Le changement fondamental que ne comprend pas Claude-Inga Barbey

Il y a quelque chose de pathétique à écouter Claude-Inga Barbey faire du radio nostalgie de l’humour en se référant constamment à Coluche et Desproges et en ne cessant de répéter que c’était mieux avant – sans jamais se remettre en cause et se demander pourquoi ce qui était possible avant ne l’est plus maintenant.

Sans avoir la prétention d’épuiser le sujet, il y a en tout un cas un élément important à mes yeux que Claude-Inga Barbey ne prend pas en considération. Par le passé, les propos racistes et homophobes étaient bannis aussi bien dans la bouche des femmes et des hommes politiques que dans la presse. Seul Jean-Marie Le Pen s’y hasardait, ce qui suscitait, à juste titre, une condamnation et une levée de bouclier unanimes. Par conséquent, lorsque de tels propos apparaissaient dans des sketchs ou dans la bouche d’humoristes, cela ne pouvait être que de l’humour. Je ne veux pas dire par là qu’il n’existait pas de pensées racistes et homophobes, mais la culture politique de l’époque prévenait plus activement et efficacement leur expression.

Le problème est qu’actuellement cette limitation est révolue. Eric Zemmour et Marine Le Pen sont candidats à l’élection présidentielle. Leurs idées font la une de la presse et les réseaux sociaux foisonnent de propos inadmissibles. Par conséquent, dans un monde où les discours racistes et homophobes sont banalisés, voire normalisés, le fait, pour un humoriste d’en faire un sketch, ne tient plus de l’humour, mais du simple colportage.  L’humoriste véhicule exactement ce que l’on peut entendre de la part de personnages publics et politiques, et lire à tout instant sur les réseaux sociaux.

La normalité a malheureusement changé, ce qui fait que la frontière entre la normalité et l’humour a été déplacée. Voilà̀ sans doute ce que Claude-Inga Barbey n’a pas compris. Je ne dis pas Zemmour, Le Pen, Barbey même combat, mais Zemmour, Le Pen, Barbey, même vecteur d’idées nauséabondes.

Philippe Kenel

Docteur en droit, avocat en Suisse et en Belgique, Philippe Kenel est spécialisé dans la planification fiscale, successorale et patrimoniale. Social démocrate de droite, il prône l’idée d’une Suisse ouverte sachant défendre ses intérêts et place l’être humain au centre de toute réflexion. Philippe Kenel est président de la Chambre de Commerce Suisse pour la Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg à Bruxelles et de la Ligue Internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA) en Suisse.

25 réponses à “Le changement fondamental que ne comprend pas Claude-Inga Barbey

  1. Ce que Me Kenel ne comprend pas, c’est que si aujourd’hui Zemmour et Le Pen (père et fille) donnent le ton dans l’opinion, et donc leurs idées sont devenues majoritaires après que ces idées doi disant “racistes” aient été diabolisées psr la Licra dont il est le president en Suisse, c’est justement à cause de la Licra qui a interdit et verrouillé tout débat sur la question de l’immigration pendant deux générations. La diabolisation n’a servi à rien, ou plutôt elle a aggravé les choses. Au lieu d’écouter la vox populi dont le tribun Le Pen était le porte parole, et donc de traiter politiquement le problème politique de l’immigration, on a blâmé les “racistes”et on a continué une politique de remplacement de peuple. Forcément la colère populaire est devenue tellement forte qu’aujourd’hui il n’est plus possible de la baillonner. Et Zemmour cartonne, avec un discours encore plus radical que Le Pen (père). Ceci devrait amener la Licra à faire son autocritique. Mais non, elle en est incapable.

