous dites, sauf les exceptions économiques” nordiques”. Une Europe sous le joug américain n’est pas viable, mais elle ne l’a pas compris, ou plutôt les lobbies infestent tout.
Alors, s’il y a un moment pour la Suisse d’être en dehors, c’est bien maintenant et vous feriez mieux de voyager hors Europe pour vous faire une idée de ce que la planète mijote et ne pas croire ce que les pseudo-élus du parlement européen racontent, ce ne sont que des seconds couteaux …!
Bien à vous
“L’absence de regards externes est criante”. Comme vous avez raison! Cela “m’amuse” (en fait, m’inquiète plutôt) de lire les commentaires de ceux qui croient que nous tenons le couteau par la manche dans nos relations avec l’UE car “y en a point comme nous” et l’Europe entière aurait les yeux fixés sur ce pays tellement supérieur aux autres (!). En fait, lorsqu’on voyage un peu en Europe, on constate au mieux une totale indifférence pour notre petit pays, au pire un réel agacement pour une nation qui veut toujours le beurre et l’argent du beurre sans faire preuve d’aucune solidarité continentale.
Ceux qui se plaignent d’un “chantage de Bruxelles” à l’égard de notre pays ne sont pas conscients que le demandeur est la Suisse, pas l’UE A la limite, celle-ci peut très bien vivre avec une Suisse 100% pays tiers si celle-ci ne veut pas (ce qui est son droit, mais elle doit alors en accepter les conséquences) se conformer aux règles de base du “club” auquel elle ne veut pas adhérer. L’inverse n’est pas vrai et marquerait la fin de notre prospérité, l’UE étant de loin notre principal partenaire commercial.
Cela me rappelle le Royaume-Unis et le Brexit. Rentrant d’un séjour à Londres, j’ai pu me rendre compte à quel point les Anglais commencent presque à paniquer en se rendant compte, un peu tard, de ce que le divorce avec l’UE risque de leur coûter, en contradiction avec les promesses mensongères (reconnues après coup comme telles par les leaders pro-Brexit) qui leur ont été faites pendant la campagne ayant précédé la votation. Ne faisons pas la même erreur; nos négociateurs ont réussi avec les bilatérales a nous obtenir des conditions très avantageuses, ne “bazardons” pas ces acquis à la légère!
Le CHF a baissé de 20% face à l’euro en 2017, celà a-t-il ruiné l’économie suisse?
Alors pas de défaitisme, il ne s’agit pas d’envoyer l’Europe au diable, mais de penser que la Suisse est aussi utile à l’Europe, en toute modestie et que la Suisse n’est pas à brader, ni plus, ni moins
et d’ouvrir la Suisse à commercer encore plus avec le monde et malgré les droits de l’homme 🙂
P.S. pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, disait ma mère-grand
Si vous aviez bien lu mon commentaire, vous auriez constaté que je ne nie nullement à la Suisse le droit de vouloir garder sa totale indépendance vis-à-vis de l’UE, mais elle devra alors maintenant en accepter les pleines conséquences. Du fait de la position géographique et des resources propres limitées de notre pays, l’UE est et restera forcément notre partenaire principal. L’UE a longtemps fait preuve de mansuétude vis-à-vis de la position “un pied dehors, un pied dedans” de notre pays mais ce n’est plus possible pour elle après le Brexit, car l’UE devrait alors accorder les mêmes “accommodements” au Royaume-Uni, ce qui aurait pour elle des conséquences autrement plus importantes que dans le cas de la seule petite Suisse. La Suisse devra donc choisir, ou être considérée comme un pays 100% tiers, ou accepter au moins les règles de base du “club européen” pour continuer à bénéficier des avantages qu’elle avait (plutôt brillamment d’ailleurs) réussi à négocier avec les bilatérales. Mais dans le premier cas, on peut avoir de sérieuses craintes pour notre prospérité!
P.S.: Les fluctuations du taux de change du CHF doivent beaucoup aux interventions de la Banque Nationale visant à faire baisser notre monnaie, nettement surévaluée, précisément pour “booster” l’économie suisse.
Ai bien lu votre commentaire, mais qu’est-ce qui vous fait dire que l’Europe ne pourrait pas accepter des accords bilatéraux avec UK?
