Lutte contre le racisme et l’antisémitisme : la nouvelle donne

En qualité de président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) en Suisse, je ne cesserai de m’engager dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Ce combat de toujours et pour toujours repose sur des valeurs éternelles et perpétuelles mais s’inscrit, depuis quelques années, dans un cadre partiellement nouveau.

La Licra a tenu son 47ème congrès à Paris les 23 et 24 mars 2013. Les principaux invités étaient Jacques Attali, Robert Badinter et Caroline Fourest. A la même période, la CICAD (Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation) a publié son rapport annuel sur la situation de l’antisémitisme en Suisse romande en 2012.

Il résulte des différents entretiens que nous avons eus à Paris qu’il est fondamental que la lutte contre le racisme et l’antisémitisme tienne compte d’un certain nombre de paramètres, dont certains sont nouveaux. Tout d’abord, les racistes et les antisémites n’appartiennent pas plus à un parti qu’à un autre. Malheureusement, on en retrouve, qui n’expriment pas toujours leur haine de la même manière, dans toutes les familles politiques. Par conséquent, la lutte contre le racisme est un combat apolitique qui transcende les frontières des partis. En second lieu, il n’existe pas de hiérarchie entre les victimes. Cela signifie, que des associations comme la Licra doivent toujours être du côté des victimes. Il peut même arriver qu’une victime d’actes racistes soit elle-même raciste à l’égard d’une autre victime. Il faut condamner les actes racistes même dans ce cas. Enfin, nous devons aller lutter là où les maux s’expriment. Or, aujourd’hui, internet est devenu une plateforme idéale permettant aux racistes et aux antisémites de véhiculer leur idéologie nauséabonde.

Dans un monde où l’intégrisme religieux ne cesse de croître et où la laïcité est menée à mal, il est impératif que la Licra fasse passer ses valeurs auprès de la jeune génération. Pour atteindre cet objectif, la Licra Suisse met à disposition des écoles des cours de formation destinés à sensibiliser les élèves. De même, afin que les gens se rencontrent et débattent, nous organisons des Licra Cafés qui, comme leur nom l’indique, ont lieu dans des cafés et sont consacrés à des thèmes spécifiques.

Je constate malheureusement qu’aujourd’hui le racisme et l’antisémitisme sont banalisés et entrent dans des lieux que l’on pensait protégés. Par exemple, dans un village du sud-ouest de la France, des enfants ont tiré une ligne dans un préau, qu’un petit enfant métis n’avait pas le droit de franchir, sans qu’aucun adulte ne juge opportun de réagir…

Nous devons lutter contre l’inadmissible !

Philippe Kenel

Docteur en droit, avocat en Suisse et en Belgique, Philippe Kenel est spécialisé dans la planification fiscale, successorale et patrimoniale. Social démocrate de droite, il prône l’idée d’une Suisse ouverte sachant défendre ses intérêts et place l’être humain au centre de toute réflexion. Philippe Kenel est président de la Chambre de Commerce Suisse pour la Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg à Bruxelles et de la Ligue Internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA) en Suisse.