  2. L’humour noir a de particulier qu’il peut faire rire de ce qui est moche, déplorable, triste. Il ne modifie pas la réalité mais s’en écarte sans la perdre de vue, pour brièvement la supporter. Je n’ai vu que quelques sketches de Claude Inga-Barbey, ne peux donc pas me faire une vraie opinion sur la forme d’humour qu’elle offre. Le dernier sketch sur Covid ne m’a cependant pas fait rire du tout, parce que les mesures de prévention sanitaires qu’elle tourne en dérision sont prises à pleine main pour être jetées en riant, c’est à mon avis bien autre chose que de jouer un instant comme dans le cas de l’humour noir. Je vois cela comme un but où le rire n’est pas une fin, un résultat est attendu et là c’est du sérieux. C’est donc peut-être un combat, je ne suis pas certain que Claude Inga-Barbey sourie en visionnant ultérieurement ses propres sketches. Je souhaiterais que cette question lui soit posée, comment réagirait-elle ?

  3. Je suis exactement à l’opposé de Mr Kenel. Des sujets aussi sensibles ne peuvent pas être monopolisés par les extrémistes. Ce serait leur victoire et ce serait plus triste encore. Battons-nous avec l’humour pour que cette frontière revienne là où elle était.

    1. De votre part je ne vois que de l’intolérance, un protestantisme qui ne supporte plus la bonne humeur du peuple. La société morale digne de Calvin.
      L’humain n’est pas un bout de guimauve qui pleurniche parce que on dit Joyeux Noël.

      Le monde n’a pas vraiment changé, c’est juste une minorité, souvent sorti des sciences sociales qui veulent formater la société, à l’image de certaines religions qui veulent contrôler la société.
      Pour ces intello il ne s’agit pas de rendre le monde plus tolérant, il s’agit de s’attaquer à la société vu comme bourgeoise. En 1968, c’était les cheveux long , maintenant, c’est la censure basé sur une morale de la gauche radicale.

      J’ajoute que si on veut éviter une communautarisation de la société, l’humour doit être transversale, les blancs sur les noirs,les noirs sur les blancs , les homos sur les heteros …
      Sinon, la société vivra en guerre de tranchée.
      Il faut défendre l’harmonie pas l’excès d’une morale idéologique. Quant aux nouveaux calvinistes, il faut les ignorer ou les combattre, c’est selon.

  4. Cher Philippe,
    L’humour est une vertu cardinale de la vie, cela nous permet de faire fonctionner nos zygomatiques, de nous détendre et d’appréhender la vie de manière sereine et réjouie. Se moquer gentiment de nos voisins, quels qu’ils soient et, nous Suisses avons souvent été moqués tout comme les Belges, les corses, les Africains, les arabes, les Chinois et j’en passe, sans que cela fasse sursauter ou monter aux créneaux les personnes à la susceptibilité bien sourcilleuse. Sous le prétexte de la morale, de l’orthodoxie et de l’excuse de la bienséance, nous faisons une chasse aux sorcières absurde et décalée. ´humour d’ Inga Barbey est gentil et ne casse pas trois pattes à un canard, on est loin des propos affligeants d’un Dieudonné ou d’autres du même acabit et il faut laisser aux humoristes la capacité de nous piquer, pour nous faire rire surtout en ces périodes troubles que nous vivons avec résignation. J’aimerais que l’on rende à César ce qui lui appartient et assurer Inga Barbey de mon appui et de celui de nombreuses auditeurs, même si je ne suis toujours pas d’accord avec elle ou si certains sketches ne me font pas rire, mais il en va de la liberté d’expression qui doit être défendue vaille que vaille, ce au nom de la démocratie et de l’ouverture d’esprit que nous devrions toujours avoir présentes devant nos yeux.
    Belles fêtes de fin d’année en nous espérant une année 2022 apaisée et généreuse et exempte de soucis

  5. Cher Monsieur, vous placez l’être humain au centre de toute réflexion; même aujourd’hui? Madame Barbey est bien un être humain. Donc c’est que votre billet accusateur échappe à toute réflexion? Pour essayer, sans alourdir ce débat qui n’en est pas un, je suggère la blague suivante: un quidam se met à manger des frites à l’aide de baguettes; à votre sens, c’est anti-belge, anti-chinois, anti-pommes de terre ou anti-quidam? Faire rire quelques minutes chaque semaine en inventant des personnages, et ce avec peu de moyens, n’est pas un mince talent. Cela suscite des jalousies… et si vous n’avez pas envie de rire, libre à vous! Mais les termes que vous utilisez ici ne sont pas ceux d’un avocat humaniste et excluent toute sorte d’humour.

