Mi-mars, des chercheurs italiens de la société italienne de médecine environnementale, de l’Université de Bologne et de celle de Bari, ont émis l’hypothèse que la pollution de l’air jouait un rôle prépondérant dans la pandémie de coronavirus, et notamment sur son impact en Italie.
En effet, si on regarde les cartes, la diffusion du virus et sa mortalité sont très différents d’une région à l’autre.
Ces chercheurs ont donc cherché des liens, notamment avec le taux de particules fines dans l’atmosphère.
Les particules fines, on les connaît. Ce sont celles qui nous obligent à rouler moins vite en fin d’hiver ou en été, lorsqu’il n’y a que peu de vent. Ce sont aussi elles qui créent le smog que l’on voit sur les photos en Chine.
Elles sont émises par des sources diverses et variées. Cela va des fumées industrielles à la combustion automobile, en passant par la fumée de cigarette, ou même à la cuisson dans sa cuisine. Une grande partie d’entre elles sont notamment émises par les chauffages des maisons.
Les particules fines, PM pour Particulate Matter, sont classées en fonction de leur taille. Les PM2.5 par exemple ont un diamètre inférieur à 2.5micromètres.
Plus ces particules sont petites, plus elles peuvent s’engager loin dans le système pulmonaire.
Or suivant le type de particules, c’est-à-dire leur source d’émission, elles peuvent être plus ou moins toxiques.
Ainsi les Hydrocarbures aromatiques polycycliques ou PAHs. Cette famille de molécules est issue des processus de la combustion du charbon, du pétrole ou du gaz. Une fois émis, les PAHs persistent longtemps dans l’environnement.
Certains membres de cette famille, tel le benzo(a)pyrène, sont très toxiques, cancérigènes et mutagènes.
Donc sachant que ces molécules pénètrent très loin dans le système pulmonaire, on peut imaginer le risque à long-terme d’y être exposés. Idem pour d’autres particules fines.
Des chercheurs allemands se sont d’ailleurs penchés sur cette question et ont publié une étude début mars sur le sujet. Utilisant des modèles, ils ont ainsi estimé que la pollution de l’air par les particules fines entraînait une mortalité prématurée de 8.8 millions d’habitants par an.
C’est considérable!
Certes, on ne meurt pas forcément directement de la pollution. Mais notre exposition chronique au particules créée une inflammation permanente du système pulmonaire.
Dans son dossier sur l’inflammation en février 2018, le magazine Science & Vie, se pose d’ailleurs la question si l’inflammation chronique dans le corps n’était pas la mère de toutes les maladies modernes.
En effet, une inflammation chronique engendrerait diabète, cancer, infarctus et AVC ainsi que maladies neuro-dégénératives.
En somme, une grande partie des maladies modernes.
C’est là que les chercheurs italiens ont fait le lien avec le coronavirus, son taux de mortalité et sa diffusion.
Selon eux ce sont ces même maladies qui sont des facteurs aggravants dans les cas où le coronavirus a été mortel. Donc les régions où la pollution de l’air est plus importante sont plus susceptibles de se trouver avec des cas graves liés au coronavirus.
Autre point, comme pour le virus SRAS, il semblerait que les particules soient des autoroutes pour la diffusion du virus. Une autre raison qui expliquerait que certaines régions soient plus touchées que d’autres.
Si ces hypothèses sont vérifiées avec d’autres études, il sera donc vraiment crucial que des actions concrètes soient prises pour lutter contre la pollution de l’air.
Certes en Suisse il existe déjà des lois, notamment sur les émissions des fumées par les industries. Mais on a aussi vu l’échec des législations sur les émissions par les voitures avec le dieselgate.
Cette crise passée, il sera donc urgent de se préoccuper de cette pollution qui nous entoure et que nous respirons tous les jours.
Article du Monde du 30 mars 2020 sur le même sujet.
Références:
Lelieveld et al. 2020. Loss of life expectancy from air pollution compared to other risk factors: a worldwide perspective. Cardiovascular Research.
Setti et al. 2019. Relazione circa l’effetto dell’inquinamento da particolato atmosferico e la diffusione di virus nella popolazione. Position paper.
Bon, on accuse ces pauvres chauve-souris et le misérable et persécuté pangolin, sans parler des barbares “jaunes”!
Et si ce virus venait de la chimie ou du pétrole, le publierait-on dans Lancet?
Les chauves-souris ou les pangolins sont peut-être la source du virus. Les particules elles ne sont pas la source, mais très certainement le vecteur et un facteur aggravant.