L’Europe se déglingue et le bateau fait eau de toutes part, autant économique que nationaliste, alors le CF a bien raison de prendre son temps.
Sinon, c’est précisément lors de l’abandon du taux plancher par la BNS que le CHF a plongé et suis de l’avis contraire, le CHF est sous-évalué et le USD surévalué, comme l’Euro, mais là, on entre dans des considérations quasi philosophiques 🙂
Bon week end & take it easy!
“… qu’est-ce qui vous fait dire que l’Europe ne pourrait pas accepter des accords bilatéraux avec UK?” Lisez la presse britannique (et pas seulement britannique d’ailleurs) ces derniers temps et vous comprendrez. L’UE ne veut plus transiger avec ses principes fondamentaux, soit on les accepte (tous) et on peut bénéficier des avantages du grand marché, soit on est traité comme pays tiers; c’est aussi simple que ça. Le Royaume-Uni a oublié avec le temps pourquoi il avait fait à l’époque des pieds et des mains pour adhérer à ce qui est devenu aujourd’hui l’UE, malgré l’opposition initiale d’un de Gaulle en particulier (visionnaire en l’occurrence); le rappel se révèle d’ores et déjà pénible Outre-Manche comme j’ai pu le constater sur place.
Bonne fin de semaine (!) également!
Qu’ils commencent déjà à mettre de l’ordre chez eux et régler le problème des réfugiés.
Ces derniers donnent bien la mesure de la cohésion UE.
(Enfin, beaucoup de pays européens ont voté en faveur des guerres du Moyen-Orient, alors…)
Vous croyez encore à la presse? et de plus… britannique!
Vous devez croire aussi à la presse française, non?
LOL
La Suisse a parfaitement le droit de vouloir, d’une part, maintenir sa pleine souveraineté, ne serait-ce que pour ne pas être ruinée par le naufrage de annoncé de l’UE, tout en n’étant pas discriminée économiquement d’autre part, alors qu’elle est le deuxième plus grand client de l’UE. L’attitude actuelle de Barnier & consorts est indigne. C’est celle d’un maître chanteur, qui nous dit: Vous ne voulez pas vous coucher? Vous ne voulez pas ramper? Vous ne voulez pas être un pays sujet? Eh bien nous allons vous étrangler économiquement pour que vous veniez ensuite nous supplier de vous accepter en qualité de sujets dominés. Et pour que vous acceptiez de vous laisser plumer. Il dit d’ailleurs en gros la même chose aux Britanniques. Son attitude face à l’Angleterre est celle d’un juge de divorce malhonnête qui refuserait à une femme divorcée de pouvoir disposer de ses biens propres. C’est scandaleux. Cette pseudo Europe est devenue la prison des peuples. Elle ne se maintient que par le chantage et la menace car tout le monde a envie d’en sortir. Nous devons résister et ne pas céder un millimètre à ces maîtres chanteurs. Le chantage consistant à dire: sans sujétion politique pas d’accès au marché, est inacceptable. Nous sommes et voulons rester un pays tiers. Nous ne voulons pas capituler notre souveraineté ni nos droits populaires dans les mains de maîtres chanteurs comme ceux de l’UE. Ceci étant dit, notre économie est un poumon qui irrigue l’économie de toute l’Europe et maintient des millions de places de travail dans les pays limitrophes membres de l’UE. Nous sommes donc en droit d’attendre de ne pas être traités avec mesquinerie par l’UE ni discriminés. C’est contraire à leur propre intérêt. De toute façon, depuis que la base syndicale a compris qu’un accord cadre signifierait la fin des mesures d’accompagnement, le projet d’accord cadre institutionnel n’a plus aucune chance. Alors il faut arrêter de nous les briser menu, mesdames messieurs les eurôlâtres.
@HALDI PIERRE-ANDRÉ
Au sujet du Royaume-Uni je vous conseillerais de lire l’article de l’historien britannique Timothy Garton Ash dans le Guardian.
https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/jul/27/eu-brexit-weimar-britain
ll met solennellement en garde contre la politique désastreuse de l’Union Européenne qui veut imposer un Brexit punitif, pour dissuader tous les autres pays de s’évader de la prison des peuples. “L’Angleterre payera”, semble être le mot d’ordre revanchard de la Commission Européenne de Barnier qui veut de venger du peuple anglais qui lui a signifié le peu d’estime qu’il avait pour la bureaucratie bruxelloise.