    1. Oh, combien vous avez raison ! Quelle triste époque et ce qui m’a frappé le plus est que M. Kenel est président de la LICRA : s’il y a un peuple qui aime rire, et en plus de lui même, est le peuple juif ! Nous sommes quand même en mesure de faire la distinction entre les blagues “méchantes” et celles bon enfant.

  6. Je n’aime pas les sketches de Mme Barbey, mais je trouve que les réseaux sociaux favorisent l’injure, les propos racistes violents ou déplacés. Plus personne ne s’exprime normalement. C’est à celui qui trouvera les propos les plus orduriers pour exprimer son opinion. Et dans le cas de Mme Barbey, on a atteint des sommets, sans que la moindre mesure ne soit prise pour les supprimer. Dans le même temps des algorithmes censurent Antoine Hubert qui exprime des idées qui ne plaisent pas à tout le monde, mais qui le fait d’une façon parfaitement correcte, sans utiliser de mots offensants ou grossiers. En un temps ou le principe de précaution est mis à toutes les sauces pour museler toute personne ou action n’étant pas politiquement correcte, exiger un peu de retenue dans le vocabulaire utilisé par les intervenants dans les discussions qui foisonnent sur le Net serait une précaution…politiquement plus que correcte!

  7. Cher Philippe,

    Je me permets de te signaler ce passage du livre de Jean Romain « La dérive émotionnelle, Essai sur une époque en désarroi » (L’Age d’Homme, 1997).

    Il me semble qu’il entre en résonnance critique avec ton propos.

    Bien à toi.

    « Le remède le plus immédiatement efficace à la dérive à laquelle conduit l’émotion lorsqu’elle est excessive, est évidemment l’humour. Ce qui manque d’abord aux extrémistes de la tolérance est l’humour. Il est, parce que capable d’un deuxième degré, une des marques de l’intelligence. L’expérience commune montre que rire d’une situation qui suscite en nous de l’émotion rend les choses plus inoffensives. Le rire leur fait perdre leur profondeur exagérée et leur redonne un peu de cette légèreté qui nous les rend supportables. Rire du Diable, c’est déjà être disposé à ne plus en avoir tout à fait peur. L’humour est une des manière de ne pas être dupe.

    Bergson affirmait dans un fameux essai que « le rire est le plus grand ennemi de l’émotion. » Ainsi la démarche du rire s’apparente-t-elle à celle de l’intelligence analytique : elle met à distance respectable ce qui nous touche. Au fond, elle minimise le rapport du monde avec la sensibilité ou, en tout cas, avec ce que la sensibilité a d’excessif.

    L’expérience montre également qu’il est plus difficile de rencontrer des gens avec lesquels nous pouvons rire que des gens avec lesquels pleurer (…) C’est qu’il faut une certaine culture et une connivence plus rare pour rire ; il suffit de ressentir le monde, sentiment auquel tout être humain peut accéder, pour en pleurer. Le rire élève le seuil de complicité entre les hommes, il oblige à plus d’intelligence des choses. Rendons-nous à l’évidence : rien n’est plus compliqué que de faire comprendre l’humour parce qu’il s’évanouit devant toute explication. On ne peut pas expliquer pourquoi telle scène est désopilante. Il ne le faut pas non plus. Pour rire, il est impératif que personne n’explique pourquoi on rit mais que tout le monde le sache pertinemment. Expliquer en quoi un bon mot est drôle ou une situation comique c’est s’exposer à lui retirer son caractère cocasse. Le rire peut même avoir une fonction d’exclusion : celui qui ne rit pas est exclu du groupe parce qu’il ne « saisit » pas, il ne partage pas les connivences, il n’est pas du même clan, pas de la même bande. Si le rire est le propre de l’homme, le rire n’est cependant pas universel. Ce qui est universellement partagé, c’est l’émotion. (…)

    Rire c’est se placer dans un deuxième degré, c’est envisager la possibilité de suspendre un instant le jugement moral affectif, c’est admettre qu’on peut tenir certaines choses pour moins sérieuses. Donc, émotion et humour sont incompatibles. Rire du monde, c’est lui soustraire ce côté sacré, dense, grave qu’il possède. Au sens premier, c’est donc le profaner.

    Pas étonnant dès lors que le rire compte de sérieux détracteurs : les innombrables gardiens du temps. Umberto Eco en a fait le centre de son fameux roman, Le Nom de la Rose, et Milan Kundera a montré qu’en dernière analyse Les Versets sataniques de Salman Rushdie ont été condamnés (…) parce que ce roman, comme tout roman à cause de son humour, mettait à distance le religieux. Le roman apporte la certitude qu’il n’y a pas de certitude. On ne peut pas rire du mal et se prétendre en même temps disposé à le combattre (…) « La condamnation de Rushdie apparaît non pas comme un hasard, continue Milan Kundera, mais comme un conflit on ne peut plus profond entre deux époques : la théocratie s’en prend au Temps modernes et a pour cible leur création le plus représentative : le roman. » Mais cela va plus loin encore : comment ne pas voir que la stratégie de l’ayatollah est une stratégie moderne et non pas archaïque ? Elle s’inscrit exactement dans la mouvance de la dérive actuelle : injecter des éléments pré-rationnels dans notre monde moderne. Si notre civilisation était forte et sûre d’elle, cette stratégie serait inopérante, mais elle l’est parce que cette fatwa entre en résonnance avec tous les procédés de fragilisation induits par l’émotion. Elle se branche ainsi sur un supraconducteur : la dérive émotionnelle qui asphyxie tout humour. »

  8. Je pense tout le contraire.

    Je pense que les boomers ont créé une génération de personnes susceptibles, qui sont microagressées par des statues, des livres, … et des humoristes.

    En d’autres termes, les antiracistes de hier ont créé les “racisés” d’aujourd’hui, et ceux-ci n’ont pas envie de rire. Ils ont un vrai projet de réforme structurelle de nos démocraties. Et pas forcément pour le mieux…

    Si seulement SOS Racisme avait été au pluriel (SOS Racismes), tout aurait pu être différent.

  9. Cela dit, si cela pouvait conduire les humoristes de la RTS & Cie à devenir drôles.

    Je suis Charlie. Et que c’est dur vu la médiocrité de l’humour des subventionnés de la RTS !

  10. Mme Claude-Inga Barbey, que je trouve habituellement drôle, fait parler des PERSONNAGES, mais ne parle pas en son nom propre, semble-t-il… Sinon, il faudrait sans doute interdire aux comédiens d’interpréter des rôles de salaud et aux écrivains de créer des personnages amoraux ou peu recommandables? Et aux avocats de mettre leur talent à défendre des criminels récidivistes et à se faire rétribuer par eux, car l’on pourrait imaginer que ces professionnels cautionnent ainsi les méfaits commis par leurs clients… Ne serait-ce pas aux dépens de la démocratie?
    Il peut arriver à Mme Barbey d’être moins ou pas du tout drôle, voire d’avoir un humour un peu “limite” – mais en quoi cela reflète-t-il son opinion propre? Et puis, n’est-ce pas le propre de l’humour d’être également noir, caustique, provocateur, absurde, corrosif? L’humour “correct” et “gentil” peut faire rire bien sûr, mais bouscule-t-il les mentalités? Que dire alors des pamphlétaires et chansonniers d’antan, des humoristes passés et présents, des dessinateurs de presse, dont beaucoup risquent leur gagne-pain, pire encore leur vie pour avoir dénoncé au sens large – et la liste n’est pas exhaustive?
    Sommes-nous dans une nouvelle dictature du réseau social et de la bien-pensance…

    1. Je pense que l’humour contient bien souvent des méandres qu’il peut être difficile de comprendre quand on rit, autant que chez celui qui nous fait rire. Connaissez-vous la vieille chanson d’Edith Piaf « L’homme au chapeau » : « Il riait, il riait… » Et on riait de lui. Ce n’était pas vraiment un rire partagé. Quand on l’a retrouvé mort au coin de la rue une nuit d’hiver, bouteille vide à la main, certains ne riaient plus, d’autres ont ri encore un moment puis ont oublié.