Timothy Garton Ash annonce que si on continue comme ça, le résultat sera un Brexit sans accord et effectivement des conséquences économiques dommageables pour le peuple anglais (et aussi par contrecoup pour le reste de l’Europe). Mais surtout cela aura un effet psychologique désastreux, comparable aux effets du traité de Versailles sur l’Allemagne de Weimar.
C’est à dire que cela créera un profond ressentiment dans le peuple britannique, qui se sentira victime du diktat européen qui, en le punissant économiquement, aura voulu lui interdire la liberté à laquelle il aspire légitimement .
Je partage tout à fait l’avis de Timothy Garton Ash et je suis convaincu que les choses se passeront comme il le prédit, sauf si, bien entendu, la Commission Européenne fait in extremis preuve d’intelligence et de sens politique en offrant à la Grande Bretagne un Brexit avantageux, dans un esprit amical et non punitif.
Vous autres euroturbos, – on aurait envie de dire euronévosés-, vous êtes tellement enivrés par la puissance qui réside, croyez-vous, dans ce fameux marché unique de 500’000 millions de personnes, que vous jouissez littéralement à l’idée de faire ployer tout ce qui résiste à votre “Léviathan” (comme dit Macron). Vous en perdez tous sens commun et tout sens politique. Vous êtes des irresponsables. Vous n’imaginez pas les haines, les colères et les ressentiments que vous faites naître par votre attitude arrogante, prétentieuse, dominatrice, mesquine. Au Royaume Uni, mais en Suisse aussi.
Vous croyez que vous pouvez vous permettre de menacer, humilier, faire chanter, punir, brandir le fouet, faire des ultimatums, imposer des représailles à ceux qui veulent déserrer votre étau. Vous semez la haine. Vous la récolterez, avec la colère.
Plus impolitique que Michel Barnier et ses sbires, on ne fait pas. Même Jean-Claude Juncker l’autre soir, interviewé par Darius Rochebin, a employé envers la Suisse le langage du maître chanteur. L’effet a du être dévastateur dans l’opinion publique suisse. Ca c’est certain.
Tous ces gens là sont des imbéciles, ce sont eux les véritables fossoyeurs du projet d’intégration européenne.
Un peu d’ailleurs, comme tous ces avocats et autres vendeurs qui ont compris que sur les blogs du Temps on peut vendre sa camelote…!
(sans publier les comments contraires)
On ne peut pas en vouloir au Temps, car nul n’échappe au temps, tôt ou tard, ni même le Temps!
🙂
C’est un peu, comme la France des dits “Droits de l’homme” qui maintient un Tarik Ramadan, présumé innocent, jusqu’à preuve du contraire en détention, depuis..?.
Et personne, encore moins Juncker, ne proteste????
Ca c’est une Europe que je ne veux pas pour mon pays, la Suisse!
un regard externe ? je suis français, et tous les jours j’abhore cette UE technocratique, qui foule aux pieds la liberté des citoyens. qui fait preuve d’une belle incompétence.
des “dirigeants”, qui ne sont meme pas élus par le peuple.
mais vous leur ressemblez , avec vos avis tranchés, qui ne souffrent pas discussions d’après vous puisque pas de salut hors l’UE !!!
je ne comprends pas pourquoi vous n’abandonnez pas la nationalité Suisse, puisque vous n’avez pas l’air de partager les notions de liberté, démocratie et fierté de votre pays.
Merci pour votre réaction. Je constate simplement que le débat sur l’Union européenne, son avenir, celui de l’Europe en général est quasi inexistant ici en Suisse, ou alors exclusivement centré sur les relations bilatérales que la Suisse entrient avec l’UE. L’UE a urgemment besoin de réformes. Il n’empêche que les membres de son Parlement sont toutes et tous élu.es au suffrage universel et que les chef.fes d’Etat et de gouvernement du Conseil de l’UE sont également nommé.es ou élu.es selon des processus démocratiques. Je suis un Européen, attaché aux valeurs de liberté et de démocratie à la base du projet européen, détenteur d’un passeport suisse et fier de mon pays et, malgré tout, et c’est mon droit, convaincu que nous aurions tout à y gagner que de participer pleinement à ce projet, à sa réforme et à l’élaboration de son futur.