      Je me souviens d’anciens dessinateurs de presse du 24Heures qui souvent répondaient aux lecteurs outrés : « Mais qui vous a dit que c’est pour rire ? » Des lecteurs pouvaient rire du dessins, celui qui l’avait fait pas du tout, ou inversement. C’est vrai que finalement on ne sait pas grand-chose du dessinateur, de l’humoriste ou du comédien derrière les personnages qu’il met en scène. Et quand on rit, ou n’apprécie pas du tout, est-ce que l’on comprend chaque fois qui nous sommes à cet instant ? Est-ce qu’on voudrait chaque fois le savoir ?

  11. Mais Mesdames Messieurs. Revenez sur terre! Avez-vous seulement une fois écouter un-une YouTubeuse commenter l’actualité? Avez-vous une seule fois prêter attention aux paroles des rappeurs tout bord confondu?
    Regardez le nombre de vues qu’ils font et comparez avec ceux des vidéos de Mme Barbey. Alors? Réfléchissez où mettre votre énergie pour lutter contre le racisme avec un peu d’efficacité.

  12. Tristes moments où il faudrait se demander à quelle époque précise nous vivons pour savoir ce dont on peut rire ou pas…et qui en déciderait ? Un Office fédéral du rire public ?
    Cela dit, l’humour a toujours été une manière de ne pas tomber dans le désespoir. Je suis sûr que dans l’Allemagne nazie d’avant-guerre les Allemands juifs continuaient à faire des blagues anti-sémites..

    1. Vous avez bien vu: les meilleures blagues juives, voire anti-juives, émanent des Juifs, qui sont les rois de l’humour. Si je dis: “de l’humour noir”, je vais me faire traiter de raciste.
      Je suis ravie de voir la levée de boucliers contre le blog de mon confrère Me Kenel, que j’ai connu mieux inspiré. Les sketch de Mme Barbey sur You-Tube sont tous excellents, on ne rit pas de tous, mais tous nous font réfléchir. En plus elle a un talent d’actrice prodigieux. Elle nous remet à la belle époque de Desproges et autres humoristes géniaux et non vulgaires.
      Me Kenel eût été mieux inspiré de s’abstenir de publier une prise de position aussi platement politiquement correcte. Ce n’est pas digne de son esprit et de sa classe.

      1. Et je persiste… Ce n’est pas parce que les noirs s’appellent affectueusement “n—-rs” entre eux (en tous cas dans les pays de langue anglaise) qu’il vous serait loisible d’en faire autant. On peut avoir de l’humour sans pour autant verser dans l’insensibilité culturelle. Desproges n’a jamais fait émis de propos racistes pour s’attirer un rire peu gracieux, que du contraire. Il les dénonçait. Il suffit de réécouter “Rachid – les rues de Paris ne sont plus sûres” ou “On me dit que des juifs se sont glissés dans la salle” pour s’en convaincre. Je suis sidérée que vous puissiez le mettre sur le même niveau que cette dame.

      2. D’un côté, un avocat qui suscite l’intérêt dans les sujets qu’il propose et nous invite à en discuter, que l’on soit d’accord avec lui ou non.
        De l’autre, une avocate dénuée d’esprit critique qui déboule dans le blog pour offrir ses pommadeuses congratulations d’une main et secoue son balai sale de l’autre. C’est ce mélange qui lui colle au nez dans tous les blogs qu’elle visite.
        Merci d’aérer la salle entre ses brèves allées et venues, l’odeur de la sympathie qui s’échappe d’un ballon de caoutchouc mûr est tenace.

      3. “Nigra sum sed formosa, filiæ Jerusalem. Ideo dilexit me Rex et introduxit me in cubiculum suum. Et dixit mihi : surge et veni amica mea. Jam hiems transit imber abit et recessit. Flores apparuerunt in terra nostra. Tempus putationis advenit. Alleluia.”

        – Le Cantique des Cantiques Ch.1, v. 4

        “Mère, respire dans cette chambre peuplée de Latins et de Grecs
        l’odeur des victimes vespérales de mon coeur.”

        – Léopold Sédar Senghor, Hosties Noires, III

  13. Oh là là, le monsieur qui confond Zemmour / le Pen… , qui parlent en leur nom propre, avec Claude-Inga Barbey, qui incarne des personnages de fiction racontant des histoires (drôles).
    Il est grave.
    Humour, il sait ce que c’est ? Jouer, faire semblant, par exemple qu’on est une stupide méchante raciste.
    Faire semblant, pour rire et aussi pour faire réfléchir.
    Pour de rire, pas pour de vrai… Il faut qu’il se souvienne de quand il était petit.
    Oh là là, faudrait lui faire un petit topo…

  14. Cher Monsieur,

    La lecture de votre commentaire relatif aux prestations de Mme Claude-Inga Barbey m’a d’abord étonné. Mais réflexion faite, je dois vous adresser toute ma reconnaissance : vous m’avez conscientisé.

    Imaginez-vous que, jusqu’à maintenant, j’aimais beaucoup ce que faisait Mme Barbey ; j’étais sensible à ce que je croyais être de l’humour, croyais détecter aussi chez elle de la sensibilité et un intérêt pour son prochain. Quel aveuglement ! Et pourtant, en tant que membre de la LICRA, je me croyais intelligent… Je me rends compte maintenant que plus qu’aveugle (ou plutôt, excusez-moi, malvoyant) j’étais aussi bête qu’un homme blanc cisgenre de plus de soixante-cinq ans (ce que je suis hélas).

    Mais comme vous m’avez convaincu, je me permets de vous dire que je pense (oui, maintenant j’y arrive) que vous n’allez pas assez loin. Deux exemples concrets. J’étais hier soir au théâtre des Amis à Carouge, pour assister à un spectacle intitulé « Chez Michou », que j’ai adoré, quel bon moment chaleureux ; horreur ! je suis sûr que vous y dénonceriez une stigmatisation des travestis et une transphobie cachée sous une prétendue prestation artistique, même si le spectacle est parfait. Deuxième exemple : à l’opéra de Lausanne, j’ai vu avant-hier l’Auberge du Cheval blanc ; moi qui adore l’opéra, j’ai trouvé ce spectacle superbe et ai passé une excellente soirée ; or, rétrospectivement et grâce à vous, je me rends compte que je n’avais pas pris conscience qu’on s’y moquait d’un (et donc des) Marseillais. Je déconseille donc fermement ce spectacle raciste (et dire qu’il y avait des enfants parmi les spectateurs !).

    Finalement, comme vous le laissez entendre mais j’ai désormais le courage de le dire, le danger est tel qu’aucune police de la pensée ne pourra venir à bout de ces comportements scandaleux au cas par cas. Je suggère en conséquence que vous mettiez en œuvre toutes vos compétences de juriste pour examiner dans quelle mesure et sous quelle forme pourrait faire l’objet d’une initiative populaire cantonale une actualisation de la décision du Conseil général de Genève du 22 février 1539 interdisant la danse et les chansons « déshonnêtes ».
    Avec mes remerciements anticipés et mes salutations les meilleures, je vous souhaite, Monsieur, une bonne année 2022 et plein succès dans votre chasse aux sorcières,
    Yves PERRIN

  15. Les sketches de Mme Claude-Inga Barbey m’ont fait rire et je regrette de ne plus avoir cette dose régulière de piqûre d’humour. L’humour est un art difficile et parfois l’artiste franchit la ligne où l’humour se transforme en humeur. Mais une chose est sûre, l’artiste ne le fait jamais volontairement. Notre société doit défendre impérativement la liberté de l’humoriste pour qu’il continue à nous décrive comme nous ne souhaitons pas forcément nous voir avec nos petits travers, nos petites tricheries, nos petites faiblesses.

    Pour répondre à Monsieur Philippe Kenel, je ne pense pas que sa position au sein de la LICRA requière qu’il se transforme en lobbyiste de la cause qu’il soutient pour prêcher le juste et le faux dans les propos de l’humoriste. C’est se tromper de cible si l’on veut lutter véritablement contre le racisme.

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